Samedi 12 Octobre (2/3)

C'est bien ça. Bon sang de Merlin de ... Je n'ai pas de mots suffisants. Mon cœur est en train de se briser en petits morceaux à mesure que je comprends vraiment ce que cette lettre a d'effrayant. Côme me regarde avec anxiété. Il ne peut pas tout comprendre. Je me retrouve avec, entre les mains, la preuve implacable que Scott m'a menti durant tout ce temps. C'était bien sa mission, elle est parfaitement réussie. Évidemment, il m'a manipulée. Il n'est peut-être plus en contact avec eux mais quelqu'un leur donne des informations à sa place. Ça me dégoûte. Je sens presque les larmes me monter aux yeux, il faut que je me ressaisisse. Il y a certainement une explication.

« Molly ? Tout va bien ? Tu sais ce que ça veut dire ?

– Je ... Est-ce que je peux garder la lettre ?

– Tu veux la montrer à McGonagall ? Parce que je ne l'ai pas fait pour que ma petite sœur se fasse virer après ... Je veux juste la protéger.

– Ne t'inquiète pas pour Astrid. Il faut que je retourne ... On en discutera plus tard ! »

James et ses amis sont prêts à monter sur scène, ils attendent impatiemment dans les petites coulisses que le Serpentard avant eux se fasse juger. On garde les notes pour la fin alors le jeune vert et argent s'en va, le regard un peu triste de ne pas avoir été aussi drôle qu'il le voulait. Léon me regarde plein de reproches :

« Qu'est-ce que tu fais ? Tu as l'air totalement ailleurs ! C'est quoi cette histoire avec Côme ?

– Peu importe, c'est bon, laisse-moi, chuchoté-je encore un peu tremblante.

– Fais un sourire et appelle ton cousin, sinon il risque de faire une crise d'épilepsie à cause de ses lunettes. »

Avec un sourire très forcé, j'appelle James et son groupe à monter sur scène. Je suis à peu près sûre qu'il a payé des gens dans le public pour être autant applaudi. Il lance toujours des éclairs avec ses lunettes, avec un ton un peu rauque de chanteur qui pense être un peu stylé, il se met à parler dans le micro et sa voix résonne dans toute la Grande Salle :

« Merci Poudlard d'être là ce soir. On va vous présenter une chanson qui s'appelle Gryffondor, en l'honneur de la meilleure maison du monde. Calmez-vous les Serpentard, on sait très bien que vous êtes jaloux. Et rassurez-vous, elle va certainement vous plaire aussi. Allez, David, balance le son ! »

J'échange un regard amusé avec Léon qui hausse un sourcil circonspect. La modestie n'étouffe plus James Potter depuis quelques temps, depuis qu'un certain préfet-en-chef a pensé que c'était une bonne idée de l'encourager. Je ne parle pas de moi bien sûr. Et ce qu'il a annoncé comme le concert de l'année commence. Me faisant oublier l'espace de quelques minutes mes problèmes et mes interrogations. Parce que, finalement, la musique n'est pas si mal. Même si les paroles sont écrites pas James.

« On est des Gryffondor
Des vainqueurs de la coupe
On a le vent en poupe
C'qu'on touche devient d'l'or
Réveillés à l'aurore
On a monté un groupe
Le groupe des Gryffondor
Et on chante et tu chantes
Avec nous ce refrain
Calmement il t'enchante
Te fait bouger les reins.

A vous les Gryffondor ! »

James s'égosille un peu alors que David accélère le tempo de la batterie. Je n'irais pas jusqu'à lui dire que c'est pas mal mais honnêtement, il joue bien le jeu. La foule d'en bas, surtout du côté des Gryffondor, commence à taper dans leurs mains. Je regarde Léon qui se retient de rire et je ne peux pas m'empêcher non plus de trouver l'effet d'un concert à Poudlard assez réjouissant. James continue, je ne sais pas si on pourra l'arrêter un jour.

