Nouvelle semaine, nouvelle vie ? Ça m'étonnerait beaucoup mais qui sait, normalement après le cours d'Étude des Moldus de ce matin, on doit prendre le thé avec Roxanne dans le bureau de Victoire. Peut-être qu'il s'y passera des choses trépidantes. Ma vie en général est trépidante, c'est un peu fatigant mais ai-je pour autant envie de la changer ? Pour rien au monde.

Avoir Victoire en assistante de professeur m'amuse beaucoup. Elle et Madame Holmes forment un duo d'enfer. Deux très belles femmes, vraiment bienveillantes qui savent parler aux élèves sans faire preuve de trop de sévérité mais en se faisant respecter. Fred pense que c'est parce qu'elles sont jolies que tout le monde est calme en leur présence. Le fait que tous les garçons se rincent les yeux agréablement pendant le cours au lieu de discuter entre eux pourrait corroborer cela. Mais j'ai une forme d'innocence et d'espoir, je préférerais que ce soit pour la qualité de leur enseignement. En même temps, Victoire a du sang vélane dans les veines, ça n'aide pas vraiment.

Après le cours d'Étude des Moldus, on a quelques heures de battement pour manger avant de reprendre par de l'Histoire de la Magie avec le Professeur Binns, qui est tout de suite moins attirant. Alors Victoire nous ouvre son bureau avec un grand sourire aux lèvres, nous invitant à nous installer sur les fauteuils moelleux.

« J'ai fait moi-même la décoration, nous annonce-t-elle rayonnante, vous aimez bien ? »

J'esquisse un sourire, c'est tellement Victoire comme endroit. Il y a du bleu partout, agrémenté de beaucoup de fleurs blanches. Elle a un petit coin où trône une théière et des tasses en porcelaine. Son bureau est rempli d'objets moldus. Elle a une collection de stylo et une pile de magazine de photographie. Son propre appareil, son précieux qu'elle ne quitte jamais bien longtemps, est installé sur une étagère d'où il semble observer toute la pièce. Elle l'a ensorcelé pour qu'il prenne des photos pendant son absence, pour s'assurer qu'aucun élève ne vienne lui voler de copies ou pire, l'appareil en lui même.

Avec un sourire éclatant, elle nous sert du thé au jasmin, répandant une odeur douce dans toute la pièce et elle ouvre une boîte remplie de gâteau aux épices.

« C'est adorable, répond Roxanne en se mordant la lèvre.

– Je sais que ce n'est pas tellement ton style Roxou mais c'est gentil de montrer que tu es quelqu'un de poli. Pour une fois, ajoute Victoire malicieusement ce qui fait froncer les sourcils de mon autre cousine. En tout cas, ça me fait plaisir de vous recevoir. C'est tellement étrange de vous faire cours, vous n'imaginez même pas.

– Si, fais-je riant. T'avoir en professeur nous perturbe tout autant.

– D'ailleurs, si tu pouvais éviter de nous faire des clins d'œil à la moindre occasion, dit Roxanne en plissant les yeux. Ce n'est pas que c'est gênant, ça nous amuse beaucoup, mais les autres vont croire qu'on est favorisé. »

La blonde assistante nous regarde avec des yeux désolés et fait un sourire d'excuse. Je lui donne un petit coup de coude en soupirant :

« Ce n'est pas un drame non plus ... Bon alors, tu voulais nous dire quelque chose ?

– Non, juste passer du temps avec vous, dit-elle en retrouvant sa joie habituelle.

– Parce que nous sommes tes cousines préférées ? » demande Roxanne avec espièglerie.

Victoire fronce les sourcils sévèrement et s'exclame :

« Je ne fais pas de préférence entre mes élèves et pas non plus dans la famille ! »

Roxanne éclate de rire, l'air de dire qu'elle n'y croyait pas vraiment. Notre cousine ne s'en offusque pas, au contraire, elle continue à sourire. Elle me fait plaisir à voir, elle semble heureuse. Ses yeux bleus sont étincelants et sa peau plus brillante que jamais. Elle a noué ses longs cheveux d'un blond presque argenté en une natte qui lui revient sur l'épaule. Son léger pull blanc laisse apercevoir sa longue robe bleu ciel en dessous. Ted a de la chance. Roxanne doit penser à la même chose que moi car elle me devance de quelques secondes en demandant :

« Et Ted n'est pas triste de te voir si loin ?

– Il est occupé avec son travail de consultant en métamorphose au ministère de la magie. Ça ne fait qu'une semaine mais je pense qu'on arrivera à se voir. Je vous rappelle que j'ai un accès illimité à Pré-au-Lard et que je peux très bien transplaner de là-bas à chez lui.

– Ah oui, c'est vrai, tu as des privilèges... Tu ne penses pas que tu pourrais en faire profiter tes cousines préférées ? propose Roxanne en faisant des yeux implorants.

