Mardi 24 Septembre
Une fois les cours finis, aujourd'hui, je n'ai pas l'occasion d'aller à la bibliothèque pour réviser mon devoir de Défense contre les Forces du Mal de demain, comme toute personne sérieuse et saine d'esprit. Non, je suis obligée de me trimbaler dans les couloirs avec des papiers à distribuer concernant la soirée Quiz.
Il y avait bien les affiches que Lysander avait faites mais étrangement, elles ont disparu rapidement. Quelqu'un doit sûrement faire la collection pour les regarder tous les soirs dans son lit en pensant à moi. Ça me dégoûte. Heureusement que j'ai fait en sorte de les enlever avant que ça ne vienne à l'esprit de quelqu'un. Ayant formellement interdit à Victoire de donner à nouveau une photo de moi, les prospectus que j'ai faits moi-même sont ornés du joli blason de Poudlard et il y a « Quiz » marqué dessus en gros avec la date. C'est aussi efficace qu'un joli clin d'œil de ma part. Je ne suis pas fière outre-mesure du résultat mais ça devrait suffire. L'information avant tout, c'était mon mot d'ordre.
« Mollynette ! »
C'est bien, il n'y a que deux personnes qui m'appellent comme ça. Comme l'autre ne me parle plus, je sais d'avance que je vais trouver Lysander en me retournant. C'est une très bonne raison pour ne pas le faire et continuer à marcher, essayant de donner mes papiers à un groupe d'élèves de cinquième année qui me regarde de travers.
« Tu pourras dire ce que tu veux, ça a moins de succès que mes affiches. Tu aurais dû mettre Léon en grand dessus, toutes les filles se seraient affolées. »
Il réprime un rire alors que je daigne enfin le regarder en soupirant. Il a toujours l'air de bien s'amuser en parlant avec moi. Je dois avoir un effet sur lui particulier qui le rend comme ça. À moins qu'il soit constamment fatigant avec ses remarques. Comment fait Lorcan pour vivre avec lui au quotidien ? ... Il arrête de vivre avec lui. De ce que j'ai compris, ils ne se sont pas reparlés depuis leur dernière dispute, par ma faute. Je fais une légère moue. Puis mes pensées retrouvent le fil de ce que disait Lysander. Léon, sur mes prospectus, jamais.
« Arrête, ça aurait flatté son ego et il serait devenu aussi pénible que toi.
– Vraiment ? Dans ton classement des gens pénibles, je bats Léon Wilkes ?
– Largement. »
Il fait un petit sourire fier en passant une main dans ses cheveux. Je soupire et aperçois un groupe en approche qui pourrait accepter de prendre mes prospectus.
« Hé, c'est pour la soirée Quiz de vendredi. Soyez présents pour encourager l'équipe de votre maison ou vous-même participez à cette merveilleuse animation proposée par ... »
Je m'arrête en voyant qu'ils ne me regardent à peine en continuant leur route et je conclus en soupirant :
« ... Vos préfets-en-chef. »
Lysander applaudit lentement, pour accentuer mon échec. Je le foudroie du regard, le bruit que font ses mains résonne dans tout le couloir à présent vide. J'aurais mieux fait de dire à Léon qu'il fallait qu'il s'en occupe, j'aurais pu réviser et éviter une énième humiliation de la part de ce Merlin de Scamander. Je m'assois contre le mur, un poil exaspérée. Qui ne le serait pas dans ma situation ? Lysander décide de s'ennuyer avec moi en m'ennuyant, bel esprit d'équipe. Je reste impassible, hors de question qu'il pense que ça m'amuse de traîner avec lui. Il me demande :
« Tu as fait remonter Lorcan récemment dans ton classement ?
– Celui des mecs pénibles ? »
Il approuve d'un signe de tête. Lysander est vraiment la dernière personne avec qui j'ai envie d'en parler mais en même temps, il n'y a pas trente-six mille personnes avec qui je peux le faire. Je soupire, me tapant la tête contre le mur derrière moi en signe de désespoir et je réponds amèrement :
« Oui. Il s'est persuadé qu'on a fait exprès pour lui révéler qu'on s'aimait ou une autre idiotie dans le genre. Franchement, je ne comprends pas. Je n'ai rien fait pour qu'il croie ça.
– Tu veux dire, à part m'embrasser ? dit-il en esquissant un sourire railleur.
– Je fais attention tous les jours à être désagréable avec toi, reprends-je en ignorant sa réflexion. Je ne ris pas à tes blagues, surtout parce qu'elles sont nulles mais même fatiguée, je ne le fais pas. Je ...
– Tu fais tant d'efforts que ça ? Peut-être que tu fais trop attention à ce que tu fais par rapport à moi tout court. Il pense que cette application que tu mets à ne pas m'apprécier est là pour cacher le fait que tu m'aimes vraiment.
