Samedi 9 Novembre
Aujourd'hui, c'est le grand jour. La salle commune est en ébullition. Tout est rouge et d'or, sourires et excitation. Le premier match de la saison, celui qu'il ne faut absolument pas rater. Gryffondor contre Serpentard. Tout se joue maintenant.
Les plus fervents supporters s'entraînent à chanter l'hymne de la maison et quelques messages à faire passer à l'équipe adverse. Une grande partie des Gryffondor arbore leur écharpe aux couleurs de la maison et des banderoles d'encouragement. Même ceux qui ne sont pas très intéressés par le sport se laissent aller à des spéculations sur le score et sur le vainqueur.
Roxanne soupire en sortant du dortoir. Elle a mal dormi, je l'ai entendu se tourner et se retourner pendant des heures. C'est sa deuxième année comme Capitaine et c'est sa dernière pour tenter d'avoir la coupe. Je la sens très tendue à côté de moi.
« Tout va bien se passer. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter.
– Qu'est-ce que t'en sais ? Depuis quand tu t'intéresses au Quidditch, toi ? »
Je la fixe avec des yeux un peu tristes. Ce qu'elle me dit n'est pas juste et elle s'en rend compte elle-même. Elle secoue la tête.
« Désolée, je suis juste super stressée. Je voulais pas être désagréable.
– C'est rien, j'ai l'habitude maintenant, grimacé-je. Allez, Roxy, tu sais bien que je suis une de vos meilleures supportrices, n'est-ce pas ? Qu'est-ce que je n'ai pas fait pour vous ? »
Cette évocation la fait sourire. Elle hoche la tête comme pour me remercier et me fait signe qu'il faut qu'on se dépêche à descendre. L'équipe est déjà réunie au beau milieu de la table. Je m'installe à côté de Roxanne. J'écoute d'une oreille leur stratégie évoquée à demi-mots pour qu'aucun espion n'essaye de la voler. C'est le premier match pour certains. Je vois Tristan qui est un peu pâle et Rose qui est trop rouge. Je suis sûre que ça va bien se passer. Du peu que j'ai vu pendant les entraînements, ils ont beaucoup de potentiel. Je regarde Roxanne d'un œil confiant. Je suis sûre que l'équipe pourra battre celle des Serpentard.
Je jette un coup d'œil dans leur direction. Ils chantonnent tous déjà les fameux refrains qui font des Serpentard les terreurs des gradins. Et parmi eux, il y a Léon Wilkes. Il a l'air enthousiaste et se fond tout à fait dans la masse de ses camarades. Mes yeux s'accrochent aux siens. Il fronce les sourcils et se tourne vers Garance à côté de lui. Elle lui tape sur l'épaule, en signe d'encouragement, et ils rient tous les deux, sûrement à une blague de Côme. Je me concentre à nouveau sur James qui fait un discours interminable sur l'espoir et les capacités de l'équipe à se transcender en compétition.
Ils se lèvent tous en même temps sur quelques mots secs de Roxanne qui les invite à aller rapidement dans les vestiaires. De l'autre côté, ils réagissent aussi. Je suis de loin l'équipe de Gryffondor, marchant perdue dans mes pensées. Je n'ai pas tellement la tête au Quidditch. Pour l'instant, ma tête est remplie de noms, de suspects, de suppositions, de menaces et d'un tas d'autres choses angoissantes.
« Molly, fait un souffle à mon oreille.
– Wilkes ?
– Tu ne me souhaites pas bon courage pour le match ? »
Je me retourne, en sursautant presque. Il a un petit sourire aux lèvres et il se penche vers moi pour chuchoter :
« Il faut qu'on discute. Je pense savoir qui est « F ». Retrouve-moi vers les serres rapidement après la fin du match.
– Faudra que tu sois prudent, dis-je un peu fort. Roxanne ne va pas vous laisser une seule chance, tu vas pas pouvoir t'endormir sur ton balai.
