Mardi 1er Octobre
« Mesdames et Messieurs, j'ai l'honneur de vous annoncer que le mois de Septembre est terminé. Ô joie ! Ô félicité ! Le mois le plus nul et le moins réjouissant de l'année n'est plus qu'un mauvais souvenir. Nous pouvons à présent chanter sans prétention et espérer qu'il ne revienne pas tout de suite. Tous avec moi ! Le mois de Septembre, le mois de la rentrée, le mois sans jour férié, le neuvième mois de l'année, le mois qui sort par les trous de nez ... »
J'en ai assez entendu, ça suffit. James qui crie et chante des sons gutturaux dans la salle commune ne me sied pas tout à fait. Je le regarde avec perplexité en m'approchant de plus près. Comment peut-il faire partie de la famille, être mon cousin, le fils d'un héros et monter sur une chaise en plein milieu de la salle commune pour chanter et mal qui plus est ? Il est de mon devoir d'arrêter ses pulsions qui le rendent ridicule. Je l'applaudis fort pour qu'il cesse de pousser la chansonnette et me regarde avec surprise. Il faut dire qu'il ne devait pas s'y attendre. Je le prends par la chemise pour le faire descendre de sa chaise et qu'il se taise. D'une voix forte, j'essaye de dissiper la gêne palpable chez les Gryffondor :
« Merci Jamie, le spectacle est fini, tout comme ce bon vieux mois de Septembre ! Vous pouvez retourner à vos occupations, je m'occupe de lui mettre du scotch sur la bouche. Allez, va plutôt travailler, James, sérieusement ...
- Mais je voulais me reconvertir en chanteur à succès ! proteste-t-il. Tu n'as pas le droit de briser mes rêves, Molly, reprend-il avant de se remettre à crier, vous pouvez me retrouver en concert dans le parc tous les jeudis de vingt heures à vingt-et-une heures !
- Oui, je suis sûre que tu auras beaucoup de succès..., commenté-je en soupirant. En attendant, si tu le fais, tu ne le fais pas ici, s'il te plaît.
- Voyons, Molly, ô grande prêtresse, fait le meilleur ami de mon cousin en arrivant à côté de lui l'air joyeux. Tu ne vois pas que tu le blesses profondément ? »
Je hausse un sourcil en dévisageant James qui donne une tape amicale sur l'épaule de David Parker, son fidèle compagnon d'aventure. Je soupire en secouant la tête et réponds :
« Il blesse les oreilles de tout le monde. Je sais que la notion de respect est floue pour vous mais faites un effort, évitez de faire fuir tout le monde de la salle commune.
- C'est Evan qui m'a dit qu'il cherchait des idées pour mettre de l'animation ici, réplique James en souriant.
- Il ne fait que son devoir, le pauvre Jamie, tu ne peux pas lui en vouloir, minaude David en réprimant un rire.
- Exactement, je ne suis qu'au service de ces chers préfets. Jeanne aussi avait l'air de vouloir trouver de nouvelles idées pour remettre un peu d'ambiance, je pense avoir trouvé un bon filon. »
Je fais une grimace dubitative avant de les laisser repartir vers d'autres cieux en éclatant de rire. Pour me détendre un peu après ce carnage auditif, je vais prendre l'air. Le ciel est menaçant, il va certainement pleuvoir bientôt, je me glisse dans les couloirs frais et marche d'un pas tranquille. J'aurais pu aller travailler ma Botanique mais je préfère essayer de coincer ceux qui font des choses interdites.
Il ne s'était pas passé grand-chose d'intéressant jusqu'à ce que j'aperçoive un groupe de Serpentard marcher vers moi. Composé de Côme Selwyn, Marius Burgoyne, Garance Froste et Léon Wilkes, j'ai froncé les sourcils. Cela annonce des problèmes à l'horizon. Ils parlent fort et je ne peux m'empêcher d'entendre leur conversation agitée :
« Qu'est-ce qu'elle a dit Brittany quand elle vous a vu ? a demandé Côme.
- Elle a bien dû comprendre qu'elle n'avait pas son mot à dire, j'imagine, puisqu'elle a juste fait un sourire tordu, a expliqué Wilkes.
- Mais enfin, Léon, tu es certain que c'est le bon moment pour recommencer une relation sérieuse avec Emeline ? La connaissant, ajoute Garance, elle ne va pas te lâcher d'une semelle.
- Mec, ça signe la fin de ta liberté, constate Marius en grimaçant.
- Je sais, mais ça fait un moment que je la vois tourner autour de moi, autant lui faire plaisir, soupire-t-il.
- Enfin, si tu ne l'aimes pas vraiment, ce n'est pas malin de céder, dit Garance en essayant de le raisonner.
