Samedi 26 Octobre

Comment faire pour passer Cerbère et aller en enfer ? Faut-il nourrir le chien ? L'énerver ? Le distraire ? Envoyer un bâton de l'autre côté pour qu'il laisse le chemin libre ?

Dorian Smith, Ophélie Midgen et Rebecca Lemoine sont à côté de Scott au petit déjeuner. Le préfet ne fait que le suivre partout, comme s'il s'attendait à ce que je veuille parler à Reeve et qu'il se tenait prêt à m'en empêcher, quelque soit le prix. Ah, les Poufsouffles, j'adore leur loyauté, vraiment, c'est génial quand ils sont tes amis mais quand ils commencent à se méfier de toi, cette loyauté, c'est vraiment la pire chose de l'existence.

Il va falloir que je renonce à interroger Scott pour le moment.

Mais au risque de passer pour une psychopathe, je prends un malin plaisir à le suivre un peu. Je me suis assise à une table pas très loin de la leur à la bibliothèque. Qu'il stresse un peu, ça me détend. Le voir m'observer du coin de l'œil et qu'il voie bien que je suis énervée contre lui et que je ne lâcherais pas le morceau tout de suite à propos de Kiran. Qu'il craque, un jour. Car je le sais, il craquera. Mais pour l'instant, j'essaye surtout de résoudre cette jolie équation d'Arithmancie.

« Des difficultés ? »

Merlin, une voix si peu entendue ces derniers jours ! J'avais failli l'oublier. Lorcan. Depuis qu'il sort avec Coralie Catham, c'est rare de le voir seul. Il s'était excusé l'autre jour et on avait presque fait la paix. Ou en tout cas, on avait momentanément arrêté toute guerre. Mais je ne suis pas tout à fait à l'aise avec l'idée de lui parler. Rien n'est comme avant. Moi, je suis obsédée par la recherche d'information sur Scott et les Salvateurs ; lui est occupé à tenir la main de sa belle blonde à longueur de journée. Autrement dit, on n'a plus grand-chose en commun. Je le regarde en fronçant les sourcils et souris légèrement.

« Moi ? Je n'ai jamais le moindre problème, encore moins en Arithmancie, tu me connais. Tu veux t'asseoir ? proposé-je poliment.

– Eh bien ... Pourquoi pas. C'est juste que Coralie doit me rejoindre normalement dans pas longtemps et ...

– Ah, je comprends, ça la dérangerait d'être trop près de moi.

– Non, je ne pense pas. C'est si toi, ça ne te dérange pas. »

Je souris en secouant la tête. Non, ça ne me dérange pas. Pas vraiment. Au moins, ça détournera mon attention du groupe de Poufsouffle qui me regarde un peu de travers de temps en temps. Lorcan s'installe à côté de moi. En sortant ses affaires, je vois qu'il remarque la présence de Scott non loin, ça le fait hausser un sourcil.

« Vous n'êtes plus ensemble, n'est-ce pas ? »

J'hésite à rire de sa remarque mais je fais juste une petit grimace en ajoutant quelques chiffres à mon équation avant de répondre :

« Rien ne t'échappe, c'est incroyable, Scamander.

– A cause de ton père ? »

La pointe de ma plume dérape légèrement sur mon parchemin. Je soupire.

« Entre autre. C'est un peu compliqué.

– Oui, désolé. Et ça ne me regarde pas. »

Je lui lance un petit regard sceptique avant de continuer mon travail. Il n'ose rien dire d'autre. Je vois que ça le démange de poser d'autres questions. Il voudrait en savoir plus, il est curieux. Je ne sais pas ce que je préfère. Quand il m'ignore ou quand il tente maladroitement de renouer le lien.