– J'aimerais bien voir ça. »
Il recule d'un pas et affiche un sourire amusé. Des milliers de pensées me traversent l'esprit, je sens ma gorge se serrer. J'essaye de la jouer naturel mais l'idée d'une information cruciale à portée de main et de l'impossibilité d'en discuter maintenant à cause de la présence, juste dans le coin de mon champ de vision, du même Auror qu'hier soir, me glace le sang. J'ajoute, d'un ton bas mais d'un air aussi placide que possible :
« Hier, on s'est fait repérer par un Auror, reste sur tes gardes.
– Je sais, mais je reste persuadé que votre équipe ne vaut rien tant que tu n'es pas déguisée en bébé lion. »
Je lève les yeux au ciel, en laissant échapper un petit rire un rien vexé. Je ne préfère pas me rappeler de cet épisode sombre de mon histoire. Mon âme de Gryffondor ne regrette rien de ce pari perdu contre Lysander en troisième année. Mais voir Léon afficher ce petit sourire méprisant fait passer légèrement la frustration de ne pas lui parler plus longuement. Il lève la tête quand une voix l'appelle :
« Léon, Merlin, qu'est-ce que tu fais ? crie la capitaine de Serpentard, Milie Danver, de l'autre côté du Hall. Tu veux nettoyer le vestiaire après le match ou quoi ?
– J'arrive ! »
Il soupire en posant ses yeux gris sur moi et je lui adresse un signe de la main. Il sourit et s'en va en courant rejoindre son équipe. Je l'observe en étirant légèrement les lèvres.
« Alors, Weasley, fait soudain la voix de Garance juste à côté de moi. C'est quoi ce sourire ?
– Tu m'espionnes, maintenant, Froste ?
– Pas du tout, fait-elle en levant les yeux au ciel. Mes yeux sont juste tombés sur cette scène étrange où Léon t'a, semble-t-il, chuchoté des choses à l'oreille qui t'ont fait sourire. »
Je ne peux pas m'empêcher de sourire à nouveau, sentant bien que mes joues se teignent de rouge. Comment fait-elle pour être toujours au courant de tout ?
« En tout cas, il me semble qu'il a tiré un trait sur son histoire avec Emeline. Enfin, soupire-t-elle.
– Tu y crois vraiment, toi ? lui demandé-je d'un ton sceptique. Il ne la quitte jamais longtemps.
– Alors tu ferais bien de te dépêcher, Molly. »
Garance met une mèche de ses cheveux noirs derrière son oreille et me fait un sourire entendu. Je secoue la tête.
« Arrête de dire n'importe quoi.
– Tu as oublié que je sais pour Halloween. Au fond de toi, Weasley, tu sais que j'ai raison.
– Non, c'est toi qui a oublié ce qu'il s'est passé à Halloween. Il ne lui a pas fallu longtemps pour courir vers Lovener.
– Donne-lui une autre chance. »
Je fais une petite grimace en haussant les épaules. Je n'y crois pas vraiment. Elle lève les yeux au ciel en voyant que je n'acquiesce pas et je la quitte pour me diriger vers le stade de Quidditch en même temps que Léna et Effie.
« Viens, on va pas avoir les meilleures places on ne se dépêche pas, sautille Effie en me voyant arriver. J'ai si hâte ! »
Elle me tire par la manche et trottine alors que Léna rit doucement en accélérant le pas. On s'installe en plein milieu des gradins de Gryffondor. Ils sont déjà bien remplis mais on arrive à se faire une petite place. Effie adresse un grand signe de la main à Fred qui est déjà à son poste pour commenter le match. Je sens une petite pointe de stress dans ma gorge. J'ai toujours peur que les matchs de Roxanne se passent mal et qu'elle n'arrive pas à s'en remettre. Je jette un coup d'œil du côté des Serpentard qui préparent leurs bannières à l'effigie de leur capitaine.
