Samedi 19 Octobre (2/3)

« Je n'y crois pas ! Merlin ! Molly, c'était quoi, ça ? »

Et ça, c'est la réaction tant attendue de ma charmante petite sœur. Lucy se précipite vers moi et du haut de sa petite taille, se met à me juger sévèrement des yeux. J'évite de la regarder autant que possible mais elle n'est pas dupe. Ses petits yeux plissés sont incroyablement suspicieux.

« Tu trouves que c'est le bon moment pour te remettre avec Scott que tu détestais hier encore ? Bravo, juste quand Papa arrive, Molly Weasley parvient toujours à attirer l'attention sur elle encore plus, s'exclame-t-elle sur un ton de reproche.

– Je ne crois pas que ça te regarde, Lucy.

– Mais tu fais ce que tu veux de ta vie, ma grande, soupire-t-elle dramatiquement. Fais peur à tout le monde avec des potions foireuses, sois la plus grande drama queen de Poudlard, énerve Papa si tu veux. Mais si ça ne se passe pas bien, tu ne pourras en vouloir qu'à toi-même. »

Elle secoue la tête en tournant son regard vers les Grandes Portes. Elle a certainement raison dans un sens mais je trouve sa réaction déplacée. Je soupire en disant :

« Il faut que j'aille travailler, préviens-moi quand il arrivera. Et oui, ajouté-je avant qu'elle ne dise autre chose, je sors à nouveau avec Scott. Au lieu d'essayer de me faire la morale, tu pourrais te réjouir pour moi ou au moins respecter mon choix. Je ne vois pas en quoi ça pourrait déranger Papa en tout cas. Lui aussi a été jeune, il n'est pas complètement dénué de bon sens.

– Qualité qu'il ne t'a apparemment pas transmise, remarque Lucy sur le ton de la provocation mais avec un sourire amusé. Bon, d'accord, va rejoindre ton ex-ex-petit-ami. »

Elle soupire mais semble toutefois un poil moins en colère. Je sais parfaitement ce que la situation a d'étrange, d'incohérent et je comprends sa réaction qui en annonce certainement d'autres. J'espère juste que Papa ne s'attardera pas trop sur le fait que tout n'a pas toujours été radieux avec Scott. Je laisse Lucy à ses occupations et monte les escaliers vers la Bibliothèque pour le retrouver qui m'attend sagement à la porte.

« Désolée de t'avoir fait un peu attendre, je devais discuter avec ma petite sœur.

– Elle a du mal à comprendre ce revirement de situation, j'imagine ..., dit-il en se mordant légèrement la lèvre inférieure.

– Comme tout le monde. Il faut qu'on ait l'air naturel, c'est important pour que tout fonctionne correctement. Allez, viens, on va s'installer. »

Il hoche la tête et on se dirige vers une table un peu à l'écart. Ce n'est pas le moment de se faire trop remarquer, j'ai réellement du travail à rattraper. Une fois que Papa sera arrivé, je ne suis pas sûre de pouvoir bien me concentrer sur des cours d'Histoire de la Magie ou de Métamorphose. Je sens néanmoins Scott un peu tendu, à côté de moi, jetant des coups d'œil réguliers en direction de la porte. Je pose ma main sur son avant-bras, pour le rassurer mais il sursaute légèrement. Ça me fait sourire.

« Il n'y a pas à avoir peur, lui chuchoté-je. Je suis sûre que ça se passera bien.

– Tu essayes de t'en persuader ou tu es vraiment convaincue par ce que tu dis ? »

Je hausse les épaules en me concentrant à nouveau sur ses notes.

« Molly, ta sœur te ... »

Je relève la tête soudainement en découvrant Lucy qui me faisait signe de venir depuis la porte de la bibliothèque. Elle avait l'air particulièrement pressée. Percy Weasley est arrivé, je le crains bien. J'échange un regard un peu inquiet avec Scott qui commence à ranger ses affaires précipitamment. Je l'arrête d'un geste.

« Attends, il vaut mieux que je le voie seule d'abord. On avisera ensuite sur ce qu'on doit faire pour annoncer tout ton truc des Salvateurs. Il ne faut pas le brusquer, il risquerait de s'énerver très rapidement.

– Mais, il faut que tu me présentes comme ..., proteste-t-il en chuchotant.

