Lundi 7 Octobre
Je me laisse doucement couler hors de mon lit. J'ai l'impression d'avoir la tête trop pleine de trop de problèmes. Lorcan, les Selwyn, Léon, Scott. Merlin, Scott ... Je ne l'ai pas revu hier, après qu'il m'ait rappelé douloureusement les erreurs que j'ai faites. Je crois qu'on s'est mutuellement évité. C'est peut-être mieux. Je ne sais même pas si cette relation est une bonne idée. Roxanne est en train de s'habiller à côté de moi et elle me regarde en fronçant les sourcils.
« Qu'est-ce qui ne va pas, Mollychou ? demande-t-elle en serrant sa cravate. Tu penses encore à Scot-cot ?
– Ne l'appelle pas comme ça, grogné-je en attrapant mes collants dans la malle. Je crois que j'ai fait une bourde hier ...
– Ce sont des choses qui arrivent, même à toi. Bonne nouvelle ! Tu es humaine. Et sans vouloir être indiscrète, tu as fait quoi ?
– Il m'a demandé pourquoi j'avais embrassé Wilkes l'autre jour. »
Roxanne aux cheveux incroyablement bouclés me regarde avec un petit sourire moqueur. Elle a l'air de penser que je suis en effet une idiote. Elle me tapote doucement l'épaule en soupirant et va chercher ses chaussures de l'autre côté de son lit. Elle me laisse continuer :
« Alors, j'ai essayé de lui expliquer pourquoi mais ... Je ne sais plus quoi faire. C'était foireux.
– C'est vrai, approuve Roxanne, tu n'aurais peut-être pas dû aller traîner du côté de ton cher homologue. Dumbledore sait que c'était une mauvaise idée mais tu as tes faiblesses. De toute manière, tu étais encore libre comme l'air, il n'a pas de reproches à te faire.
– C'est ce que je lui ai dit, confirmé-je un peu piteuse.
– Donc, tu vas le voir, tu lui dis que tu es désolée et que le passé, c'est le passé. Il t'aime trop de toute façon pour te laisser partir.
– Tu crois ? »
Elle me regarde avec l'air de se demander si je suis réellement sérieuse. Elle ouvre la porte du dortoir pour me laisser passer la première. On descend toutes les deux dans la Grande Salle. Mais alors qu'on avait à peine mis un pas à l'intérieur, on se fait rentrer dedans par un groupe d'élèves enragé. À moins que ce n'était un troupeau d'Eruptif... Merlin, je me retrouve par terre, bousculée par ces crétins de première classe. Roxanne me regarde en éclatant de rire et me tend une main pour m'aider à me relever. Elle commente :
« Ce n'est pas ton jour décidément. »
J'allais lui attraper le poignet pour me remettre debout le plus rapidement possible quand je sens des bras qui me relèvent. Je me retourne pour voir qui fait sourire autant Roxanne qui croise les bras. Scott. Il est là. Il me fixe du regard, presque inquiet et demande précipitamment :
« Tu n'as rien ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
J'esquisse un léger sourire soulagé. Tout va bien. Il est toujours là. Je lui prends la main en disant :
« Ce n'est rien, juste des imbéciles qui ne font pas attention à ce qu'ils font. Ils me le paieront un jour ...
– Bon, je vous laisse, chuchote Roxanne en s'en allant avec un petit rire.
– Tu sais Molly, dit Scott en gardant les yeux rivés sur mes doigts qui enserrent les siens, je voulais m'excuser pour hier. Je n'ai pas pu m'empêcher de ... Je n'aurais pas dû te dire ça. Ce n'était pas correct, je sais bien que tu détestes Wilkes. Mais j'ai trop peur de te perdre. »
Je souris en levant les yeux au plafond. Merlin, c'est vrai qu'il est idiot mais comment lui en vouloir quand je ne vaux pas mieux ? Je l'attire à moi pour laisser traîner mes lèvres sur les siennes. Je le sens sourire. Puis je sens son sourire s'effacer. Ses yeux regardent quelque chose derrière moi. Je me retourne pour voir ce qui le perturbe tant et je recule d'un pas. Je sens mon cœur soudain se serrer. La façon dont Lorcan nous fixe me fait plus de mal que je ne l'aurais imaginé. Scott, qui a gardé ma main dans la sienne, la presse légèrement et il m'entraîne dans la Grande Salle, s'éloignant de ce regard blessé du Scamander. J'aurais voulu lui parler, lui dire que ce n'est pas contre lui mais que c'était la vie tout simplement. J'aurais voulu lui dire qu'il devait passer à autre chose mais je lui ai déjà trop dit. Je m'assois à côté de Scott à la table des Poufsouffle. Il passe un bras autour de mes épaules et chuchote :
« Tu es sûre que ça va ?
