Lundi 11 Novembre
C'est la fin de journée, je n'arrive pas vraiment à travailler. A la place, j'observe James de loin dans la salle commune. Il n'a pas l'air dans son état normal. Il pousse sans cesse des soupirs et se gratte nerveusement la tête depuis plus d'une demi-heure. Pourtant, il n'est pas train de faire ses devoirs. Il n'a pas l'air de chercher une nouvelle chanson non plus. Est-il juste déprimé ? Ce n'est pas dans sa nature d'être ainsi désemparé. Je m'approche de lui doucement et m'installe sur le fauteuil en face de lui. Il me fixe avec des yeux un peu vides et hausse les épaules.
« Tu veux venir avec moi pour chanter devant la salle commune des Serpentard ? »
Soudain, son regard semble s'éclairer d'une lueur nouvelle. Il plisse les yeux et se redresse sur son canapé.
« Tu es sérieuse ?
– Absolument pas. Je voulais juste vérifier si tu étais encore en vie. »
Je lui adresse un petit sourire amusé et me lève pour aller lui tapoter la tête et partir sans pitié. Il me suit du regard avant de se lever à son tour. Il me rattrape alors que je sortais de la salle commune.
« Hé, Molly ! Tu ne peux pas me dire ça et partir juste après. Ça m'a donné envie d'aller chanter devant la salle commune des Serpentard !
– Tu n'as qu'à y aller tout seul. Tu es grand, répliqué-je en me retournant à peine.
– Mais j'ai envie d'y aller avec toi. Allez, tu es ma cousine préférée, enfin, après Rose et Roxanne et ... Mais peu importe la hiérarchie, c'était une très bonne idée et je ne peux pas y aller tout seul ... »
Je m'arrête au milieu du couloir et je le scrute du regard avec un petit sourire.
« Je viens avec toi seulement si tu me dis ce qui ne va pas. »
Il lève les yeux au ciel. J'attends sa réponse avec un certain amusement. Il finit par grogner et capitule, agacé :
« C'est rien. Je vais très bien. C'est juste que j'ai eu une mauvaise note en Défense contre les Forces du mal et ça me tracasse un peu. »
Il a le regard fuyant. J'éclate de rire. Il pensait vraiment que j'allais avaler ça ? Je secoue la tête :
« D'abord, ce n'est pas grave d'avoir une mauvaise note mais je pense que tu as parfaitement conscience et que tu ne serais pas à te morfondre si c'était vraiment le cas. Deuxièmement, si tu veux te rattraper, tu travailles au lieu d'attendre que ça se fasse tout seul. Et enfin, tu peux toujours rêver pour que je t'accompagne chez les Serpentard.
– Quoi ? Tu n'as donc aucun honneur, Molly Weasley ? s'offusque-t-il.
– Et tu n'as eu visiblement aucun scrupule à me mentir droit dans les yeux, James Sirius Potter, rétorqué-je. Si tu ne veux pas m'en parler, ce n'est pas un problème mais je n'irais pas chanter.
– C'est sûr que tu sais bien mieux faire chanter que chanter de toute façon ! »
Je lui adresse un petit sourire angélique et l'abandonne au beau milieu du couloir. Il me rattrape après quelques petites secondes. Il a le regard baissé, les mains coincées dans ses poches et une moue contrariée sur le visage. Pourtant, il est encore là. Je me retiens de faire le moindre commentaire. Je sens l'instant confession s'approcher.
« Tu ne t'es jamais posé de question sur ... sur qui tu aimais ? »
Prononcer ces paroles a l'air de lui écorcher la bouche. Il fait une petite grimace et évite mon regard. J'arque un sourcil et réponds, prise un peu de court :
« Si, régulièrement. Ça arrive à tout le monde, James.
– Je sais.
– Et tu te poses des questions sur ce genre de chose ? »
Il prend une inspiration mais ne donne pas tout de suite de réponse. Je ne m'attendais pas tellement à ce qu'il aborde ce sujet là. D'aussi loin que je me souvienne, James n'était pas tellement intéressé par l'amour. Il avait toujours préféré passer beaucoup de temps avec ses amis. Il était bien sorti avec une ou deux filles mais jamais très longtemps et ça ne l'avait pas torturé le moins du monde. Il évitait même le plus possible les filles qui essayaient le charmer, par peur sans doute qu'elles ne soient intéressées que par son nom.