Au bout de quelques minutes, le stade se remplit complètement. Il y a du monde partout et un bruit incessant que seul le bruit du micro du commentateur fait taire :
« Mesdames et Messieurs, le match va bientôt commencer. Je vous prie d'accueillir comme il se doit nos équipes. Pour Serpentard : Natacha Rosenthal, Aurora Zabini, Octavia Flint, Dimitri et Romaric Froste-Gumberg, Léon Wilkes et la Capitaine ... Milie Danver ! »
De l'autre côté, un tonnerre d'applaudissement et de cris d'encouragement s'élève. J'applaudis poliment. Mais lorsque Fred reprend la parole, je sens l'excitation monter autour de moi.
« Et pour les Gryffondor, applaudissez s'il vous plaît : David Parker, Rose Weasley, Evan Jordan, Erwan Wilkins, Tristan Claybrook, James Potter et la Capitaine ... Roxanne Weasley ! »
Je crie avec tout le monde en voyant Roxanne et les autres, dans leur robe de quidditch, munis de leur balai, entrer sur le terrain. Le professeur de Vol réunit les deux capitaines qui se défient du regard et les font se serrer la main. Connaissant Roxanne, elle va essayer de broyer celle de Milie, ce qui fait sûrement rire James, deux mètres derrière elle, qui fait semblant de serrer une main dans le vide. Ils montent tous sur leur balai et s'envolent pour se placer à quelques mètres au dessus du sol. Je regarde Léon aller vers les anneaux qu'il doit garder.
Le coup de sifflet retentit. Très vive, Rose se saisit du souafle. Elle le passe rapidement à Roxanne qui slalome entre les joueurs de Serpentard. Elle arrive tout près de Léon et hésite à tirer. Un cognard fonce déjà vers elle. On retient tous notre souffle alors qu'elle passe le souafle à David qui se place juste devant elle et qu'elle fait une pirouette pour éviter de se prendre la balle envoyée par un des demi-frères de Garance. David en profite pour feinter le gardien et tirer.
« Dix points pour Gryffondor qui ouvre le score sur un beau lancer de David Parker ! C'est la jeune Octavia Flint qui récupère le souafle avec la franche intention d'aller marquer directement. Elle s'apprête à tirer ... Dommage pour elle, le nouveau gardien de Gryffondor n'a pas l'intention de laisser passer quoi que ce soit. »
J'entends à ces mots des cris de joie plus haut dans les gradins. Je me retourne pour voir Lucy et ses amis brandir une bannière d'encouragement et crier le nom de Tristan.
« Roxanne Weasley récupère le souafle, elle le passe à Parker qui monte haut dans les airs pour obliger les autres poursuiveurs à le suivre. Rosenthal n'a pas l'air d'apprécier et le poursuit. Parker redescend en piqué et passe au dernier moment la balle à Rose Weasley. Weasley qui passe à Weasley qui tente de marquer ... Wilkes bloque ! »
Les Serpentard exultent et commencent à insulter les Gryffondor en chantant puissamment. Je secoue la tête. Le prochain passera. James passe juste devant nous, faisant le tour du terrain à toute vitesse sur son balai. Les Gryffondor font un bon match. Après une demie-heure, on a cinquante points d'avance mais il suffirait que Milie Danver attrape le vif d'or pour finir le match.