« La salle co', c'est confort
Les préfets, on adore
Serpentard, ils ont tort
Les Serdaigle, on dévore
Poufsouffle dort encore
Mais ... »

Sa voix reste en suspend alors que je me demande combien de rimes en -or ils peuvent encore faire et en me faisant la remarque que Lysander de l'autre côté avec les préfets des autres maisons risquent de ne pas trop apprécier, c'est dangereux de sa part de ne parler que de Gryffondor et d'insulter les autres. Mais je n'ai pas encore vu la suite, n'est-ce pas. Merlin, je suis naïve.

« Mais Molly c'est la mort !
C'est la mort, c'est la mort
Danse comme un Gryffondor
Qui n'a pas son accord
De bâbord à tribord
Vas-y bouge ton corps ! »

Je n'avais pas encore vu le refrain. Évidemment, ça fait consensus, tout de suite tout le monde rit, se met à applaudir et à balancer le derrière de bâbord à tribord. Je sens les regards se tourner vers moi et ma petite grimace qui encaisse difficilement la trahison. Comment ça, il m'avait prévenu ? Il me fait un petit geste de la main et continue sa chanson en hurlant : « Oh, Molly c'est la mort ». Léon à côté de moi est hilare, c'est compréhensible, tout ce qui m'atteint le satisfait. Je me laisse quand même aller à sourire et quand il termine enfin sa chanson sur un ultime refrain, tout le monde est en train de chanter, d'applaudir, réclamant une autre chanson. Ce James Potter a décidément un culot à toute épreuve qui le rend irrésistible. On aura tout vu, bientôt tout Poudlard va chanter son refrain nul. Merci, cousin. Il m'adresse un clin d'œil alors qu'il salue le public et se retire parce que les juges doivent délibérer. En allant vers les coulisses, il me glisse à l'oreille :

« Tu es le meilleur sujet d'inspiration, tu es presque ma muse, Mollychou !

– J'espère que tu cours vite, Jamie, parce que tu sais ce qu'on dit ... Molly c'est la mort.

– C'est un bon slogan que je t'ai trouvé là ! »

Il est tout fier de lui alors que je secoue la tête de désespoir. Malgré tout, je crois que sa performance va l'autoriser à revenir plus tard dans la soirée pour enfin montrer à tout le monde le dur travail d'écriture et de composition qu'il a effectué ses derniers temps. Les préfets ont l'air très enthousiastes, je ne sais même pas pourquoi ça ne m'étonne pas. Il ne reste que quelques Poufsouffle qui doivent reprendre des vieux tubes de Bizarr' Sisters et je pourrais enfin me concentrer sur autre chose.

Sur Scott par exemple et la lettre que j'ai dans ma poche et qui maintenant que j'y pense, me paraît presque brûlante. Je frémis, je n'arrive plus à trouver Scott dans la salle. Il faudrait que je discute avec lui, que j'essaye de comprendre pourquoi il me fait ça. Mais en même temps, s'il me manipule depuis le début, pourquoi ne continuerait-il pas en me disant que ce n'est pas de sa faute, qu'il ne savait même pas qu'Astrid était mêlée à ça, qu'il m'aime à la folie ? Je sens mon cœur battre si fort qu'il résonne plus dans mes oreilles que la voix peu puissante du Poufsouffle de cinquième année. Je ne sais plus quoi faire. Est-ce que je peux encore lui faire confiance ou dois-je tout arrêter avant qu'il ne soit trop tard ?

« Merci à tous pour cette belle soirée, crie Léon pour couvrir les derniers applaudissements. Les préfets vont prendre le temps de délibérer pour désigner le grand vainqueur qui aura l'honneur de pouvoir avoir la scène à disposition jusqu'à ce qu'il soit l'heure d'aller se coucher ! Pendant ce temps, n'oubliez pas de profiter du buffet sur les côtés, même si je sais que certains l'ont déjà bien repéré. »

Je le remercie d'un petit signe de tête de s'être occupé de ça, je n'aurais peut-être pas pu. Un peu tremblante, je descends les petits escaliers pour retourner dans les coulisses où James continue à éblouir tout le monde. J'ai des « Molly, c'est la mort » qui résonnent dans mes oreilles et j'ai l'impression d'avoir pris un énorme coup de massue sur la tête. J'essaye de m'extirper de la foule qui a envahi l'endroit pour féliciter James. Tous des lèches-bottes. Soudain, j'aperçois la tête de Côme qui me fait un sourire sans joie un peu plus loin, il est toujours aussi inquiet, je me fraye un chemin jusqu'à lui.