« Salut Molly, fait une voix enthousiaste quelques minutes plus tard. Je peux m'installer ? »

Coralie, le sourire brillant et l'air sincèrement contente, pose sa main sur la chaise en face de moi. Je lui adresse un hochement de tête accompagné d'un geste de la main qui lui fait comprendre qu'il n'y a pas de problème. Elle s'assoit et attrape quelques livres dans son sac. Je retourne à mon Arithmancie quasiment terminée. La laissant s'installer et échanger un petit regard doux avec Lorcan. Travailler pour ne pas avoir à trop discuter avec elle, éviter les moments gênants que ça pourrait entraîner. Mais soudain, elle se penche vers moi et chuchote :

« Molly ... J'ai entendu Dorian Smith et d'autres Poufsouffles discuter ensemble hier. Ils étaient en train de dire que c'était de ta faute si la petite de Gryffondor avait été agressée. Je leur ai dit d'arrêter mais j'ai peur qu'à force, ils soient en train de créer une fausse rumeur sur toi. Voilà, je voulais juste te prévenir. Nous, ajoute-t-elle avec un regard en direction de Lorcan, on sait qu'il n'y a aucune raison pour que tu fasses ça. Si jamais tu as la moindre chose, on est là. »

J'ouvre la bouche, un peu surprise. Mes yeux passent des deux Serdaigles aux Poufsouffles de la table d'à côté. Je ne sais pas très bien quoi en penser. D'un côté, ça ne m'étonne pas d'eux, ça fait un moment qu'ils parlent dans mon dos ; de l'autre, je ne sais pas quoi dire à Coralie. Que ça me touche ? Est-ce qu'il faut que je la remercie ? Que je lui donne mon point de vue ? Je ne sais pas. Ses yeux clairs me regardent avec patience. Cette fille est étonnante.

« Euh ... Merci pour m'avoir défendue alors. Je ... Je crois que je suis devenue persona non grata pour eux. Ils ne m'apprécient guère, ce ne sont pas les premiers, ni les derniers, j'imagine.

– C'est à cause de Scott ? demande-t-elle avec les sourcils froncés.

– En quelque sorte. Je crois.

– Franchement, ils sont idiots, je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec lui mais tu es quand même libre d'être avec qui tu veux.

– Oui, en effet. »

Elle sourit et ouvre son livre de métamorphose. Je soupire légèrement. Lorcan a un sourire amusé, mes yeux croisent les siens. Il a l'air d'être fier d'elle, l'air de dire qu'elle est comme ça tout le temps et que c'est aussi pour ça qu'il l'aime. Je fais un petit signe de tête pour lui montrer que j'approuve. C'est pas évident à avouer. Mais cette Coralie semble être bien plus gentille que n'importe qui d'autre, Lorcan choisit définitivement mieux que moi avec qui il sort. On travaille tous les trois dans une ambiance agréable, parce qu'il est si agréable d'avoir des amis près de soi. Même si ce n'est pas ceux auxquels on s'attend le plus.

Alors qu'on se prépare à aller dans la Grande Salle pour le déjeuner, je croise le regard de Scott. Il détourne les yeux rapidement mais je sais qu'il a conscience que je le surveille. Immédiatement après, la tête de Smith se relève pour me lancer un regard noir. Il pourrait faire plus original. Coralie fait une remarque :

« Il est sympa pourtant d'habitude, mais là ...

– Il est persuadé de protéger un ami, conclus-je. Mais il devrait plutôt apprendre à se méfier dudit ami, bien plus que de moi.

– Dis, Molly, tu ne veux pas nous dire ce qu'il s'est passé avec Scott exactement ? demande Lorcan alors qu'on sort de la Bibliothèque. Je sais qu'on n'a pas été très proche ces derniers temps mais ... Je ne sais pas, je m'inquiète un peu pour toi, parfois. »

Je hausse un sourcil puis jette un coup d'oeil à Coralie qui semble résolument d'accord avec tout ce que dira Lorcan. Je soupire. Eh bien, ces deux-là m'étonnent de plus en plus. Il n'y a plus de rancœur chez Lorcan, aucune forme de jalousie chez Coralie. Je les admire. Faut-il pour autant renouer si vite une amitié avec lui ? Est-ce que je peux réellement lui faire confiance ? Je ne sais pas.

« C'est très aimable à vous de vous inquiéter pour moi mais déjà, je vais bien. Et ensuite, je ne suis pas sûre de pouvoir vraiment raconter ce qu'il s'est passé avec Scott, c'est très complexe et je ne suis pas forcément encore très à l'aise pour en parler ...

