Mardi 8 Octobre
Pour une fois, c'est Scott qui vient manger à la table des Gryffondor et non moi qui m'invite chez les Blaireaux. Il a gagné ce droit en mettant Léon au tapis hier. C'était grandiose en y repensant. Même si je ne suis pas certaine que se mettre Wilkes à dos soit de très bonne augure pour lui. Ce gars-là est sans pitié aucune - il est pire que moi - et il n'hésitera pas à lui faire regretter son geste. Mais je trouve qu'il est temps que Scott connaisse un peu ma famille et ma maison, histoire qu'ils ne l'appellent peut-être plus le Poufsouflle à tout bout de champ ou Scot-cot ... Assis entre Fred et moi et juste en face de Lucy, je le sens quelque peu tendu. Avec un sourire tendre et amusé, je passe mes doigts sur sa main qu'il garde fermement accrochée au banc comme s'il avait peur de partir à la renverse. Ma petite sœur a les yeux rivés sur lui, ça le rend mal à l'aise au possible mais je ne peux m'empêcher de rire en lui chuchotant à l'oreille :
« Ce n'est que Lucy, tu n'imagines pas ce que ce sera avec mon père... »
Je lève les yeux au ciel en voyant ses grands yeux horrifiés mais je ne peux m'empêcher d'imaginer la scène et de froncer aussi les sourcils. Oui, ce ne serait peut-être pas une bonne idée. Ou alors, pas tout de suite, il faudrait faire des réunions de briefing pendant toute une semaine pour qu'il soit prêt. Lucy me paraît être un bon début. Mais comme personne ne parle, je me sens obligée d'engager une conversation.
« D'ailleurs, Lulu, tu as eu des nouvelles de Papa récemment ? »
Elle hausse un sourcil un peu blasé et soupire en gonflant ses joues. Je n'aime pas quand elle fait ça, ça m'oblige à voir qu'elle n'est plus une petite fille qui joue à la poupée mais qu'elle est une ado râleuse aussi maintenant. C'est normal mais c'est toujours émouvant de la voir grandir.
« Il m'a envoyé deux lettres la semaine dernière. Une parce qu'il était inquiet que tu ne répondes pas à la dernière qu'il t'a envoyé et l'autre parce qu'il était inquiet quand je lui ai dit que tu étais trop occupée à câliner ton petit copain pour lui répondre.
- Non ! T'as pas dit ça ? Je n'ai même pas reçu sa dernière lettre ... Qu'est-ce que tu racontes ? »
Elle esquisse un petit sourire machiavélique et bat des paupières mais ça ne la rend pas plus innocente. Je peux presque sentir Scott qui transpire d'angoisse à côté de moi. Merlin ... J'ai envie de la baffer parfois, elle éclate de rire en tapant dans la main de Rose. Qu'est-ce qu'elles ont encore fait celles-là ? Lucy me lance un petit regard malicieux et ajoute :
« C'est une blague. On lui a dit que tu étais occupée par tes cours et il n'était plus du tout inquiet. En revanche, tu n'as vraiment pas répondu à sa dernière lettre.
- Merlin, petit monstre ... Tu n'as pas le droit de me faire ça ! Et puis ça va, j'ai répondu à chacune de ses lettres les six dernières années, j'ai le droit à un peu de répit.»
Elle hausse les épaules avec un sourire insolent qui a tendance à m'énerver. Pourquoi elle ne veut pas être gentille pour la première fois que Scott vient manger à notre table ? Est-ce que je suis méchante avec Tristan ? Non, pourtant j'aurais de quoi me moquer d'elle ... Je jette un coup d'œil à mon Poufsouffle qui a le nez plongé dans son bol. Je me mords la lèvre en foudroyant ma petite sœur du regard. Maintenant à cause d'elle, il est tout embarrassé. Mes yeux croisent ceux de Roxanne, elle a un peu pitié de moi, je le vois, j'essaye de lui envoyer des signes pour qu'elle parle mais elle commence à soupirer, comme pour me dire que c'est moi qui ait créé cette situation gênante et que je dois me débrouiller seule. Finalement, c'est Evan, dans sa grande bonté et certainement parce qu'il a lui aussi vécu ça un jour, qui prend la parole :
« Et donc Scott, tu es doué en duel, je savais pas.
- Euh ... Je ne sais pas si c'est le bon mot, je sais juste me défendre..., répondit-il avec une certaine gêne.