- Taisez-vous, fait soudain Wilkes froidement en m'apercevant, les murs ont des oreilles qui traînent. »
Je les regarde avec des yeux durs, ils s'arrêtent à ma hauteur en me dévisageant. Je ne bouge pas, estimant que j'étais là avant eux. En revanche, savoir qu'il sort à présent officiellement avec Emeline Lovener, ça me donne froid dans le dos. Ce n'est pas que ce soit très étonnant, ça arrive régulièrement, peut-être deux fois par an au moins mais c'est toujours une perspective désagréable. Le Préfet-en-chef esquisse un sourire en disant :
« Toujours partante pour une petite fête, Weasley ? Un gars de ta maison m'a dit que ton cousin James voulait bien faire un concert pour cette occasion. Je ne sais pas ce que ça vaut étant donné vos gènes mais on peut toujours essayer, voir ce que ça donne. »
Il est moqueur et ses amis ricanent dans son dos. Je dirais même qu'il prend un peu trop confiance en lui, passant ostensiblement sa main dans ses cheveux et affichant un sourire fier. Je lève vers lui des yeux froids et commente :
« J'ai compris, tu essayes de battre le record du nombre de mauvaises idées en une seule phrase. Je pense qu'en rajoutant le fait de sortir avec Emeline et Brittany en même temps et de tout faire pour que je m'énerve, tu pourrais concourir avec une chance très élevée de gagner.
- Tu me flattes, Weasley, dit-il en avançant d'un pas vers moi.
- Et s'il fallait élire la personne la plus insupportable de l'école, je voterais pour toi.
- Et moi pour toi, chuchote-t-il en se rapprochant toujours comme pour me provoquer.
-Tu peux toujours demander à James mais je me dédouane de toute responsabilité s'il le fait vraiment, dis-je en essayant de revenir au sujet premier. C'est à tes risques et périls.
- Je croyais que tu vivais dangereusement ? »
Je frémis de colère. Je sais que je commence à rougir sérieusement et que tous ses amis doivent sentir autant que nous une tension palpable. Mon cœur a du mal à se calmer. Léon hausse un sourcil et recule enfin de quelques pas. Il conclut :
« Je suis sûr que McGonagall serait ravie de savoir qu'on promeut le talent d'une personne de votre famille. Après tout, n'est-ce pas pour ça que tu es si bien placée dans son estime ? Tu pourrais remercier tes oncles et tantes. Sûrement plus que tes parents, en tout cas.
- Au moins, toi, avec ta famille, on est sûr que tu n'as pas été pistonné par la directrice, c'est ça ? Je ne sais pas ce qui est le mieux, Wilkes.
- Qu'est-ce que tu insinues ?
- Tu le sais parfaitement. Abstiens-toi de donner des leçons de morale à ma famille. Surtout que ça se voit à des kilomètres que tu essayes de te mettre dans les petits papiers des Lovener.
- Molly, prévient Garance en se plaçant entre nous deux alors que j'en étais presque à cracher sur lui. C'est bon, on a compris, vous ne vous appréciez pas. Mais vous n'êtes pas obligés de discuter dans ce cas. »
Elle a au moins le mérite d'essayer. Ne décrochant pas mon regard de celui de Léon, je claque ma langue contre mon palais avec irritation et je leur fais un geste pour leur montrer que c'était à eux de partir, que je ne bougerai pas. Léon souffle, visiblement énervé par cette nouvelle altercation et brise le contact visuel pour donner le signal de départ à son groupe. Ils s'en vont, me laissant pester dans mon coin contre eux.
Tout ça ne me plaît pas du tout. Il se permet d'insulter ma famille, j'insulte également la sienne en retour mais ce sont des anciens mangemorts qui ne se sont même pas repentis. Ils ont profité de la mort de leur grand-père pour montrer qu'ils étaient tous de bons citoyens et prier pour que le monde les oublie. Mais qui est dupe ? Papa, lui, a montré qu'il avait fait des erreurs et il a su prouver sa bonté. On peut lui reprocher beaucoup de choses, je suis une des premières à le faire, mais on ne peut pas dire qu'il est quelqu'un de mauvais. Maladroit parfois, c'est certain. Brisé par la mort de son frère, la perte de ses repères, la disparition de sa femme, oui. La vie ne l'a pas aidé non plus. J'y trouve presque une forme de légitimité à rendre la pareille à Wilkes et ses amis.
J'allais me mettre à travailler vraiment, parce que j'ai tout de même l'objectif de réussir mon examen à la fin de l'année, quand une nouvelle fois, j'ai été dérangée dans mes plans. Lysander est arrivé et s'est planté en face de moi. J'ai esquissé un sourire. Je lui en veux encore d'avoir balancé à Léon et à tout le reste de Poudlard qui j'avais embrassé mais il su laisser un doute qui m'a peut-être sauvée. Il fronce les sourcils, soucieux.
« Je voulais voir comment tu allais, dit-il gentiment. On n'a pas discuté après la soirée de vendredi et je voulais m'excuser. Je comprends que tu sois fâchée et que tu m'envoies bouler une nouvelle fois. J'ai pas été très sympa.
- C'est rien, on finit par s'habituer aux rumeurs au bout d'un moment, réponds-je en haussant les épaules.