Il garde le silence quelques instants et j'en profite pour l'observer. Ses cheveux noirs sont un peu en désordre. Il porte de fines lunettes qui lui donnent un air faussement sérieux quand il ne porte pas ses lunettes de soleil insupportables. Il a un sourire franc et des yeux vifs. C'est un beau garçon.
« Je crois ..., commence-t-il avant de reprendre sa phrase. Disons que je pensais aimer quelqu'un et en fait ... »
Je fronce les sourcils, le laissant parler.
« En fait, c'était la préfète de Serdaigle, Aurélie Brooks. »
Je fais un effort pour visualiser le visage blond et particulièrement avenant de la préfète de Serdaigle. Maintenant qu'il le dit, il m'était arrivé de croiser James avec elle. Il me semble qu'ils étaient amis surtout parce qu'elle était très proche de Jeanne, la préfète de Gryffondor. Mais je n'aurais pas pensé que James pouvait être attiré par elle.
« Elle sort avec Louis. Je l'ai appris il y a quelques jours.
– Louis ? Notre cousin Louis ? »
Il hoche la tête, sans s'en émouvoir davantage. Je plisse les yeux. C'est n'a plus y comprendre grand-chose. D'abord depuis quand Louis sort avec quelqu'un ? C'est nouveau ça ? Et personne ne m'a mis au courant. Il faut dire que j'avais l'esprit un peu occupé ces derniers temps. Je lève les yeux vers ceux de mon cousin. Il semble assez indifférent à la nouvelle.
« Mais ça ne m'a rien fait en l'apprenant, avoue-t-il d'une petite voix. Aucune colère, aucune jalousie, aucune rancune. Ils étaient heureux et j'étais juste content pour eux.
– Tant mieux, non ? Je veux dire que ce n'est pas vraiment un problème. Comme ça, tu ne souffres pas de la voir avec Louis et tu peux les laisser vivre tranquillement. »
Il hausse les épaules et s'arrête pour s'installer sur le rebord d'une fenêtre et regarder les motifs au sol avec nostalgie. Je me hisse à ses côtés et lui donne un petit coup de coude en espérant le faire sourire un peu. Il soupire.
« Pourtant, elle était parfaite. Très belle, intelligente, gentille. Elle riait même à mes blagues.
– Ah oui, je comprends, commenté-je. La femme idéale, en somme.
– Mais je me demande si je ne me mentais pas un peu à moi-même, chuchote-t-il en esquissant un sourire mal assuré.
– Tu as le temps, James, pour trouver quelqu'un qui t'intéresse. Si tu es mieux tout seul, ne t'en afflige pas. C'est sûrement quand on ne le cherche pas que l'amour frappe à la porte. »
Il émet un petit ricanement en me jetant un coup d'œil. Il passe une main dans ses cheveux et me dit à voix basse :
« C'est donc ça, tu as cherché pendant de longues années alors il n'est jamais arrivé. »
Je lui donne un coup de coude légèrement plus franc dans les côtes. Il a miraculeusement retrouvé son air malicieux.
« Pardon, souffle-t-il. C'est vrai qu'il y a eu Scott. »
Je me mords la lèvre inférieure pour me retenir de le faire tomber du rebord de la fenêtre. C'est bas de sa part de me rappeler ça. Il continue joyeusement :
« Mais vaut peut-être mieux être seul que mal accompagné, n'est-ce pas ? Enfin, je dis ça mais c'est pas comme si je savais grand-chose de ce qui a pu se passer avec Scott parce que tu n'en parles jamais. »
Je peux entendre le reproche dans sa voix mais j'évite soigneusement son regard. Il n'a pas tort.
« Il a l'air de t'avoir fait du mal, dit-il d'un ton dur et sérieux. Je comprends que tu ne veuilles pas en parler. Tu as le droit. Mais tu as une famille et des amis qui t'aiment. Ne reste pas seule avec ça sur le dos.
– Ça va, James, l'arrêté-je un peu plus froidement que je ne l'aurais voulu. Je sais que vous êtes là. J'ai juste envie de passer à autre chose. »
Il me fixe de ses pupilles marron. Il n'a pas l'air convaincu. Ça me rend nerveuse de parler de Scott. Si seulement je pouvais l'oublier tout à fait.