« Weasley toujours en possession du souafle revient en arrière pour perturber l'adversaire et passe à Weasley, l'autre Weasley. Les batteurs semblent se préparer à quelque chose. Voilà l'un des frères Froste-Gumberg qui attend le cognard la batte levée pour l'envoyer directement sur Rose qui tente de voler en zigzag pour éviter ce ... Ah, attention, du côté des attrapeurs ! Il me semble bien que James Potter a repéré quelque chose. Il accélère alors que Danver se glisse à sa suite. Gardons-les à l'œil ! De l'autre côté, Wilkes bloque un nouveau tir de Weasley et le souafle repasse chez les Vert et Argent. Flint passe à Zabini, qui repasse à Flint et elles se dirigent vers les buts de Gryffondor. Potter est toujours à la poursuite d'un petit éclat lumineux, la capitaine de Serpentard se place à côté de lui pour essayer de le doubler mais il résiste à sa remontée et ... Qu'est-ce que ... ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Mon attention était focalisée sur les attrapeurs qui volaient épaule contre épaule et je n'ai pu qu'apercevoir un éclair de lumière et soudain, c'est comme s'il avait été foudroyé. Je vois Léon lâcher son balai, partir en arrière et chuter d'une dizaine de mètres dans le sable. C'est comme si son corps avait été un instant suspendu dans le vide. Un grand silence emplit le stade. Je retiens mon souffle alors que quelqu'un à l'autre bout du stade pousse un cri. Il touche le sol avec brutalité et le mouvement revient, le bruit aussi. Tout explose, des cris de panique, des sifflets, des paroles offusquées. Je n'hésite pas plus d'une seconde, je suis tout près du bord du terrain, je me précipite vers son corps gisant sur le sable tiédi par le soleil matinal de novembre. Les joueurs atterrissent et les Professeurs arrivent pour nous rejoindre. Je suis déjà accroupie à côté de lui.
« Léon, Merlin ... Tu m'entends ? C'était quoi ça ? »
Je lui prends la main mais je ne vois qu'une grimace de douleur sur son visage. Il a tenté d'ouvrir les yeux mais ça a semblé lui faire encore plus mal. J'ai senti mon cœur se serrer alors que quelqu'un me prend l'épaule pour m'écarter. Je me relève et recule pour laisser les adultes s'occuper de lui. Je lève la tête dans la direction d'où le sort qui l'a touché me semble être parti. Je ne vois pas grand-chose, c'est surtout le chaos mais il me semble reconnaître un des Aurors, le même qu'hier, tout en haut des tribunes. Je suis trop loin pour en être sûre mais je jurerai qu'il sourit. Ça me glace le sang. Et si les Aurors voulaient à tout prix qu'il ne parle pas ? Il avait des informations à me donner. Je frissonne.
Rose est descendue à côté de moi et elle me regarde en fronçant les sourcils. Je recule pour mieux voir les tribunes. Roxanne discute déjà avec le professeur de Vol et la capitaine des Serpentard. Minerva McGonagall s'avance vers eux, laissant Léon aux mains de l'Infirmière. James est dans un coin et regarde la scène de loin en discutant avec David, la moue un peu triste. Je m'approche d'eux, distraitement.
« Qu'est-ce que tu fais sur le terrain, Molly ? fait mon cousin en esquissant un pâle sourire.
– Je ... »
Je cherche une excuse valable autre que « je me suis précipitée là parce que je me suis inquiétée pour Wilkes » mais je ne trouve rien alors je hausse les épaules. James secoue la tête en observant le mouvement autour de Léon.
« Je trouve ça vraiment dégueulasse. Qui fait ça ? J'espère vraiment que c'est pas quelqu'un de la maison, sinon, je vais ...
– Tu vas faire quoi, Jamie ? dit David en riant. Tu vas écrire une chanson ? »
James lui donne un coup de coude, un peu vexé mais il ne peut pas s'empêcher de sourire quand même.
« C'est pas fair-play, c'est tout. Roxanne va être furieuse. Ah non, Roxanne est déjà furieuse. »
Roxanne, en effet rougie par la colère, nous rejoint et soupire.
« Merlin ! Le match est arrêté. McGonagall ne veut pas qu'on reprenne, elle ne veut mettre personne en danger et Danver ne veut pas continuer sans gardien. C'est pas possible, qui est assez bête pour lancer un sort en plein match ? »
Je vois soudain, toujours dans la tribune d'en face, deux Aurors qui sortent du stade et redescendent vers le parc. Où vont-ils comme ça ? Le coupable, si ce n'est pas eux, est forcément encore là. Pourquoi n'ont-ils rien fait pour protéger les élèves ? Je dis rapidement à Roxanne, posant une main sur son épaule :
« C'était un très bon début de match en tout cas. »
Et je m'éclipse pour sortir moi aussi du stade. Je ne veux pas les laisser partir seuls, qui sait de quoi ils sont capables ? Je me glisse vers la sortie. Il y a quelques élèves qui rentrent aussi vers le château mais j'aperçois toujours les deux Aurors plusieurs mètres devant moi.