– Ce serait ridicule. Qui fait ce genre de choses ? »
Je le regarde avec un air ahuri alors qu'il me fixe avec un sourire entendu. Je soupire. J'ai les idées tordues parfois mais de là à imaginer un tel plan pour faire croire que je n'aime pas Lysander alors que c'est juste qu'il m'horripile vraiment dès qu'il ouvre la bouche, non, ce n'est pas possible. Lorcan remonte définitivement dans ce classement.
« Je ne sais plus quoi faire pour qu'il tourne la page.
– Laisse-lui du temps, il t'a aimé plus de la moitié de sa vie. Ce n'est pas facile de revenir à la réalité, déclare-t-il un peu plus sérieusement.
– De toute manière, je ne comprends même pas ce qu'il me trouve. Il le sait, non ? Que, moi aussi, je suis pénible sur les bords ?
– C'est ce qui fait ton charme. »
Je fronce les sourcils en remarquant qu'il se retient de rire. Soudain, il montre du doigt un groupe de personne qui s'avance vers nous et se relève, m'attrapant par le bras et tirant dessus pour que je fasse de même. Je le laisse prendre mes papiers des mains alors qu'il me dit :
« Regarde un maître à l'œuvre. »
Il s'approche du groupe, ce sont des Septièmes année, des Poufsouffle pour la plupart et deux Serdaigle. Je reconnais Scott parmi eux, il me regarde avec un petit sourire. Je ne sais pas pourquoi, je n'arrête pas de le voir partout en ce moment. Je me glisse derrière Lysander pour écouter comment il s'y prend, lui qui se vante tant.
« Est-ce que vous avez entendu parler de cette merveilleuse soirée Quiz organisée par les préfets-en-chef ?
– Préfets-en-chef, chuchoté-je pour le corriger, que tu vénères.»
Il me foudroie du regard parce que je l'ai interrompu et reprend en accentuant exagérément :
« Organisée par les préfets-en-chef que nous vénérons tous pour ne pas avoir de retenue. Il faut absolument que vous en parliez autour de vous, ça va être super, Molly va se ramener en maillot de bain et Léon avec un tutu. Vous ne pouvez pas manquer ça ! »
Il me fait un sourire éclatant alors que nos camarades me regardent en plissant des yeux, surpris mais tout de même amusés. Je me sens rougir légèrement. Je ne sais pas vraiment comment réagir. Je finis par dire à l'intention du groupe :
« Il a encore des progrès à faire. Je suis en train de le former pour qu'il donne mes prospectus à ma place mais il ne sait pas comment ne rien dire d'idiot. Mais venez quand même, de toute façon, vous n'avez pas vraiment le choix, ajouté-je avec un petit sourire. À moins que vous vouliez déshonorer votre maison. »
Après avoir tenté de rattraper les inepties du préfet de Serdaigle, je donne un coup de coude dans les côtes de celui-ci. Il l'a mérité et apparemment, il s'en fiche parce qu'il préfère se moquer de moi. Ce n'est pas que je le prends mal, j'ai l'habitude mais je n'ai pas que ça à faire donc je lui donne le reste de prospectus que j'ai en déclarant :
« Comme tu es si doué, amuse-toi bien ! »
Et je le laisse se débrouiller avec ça. Je l'entends encore rire alors que j'essaye de m'éloigner de lui. Quelqu'un me rattrape et commence à marcher à côté de moi. C'est Scott Reeve. Il me sourit et je lui fais remarquer, en haussant un sourcil :
« Tu fais exprès de me croiser ou c'est juste une impression ?
– Tu as raison, je ne suis pas assez discret ..., dit-il comme s'il était vraiment embêté par la situation. En même temps, je t'avais prévenu que tu m'intriguais et que je voulais apprendre à te connaître un peu mieux. Est-ce que je suis encore trop bizarre ou je m'améliore ? »
Je ris doucement en levant les yeux au ciel et je secoue mes cheveux roux. Il me semble voir dans ses yeux comme une étincelle d'envie. Est-ce qu'il ne va pas non plus imaginer des choses qui sont tout bonnement impossibles ? J'arrête ma marche pour le détailler du regard. Je n'espère pas, pourtant son sourire si gêné, ses joues rosies et toujours ses yeux qui se posent sur moi avec une forme de tendresse, ce n'est pas anodin. Je pose mes mains sur mes hanches en soupirant :
« Non, tu restes bizarre.
– Merci, je dois le prendre comment ? s'offense-t-il avec un sourire toujours accroché aux lèvres.
– Comme tu veux, m'esclaffé-je. Tu peux me considérer comme tolérante à rester quand même avec toi ou alors tu peux le prendre mal et partir, je ne te retiendrais pas.