« Je suis désolée, ce n'est pas exactement le moment idéal pour gérer cette crise mais il va falloir qu'on voie ce qu'on peut faire pour Astrid, dis-je en passant une main embêtée sur mon menton.

– Écoute Molly, je sais bien que ce n'est pas pratique, ne t'inquiète pas. On en reparlera demain.

– Vous reparlerez de quoi demain ? »

Je sursaute, Scott s'est glissé derrière moi, en posant une main presque possessive sur ma taille. Il foudroie Côme du regard. J'ai un éclair de panique qui traverse mes yeux, j'ouvre la bouche comme pour dire à Selwyn de ne surtout pas répondre mais je me rends compte que je ne peux pas me permettre de paraître trop suspecte. Pas maintenant. Je souris à Scott en lui donnant un petit coup gentil sur la main.

« Tu es trop curieux, on t'a déjà dit ça ?

– Ah non jamais, mais je crois que c'est à force de trop te fréquenter.

– Figure-toi que Côme à des problèmes en Histoire de la Magie et que je lui proposais de l'aider parce qu'à force de te fréquenter, je suis devenue quelqu'un de gentil.

– C'est génial ça, il n'aura qu'à venir la prochaine fois qu'on voudra travailler tous les deux, tranquillement, à la bibliothèque. »

Mon cerveau est tellement embrumé qu'il m'a bien fallu quelques secondes pour comprendre qu'il était tout à fait ironique et qu'il ne cessait pas de mal regarder Côme qui ne savait apparemment pas où se mettre. J'ai fait un signe de la main à son égard pour lui dire de ne pas s'en faire et j'ai attrapé le bras de Scott pour l'emmener à l'écart, qu'on aille peut-être discuter. Peut-être pour que je lui parle de ce que j'ai récemment appris. Peut-être que ça sera une dispute. Je mordille nerveusement la manche de la robe de Roxanne en le tirant hors de la Grande Salle.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive, Scott ? Pourquoi tu es si méchant avec Selwyn ? demandé-je en m'arrêtant brusquement.

– C'est toi qui est bizarre à aller le voir comme ça tout le temps et à pas vouloir me dire de quoi vous parlez, lâche-t-il avec la mine boudeuse.

– Mais enfin, je t'ai dit que c'était un problème que j'avais à régler en temps que Préfète-en-chef. Crois-moi, ça ne me fait pas plaisir outre mesure de parler avec lui mais il n'a jamais été méchant non plus.

– C'est bien le problème, j'ai l'impression que tu ne me dis pas tout et je ...

– C'est bien à toi de dire ça, murmuré-je en plissant les yeux.

– Comment ça ? »

J'ai l'impression qu'il devient d'un seul coup plus imposant, qu'il prend quelques centimètres et me fait sentir soudain toute petite à côté de lui. Il faut que je trouve une excuse, quelque chose. Je ne peux pas me permettre de l'énerver maintenant, j'ai peur des conséquences. Il soupire en se prenant la tête entre les mains, comme s'il était très fatigué et profondément blessé. J'allais essayer de lui attraper la main pour la serrer et qu'il se détende parce que j'ai une petite voix qui me répète en continu dans ma tête qu'il faut bel et bien partie d'un groupe malfaisant. Mais il m'esquive, posant sur moi des yeux déçus.

« Je ne sais plus quoi faire pour te convaincre que je t'aime réellement, Molly. J'ai toujours l'impression que tu m'échappes.

– Weasley ! Ils vont annoncer les résultats ! hurle quelqu'un depuis la Grande Salle.