« Je vois, finit-il par dire en sautant à terre. Et même si Léon m'irrite parce que c'est un bon gardien et qu'il est particulièrement fidèle aux valeurs de la maison Serpentard, c'est sûrement un bon gars quelque part. Enfin, s'il te plaît assez pour passer à autre chose ... »
J'ouvre de grands yeux circonspects alors qu'il éclate de rire et commence à marcher nonchalamment dans le couloir. Je me jette presque de la fenêtre pour le rattraper, l'esprit tout retourné.
« Potter ! Comment ... ? »
Je bafouille un peu, outrée devant son air moqueur.
« C'est tellement attendu, Molly. Le préfet-en-chef ténébreux au passé difficile ... Tu voudrais pas être un peu plus originale ? »
Ses paroles me transpercent soudainement. Je lui lance un regard des plus meurtriers alors qu'il semble beaucoup plus enjoué qu'il y a quelques instants. Est-ce que ça l'amuse tant que ça de me sortir des trucs pareils ? Il n'y a donc que ça pour lui remonter le moral ?
« Alors, tu viens chanter devant la salle commune des Serpentard avec moi ?
– Certainement pas !»
Je lui tourne le dos vivement, indignée et m'éloigne de lui avec hâte. Il peut toujours rêver pour que je me ridiculise encore plus. Et puis, j'ai un rendez-vous avec Minerva et Minerva passe avant tout. Il faut que je me change les idées. Pourquoi dit-il des choses pareilles comme si c'était évident ? Comment ça peut lui sembler si évident alors que c'est déjà très compliqué pour moi de savoir où j'en suis ?
Un peu énervée par la tournure qu'a fini par prendre la conversation, je me dirige vers le bureau de la directrice. Je suis un peu en avance. Je m'adosse au mur, en face de la statue qui garde le bureau.
Je ne devrais pas être si irritée par les paroles de James. J'aurais dû feindre l'indifférence. Merlin. Quelle idiote, bien sûr qu'il va trouver ça évident maintenant. Je soupire en fermant les yeux. Je ne sais même pas quoi faire avec Léon. Je ne peux pas nier que je l'apprécie mais je ne peux pas oublier non plus les menaces d'Emeline. Je ne l'ai pas prise au sérieux une fois et ça n'a pas été la meilleure idée du siècle. Je ne peux même pas essayer de discuter avec lui pour tenter d'arranger ça ou pour voir ce qu'il en pense. Je suis coincée.
Soudain, quelqu'un sort du bureau de la McGonagall. Elle s'arrête pour me faire face, les yeux sombres et cernés, les longs cheveux noirs emmêlés, le visage pâle et émacié. Astrid Selwyn. Je frémis. Elle ne dit rien mais je sens émaner d'elle une rage profonde. Pourtant, elle reste calme et glaciale et continue son chemin, me laissant un peu désemparée. Cette fille me déteste. Elle estime sûrement que je l'ai dénoncée et que tout ce qui lui est arrivé est de ma faute. Elle doit penser que j'ai trahi Scott, que je les ai empêchés de finir leur mission ou quelque chose dans le genre. Ça me met très mal à l'aise de la croiser. Elle me fait presque peur. Plus que Scott parce que je n'ai aucune prise sur elle, je ne la connais pas bien et je vois pas bien quelles sont ses limites. Tout m'inquiète en elle, son regard, sa manière de marcher sans bruit, sa détermination et son investissement qui semblent à toute épreuve.
Je respire un grand coup pour éviter de penser trop à son regard sombre. Elle a peut-être décidé de changer après son accident. Je monte retrouver le professeur McGonagall pour ma retenue. Elle me salue d'un signe de tête en ôtant ses petites lunettes.
« Miss Weasley. J'ai à vous parler. Asseyez-vous donc. »
Je me fige. Est-ce que ça a encore un rapport avec Astrid ? Je me glisse jusqu'au siège qu'elle me montre de la main. Elle ouvre un tiroir à côté d'elle et en sort un petit objet brillant. Elle le pose devant moi. Je me retiens d'esquisser un sourire. C'est mon insigne de préfète-en-chef.