– Sois patient. Je te présenterai un peu plus tard, qu'est-ce que ça change ? l'interrogé-je en plissant les yeux. Quoi ? Tu n'as pas confiance en moi ? Tu as peur que je te trahisse et que je révèle ce qu'il y a de pire dans ton histoire ? »

Il me regarde fixement sans pour autant me donner tort, ce qui me fait soupirer. Je fourre mes affaires dans mon sac et pose un doigt irrité sur son torse.

« Ne bouge pas, fais-moi confiance. Prouve-moi que ça en vaut la peine. »

Je le laisse se rasseoir alors que je rejoins Lucy qui me juge ostensiblement du regard. Je lui intime de ne pas faire de commentaire d'un geste vif et un peu énervé. Elle soupire en secouant ses cheveux un peu plus bruns que les miens. A mi-chemin entre la bibliothèque et le hall, elle annonce :

« Papa discute avec Madame Ross en t'attendant. J'espère que tu as bien suivi ses cours ces derniers temps...

– Quoi ?

– Madame Ross, tu sais, la prof de Défense contre les Forces du mal. Elle discute avec Papa au sujet de toi, de moi, de notre avenir. »

Je soupire, j'ai une boule dans le ventre et je ne fais pas très attention à ce que me dit ma sœur. Mes pensées imaginent tous les scénarios possibles, toutes les réactions que pourraient avoir Papa en apprenant tout.

« Oui, évidemment, les Sortilèges de protection sont primordiaux pour ... Molly ! Lucy ! Mes enfants. Vous voilà enfin réunies. »

Et je lui souris autant que je peux. J'essaye d'avoir l'air vraiment sincère, je le voudrais vraiment, mais je me sens toute petite face à lui. Percy Weasley, les lunettes au bout du nez et les cheveux bouclés tirés vers l'arrière. Il est là, planté au milieu du Hall de Poudlard, à côté de la professeur de Défense contre les Forces du mal. J'aurais tellement préféré qu'il vienne à un autre moment. Il ne doit pas remarquer mon hésitation et me prend dans ses bras avec émotion.

« Molly, je m'étais inquiété pour toi. Mes lettres étaient sans réponse et j'ai appris que tu as fait un séjour à l'Infirmerie...

– J'étais très occupée, le coupé-je, je n'ai pas pris le temps de te répondre, je suis désolée. Il ne fallait pas s'inquiéter, tout va bien. »

Je tente autant que possible de m'en persuader et j'ai l'impression que ça fonctionne puisqu'il ne me fait pas de réflexion sur une possible tension, quelque chose de bizarre, qui, pourtant, est très franchement palpable. Mais il doit être dans une démarche positive. C'est une bonne nouvelle pour notre projet. Plus Percy sera positif, plus il sera apte à comprendre, avoir de l'empathie, toutes ces choses pas toujours évidentes pour lui.

« Alors, dis-moi, Molly, qu'as-tu de beau à me raconter ? »

Je le regarde, figée dans la tourmente de mes pensées. Quelque chose de beau ? Quelle drôle d'idée ... Je pourrais lui dire à quel point ma vie est remplie de Merlin de problèmes ou que ce que je m'apprête à lui dire ne va pas lui faire plaisir, qu'il devrait cesser immédiatement d'idéaliser ses filles, enfin, moi. Je ne suis pas la petite fille parfaite. J'ai échoué, misérablement, cette année.

Je fais un sourire un peu timide en échangeant un regard avec Lucy, qui m'observe attentivement. Quoi de plus beau que l'amour ?

« Pas grand-chose, j'ai été beaucoup occupée par les cours, réponds-je cependant en jetant un coup d'œil à Madame Ross qui me fixe étrangement tout en reculant un peu. Et puis cette sale histoire de potion ratée m'a fait perdre un temps considérable. Mais rassure-toi, ce n'était rien de grave, Madame Ewer a pris soin de moi, je vais très bien.

– Elle va si bien qu'elle découvre les mystères de l'amour, dit la petite peste que j'ai comme sœur avec un petit regard agaçant.

– Merci Lucy, tu pouvais pas respecter ma vie privée par hasard ?

– Ça n'avait pas l'air d'être un secret, déclare-t-elle en haussant les épaules.

– Mais toi, tu ... »

J'allais dire quelque chose d'un peu énervé quand, un léger sourire amusé aux lèvres, peut-être même un peu touché, Percy nous a regardé et a dit :

« Lucy, je préférerai que tu respectes la volonté de ta sœur. Et toi, Molly, il va falloir que tu me parles un peu plus en détail de cette histoire. Nous n'avons qu'à faire un petit tour tous les trois dans le parc, qu'en pensez-vous ? »

Lucy a soupiré, en levant les yeux au ciel, j'ai fait un sourire embarrassé. Merlin, je n'avais pas vraiment prévu ça comme ça mais si c'est ce qu'il faut faire pour amener le sujet sur la table, je ne vois pas de raison de décliner l'offre. Il nous prend toutes les deux par les épaules et, entre ses deux filles, il marche, plutôt joyeux, vers l'extérieur.