– Non. On était très amis avant, tu sais. Je ne peux pas supporter qu'il soit comme ça.
– Tu devrais peut-être aller lui parler, non ? Pour essayer d'arranger les choses, propose-t-il pendant que je soupire.
– Je ne sais pas, je ne suis plus convaincue que ça en vaille la peine. »
Il me lance un regard triste. On mange notre petit déjeuner dans ce silence de réflexion et il finit par déclarer, alors que j'allais lui dire que c'était bientôt l'heure d'aller en cours de potion :
« Je pense qu'il faut que tu discutes avec lui. Sérieusement, ne me regarde pas comme ça ... Je le comprends, il tient à toi, je n'aimerais pas que tu me fasses ça. Tu es quelqu'un d'incroyable, il le sait et forcément, si tu t'éloignes, ça fait mal. »
Je le dévisage avec l'ombre d'un sourire sur les lèvres. Il y a quelque chose de très mignon dans son visage, dans la manière dont ses yeux sont pleins d'espoirs. Je passe une main comme une caresse sur sa joue et hochant la tête doucement. Je me lève en lui posant un baiser sur le dessus de sa tête et je lui dis :
« C'est adorable de t'en préoccuper mais j'espérai qu'il fasse le premier pas. Quand on tient à quelqu'un, on essaye de lui parler, plutôt que de le foudroyer du regard dès qu'il s'approche et de l'éviter. On se voit en cours, je dois aller chercher mes livres là-haut. »
Il allait certainement répondre quelque chose mais je m'enfuis, les cheveux aux vents. Je me sens retournée, perturbée, l'entendant encore dire que je suis quelqu'un d'incroyable. Je m'arrête au quatrième étage, dans un couloir où il n'y a personne et je m'adosse quelque instants à un mur. Comment puis-je être si touchée par quelques mots ? Ça ne m'a jamais fait ça quand j'étais persuadée d'aimer Lorcan. Peut-être qu'il ne me l'a jamais dit. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne sais pas quoi faire. Faut-il aller le voir alors que je sais qu'il va me reprocher de sortir avec Scott alors que je ne le connais vraiment que depuis un petit mois ? Je n'ai pas besoin de ça.
Je reprends ma route vers la salle commune des Gryffondor. Il faut que je me calme. Tout va bien finalement, tout va bien mieux.
Une fois tout à fait prête, je descends vers les cachots pour le cours de potion dans lequel je retrouve Scott. Devant la salle, avant que Madame Griffith n'arrive, il me prend la main pour m'emmener un peu à l'écart et me chuchoter à l'oreille :
« C'est peut-être l'occasion de discuter avec Lorcan Scamander, il est dans notre cours.
– Là, maintenant ? Tu trouves que c'est une bonne idée d'aller essayer de dialoguer avec lui ? Ça risque plutôt de finir en explosion. Littéralement, je vais être déconcentrée et je vais me planter ensuite dans ma potion et puis mon chaudron, moi avec, si ce n'est tout le château, tout va exploser. Ce n'est pas sérieux.
– Ne cherche pas d'excuses comme ça. Je sais que ça te stresse beaucoup mais après le cours tu pourras, n'est-ce pas ? Tu as Arithmancie une heure après, ça ne risque pas grand-chose. »
Je le regarde presque avec des yeux de chien battu mais ça n'a pas l'air de fonctionner comme d'habitude. Je finis par hocher la tête, vaincue. Si c'est comme ça, je vais suivre ses conseils, priant pour que je ne rate pas toutes les équations après la dispute imminente. Il sourit et embrasse rapidement ma joue. La professeur de Potion vient d'arriver, elle se racle le fond de la gorge pour nous montrer qu'on est presque en retard et qu'un petit instant entre amoureux ne sera clairement pas une excuse bienvenue. On se glisse dans la salle en évitant son regard noir qui pourrait nous foudroyer sur place. Je m'installe à côté d'Eugénie qui m'adresse un sourire gentil et on commence à préparer notre potion.
À la fin de l'heure, je sens le regard pesant de Scott qui m'encourage à aller voir Lorcan. J'observe le Scamander du coin de l'œil. Il est rapide à ranger ses affaires, je me dépêche pour le rattraper. Son pas vif dans le couloir froid semble être fait exprès pour m'éviter mais j'ai dit à Scott que je le ferai, pour essayer d'arranger les choses, qu'il arrête de me regarder comme si je n'étais qu'une sale traîtresse ou une moins que rien.
« Scamander ! finis-je par crier pour qu'il s'arrête. Lorcan, est-ce qu'on peut ... ?
– Qu'est-ce que tu veux, Weasley, à la fin ? »
Sa voix résonne, forte et brisée à la fois, je frémis. Il s'est arrêté en plein milieu du couloir et ne me regarde même pas, alors que je suis juste devant lui. Il fait tout pour ne pas poser les yeux sur moi mais je continue à m'approcher.