- Qu'est-ce que j'aurais fait pour voir la tête de Wilkes quand tu l'as stupéfixé ! fit Roxanne en riant. Ce mec est vraiment un danger public ...
- En parlant du loup, dit James, j'espère que votre dispute ne va pas affecter la fête de samedi... Parce que j'ai tout prévu, moi, j'ai passé mon week-end à écrire des chansons avec David alors je ne veux pas avoir fait ça pour rien.
- Ce ne serait pas un mal que vous ne le fassiez pas, tu sais, commence Rose avec un petit regard inquiet. Pour votre bien ...
- Tu ne les as pas encore écoutées ! Tu verras, ça déchire ! »
La moitié de la table a retenu un petit rire amusé. James a l'air tellement sûr de lui, ça me fait mal de devoir lui dire la vérité mais c'est pour son bien après tout. J'allais lui expliquer que ses cordes vocales n'étaient pas adaptées à ce genre de chose quand soudain, Scott est parti en arrière pour tomber du banc. Surprise, je me suis retournée brusquement, la main sur ma baguette, prête à réagir à ce qui correspondait parfaitement à mon intuition. Il y avait Léon, debout qui tenait Scott par terre et qui pointait sa baguette vers lui. La table de Gryffondor s'est levée comme d'un seul geste et le Serpentard, entouré de quelques amis a ricané :
« Vous pensez faire quoi, là ? Ah les Weasley, vous me faites bien rire ...
- Lâche-le, Wilkes ! ai-je crié. Maintenant.
- Tu crois que tu me fais peur, Molly ? Vas-y, attaque-moi ou alors peut-être qu'il peut se défendre tout seul, le Poufsouffle. »
Avec un sourire méchant, il a donné un coup de pied dans les côtes de Scott qui n'arrivait pas à se relever, bloqué par terre. De la provocation. Rien que de la provocation. Je lance un coup d'œil vers la table des professeurs, ils commencent à regarder dans notre direction. Ce n'est pas une bonne idée de lui envoyer un sort maintenant. Je souffle bruyamment en avançant d'un pas. Il a haussé un sourcil interrogateur, se demandant certainement de quelle manière j'allais réagir et qu'est-ce qu'il allait trouver pour se moquer de moi. Mais comme je n'ai fait que le regarder méchamment, il a dit :
« Quoi ? Il n'était pas à la bonne table ... Il faut le remettre à sa place !
- Monsieur Wilkes ! s'est exclamée le Professeur Griffith en s'approchant d'un pas vif et énervé. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?
- P-professeur, je ...
- Reeve, relevez-vous et que tout le monde s'écarte. Wilkes, dans mon bureau. »
J'ai haussé un sourcil satisfait avant de me précipiter vers Scott pour l'aider à se remettre sur pied. Sa tête a dû frapper le sol quand il est tombé, il paraît un peu assommé. Je passe la main dans ses cheveux pour voir s'il ne saigne pas ou s'il n'a pas de bosse mais il grimace. Merlin, Wilkes est totalement fou. Tout le monde autour chuchote, je prends mon sac et son bras pour qu'on sorte de la salle. Je dis précipitamment :
« Je t'emmène à l'Infirmerie, je n'ai pas envie que ...
- Attends, Molly, ça va aller, dit-il d'une voix qui ne me convainc pas du tout. J'ai juste été surpris ...
- Non Scott, par les chaussettes de Dumbledore, tu es tombé violemment sur la tête, il vaut mieux vérifier que ce n'est rien de grave !
- Si tu jures par les chaussettes de Dumbledore, ça doit l'être ... Merlin, ne me regarde pas comme ça. Tu ne laisseras pas tomber, c'est ça ? »
J'ai hoché la tête doucement en serrant sa main. Il a souri avant de soupirer et me laisser le traîner jusqu'à l'Infirmerie. Arrivés à l'intérieur, Madame Ewer a inspecté sa tête, il avait une bosse assez imposante. Elle le garde en observation pour la matinée parce qu'il a une douleur nouvelle dans la nuque. Ça me fait presque rire de le voir dans son lit d'Infirmerie. Il me regarde avec reproche :
« Tu vas te moquer de moi longtemps ?
- Non, je profite un peu maintenant parce que j'ai cours dans dix minutes et que je devrais te laisser seul ici.