– Mais qu'est-ce qu'iraient faire Lily et Lucy à Pré-au-lard ? Elles sont encore un peu jeunes pour le Whisky Pur feu, répond Victoire avec malice. Non, plus sérieusement, je n'ai pas envie de me faire virer pour ça. »

Roxanne prend un air vexé. Soudain, Victoire, comme si elle venait d'avoir une idée incroyable, s'exclame :

« Par contre, durant vos sorties au village, on pourrait aller faire du shopping ensemble, non ?

– Merveilleux, dis-je sans vraiment de joie parce que je connais par expérience que ce n'est pas une bonne idée.

– Oh, allez, ça vous ferait du bien de refaire vos gardes robes, ajoute-t-elle avec un petit sourire mesquin.

– Ma garde-robe est tout à fait correcte, soupire Roxanne. Après, je ne dis pas que celle de Molly n'en aurait pas besoin.

– Tu as un problème avec moi ? »

Elle me regarde avec gravité, en secouant la tête comme pour me juger du regard. Elle observe très sérieusement ma chemise et ma jupe noire en soupirant. Puis, elle s'approche de moi et soulève mes boucles rousses en fronçant les sourcils. Elle regarde Victoire avec une petite grimace.

« C'est-à dire que ..., commence-t-elle alors que Victoire la coupe en s'approchant soudainement de moi.

– Attends Molly, tu as perdu un bouton ! J'ai ce qu'il faut, enlève ta chemise, je vais t'arranger ça.

– Comme ça, au moins, tu seras potable, commente mon autre cousine en se moquant de moi. Quoi ? Me regarde pas comme ça, ta condition de célibataire à vie parle pour toi.

– Ce n'est pas gentil, intervient Victoire en récupérant ma chemise. Ne t'inquiète pas Molly, elle blague. »

Roxanne secoue la tête pour montrer que ce n'est pas une plaisanterie et je me retrouve à soupirer, en soutien-gorge pendant que Victoire s'affaire avec ma chemise et son dé à coudre. Pour voir comment vivent les moldus, elle s'empêche d'utiliser sa magie même pour des choses aussi simples. Roxanne me tapote sur l'épaule en signe de soutien. Je lui lance un regard noir qu'elle reçoit en battant des paupières, fière d'elle.

Soudain, quelqu'un frappe à la porte du bureau. Sursautant, je me rends compte que je suis peu vêtue mais je ne pensais pas qu'elle allait s'ouvrir pour de vrai, sans réponse. Je prends Roxanne pour la mettre devant moi alors qu'elle essaye de s'empêcher de rire. Victoire, interloquée, regarde l'élève de Première année à la tête blonde de gnome. Pas lui ! J'ai failli sortir ma baguette pour lui envoyer un sort qui le ferait oublier jusqu'à son prénom. Mike Douglas. Il n'a strictement rien à faire là, il n'a même pas ma cousine en Professeur. Elle se jette d'ailleurs rapidement sur la porte pour qu'il ne puisse pas en voir plus. Après des choses vont encore se murmurer sur les Weasley et leur vision de la famille un peu étrange. Il ne fait que sourire, très amusé par la situation alors que Victoire, rouge, lui demande promptement :

« Tu es qui ? Qu'est-ce que tu veux ? »

Pendant ce temps, toujours planquée derrière Roxanne, je me glisse doucement vers le coin où ma chemise gisait, un bouton à moitié cousu. Il s'esclaffe :

« On m'a demandé de vous trouver parce que des Poufsouffle essayaient de mettre des pièges à rats et des tapettes à mouches géantes près des cuisines ! »

Il penche la tête sur le côté pour essayer de me regarder alors que je remettais le plus vite possible ma chemise, un peu énervée. Il fait un petit sourire très amusé alors que Victoire le pousse dehors pour fermer la porte derrière elle et aller courir aux cuisines où apparemment les Poufsouffle pétaient un câble. On connaissait leur gourmandise mais de là à aller protéger les Cuisines ... 

Roxanne me regarde en se retenant de rire. Non, la situation n'est pas drôle. C'est ultra embarrassant de se faire surprendre en soutien-gorge dans le bureau d'un prof. Même si c'est sa cousine Ou justement parce que c'est sa cousine. Je ferme les yeux quelques secondes pendant lesquelles Roxanne se calme pour me tapoter sur l'épaule et m'encourager un peu. Finalement, je reprends toutes mes affaires et je sors de cette pièce. J'en ai marre d'être ridicule, autant aller se moquer des Poufsouffle. Mais en ouvrant la porte, je vois que Mike Douglas attend toujours à l'entrée et qu'il me regarde avec un grand sourire et des petits yeux horriblement vicieux. Je sors ma baguette pour la pointer sous son petit nez qui se fronce et je lui lance mon pire regard. Roxanne derrière moi, nous considère du regard, toujours ravie de cette situation cocasse. Il dit, sans bouger ni réagir face à la menace :

« Je n'ai rien vu. Si tu enlèves ma punition. Sinon je raconte tout à tout le monde.