« Lorcan, je n'en peux plus, il faut qu'on discute. »
Enfin, il croise mon regard et je sens une douleur infinie à l'intérieur de lui. Je tente un léger sourire pour lui montrer que je ne suis pas venue pour remettre les hostilités sur la table mais il soupire en secouant la tête.
« Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Molly ? Tu veux que je te dise à quel point je suis content que tu sortes avec l'autre Poufsouffle ?
– Il s'appelle Scott, soufflé-je quelque peu irritée.
– C'est sûrement un mec génial, ce Poufsouffle. Tu n'as qu'à aller le voir plutôt que me parler juste parce que tu as pitié de moi. Je vais très bien, ne t'inquiète pas. »
Je secoue la tête. Il n'a pas une tête de quelqu'un qui va bien. Je m'avance d'un nouveau pas mais il fait un mouvement de recul. Je n'en peux plus de cette réaction, pourquoi se comporte-t-il toujours comme un gamin ? Je lâche, écœurée :
« Tu sais, si tu veux qu'on reste amis, il va falloir grandir un peu, Lorcan. J'essaie de faire un geste vers toi et tu t'en fous complètement. Je ne sais plus quoi faire pour t'aider, débrouille-toi. »
J'allais tourner les talons mais je l'entends dire d'une voix faible qui m'arrête :
« Je n'ai pas besoin de ton aide. C'est toi qui a créé tout ça, tu sais ?
– Tu veux que je ressente de la culpabilité, c'est ça ? Raté, Scamander, je reste épanouie et toi, torturé comme l'être maudit que tu es.
– Tu es venue me parler juste pour m'insulter ou tu avais autre chose à dire ? Des excuses, peut-être ? »
Je le dévisage avec colère. Comment peut-il dramatiser à ce point la situation ? Franchement, j'ai voulu l'aider, j'ai voulu faire un geste pour qu'il me parle, qu'il arrête de sombrer, d'être désespéré mais là, il n'y a plus rien à faire. Il est tombé bien bas. À un tel point que je préfère le lâcher avant qu'il ne m'entraîne dans sa chute. Je lui dis, un poil énervée pour essayer de le faire réagir :
« M'excuser de quoi ? D'aimer Scott plus que toi ? Aïe, ça fait mal de voir la réalité en face, non ? Change de disque, Scamander. Et tu sais pourquoi je traîne plus avec ton frère que toi en ce moment ? Parce qu'il me laisse vivre, qu'il ne porte pas un jugement sur la moindre de mes actions et qu'il est capable de se réjouir pour moi ! Ça n'aurait tenu qu'à moi, je t'aurais laissé rouvrir le dialogue mais tu as toujours été incapable de faire le premier pas ! »
Dans ses yeux brille une lueur humide, il a des larmes sous ses paupières qui menacent de couler. Je sais que j'avais prévu de discuter avec lui, calmement, sans l'agresser mais c'est un échec. Je secoue la tête avec une moue triste. Je savais que ça n'arrangerait pas ma journée. Il passe discrètement sa manche sur son visage, pour que je ne puisse pas voir les gouttes qui risquent de ruisseler. Il ne répond pas, il reste muet mais ne part pas en courant comme j'aurais pensé qu'il le ferait. Dans une forme de dignité presque absurde, il me regarde avec une infinie douleur.