– On ne te force pas, Molly, ajoute Coralie rapidement. C'est toi qui décides.

– Bon sang ! Que vois-je ? Mon frère avec une blonde et une rousse ! Mais c'est un véritable événement. »

En arrivant dans le hall, surgit devant nos yeux ébahis, Lysander Scamander, un grand sourire aux lèvres qui ouvre grand les bras. Lorcan commente en souriant :

« Lysander, incroyable ! Tu nous as trouvé.

– En effet, tu essayais de te cacher derrière la chevelure flamboyante de Weasley et le sourire mielleux de Catham ?

– En vain, soupire Lorcan en secouant la tête.

– Dis, Lysander, tu ne peux pas te taire et nous laisser aller manger en paix ? »

Il se tourne vers moi en plissant les yeux. Non, il ne peut pas se taire. Je ne sais pas pourquoi je l'oublie parfois, j'ai trop d'espoir, ça ne sert à rien.

« Tu n'as qu'à venir manger avec nous, Lysander, propose Coralie gentiment.

– Elle, tu vois, elle est moins rancunière que toi, Mollynette, je comprends Lorcan au fond, fait le pénible en montrant Coralie du doigt. Prends-en de la graine, Weasley. »

Je soupire, je ne peux pas lutter contre ça. Coralie secoue la tête en disant que ce n'est pas vrai, que je suis quelqu'un de parfaitement gentil aussi. Elle fait beaucoup d'effort pour me plaire et être bienveillante avec moi. J'apprécie vraiment. Ce n'est pas un problème. C'est agréable. Mais au fond, il n'y a pas quelque chose d'étrange dans cette situation ?

On se dirige vers la table de Serdaigle à laquelle je m'invite, m'installant en face de Coralie. Elle me sourit de temps en temps mais passe le plus clair de son repas à attraper le bras de Lorcan, pour le caresser, s'y accrocher en riant ou encore le passer autour de ses épaules. Ce n'est pas quelque chose qui a l'air de le déranger. Il lui embrasse même le front tendrement. Si mignon. Tout ce que je n'ai pas eu. Génial, de la nostalgie maintenant, j'avais vraiment besoin de ça ! Lysander, à côté de moi, m'adresse un regard amusé et se penche pour me glisser à l'oreille :

« Arrête de regarder Lorcan comme ça, il n'est plus libre maintenant. Alors que moi ...

– Bien, Lysander, si un jour, tu m'embrasses le front, tu te prends une claque. On est d'accord là-dessus ?

– Ah donc si ce n'est que le front qui te dérange. »

Je lui donne un coup de pied sous la table. Ça le fait rire encore plus, il peut m'accuser de lui faire du pied maintenant. Lourd, Lysander est quelqu'un de lourd. Je grimace, ne pouvant pas m'empêcher de sourire malgré tout.

« Molly ! Ah, tu es là, je t'ai cherché partout ! »

Une Victoire essoufflée arrive devant moi, une lettre à la main, l'oeil brillant, le sourcil froncé. Je me retourne, inquiète, pour l'écouter. Toute la tablée regarde l'ex-Serdaigle et ses cheveux blonds qui attirent le regard.

« Qu'est-ce qu'il se passe ?

– C'est grand-père.

– Arthur ? fait Lysander à côté de moi, en suspendant sa fourchette dans les airs. Sa Dragoncelle est guérie, n'est-ce pas ? »

Les mots du Scamander me font frissonner. Merlin. La Dragoncelle. Il était à Sainte-Mangouste une grande partie de l'été mais les médicomages étaient persuadés qu'il s'en remettrait vite. A un âge avancé, ça pouvait être mortel. Mortel. Merlin. Non ! Ma blonde cousine, devant mes yeux horrifiés, secoue la tête et interrompt mes pensées :

« Mamie m'a écrit, il fait peut-être une rechute. Elle a dû l'emmener en urgence à Sainte-Mangouste cette nuit. Depuis, mon père et ma mère se relayent pour rester à son chevet. Apparemment, c'est assez brutal.