– Je préfère rester. Au cas où tu changerais d'avis. »
Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'il s'approche doucement de moi. Je préfère continuer à sourire en reprenant rapidement mon cheminement dans les couloirs. Je n'ai pas vraiment de but, peut-être tester un peu le jeune homme. Ce n'est certainement pas une très bonne idée, j'en suis consciente. Il me suit toujours, se maintenant à ma hauteur et me demande :
« Et tu es toujours contre l'idée de m'aider ? »
Je ralentis en faisant la moue. La seule chose qui me manque pour lui répondre sincèrement, c'est ce qu'il veut exactement. Je plonge mes yeux dans les siens, je ne sais pas ce que j'y cherche, je veux juste qu'il m'explique. J'ai une bonne douzaine de questions qui tournent sans arrêt dans ma tête. Qui est son groupe qui le menace ? Qu'est-ce que ça a à voir avec ma mère ? Pour quelle raison il a dû se rapprocher de moi ? Qu'est-ce que je risque ? Pourquoi Emeline est mêlée à cette histoire ? J'ai l'impression d'étouffer. Je soupire :
« Je n'ai toujours pas décidé si je t'appréciais ou te méprisais. On va dire que je te donne une minute pour m'expliquer ce que tu voudrais de moi et me convaincre. »
Il hoche la tête, saisissant sa chance et commence à me dire précipitamment :
« Les gens qui me menacent veulent que je m'approche de toi. Je te jure qu'à la base, je l'ai fait juste pour ça mais aujourd'hui, tu me fascines, je ne peux pas ... Enfin, ce n'est pas la question. J'ai reçu, l'autre jour, une lettre me disant que te parler de ta mère te ferait réagir, c'est ce que j'ai fait. Mais ils veulent me rencontrer, me voir, pour que je leur assure que j'ai bien fait ce qu'ils voulaient. Ça me fait peur, Molly. J'ai peur qu'ils me fassent du mal ou que si je continue ce qu'ils me demandent, qu'ils t'en fassent. Je préférerais qu'ils m'en fassent à moi mais j'ai peur que tu n'aies plus l'occasion d'avoir des informations sur ta mère si je coupe le contact avec eux. S'il te plaît, je ne te demande rien d'autre que d'être sympa avec moi et m'éviter de voir ma famille en mourir. Je t'en serais très reconnaissant.
– Respire, Reeve, dis-je calmement. Je n'ai pas l'intention de te laisser décéder par ma faute. On va faire comme tu dis. Quand est-ce que tu vas les voir et où ?
– Dans deux jours, à Pré-au-lard.
– On n'a pas de sortie à Pré-au-lard jeudi. »
Il m'a regardé avec un petit regard coupable. Il va y aller illégalement, évidemment. J'émets un petit soupir contrarié. Rien de tout ça n'est légal, j'aurais dû m'en douter. Dans quoi s'est-il fourré ? Sans vraiment réfléchir, je déclare :
« D'accord, dans ce cas, je t'accompagne. »
Il me lance un regard hébété avant de secouer frénétiquement la tête. J'esquisse un sourire pâle et j'insiste :
« Ce n'était pas une question, Reeve. Je ne vis que pour me mettre en danger.
– Ce n'est vraiment pas une bonne idée, Molly, si jamais ils te voient, ils vont croire que ...
– Ils ne me verront pas. Est-ce que tu me fais confiance, Scott ? »
Il me regarde, essayant certainement de déterminer si je suis sérieuse. Je le suis, mes yeux ne sont que détermination. Il hoche la tête doucement, me donnant ainsi la preuve qu'il me fait confiance. Satisfaite et toujours un peu en improvisation, je lui dis :
« Je ferai en sorte d'être de garde ce jour-là, je te rejoindrai au pied de la statue de la Sorcière borgne. Il y a un passage secret caché derrière qui mène dans le magasin Honeydukes. On passera à Pré-au-lard par ce moyen et il est hors de question que l'on ne revienne pas.
– Tu vas faire comment pour te cacher ? Le rendez-vous est dans une de ces grottes dans la montagne juste après les bars miteux.
– Fais-moi confiance pour ça. »
Il sourit, comme si mes mots résonnaient pour lui comme un espoir inespéré, une lumière qui s'est allumée, la révélation qu'un dieu existe véritablement quelque part. Il me dit ensuite qu'il a des devoirs à finir et qu'il devait normalement rejoindre ses amis à la bibliothèque. Il insiste légèrement sur le mot ami. Ça m'arrache un léger sourire. Je le regarde s'éloigner, il se retourne toutes les trois secondes pour me faire un sourire heureux. Un soupir sort de ma bouche, je n'ai aucune idée de ce dans quoi je me suis embarquée. Il avait l'air sincère, je ne fais que l'aider. Il me faut un peu d'entraînement pour m'en persuader et je pourrai ensuite penser à comment je vais faire pour ne pas me faire repérer par un groupe qui a l'air tout sauf hyper sympa.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top