Aucune allusion à sa venue ici, rien, pas d'indice, pas d'histoires de Salvateurs. Il semble heureux, pas inquiet ni angoissé, ce qui est rare.

« Alors, Molly, tu ne voulais pas me dire que tu fréquentais quelqu'un ? »

J'ai foudroyé du regard Lucy qui affichait un petit sourire narquois et j'ai haussé les épaules. Est-ce qu'on peut dire que je fréquente Scott ? D'une certaine manière, je l'ai fréquenté, j'ai regretté et j'ai sans aucun doute fait l'erreur d'y retourner quand même. Avec un sourire gêné face au regard de ma famille, j'ai simplement dit :

« Je ne sais pas, je t'en aurais certainement parlé mais j'attendais un peu. Ce n'est pas forcément très important. Enfin, si, c'est important pour moi mais c'est difficile à ...

– Ne t'inquiète pas, ma puce, j'ai été jeune aussi. Moi non plus je n'ai pas tout dit à mes parents, tu as le droit. Je suis juste curieux, je veux juste savoir qui c'est. »

Un peu crispée, je me retiens de dire que c'est pile le genre de personne que j'aurais dû éviter, du genre appartenant à un groupe de magie noire, secret et dangereux. Mais je dois absolument le convaincre que Scott est quelqu'un de profondément bien. Et je dois essayer d'être naturelle dans mon mensonge.

« Eh bien, Scott ... C'est quelqu'un que j'apprécie vraiment beaucoup, commencé-je en évitant le regard suspicieux de ma sœur. Il est vraiment gentil, attentionné et ...

– C'est un Poufsouffle, explicite Lucy en me tirant la langue.

– Enfin, je te le présenterai un peu plus tard sans doute. »

Il m'a regardé avec un sourire amusé et a hoché la tête. Merlin, je ne m'attendais pas à cette réaction. J'aurais cru qu'il serait plus curieux, qu'il m'aurait demandé son arbre généalogique, une liste de chacune de ses relations, un détail de chaque moment passé avec lui. Je ne sais pas, quelque chose. Mais Papa a l'air bien trop calme, ça m'inquiète presque. On marche quelques longues minutes tous les trois. Lucy parle à demi-mots de Tristan et de son travail très réussi en Soin aux créatures magiques. Je reste plutôt silencieuse, la laissant monopoliser la parole, priant plutôt pour qu'elle ne dise pas que je viens juste de me remettre avec Scott après m'être fortement disputée avec lui. Mais elle ne doit pas trouver le moyen de l'insérer dans la conversation.

L'heure du déjeuner approche, Percy veut saluer chaque cousin et discuter avec chaque professeur. Un peu fatiguée de devoir faire bonne figure sans cesse, je reste à l'écart dans le hall, attendant que Scott descende manger. Roxanne avait un entraînement de Quidditch ce matin, je ne l'ai pas croisée depuis que Scott a monté son plan, ni depuis que Papa est arrivé. J'ai peur de sa réaction, plus que celle de mon père, à présent. Roxanne peut être incontrôlable dans une telle situation.

« Molly ! Alors, tout s'est bien passé avec ton père ? »

Scott surgit devant moi alors que j'étais dans mes pensées, il me fait légèrement sursauter. Je mets quelques secondes à répondre, me forçant à réprimer mes envies d'être désagréable.

« Très bien, dis-je avec un petit sourire en le cherchant des yeux. Il a bien réagi quand je lui ai dit que je fréquentais quelqu'un. Pour l'instant, il discute avec Monsieur Londubat mais je crois qu'il était curieux de te voir.

– Et il a parlé de ... tu sais, ajoute-t-il en baissant la voix, des Salvateurs ?

– Non, pas un mot. Il n'a pas encore vu non plus McGonagall. Il va falloir qu'on attende avant de tout lui dire, qu'il en parle avec elle. J'imagine que ça occupera son après-midi. J'irai dire à la directrice que j'ai peut-être des éléments en plus en ce qui concerne Astrid et ensuite, je te ferai venir.