– Mais, il va s'en sortir ? demande Lorcan d'une petite voix alors que je suis incapable de dire quoi que ce soit.

– J'espère, dit Victoire dans un soupir. Voilà, je veux pas t'inquiéter, Molly, je voulais juste te prévenir. Je vais essayer d'aller le voir dans la soirée, Teddy doit passer me prendre. Si son état se dégrade encore plus, je demanderais à ce que vous puissiez aller le voir aussi, avec Roxanne, Lucy, James ... Je pense que je pourrais négocier avec Madame McGonagall. 

– Merci, Victoire. Tu l'embrasseras pour moi, hein ? Pas de trop près, ce serait bête d'être contaminé, mais tu vois ce que je veux dire.

– Évidemment. »

Merlin. Papi Arthur. Pourquoi Merlin s'acharne sur nous ? Victoire se mord légèrement la lèvre en passant une main sur mon visage pour y dégager une mèche de cheveux tombant devant mes yeux. Elle hoche la tête, je sens qu'elle a la gorge serrée. Elle murmure qu'elle va chercher les autres, qu'elle doit prévenir Louis mais qu'elle ne sait pas où est passé son satané petit frère. Elle s'en va. Me laissant un creux à l'intérieur. Les trois Serdaigles autour de moi me fixent, sans savoir quoi dire certainement. C'est Coralie qui finit par dire, de son insupportable voix bienveillante :

« Il n'y a peut-être pas de quoi s'inquiéter, c'est un battant ton grand-père. Je suis persuadée qu'il parviendra à guérir à nouveau. Et maintenant, les traitements sont beaucoup plus perfectionnés qu'avant.

– Oui, il faut faire confiance à Sainte-Mangouste, ajoute Lorcan en prenant le même air affecté que sa petite-amie.

– Je sais. Mais c'est juste que ... »

Je m'interromps pour soupirer. Voilà, c'est juste que ce n'est pas une bonne nouvelle. Une de plus. Je cherche du regard des tâches de rousseurs familières. Je ne vois que celles de Lily et Hugo qui mangent avec leurs amis à l'autre bout de la Grande Salle. Je ne sais pas où est Roxanne. Elle devait avoir un entraînement de quidditch ce matin, elle ne devrait pas tarder. Je jette un coup d'oeil à mon assiette. Je n'ai plus faim pour un dessert. Lysander fronce les sourcils :

« Est-ce que ça va aller ? Tu veux qu'on fasse quelque chose ?

– Il n'y pas grand-chose à faire. C'est ça qui est un peu dur. Je pense que je vais vous laisser, je vais aller voir si Roxanne et Fred sont au courant.

– Je peux venir avec toi ? »

Lysander se lève en même temps que moi. Je hausse les épaules. J'avoue, ça ne m'aurait pas fait de mal d'être un peu seule et tranquille mais il ne me laisse pas tellement le choix. Je salue Lorcan et Coralie qui me sourient gentiment. Je comprends pourquoi Lysander tente de fuir. On échange un petit regard et on attend d'être sorti de la salle pour commenter.

« Tu n'en peux plus de tenir la chandelle ? demandé-je en faisant une petit moue.

– Oh Merlin, oui !

– Quel cri du cœur, dis-je en m'esclaffant. Ils sont si mignons pourtant, je ne comprends pas ce qui te dérange. »

Il m'arrête en plein milieu du Hall avec l'air scandalisé.

« Mignons ? Lorcan est devenu une guimauve molle et il est toujours d'accord avec ce que « Coco » dit. Elle l'embobine, c'est sûr, il n'était pas comme ça avant.

– En même temps, ce qu'elle dit n'est pas si idiot que ça, non ? »

Il me lance un regard noir comme il en fait peu. Je ris doucement avant d'aller affronter le froid pour marcher vers le terrain de Quidditch.

« Molly Weasley Junior, tu ne peux pas faire ça. Tu te rends compte que tu étais mon seul espoir pour cracher sur cette blondasse au sourire mielleux et à la gentillesse sans borne ? Qu'est-ce que je vais faire si même toi tu te fais griller le cerveau par cette sorcière ?