Des bruits de pas dans le couloir me sortent de ma torpeur, je me retourne brusquement pour découvrir Léon qui marche dans notre direction en compagnie de ses amis Côme Selwyn et Garance Froste. Je soupire, comprenant qu'ils avaient certainement dû entendre mes cris indignés. Lorcan ne bouge toujours pas, peut-être est-il sous le choc. Je n'ai pas envie que les Serpentard fassent un quelconque commentaire là-dessus. D'abord parce qu'ils risquent d'empirer les choses et ensuite parce que je risque de déverser sur eux le reste de ma rancœur. Mais ils s'approchent inéluctablement et alors que j'allais faire un geste en direction de Lorcan pour qu'on s'en aille tous les deux avant qu'ils n'arrivent à notre hauteur, celui-ci se met à déclarer, avec une méchanceté inattendue :
« Qu'est-ce que tu fais là alors si tu me trouve si désagréable ? Va trouver Lysander ou ton Poufsouffle pour aller pleurer dans ses bras ou faire d'autres choses si tu les aimes tant que ça ! Mais préviens-les peut-être avant que tu es une garce froide et sans pitié... »
J'ouvre la bouche avec stupeur en entendant ses mots. J'allais répondre quand j'entends derrière moi le rire ingrat de Léon Wilkes. Il a réussi à se venger, c'est bon, Scamander peut être fier de lui, il a touché juste. Je vois rouge alors qu'il tourne les talons après avoir affiché un sourire satisfait. Un bras entoure mes épaules presque secouées de tremblements. Merlin, Wilkes ! J'ai envie de lui arracher les cheveux pour ensuite faire interagir le mur avec sa sale tête de fils de mangemort. Je le repousse violemment en hurlant :
« Quoi ? Qu'est-ce que t'as encore, Wilkes ? Un commentaire à faire ? »
Il éclate de rire en reculant de quelques pas et me déshabille du regard mesquinement. Côme et Garance sont en retraits, ils observent la scène se dérouler. Le Préfet-en-chef se mord la lèvre pour arrêter son fou rire et je vois un terrible plaisir dans ses yeux. Il laisse échapper avec arrogance :
« Doucement Weasley ... Scott risque d'être un peu rebuté s'il vient à connaître ta vraie nature, n'est-ce pas ? Je trouve que ça te décrit bien : garce froide et sans pitié. Même si je n'aurais pas dit froide, tu vois ce que je veux dire ? Un allumeuse comme toi ... »
Je n'ai même pas le temps de réfléchir, ma baguette jaillit comme toute seule de la poche pour aller se loger sur sa carotide. Il ne s'arrête pas de rire et ça résonne dans ma tête comme une intenable migraine. Mais ses amis sont aussi réactifs que moi et Côme me désarme avant que je ne puisse lui infliger un supplice dont il ne se serait pas remis de sitôt. Wilkes s'en lèche presque les babines et affiche un sourire moqueur de me voir sans défense.
« Bah alors, Weasley ? Tu ne tires pas les leçons du passé ? Tu oublies peut-être la dernière fois que tu as essayé de m'agresser, tu veux que je ravive tes souvenirs.
– Non merci, craché-je presque en m'éloignant vivement de lui.
– Oui, cette fois tu es avec le Poufsouffle tu ne peux pas te le permettre, n'est-ce pas ? Pas alors qu'il est fou amoureux de toi, ajoute-t-il en provocation.
– Va crever. »
J'ai l'impression que je risque d'exploser à tout moment. Je ne comprends pas pourquoi il s'acharne sur moi comme ça. Ses yeux foncés semblent pourtant refléter tout son plaisir malsain qu'il prend à tenter de m'humilier et son sourire, pire que tout, carnassier, semble s'illuminer de plus en plus. Il avance d'un pas vers moi et attrape ma main qui était armée, prête à le gifler. Il dit d'une voix chuchotante :
« Ce serait dommage qu'il apprenne que tu n'en as rien à faire de lui parce que tu préfères les mauvais garçons.
– Dans tes rêves, Wilkes.
– Il faut bien le prévenir que tu es une sale ...
– Stupéfix ! »
J'ai hoqueté de surprise en voyant Wilkes être propulsé à terre par le sort. Je reste scotchée sur place, horrifiée par la situation. Ma respiration est beaucoup trop rapide. Je sens des mains attraper les miennes et je vois le préfet-en-chef se faire relever difficilement par ses acolytes pour repartir. Scott. Il est venu comme pour me sauver. Je soupire de soulagement et un peu aussi d'effroi. Il a ramassé ma baguette et m'a encerclé de ses bras rassurants. Blottie contre lui, au bord des larmes, je me sens protégée. Il murmure à mon oreille :
« C'est rien, Molly, ça va aller. Tu es forte, je le sais...
– Il est horrible, soufflé-je en un frisson. Il a dit des choses que ...
– J'ai entendu, me coupe-t-il. Il ne perd rien pour attendre. »
J'entends de la colère dans son timbre de voix, je m'agrippe à son pull en repensant à Lorcan et à Léon. L'être humain est absolument détestable. Sauf Scott qui écarte mes cheveux à présents humides de mon visage pour pouvoir mieux y sécher les larmes et plonger ses yeux tendres dans les miens. Mon cœur dévasté retrouve peu à peu un rythme normal et je fais une grimace tordue qui le fait sourire.
« Merci de m'avoir sauvée, murmuré-je. J'ai bien cru que je n'arriverai pas à m'en sortir. Tout ça à cause de Lorcan. Franchement, j'aurais mieux fait de laisser tomber directement.
– Oh, je suis désolé de t'avoir encouragé à aller le voir.
– Ne sois pas idiot, tu n'as rien fait de mal, c'est juste lui qui est devenu inapte au dialogue. »
Il resserre son étreinte, posant ses lèvres doucement dans mon cou. Avec tout ça, je suis presque en retard pour mon cours d'Arithmancie, mais bizarrement, l'envie de ne pas y aller me prend. C'est presque une première pour moi, ce frisson grisant d'ignorer les règles pour profiter du moment présent.
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