- Tu ne veux pas tomber brusquement par terre pour pouvoir rester là toute la journée avec moi ? demande-t-il presque innocemment. Allez, tu vas me manquer ! »
Il attrape une de mes mains pour me faire asseoir à côté de lui. Je souris en secouant la tête avec regret. Je ne vais pas me faire mal pour rien et rater cette longue journée qui s'annonce. Je me penche vers lui pour l'embrasser doucement.
« Je dois vraiment y aller. Je reviens ce midi, ne t'inquiète pas.
- Essaye de ne pas te faire agresser en attendant. Sinon, il m'entendra celui qui te fait du mal.
- Oui, et il t'en fera aussi... Je pense qu'il vaut mieux essayer d'éviter les ennuis pour le reste de la journée, voire de la semaine. »
Je me suis levée, en déposant un dernier baiser sur son front. J'ai l'impression de lui briser le cœur maintenant. Merlin, il faut vraiment que j'aille en cours. Il me retient une dernière fois en disant :
« Molly ! Attends, je ... Il faut que je te dise ... Approche !
- Scott, je vais être en retard, soupiré-je en revenant vers lui une dernière fois.
- Je t'aime. »
C'est comme si mon cœur fondait et coulait à travers chaque pore de ma peau. Il est si adorable. Je plisse les yeux en souriant, je hoche la tête et je le laisse allongé dans ce lit. Je n'ai pas répondu. Je ne savais pas quoi répondre, il paraissait si sincère et j'ai l'impression que mes mots ne le seront pas autant. J'ai vu son regard s'assombrir en me voyant partir. Et je n'ai rien dit. On ne peut pas toujours être à la hauteur.
Pour l'instant, la chose principale qui m'occupe les esprits se nomme Léon Wilkes et il est question de se venger. La plupart des gens disent que la vengeance est un vice, une erreur, un désir qu'il faut savoir ne pas combler. Autant dire que je ne fais pas partie de la plupart des gens. Ce qu'a fait Léon mériterait bien plus qu'une simple retenue d'une heure à laver des chaudrons sales. Il est hors de questions qu'il s'en sorte de cette manière.
« Mollynette ! a crié Lysander à l'autre bout du couloir en m'apercevant, visiblement content de me voir. J'ai vu ce qu'il s'est passé, Scott va bien ? »
Je continue ma route dans sa direction avec un sourire froid sur les lèvres. Il hausse un sourcil et se met à marcher à mes côtés quand j'arrive à sa hauteur. Je lui dis d'un ton sarcastique :
« Allez, Scamander, ça ne t'intéresse pas vraiment ... Avoue que tu te demandes plutôt ce qui va arriver à Wilkes maintenant que la guerre est déclarée.
- Tu es legilimens maintenant ? Tu aurais pu me prévenir.
- J'ai encore des progrès à faire ..., commencé-je en grimaçant.
- Auquel cas tu n'aurais pas été si surprise par la réaction de mon frère ? propose-t-il malicieusement. C'est ça ? »
Je m'arrête en fronçant des sourcils. Il hausse les épaules avec l'air un peu triste. Il lit vraiment dans mes pensées on dirait. Je lève les yeux au ciel en m'exclamant :
« Cet imbécile n'a rien trouvé de mieux que de m'insulter ! Mais qu'est-ce qui lui prend ? Il semblerait qu'il ait envie de finir les pieds attachés avec du plomb dans le fond du lac...
- Avant que tu mettes tes menaces à exécution, m'interrompt-il, je voudrais m'excuser pour lui. Tu lui as brisé le cœur, il était plein de rancœur, il n'a pas réfléchi. Ce n'est pas vraiment de sa faute.
- Je me demande pourquoi parfois tu continues à le protéger. Peu importe, je n'avais pas l'intention d'avoir encore affaire à lui. En revanche, Léon Wilkes n'y échappera pas.
- Pas de pitié pour les demeurés ? »
J'éclate d'un rire machiavélique alors que Lysander soupire en secouant la tête. Je dois lui faire peur de temps en temps. Sinon il ne viendrait pas s'assurer que je ne tuerai pas son crétin de frère. Je n'ai pourtant pas tant que ça de pulsions meurtrières, non ? En fait, je m'en fiche un peu aujourd'hui, je suis sous l'emprise de la colère et ça m'aide finalement à me motiver pour aller en cours. Où cet après-midi, je me retrouverai nez-à-nez avec le plus grand félon que je connaisse. Une confrontation digne de ce nom. Ça mérite de se déguster à point. J'ai laissé bouillir en moi la rage jusqu'à cette heure fatidique, juste avant l'histoire de la magie. Scott n'est pas encore sorti de l'Infirmerie mais je sens qu'il va bientôt devoir libérer sa place pour ce cher préfet-en-chef que je vais envoyer au tapis.