« Molly, qu'est-ce que tu fais ? »
Quelqu'un surgit à côté de moi, je sursaute légèrement, sur les nerfs. C'est juste Lysander. Je soupire.
« Salut, Scamander.
– Est-ce que tu suis les Aurors ?
– Qu'est-ce qui te fait dire ça ? »
Il me regarde avec un sourire las.
« Tu les fixes avec ton regard noir et tu fonces dans leur direction. Tu n'es pas exactement la discrétion incarnée, Molly. À ton avis, ils ont à voir avec la chute de Léon ? »
Je plisse les yeux. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Il n'est pas au courant de tout ce qui se trame en arrière plan. Mais je n'ai pas vraiment le temps de lui expliquer, j'accélère le pas en le laissant me suivre. Après tout, il vaut peut-être mieux être avec lui que seule contre des Aurors.
« C'est possible, je n'ai aucune confiance en eux.
– Alors ne les laissons pas nous échapper. »
Il fait de grandes enjambées, je suis obligée de trottiner pour rester à sa hauteur. Les Aurors entrent dans Poudlard, on va les perdre de vue. D'un commun accord, on se met à courir, dès qu'on est certain qu'ils ne peuvent pas nous voir. Dans l'entrée, on fait comme si de rien n'était en cherchant néanmoins des yeux les deux adultes à l'allure suspecte. Lysander me donne un coup de coude et me montre du menton le Grand Escalier où l'on aperçoit un bout de cape noire s'échapper. Je vois un tableau se refermer plus sur la gauche.
« Viens, on prend les escaliers, chuchoté-je à Lysander en lui prenant le bras pour qu'il me suive.
– Attends, fait-il en me suivant quand même, tu es sûre de savoir ce qu'on fait ? Je veux dire, s'ils ont agressé Léon, c'est peut-être dangereux. On devrait prévenir ...
– On n'a pas le temps, Scamander. Sauf si tu veux qu'on loupe notre chance de savoir ce qu'ils manigancent ?
– D'accord, je te suis. »
Je le remercie d'un signe de tête en continuant à monter les marches quatre à quatre. Il a quand même sorti précautionneusement sa baguette. L'Auror est juste à un virage devant nous, il a tourné ensuite, dans le couloir au troisième étage. Lysander me fait signe de ralentir pour qu'il ne nous remarque pas. Mais où va-t-il ? On avance lentement pour ne pas le rattraper et qu'il nous découvre. Il tourne à nouveau vers des salles de Sortilèges. Je frémis, il n'y a pas grand-chose d'intéressant par ici. J'ai un mauvais pressentiment. Lysander me devance, prenant un air décontracté.
« Non mais je ne crois pas que les Serpentard auraient gagné de toute manière. Ils n'ont clairement pas la meilleure équipe cette année. »
Je hoche la tête à défaut de pouvoir vraiment parler. L'Auror s'est arrêté contre un mur et nous regarde arriver vers lui. Je me force à dire avec un enthousiasme feint :
« Je suis bien d'accord, les Gryffondor remporteront !
– Attends de voir l'équipe de Serdaigle avant d'être si confiante. Parce que je les ai vu s'entraîner et ils sont géniaux !
– Tu dis ça juste parce que tu es jaloux ...
– Hé, les jeunes ! »
On passait devant l'Auror, avec l'espoir qu'il continue juste à nous fixer sans rien de plus mais il nous a arrêté d'un geste et s'est redressé. Ce n'est pas le même qu'hier, mais il a exactement le même regard glaçant et le même air mauvais. Il a des cheveux blonds sans éclats plaqués en arrière et comme un léger sourire désagréable au coin de la bouche.