« Je pense que vous avez retenu la leçon. Monsieur Wilkes n'étant pas en état d'assurer son rôle pour le moment, je pense que vous pouvez reprendre le vôtre. Miss Lebeau conservera le sien le temps qu'il récupère correctement. »
Je hoche la tête, les yeux rivés sur l'insigne. Son éclat m'avait un peu manqué.
« Merci, Professeur.
– Et je vais vous demander d'être extrêmement vigilante. Le Ministère réclame encore plus d'Aurors à Poudlard. La situation est critique. Je m'y oppose autant que je peux mais je ne pourrais sûrement pas le faire indéfiniment. Le Ministre est déterminé à remettre en question la sécurité de notre école. »
Elle croise ses mains devant elle, le regard dans le vague. Je la sens blessée au plus profond de son être. Elle avoue, d'une voix sourde :
« C'est sans doute le cas. Je m'arrive pas à endiguer ce qui se prépare. »
Mon cœur rate un battement. Il ne me semble pas l'avoir déjà vue aussi faible. Ça me révolte.
« Professeur, protesté-je, ce n'est pas de votre faute ! J'ai la ferme conviction que ce sont les Aurors qui s'en sont pris à Léon. Ils n'ont rien d'une sécurité. C'est un cheval de Troie. Ils font tout l'inverse de ce qu'ils devraient.
– Molly, je sais que vous avez été touchée par la chute de Monsieur Wilkes et que vous ne leur faites pas confiance mais de là à ...
– Il y en a au moins un qui fait partie des Salvateurs, lui révélé-je abruptement. Le Ministre profite d'un éventuel danger, qui n'est peut-être qu'une illusion, pour infester le château de ses hommes. »
Elle ouvre légèrement la bouche en me fixant. Elle frémit et remet ses lunettes sur le bout de son nez. Elle réfléchit sérieusement à ma théorie. Après quelques instants de silence, elle finit par murmurer :
« C'est possible. C'est bien possible ... »
Ses yeux se tournent vers le tableau du Professeur Dumbledore. Elle se demande certainement ce qu'il aurait fait à sa place. Il nous regarde attentivement, ses yeux brillants de malice comme toujours. Je tremble légèrement. Son regard revient vers moi. Elle m'observe quelques secondes avant de dire :
« Comment le savez-vous, que l'un d'eux fait partie de ce groupe ?
– Je l'ai reconnu. Il a menacé Scott le jour où nous ... Je n'ai aucun doute.
– Savent-ils que vous les avez reconnu ?
– Peut-être, avoué-je en me tordant les mains de nervosité. Je fais tout pour les éviter mais j'ai l'impression qu'ils surveillent tous mes faits et gestes.
– Soyez très prudente, miss Weasley. Ne prenez aucun risque. Concentrez-vous plutôt sur votre travail. Ils ne doivent surtout pas vous considérer comme un danger. »
Elle me fixe avec des yeux presque effrayés mais absolument sérieux. Je hoche doucement la tête tout en sachant que je n'arrêterai pas de fouiller. Elle le sait sûrement aussi mais je sais qu'elle espère que je ne ferai pas de bêtise.
« Vous pouvez y aller, dit-elle dans un soupir. Je ne vous retiens pas plus.
– Et la retenue ? demandé-je d'une petite voix en espérant pouvoir à nouveau fouiller dans des dossiers.
– Tout est bien rangé. Je n'ai plus besoin de votre aide. »
Elle me regarde avec sévérité. Je ne peux qu'acquiescer et partir, bredouille.
J'erre dans les couloirs, touchant du bout du doigt mon insigne retrouvé. C'est déjà ça. Je peux à nouveau terroriser les premières années. Je soupire, lasse.
**
C'EST INCROYABLE ! Je ne sais pas combien de temps ça va durer mais j'ai retrouvé ma motivation et l'inspiration. Alors voilà un nouveau chapitre. J'espère qu'il vous a plu, n'hésitez pas à me donner votre avis. Je sais qu'on est un peu dans le creux, dans des chapitres de transition mais ça met en place pas mal de choses pour la suite. On ne peut pas y échapper ^^
(et ça permet de voir un peu plus James hihi)
J'ai hâte d'avancer encore avec vous ! On se retrouve certainement dimanche prochain :)
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