– Oui, souffle-t-il, tu as raison, ne précipitons pas les choses. »

Je souris doucement. Je le sens très tendu. Il risque beaucoup en faisant ça. Je le sais bien, je ne suis pas un monstre au point d'y être insensible. Mais je ressens un sentiment contraire. C'est bien fait pour lui, il a fait les mauvais choix, il en payera les conséquences. En même temps, il a certainement une volonté sincère de sortir de ce cercle vicieux. Merlin.

Un groupe de gens revient du terrain de Quidditch. Tous un peu boueux, les membres de l'équipe de Gryffondor entrent joyeusement dans le hall. Je vois James qui tente de donner les petits coups de balai à Rose pour l'énerver, Evan qui discute de stratégie avec Roxanne, toujours aussi passionnée. Elle n'a pas l'air de nous voir, trop concentrée. Mais mon cœur se serre indubitablement. Scott me prend la main, comme un signe de soutien, je le foudroie du regard. Qu'il arrête ça tout de suite. Ça ne fera qu'empirer la situation. Je chuchote :

« Il faudra que je lui en parle, avant qu'elle n'explose à nouveau.

– Tu penses qu'elle est capable de tout faire rater ?

– Je n'en sais rien. »

Un peu anxieuse, je l'observe de loin. J'attends qu'elle croise mon regard, ce qui ne manque pas d'arriver. Elle plisse des yeux en voyant que Scott tient ma main. J'essaye de lui faire comprendre qu'il ne faut pas qu'elle m'en veuille mais elle ne s'approche pas de moi, elle détourne le regard et tapote sur l'épaule de James pour lui dire quelque chose. Il penche la tête pour m'observer, affiche un grand sourire et nous adresse un petit coucou de la main. Je soupire en lâchant la main de Scott. Comment vais-je bien pouvoir leur expliquer ?

« Ah, voilà la dernière partie de la famille que je cherchais ! Comment allez-vous ? Vous êtes en forme pour battre toutes les autres équipes, j'espère ! »

Percy Weasley arrive, content. Il détourne l'attention, me permettant de respirer quelques secondes. Je croise le regard un peu angoissé de Scott et lui dit, comme pour m'en persuader moi-même :

« Tout va bien se passer. Restons calme.

– J'ai comme l'envie de partir en courant, déglutit-il.

– C'est ton idée à la base alors tu n'as pas intérêt à te défiler. Sinon souviens-toi de ce que je pourrais faire pour ruiner ta vie. »

J'affiche un petit sourire angélique alors qu'il acquiesce lentement, conscient des risques. Je prends une grande inspiration avant de l'entraîner vers le groupe de Gryffondor qui discute encore bruyamment à l'autre bout du hall. Je me glisse à côté de mon père qui écoute Rose parler de ses études. Elle s'interrompt soudain en me voyant et hausse un sourcil amusé. Percy se tourne vers moi, heureux d'être surpris par l'arrive impromptue de sa fille.

« Molly, tu es là ! Et tu m'as tout l'air d'être accompagnée. Scott, c'est ça ? demande-t-il en tendant sa main. Enchanté de te rencontrer !

– Moi de même, répond l'intéressé en lui serrant la main.

– Ne sois pas stressé, mon petit, tant que tu prends soin de Molly, je n'ai aucun problème avec toi. Allez, il est l'heure de manger, les jeunes ! Les repas à Poudlard m'ont diablement manqué. »

Je croise le regard de Roxanne qui passe devant moi sans m'adresser la parole mais elle a un petit sourire qui me donne un petit peu d'espoir. Je reste à l'arrière du groupe qui entre dans la Grande Salle pour dire à Scott :

« Tu vois, tant que tu prends soin de moi, tu n'auras pas de problème.

– Tu sais très bien que je t'aime, Molly, je ferais tout pour te protéger.

– C'est étrange, je ne peux pas m'empêcher d'en douter toujours un peu. »

Je rejoins rapidement le reste de la famille, je ne veux surtout pas que Roxanne reste seule avec Papa et aborde des sujets qui fâchent. Je m'assois donc entre eux deux, laissant une place en face de moi pour Scott qui me suit timidement. C'est comme si tout se passait trop bien pour être rassurant. Roxanne, bien qu'elle continue à me regarder curieusement, ne fait pas de commentaire sur le revirement de situation. Papa est distrait par les histoires de James. Scott, en face de moi, reste silencieux et semble prendre un soin tout particulier à me regarder tendrement. Tout va bien. Sauf ce pressentiment au fond de moi.

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