Postée dans un coin à mi-chemin entre la salle commune des Serpentard et la salle d'Histoire de la magie, j'attends sagement l'arrivée de Wilkes. J'ai déjà mentalement imaginé la scène, ce que je lui dirais et de quelle manière je l'empêcherai de recommencer. Ça m'a fait déjà beaucoup de bien, il ne me reste plus qu'à le faire en vrai. Dès qu'il apparaît dans mon champ de vision mon regard se fixe sur son sourire malveillant. Il soupire en me voyant, il connaît parfaitement mes intentions. Je penche la tête sur le côté en réprimant un rire un peu nerveux. Il est accompagné de Côme seulement. La baguette au creux de mon poing tremble presque d'irritation et d'une envie subite de lancer un maléfice en sa direction. Les deux serpentard se plantent devant moi, Côme paraît étrangement plus anxieux que son ami. Je hausse un sourcil provocateur. Wilkes soupire en commentant :
« Weasley, arrête de me regarder comme ça, tu risquerais de rendre ton copain le Poufsouffle jaloux... D'ailleurs, où est-il ? Je ne l'ai pas croisé depuis ce matin...
- Je vais te donner un conseil, tu ferais mieux d'espérer ne pas le croiser, si tu vois ce que je veux dire.
- Il ne me fait pas peur, dit-il en éclatant de rire. Et toi non plus d'ailleurs, tu es farouche mais j'ai contre vous de quoi vous dissuader, n'est-ce pas ?
- Certainement, certainement, approuvé-je préparée à cette éventuelle menace. Mais j'ai décidé que ta parole contre la nôtre ne valait pas grand-chose. Combien on parie que Minerva finira par être convaincue que tu es quelqu'un de profondément malveillant ? En fait, je te propose un marché, Wilkes. Tu présentes publiquement des excuses à Scott ainsi qu'à moi-même et je ne te fais pas subir une humiliation bien pire.
- Tu vas t'y prendre comment exactement ? demande-t-il en plissant les yeux, essayant de se convaincre que je bluffe.
- Moi et ma famille nombreuse, on a des ressources insoupçonnées. James pourrait bien écrire une belle chanson d'amour sur toi et Brittany par exemple. Ou alors Victoire pourrait bien écrire à tes parents pour leur dire que tu risques d'être renvoyé s'ils ne te recadrent pas. Ne t'inquiète pas, on a suffisamment d'imagination pour faire de ta vie un enfer. Sinon, quelques mots disant à quel point tu regrettes et la promesse de nous laisser tranquille seront peut-être suffisants pour ne pas retrouver tous tes défauts dans un article mordant du Chicaneur. »
Il me dévisage en secouant la tête, incrédule. J'affiche un sourire tranquille. Côme, à côté de lui, lui donne un coup de coude, comme pour lui dire de répondre et de ne pas avoir d'ennuis supplémentaires. Je bats des paupières dans l'attente d'une réponse. Il grogne :
« Je plains sincèrement Scott s'il doit se taper la garce la plus nuisible de tout le monde magique.
- Attends, fais-je en tendant l'oreille dans sa direction, ça ne ressemble pas à des excuses, ça ! Ce n'est pas grave, je préfère que tu les fasses devant un public bien attentif. Tu n'as qu'à prendre la nuit pour réfléchir à ce que c'est. Je te conseille de regarder aussi le mot dans le dictionnaire, histoire de ne pas faire de faux-pas regrettable.
- Tu n'es qu'une sale petite ...
- Ferme-la. Je sais que tu es lent d'esprit mais ne m'oblige pas à tout répéter. A demain, sois prêt. »
Je lui jette un dernier regard noir en m'en allant d'un pas vif pour aller en cours. J'espère qu'il a compris qu'il avait plus qu'intérêt à me présenter des excuses dignes de ce nom. Même si au fond de moi, j'espère qu'il va être encore plus con que d'habitude pour que je puisse me défouler sur lui et sa réputation. Mettre à exécution mes menaces me ferait le plus grand bien.
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