- En fait, commence-t-il en triturant ses doigts, je regrette qu'on ne soit plus amis. Tu sais, finalement, on avait presque fini par ne plus crier lors de nos dernières discussions, de beaux efforts que j'ai réduit à néant ... Je me suis rendu compte que c'était débile de continuer à agir comme ça. Si c'est pour ne pas blesser Lorcan, c'est trop tard, autant se réconcilier, non ? »
Je le regarde avec perplexité, sans méchanceté et finalement, presque avec tendresse. Je lève les yeux au ciel, essayant de lui montrer que je trouvais ça un peu idiot mais il a raison. Je n'aime pas l'admettre mais sa compagnie ne m'est pas si désagréable, j'apprécie même plutôt discuter avec lui, ça me rappelle le bon vieux temps. Avec un soupçon d'hésitation, je tends la main vers lui pour qu'il la serre. Ce qu'il fait avec un sourire amusé. Je soupire en disant :
« C'est un peu contre ma volonté que j'accepte cette proposition malhonnête. Tu as une tête d'abruti mais au fond, je ne te déteste pas.
- C'est beau ce que tu dis, Mollynette, dit-il dans un éclat de rire. Et quelles sont les dernières nouvelles de mon cher frère qui refuse toujours de m'adresser la parole ?
- On sera deux à ne pas lui adresser la parole. »
Il me regarde fixement et son sourire semble presque se flétrir. Il lâche ma main qu'il agitait depuis tout à l'heure avec enthousiasme pour passer la sienne dans ses cheveux. C'est moins réjouissant, tout de suite. Je m'assois sur le rebord d'une fenêtre, laissant mes pieds balancer dans le vide et il s'installe à côté de moi.
« Je ne pense pas que ce soit la fin. Entre vous, précise-t-il en haussant les épaules.
- Je n'arrive pas à savoir, soupiré-je avec un pincement au cœur. Il paraît si fermé, si jaloux et il m'a ... Il n'a pas non plus été vraiment fin en discutant avec moi l'autre jour.
- On ne dirait pas comme ça mais je suis le plus fin de nous deux. »
Je le regarde avec des yeux sceptiques et fais une moue contrariée qui le fait rire en silence. Je secoue la tête, doucement mais avec détermination :
« C'est bien ça le problème. Je pense qu'il se compare sans arrêt à toi. Le fait qu'on redevienne ami n'aidera rien, il s'est mis dans la tête que plus tu étais avec moi, moins j'étais avec lui. Alors que ce n'est pas vrai ! Je ne fais pas de préférence dans ce genre de choses, d'autant plus que j'avais un faible pour lui à la base.
- Mais il n'arrive pas à comprendre, c'est tout. Tous les deux on a essayé de lui expliquer et ça n'a pas marché. Au bout d'un moment, son cas devient désespéré ..., commente Lysander en soupirant et en jouant avec sa baguette. Moi, j'ai décidé que j'arrêtais de faire des efforts pour lui, il se trouvera bête à un moment d'avoir fait un si grand cas de cette aventure. »
Il me lance un regard pour voir ce que je pense de sa décision, je continue à balancer mes pieds dans le vide et il ajoute, un sourire au coin des lèvres et de la curiosité plein les yeux :
« D'ailleurs, est-ce que ça s'affirme avec tes dernières conquêtes ? »
Je plisse les yeux en entendant son dernier mot et d'un geste brusque, je le pousse pour qu'il retombe au sol. Il se rattrape de justesse et glisse toutefois jusqu'au carrelage un peu sali par les chaussures de tout Poudlard. Je croise les bras et grogne :
« Ce ne sont pas tes affaires, Lysander !
- Allez, tu vas sortir avec le Poufsouffle ? Je ne te pose pas la question pour Léon, je crois connaître la réponse...
- Non ! m'indigné-je. Non, je ne compte pas sortir avec qui que ce soit ... C'est juste que dans l'élan du moment, j'ai ... Oh, je n'ai vraiment pas envie d'en parler avec toi.
- Toi qui aime tout préparer, tu as donc bien une spontanéité quelque part ! s'exclame-t-il en riant alors que j'essaye de l'atteindre avec mon pied pour le taper.
- Arrête de te moquer de moi, on ne peut pas toujours tout maîtriser.
- En tout cas, dit-il en redevenant sérieux, comment il s'appelle ? Scott, c'est ça ? Il n'a pas l'air d'être un mauvais bougre ... Lorcan le prendra certainement très mal mais au point où il est rendu, il ne peut pas vraiment aller plus profond dans les entrailles de la débilité. Franchement, le Poufsouffle t'apprécie beaucoup, de ce que j'en sais.
- Je n'ai pas besoin de tes conseils, Scamander. »
Je soupire en redescendant moi aussi. Il me fait une petite moue et finit par éclater de rire. Il me fatigue. Je le regarde s'éloigner en me faisant un signe de la main, une fois qu'il s'est tourné pour de bon, je jette un coup d'œil à ma montre. Il ne me reste que très peu de temps pour la Botanique. C'est autant de temps que mon sommeil n'aura pas cette nuit.
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