– Ah, toi aussi tu trouves son sourire mielleux ! »

Lysander éclate de rire. Il me fait oublier le temps d'un instant mes problèmes, mon grand-père, Scott, Kiran. Il a un don je pense. Je devrais le remercier parfois. Pas trop souvent. Pas maintenant. Mais je le ferais un jour.

« Mais tu ne peux pas nier que je pense qu'elle est sincèrement gentille et, qu'en plus, elle n'est pas dénuée d'intelligence. Ce n'est pas facile à dire pour moi, tu sais, ajouté-je après une petite pause.

– Tu es magnanime, Mollynette. C'est tout à ton honneur. »

Oui, je suis magnanime. Je trouve même que je m'en sors plutôt bien en tolérance aujourd'hui. Pourtant, ce n'était pas gagné. J'ai même l'impression que ça fait même moins mal que ce à quoi je m'attendais de voir Lorcan être heureux avec quelqu'un d'autre. Certainement car il est plus heureux comme ça. Qu'avec moi ? De toute évidence. Ça ne fait plus qu'un petit pincement au cœur.

Au loin, on aperçoit un groupe en rouge et plein de boue qui marche à grand pas vers nous. L'équipe de Gryffondor a donc fini de s'entraîner et ils rentrent au château avec une faim de lion. Je ne vois pas Roxanne.

« Ah mais c'est Molly, ma cousine préférée, m'interpelle James en faisant de grand geste dans ma direction. J'espère que ta journée fut douce et agréable.

– Tu as eu les dernières nouvelles ? le coupé-je dans son élan à regret. Papi a dû retourner à Sainte-Mangouste.

– Quoi ? Mais il était rentré au Terrier, non ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Apparemment, c'est une rechute. Victoire va essayer d'aller le voir pour en savoir plus sur son état. Je voulais juste vous prévenir. Tu ne sais pas où est Roxanne ? »

Le jeune brun d'habitude si enthousiaste semble s'être recroquevillé sur lui-même, il garde un sourire aux lèvres mais je me doute que ce n'est qu'une apparence. Il hausse les épaules :

« Je crois qu'elle est restée pour ranger les vestiaires avec Evan. »

Je lui tapote l'épaule au lieu de le serrer dans mes bras, notamment à cause de la boue qui risquerait de tâcher mon beau chemisier. Il me regarde faire quelques pas, toujours accompagnée de Lysander, puis il crie :

« N'y allez pas ! C'est une expression, ranger les vestiaires ! On ne sait pas ce qu'ils font vraiment, parfois, ça n'arrange pas l'état du lieu ... »

Le reste de l'équipe rit avec cet air outré que je prends aussi. James Potter, le maître des métaphores et de la délicatesse. Je croise les bras en secouant la tête alors que le brun tape fièrement dans la main de son meilleur ami, David Parker, qui rit grassement. Lysander me regarde avec un petit sourire en coin. Je sens qu'il va faire un commentaire lourd. Ce qui ne manque pas d'arriver.

« On n'a qu'à aller voir par nous même ? On pourra même aider à ranger, s'il faut. »

Je secoue la tête en soupirant. Il a un tel sourire, c'est terrifiant. Je n'ai plus envie d'y aller. Je reste plantée, les pieds dans la boue, les bras croisés, le vent froid traversant mes cheveux. Hors de question que j'aille voir ce que signifie vraiment ranger les vestiaires. Lysander tente de faire un pas en direction du stade. Quel abruti !

« Scamander, reviens ! Tu ne vas pas les déranger, comme ça, je te ...

– Allez, t'as quelque chose à dire à Roxanne, non ?

– Je crois que ça peut attendre qu'elle sorte des vestiaires, réponds-je en agitant la tête.

– James te fait vraiment croire ce qu'il veut, c'est dingue ! »

Sur ces mots, il continue à marcher tout seul. Je ne peux pas le laisser faire. Je sais ce que ça fait de se faire surprendre dans une position délicate et je refuse que Lysander inflige ça à Roxanne.