« Qu'est-ce que vous faites là ? Vous ne devriez pas être sur le terrain de quidditch ? »
J'ai dégluti discrètement et Lysander a répondu rapidement :
« Vous n'avez pas vu ? Le match a été arrêté, le gardien est tombé de son balai. Alors on est rentré directement.
– Oui, confirmé-je, on n'avait pas envie de nous retrouver en plein milieu d'une foule en panique. »
Il nous regarde toujours avec l'air de ne pas croire un mot de ce qu'on lui raconte. Il regarde tout autour de lui. Il n'y a personne d'autre dans ce couloir. Je sens Lysander se crisper légèrement sur sa baguette. Je frôle doucement sa main pour qu'il ne fasse aucun geste suspect. L'Auror sourit un peu plus. Il commence à me faire peur.
« Et vous ? Que faites-vous là ? Vous ne cherchez pas qui aurait pu lancer un sort sur le gardien ? »
Je ne sais pas si c'était très judicieux. L'Auror fait un pas dans ma direction. Nerveuse, je recule un petit peu. Mais autant tenter le tout pour le tout, même si je sens que Lysander regrette presque de s'être laissé entraîner dans cette histoire. L'homme au regard perçant se penche un peu sur moi et dit froidement :
« Je ne crois pas que ça vous regarde, jeune fille. Si vous laissiez les adultes travailler ...
– Excusez-nous, l'interrompt Lysander. On ne voulait pas vous retarder. Faites donc ce que vous avez à faire. »
Il me prend le bras pour tenter d'avancer et de s'extirper du regard malveillant de l'Auror mais celui-ci de ne bouge pas et me bloque toujours le passage. Je sens mon rythme cardiaque s'emballer. Je crois que j'ai un peu peur quand même. Puis l'Auror se redresse et recule d'un pas, me fixant toujours du regard.
« Ne traînez pas comme ça dans les couloirs, on pourrait croire que vous préparez quelque chose, Miss Weasley. »
Mon cœur a raté un battement. Lysander a frissonné et j'aurais bien fait pareil si je ne sentais pas la colère remplacer la peur peu à peu. Je secoue la tête en le dévisageant. Je crois bien que c'est une nouvelle menace. Ces gens-là n'ont aucune limite. Ils me connaissent tous et ils veulent me faire peur. Qu'ils essayent !
« Viens, Molly, ne dérangeons pas plus le monsieur. »
Lysander fait un sourire poli et m'entraîne plus loin dans le couloir. L'Auror semble satisfait et ça me révulse. Comment des personnes aussi mauvaises peuvent veiller à notre sécurité ? Mon ami de Serdaigle garde ses doigts autour de mon bras pendant un moment, le temps d'être sûr que l'Auror ne pourra pas nous entendre.
« Eh bien, il a l'air d'être sympa celui-là, soupira Lysander en me lâchant enfin. Molly, ça va ? »
Je ne peux pas m'empêcher de trembler un peu. Comme si je réalisais seulement maintenant que Léon était tombé de son balai, qu'il était inconscient tout à l'heure, que l'Auror vient de nous menacer et que je suis à nouveau impuissante. Je me mords fort la lèvre pour ne pas me mettre à pleurer. Lysander a l'air inquiet. Il passe son bras dans mon dos et me serre contre lui.
« Tout va bien se passer, Mollynette, essaye-t-il. Tu vas voir, ça va aller. »
Je secoue la tête. Je n'en suis plus si sûre. Merlin ne semble pas être de notre côté, cette fois.
« Tu veux qu'on aille à l'Infirmerie ?
– Non, je vais bien, ne t'inquiète pas pour moi, marmonné-je en le repoussant un peu.