– Vas-y, Wilkes doit t'attendre. »

Je fronce les sourcils, de tristesse et d'incertitude, et je me faufile à nouveau dans la foule, laissant Scott au milieu du hall à réfléchir sur la vie. Il est temps pour moi de remonter sur scène. J'ai le cœur au bord des lèvres, Léon me fait la réflexion que je n'ai vraiment pas l'air d'aller très bien, il ajoute en riant que je devrais peut-être aller voir Scott pour me redonner des couleurs. Qu'il aille se faire voir. Evan arrive avec le résultat final des préfets. Sans surprise, c'est James le grand gagnant. Je laisse Léon l'annoncer à la foule alors que je fais plus de la figuration qu'autre chose. James explose de joie et surgit sur la scène pour saisir le micro et s'exclamer :

« Je suis trop content, les amis ! Vous avez tous été géniaux, au moins autant que mes chers camarades sans qui tout cela n'aurait pas été possible ! Des applaudissements pour David et Franck pour leurs sons de malade et bien sûr, une ovation pour la magnifique Molly qui, chaque jour, égaye nos vies. »

Il embrasse l'air dans ma direction, je secoue la tête en souriant. Et il dit qu'il est ravi de leur présenter une autre chanson qu'il a appelé le Poulpe du lac noir. Son autre muse, j'imagine. Je ne prends pas le temps de descendre les escaliers, je saute directement de la scène pour retourner voir Scott. J'espère qu'il n'a pas bougé, j'atteins le hall avec une boule terrible dans le ventre. Est-ce que je dois l'accuser de mensonges ? Est-ce que je dois lui pardonner parce qu'il n'était peut-être vraiment pas au courant pour Astrid ? Il est toujours là, resté immobile. Je m'approche doucement de lui, il me sourit un peu de travers, évitant de croiser vraiment mon regard. Je glisse ma main dans la sienne. Il chuchote :

« Je suis désolé, je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis énervé comme ça. Je sais très bien que tu n'en as rien à faire de Selwyn. C'est juste que tu me fais tourner la tête à un tel point, Molly Weasley, que mes émotions en sont toutes retournées.

– C'est mignon au fond que tu sois jaloux mais, en fait, ce serait bien que tu ne le sois pas non plus pour rien. »

Il réprime un petit rire et plonge ses yeux dans les miens. Mon cœur bat à un rythme très irrégulier, partagé entre beaucoup trop de choses. Je me hisse à sa hauteur pour l'embrasser. Je murmure, mon front appuyé contre le sien :

« Est-ce que tu veux aller danser ?

– Je ne sais pas, hésite-t-il, je connais une petite salle qui ne risque pas d'être utilisée à cette heure là et qui semble nous tendre les bras.

– Tu veux reprendre le risque finalement ? fais-je dans un sourire en baladant ma main sur son torse.

– Quitte à être jeune, autant vivre dangereusement. »

Je ris doucement alors qu'il prend ma main pour me traîner vers une salle qu'il me certifie être vide et isolée, là où personne, pas même Léon Wilkes ne risque d'entrer à l'improviste. Je lève les yeux au ciel en me rappelant ce mauvais souvenir alors qu'il ferme soigneusement la porte derrière nous.

« Ce n'est peut-être pas aussi confortable qu'un canapé mais tu peux avouer qu'il y a un certain charme à l'interdit. »

Il se penche vers moi pour poser ses lèvres sur les miennes, dans une étreinte qui dure une éternité de chaleur, je continue à avoir une partie du cerveau qui s'interroge sur ses intentions. Je ne sais pas combien de temps je pourrais tenir dans l'ambivalence. Je sens ses mains qui font glisser doucement ma veste, ses lèvres parcourent ma joue pour descendre jusque dans mon cou. Je tressaille. Les paroles de Léon résonnent dans ma tête, ce qu'il m'a dit hier. Et la lettre dans ma poche qui l'incrimine. Non, je ne peux pas faire ça. J'essaye de repousser Scott le plus délicatement possible, murmurant :

« Attends... »

Il n'a pas l'air de m'écouter, laissant à nouveau traîner ses mains vers ma taille et ses lèvres sur mon épaule.

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