On arrive tous les deux à l'entrée du terrain. Lysander se moque de moi, j'essaye de le ralentir au maximum. L'endroit paraît désert. Le Serdaigle, à demi-mort de rire, tente : 

« Roxanne ? Evan ? Vous êtes quelque part ? On voudrait pas vous déranger alors que vous rangez le vestiaire ...

– Merlin, arrête ! Tu es terriblement embarrassant, Scamander.

– Je sais, je vis pour t'embarrasser ! »

Je lui lance un regard noir alors qu'il pousse la porte des vestiaires. Je me cache les yeux, désespérée. Lysander pouffe de rire en avançant dans le petit couloir qui mène aux douches et là où se changent les joueurs. Je déglutis avant de prendre sa suite. Je crie :

« Roxanne ! Attention, on arrive ! »

Lysander me fait signe de me taire en posant le doigt sur sa bouche. Je continue à essayer de lui attraper le bras pour qu'il ne fasse pas un pas de plus, ce sale pervers. Il essaye de se débattre, alors je m'accroche presque à son dos pour le freiner. Et soudain, une porte s'ouvre, révélant Evan qui nous regarde curieusement.

« Ah, Evan, tu es habillé ! C'est une bonne nouvelle, soupiré-je de soulagement.

– Qu'est-ce que vous foutez là tous les deux ? fait Roxanne en passant la tête par la porte.

– Longue histoire, dit Lysander alors que je fais quelques pas de côté en essayant de ne pas éclater de rire. James nous a dit que vous rangiez les vestiaires, on voulait voir si vous n'aviez pas besoin d'aide. N'est-ce pas, Molly ?

– Absolument. Enfin, pas du tout, reprends-je plus sérieusement. Je voulais pas vous déranger alors que vous rangiez ... Bref. Je venais pas pour ça.

– Tu t'enfonces, Weasley, chuchote Scamander pour m'énerver.

– Arrête, Merlin, c'est même pas drôle à la base. Je voulais te prévenir que grand-père avait dû retourner à Sainte-Mangouste. Ils pensent à une rechute. »

Roxanne lève un sourcil. Elle me fixe avec une pointe d'incompréhension. Puis elle jette un regard dédaigneux à Lysander qui tente de retrouver une respiration convenable.

« Vous êtes sérieux, là ? Vous vous marrez comme des gnomes pour m'annoncer ça ? »

Dit comme ça, en effet, ça ne paraît pas super correct. Mais il faut dire que l'on doit profiter de la moindre opportunité de rire, ne pas la laisser passer, car c'est trop rare en ce moment. Ces instants où je ne pense à rien d'autre, où je m'amuse innocemment. Roxanne ne peut pas m'en vouloir. Je lui explique rapidement ce que Victoire m'avait dit. Pendant ce temps, Lysander va inspecter le vestiaire pour voir s'il est réellement bien rangé. Fatiguant.

Roxanne nous met dehors, elle n'a pas mangé et une autre équipe risque de débarquer à tout moment. Ce sont justement les Serpentards que l'on croise dans le tout petit couloir. Merlin, quelle douce nouvelle. De bout en bout, notre venue ici est désastreuse. Milie Danver, la Capitaine de l'équipe verte et argent nous dévisage en passant devant nous. Elle adresse un simple signe de tête à Roxanne qui soupire en me voyant toute gênée, car il est évident que Lysander ne m'aide pas non plus en commentant :

« Bah dis donc, ça en fait du monde dans des vestiaires. Il va falloir les ranger à nouveau après ...

– La ferme, Scamander, souffle Roxanne.

– Je veux bien aider la prochaine fois, il y a de forts jolies personnes dans cette équipe aussi. »

Je me retourne vers lui en fronçant les sourcils très fort. Il hausse les épaules en prenant un air détaché. Le flux de Serpentard diminuant, je décide de prendre la fuite pour échapper à Lysander et toutes ses mauvaises idées. Il en profite pour dire d'une voix plus forte :

« Mais ne t'inquiète pas, Mollynette, il n'y a qu'avec toi que j'ai envie de ranger des vestiaires ! »

Je lui adresse un signe peu aimable derrière mon épaule. Et je m'arrête avant de foncer dans Léon Wilkes, qui me regarde, visiblement sceptique. J'aurais certainement dû lui foncer dedans et ne stopper ma course qu'à l'intérieur de mon lit. Mais je ne peux pas m'empêcher de le regarder de travers.