– Non, pour voir Léon. »
Je le regarde avec un peu d'inquiétude. Il sourit de travers et me fait signe de le suivre. On marche en silence jusqu'à la porte blanche. Je n'ose rien dire.
« Vas-y, je t'attends dehors. Ce n'est pas moi qui suis descendu en courant sur le Terrain de Quidditch pour le voir. »
Je lève les yeux au ciel. Je crois bien que Lysander m'a grillée. Je jette un coup d'œil à l'intérieur de l'Infirmerie. Il y a déjà beaucoup de monde. Une partie de l'équipe de quidditch de Serpentard, McGonagall, quelques amis à lui. Ça fait du monde, je ne sais pas si je serais vraiment la bienvenue. Il faudrait peut-être le laisser se reposer. Lysander, impatient, me pousse du doigt. Je rentre discrètement et je me faufile vers Garance. Elle me salue d'un signe de tête, l'air préoccupée.
« Comment il va ? demandé-je à mi-voix.
– Pas très bien. On n'a pas plus d'information pour le moment. »
Le lit qu'il occupe est caché par des rideaux. Je hoche la tête parce que je vois mal ce que je pourrais dire de plus. Soudain, des talons claquent contre le sol de pierre. Je reconnais ce son qui annonce quelque chose de si désagréable.
« Mon Léon, je veux voir mon Léon ! »
Garance soupire fortement en foudroyant Emeline du regard. Elle se précipite vers le lit et essaye de passer les rideaux mais elle se fait fermement repousser par l'Infirmière. Vexée, Lovener se retourne dans notre direction. Ses yeux s'accrochent aux miens et je sais déjà ce qu'il va se passer. Je souffle de fatigue. Elle avance vers moi, les yeux brillant de colère.
« Weasley, crache-t-elle. Tout ça c'est de ta faute. Je t'avais prévenue pourtant de faire attention mais tu t'en fiches.
– Laisse-la tranquille, soupire Garance.
– De quoi tu te mêles, toi ? »
Emeline lance un regard de défi à Garance qui ne se démonte pas. À côté d'elle, je sens infuser dans mon esprit les mots de la fille du Ministre qui quitte, énervée, la pièce. Elle m'avait prévenue ? C'était donc ça. Je la revois dans la Bibliothèque à me demander de m'éloigner de lui. Je la revois dire avec inquiétude : « Fais-le, s'il te plaît. » Je me remets à trembler.
Minerva McGonagall sort de derrière le rideau et, remontant ses lunettes sur son nez, s'avance vers nous.
« Ah, Miss Weasley, je voulais justement vous voir. »
Je me force à faire bonne figure et je croise les bras pour cacher mon malaise.
« J'annule votre retenue pour ce soir, je n'aurais pas le temps de m'en occuper. Allez vous reposer, nous nous verrons demain. »
Je hoche la tête. Garance jette un regard vers moi. Je n'ai pas le courage de rester plus longtemps là. Je sors à la suite de la directrice et retrouve Lysander qui m'adresse un petit sourire triste. Il m'accompagne jusqu'à ma salle commune et me regarde m'éloigner avec ses yeux un peu inquiets. La salle commune d'ordinaire si vivante semble éteinte. Ça chuchote dans tous les coins, débattant des événements et du match. L'équipe est réunie dans un coin, autour de Roxanne, et ils sont silencieux, dépités. Je m'effondre dans un canapé pour mieux regarder le plafond.
Merlin, Léon, tu n'as pas intérêt à m'abandonner comme ça. On avait dit qu'on se battrait ensemble.
***
Bonjour cher lecteur, chère lectrice !
J'espère que vous allez bien et que vos diverses rentrées se passent bien. Me voilà de retour avec les aventures de Molly ! Je ne peux rien vous assurer en ce qui concerne le rythme de publication, mais je fais toujours de mon mieux. J'espère que ce chapitre vous a plu, si c'est le cas (et même si ce n'est pas le cas), n'hésitez pas à laisser un petit commentaire ^^
Bisous à tous et à bientôt !
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