– Va te faire éclater la tête par une tapette à mouche géante ! m'écrie-je.

– Molly, fait Roxanne d'une voix qui se veut calme derrière moi. Réfléchis un peu à sa proposition. Est-ce que ça ne vaudrait pas le coup ?

– Il essaye de me corrompre ! Le chantage ne marche pas avec moi, petit gnome.

– Alors, dit-il en haussant les épaules, je vais dire à tout le monde que vous passez vos journée à vous tripoter entre Weasley, et même avec des professeurs. Ça n'arrangera pas votre réputation mais comme vous avez l'air de l'assumer, salut ! »

Il s'en va de son petit pas enjoué. Roxanne me regarde d'un air outré. Quoi ? Je viens de faire une erreur ? Elle soupire en me regardant hésiter. D'accord, j'aurais peut-être mieux fait d'accepter sa proposition, je l'entends déjà aborder quelqu'un au bout du couloir. J'échange un regard avec Roxanne et elle me donne un coup dans l'épaule pour me faire réagir. Je lève les yeux au ciel et pointe ma baguette sur Mike qui reçoit un sort de silence informulé en pleine face. Je me sens un peu coupable d'utiliser la magie à mauvais escient. Pardon Merlin, c'est pour la bonne cause.

Alors que le petit Serpentard essaye de s'égosiller sans qu'aucun son de puisse sortir de sa bouche, je le prends par le col, faisant partir d'un geste les deux Serdaigle à qui il essayait d'expliquer le problème de la famille Weasley. J'ouvre la porte d'une salle que je sais vide à cette heure là pour y entrer, traînant mon ami le nain. Je le jette un peu négligemment pendant que Roxanne ferme la porte en entrant derrière moi. Je croise les bras. Le sort commence à s'estomper, je l'entends qui arrive à crier pour s'offusquer. Je secoue la tête :

« Ce n'est pas bien ce que tu fais, Douglas.

– Vous venez de m'enlever ! Je vais me plaindre à McGonagall ! s'écrie-t-il en essayant de forcer le passage sans réussir.

– N'essaye même pas, dit Roxanne en souriant. Molly l'a dans la poche. »

Je lui lance un regard contrarié. Elle me fait des yeux angéliques l'air de ne pas comprendre. Si elle recommence à parler de ma relation avec la Directrice, le petit va s'imaginer des choses pires encore ! Voyant ma détresse, elle ajoute :

« Et puis c'est toi qui est en tort, petit. Tu es entré sans autorisation. Victoire était en train de faire de la couture, de surprise, elle aurait très bien pu t'envoyer une aiguille dans l'œil. Et légitimement. Finalement, estime-toi chanceux.

– Je veux qu'on m'enlève ma punition. C'est chiant de devoir faire des lignes tous les soirs !

– Tu ne peux pas dire que tu ne l'as pas mérité. Tu es malpoli et tu répands des fausses rumeurs, lui fais-je remarquer.

– Mais je sais ce que j'ai vu, dit-il le sourire en coin.

– Et tu ferais mieux de l'oublier bien vite parce que Molly déteste recevoir des lettres d'amour de jeunes qui veulent la voir en sous-vêtement, déclare Roxanne sans mon consentement. Voilà ce qu'on va faire, tu vas te taire, Molly va enlever ta punition et au moindre faux pas, elle la remet. Tu n'as aucune seconde chance et si tu racontes ce que tu penses avoir vu, on va se plaindre à McGonagall pour diffamation. D'accord ? »

Je fronce les sourcils en m'obligeant à approuver les paroles de ma cousine. Le petit couine qu'il accepte et se glisse entre nous pour fuir bien loin. Les mains sur les hanches, je regarde Roxanne en soupirant. Elle hausse les épaules :

« C'est bon, il mettra deux jours grand max avant de refaire une connerie, me rassure-t-elle. Il finira par avoir quand même une de tes punitions chéries. »

On sort de cette salle vide, Victoire arrive justement, un peu essoufflée, elle me prend dans les bras un peu soudainement :

« Oh, je suis désolée Molly. Je n'ai même pas pu finir de remettre bien ton bouton ! Si tu veux, tu peux me la passer pour que je termine ...

– Non, ça ira comme ça, Victoire. Je crois que j'irais en racheter une à la prochaine sortie à Pré-au-lard. »

Elle me regarde avec des yeux vraiment désolés pendant qu'on s'éloigne avec Roxanne, échangeant un denier regard amusé. On ne s'ennuie véritablement jamais à Poudlard.