« Qu'est-ce que t'as, Wilkes ?

– Qu'est-ce que tu fais là, Weasley ? Tu fais ça souvent de ranger les vestiaires ?

– J'ai une tête à ranger des vestiaires ? m'offusqué-je presque. C'est indécent ! »

Wilkes n'a pas l'air de comprendre, il fait un sourire étrange mais il doit avoir entendu le caractère inconvenant de la situation. Lysander arrive juste derrière et émet un petit ricanement insupportable.

« Tiens tiens, Léon Wilkes, dit-il en prononçant défectueusement son nom avec soin. J'imagine que tu voudrais toi aussi ranger des vestiaires avec Molly mais je crains qu'elle ...

– Scamander, m'exclamé-je en lui donnant un coup de coude. Mais ça va pas la tête ? N'insinue pas de telles choses !

– Tout ce que je vois, c'est que vous n'avez rien à faire là, note Léon en fronçant les sourcils. Vous ne faites partie d'aucune équipe. Ma théorie, c'est que vous venez vous rincer l'œil. Mais non, Molly Weasley, n'insiste pas, je ne me mettrais pas torse nu juste pour toi ! »

J'ouvre la bouche, scandalisée. Pourquoi il hurle ça ? Mais rien ne tourne rond dans la tête de personne. Lysander éclate de rire, sans aucune pitié. Ils sont incroyables tous les deux, s'ils se liguaient contre moi, ça aurait exactement le même effet. D'ailleurs, ça me fait penser qu'ils se sont peut-être concertés avant. Léon constate ma rougeur, m'adresse un petit clin d'œil déplacé et ose me dire :

« Allez Weasley, on fera ça un autre jour, ne t'inquiète pas ...

– Wilkes ! Arrête de traîner ! 

– Mon Capitaine m'appelle, j'ai un entraînement à faire. A plus. »

Il affiche un petit sourire fier alors que je le dévisage, furieuse. L'équipe de Serpentard le regarde avec curiosité les rejoindre et je les vois qui se marrent. Comme Lysander. Roxanne, un peu moins.

« Bon, c'est pas tout mais j'ai faim, moi. Allez, on se magne sinon, je mange l'un d'entre vous. »

Je m'exécute le plus vite possible. Tout sauf croiser le regard du Scamander qui se retient de faire un commentaire. Ou qui n'arrive pas à en faire à force de rire. Je souffle, pour tenter d'éteindre l'incendie qui s'est déclaré sur mes joues. Merlin ! Je n'ai rien demandé à personne. Pourquoi les gens sont infâmes avec moi ? Et en même temps, dans un coin de ma tête, je les remercie un peu, le futile n'est pas assez valorisé, pourtant, qu'est-ce que ça fait du bien de penser à autre chose. J'adresse tout de même un regard noir à Lysander en me séparant de lui pour aller dans la Tour de Gryffondor. Je me rappelle le temps où on n'était plus ami. C'est un temps qui n'est pas si éloigné. Mais Merlin, il ne me manque pas.


**

Alors, que dites-vous de ce chapitre un peu moins tendu que parfois/souvent ? 

Je ne l'ai pas coupé parce que je ne voyais pas comme faire deux parties qui me satisfaisaient, donc vous avez un gros morceau pour me faire pardonner de mes périodes d'inactivité chroniques. 

En attendant le prochain chapitre, si vous ne l'avez pas encore fait, n'hésitez pas à aller le voir le Supplément et à faire le test (génial, cela va sans dire) pour savoir quel personnage vous seriez dans cette merveilleuse fanfiction (je ne m'étouffe pas de modestie aujourd'hui, ouaip) et n'hésitez pas à me dire votre résultat !

A bientôt (enfin, dès que possible)

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