Jeudi 24 Octobre (1/2)
Quel n'est pas mon plaisir de retourner en cours de Défense contre les forces du mal, avec Madame Ross qui me déteste et qui fait tout pour m'énerver de plus en plus et Scott, toujours devant, à côté de Dorian Smith, qui fait comme si je n'existais pas, comme si on n'avait rien à se dire. Je frémis de colère. Léna pose une main douce sur la mienne. Oui, ce n'est pas la peine de donner une bonne raison à Madame Ross d'être pire que d'habitude. Elle ne fait que me surveiller du coin de l'œil pour l'instant mais je sens qu'au moindre faux pas, elle me reparlera de cette histoire d'avenir, de carrière, de ministère. Elle est sur le même disque que Percy. Ils ne se rendent pas compte.
Je fixe le dos de Scott en attendant, espérant le perturber par l'insistance de mon regard mais il joue au bon élève. Ça m'énerve tellement.
« Bien, alors vous n'oublierez pas que la semaine prochaine, nous passerons à la pratique, je veux que tout le monde maîtrise à la perfection les sorts que nous avons vus ensemble pour que personne ne se mette en danger. Je noterai comment vous vous en sortez face aux créatures réelles, soyez sérieux. »
Un brouhaha surgit du fond de la salle et l'envahit toute entière. Madame Ross lève les yeux au ciel et nous fait signe de partir d'un geste las. Je n'ai pas l'intention de me faire avoir par une soudaine envie de sa part de me voir en tête à tête et me précipite dehors, me mêlant à la cohue.
Pourquoi Scott fait-il toujours exprès d'être lent ? Pourquoi essaye-t-il autant de se mettre les profs dans la poche en allant poser une ultime question alors que tout le monde est déjà parti ? La moindre chose m'irrite en ce moment, c'est épuisant.
« Qu'est-ce que tu fais, là, Molly ? fait une voix dure de Poufsouffle.
– Je n'ai pas le droit de stationner dans le couloir, Smith ? Si me voir te dérange, tu peux toujours partir. Ne t'inquiète pas, je marcherai à bonne distance, tu n'entendras même pas mes soupirs exaspérés. »
Je jette un regard noir au préfet de Poufsouffle qui me scrute avec les bras croisés. Et je ne peux pas m'empêcher de lui faire un petit sourire ironique. J'ai une coalition contre moi, je ne peux rien y faire. Il a repéré que j'attendais Scott pour peut-être l'agresser, il fait appel à la célèbre loyauté des blaireaux pour faire obstacle. Il faut qu'il comprenne un jour qu'il se trompe de camp. Il soupire en regardant derrière son épaule Scott qui fait semblant d'être intéressé par Madame Ross.
« Arrête de faire ça, sérieusement. Scott a eu suffisamment d'ennuis à cause de toi. Il faut que tu arrêtes de lui en créer de nouveaux !
– Tu crois que ça m'amuse ? Je fais simplement mon devoir de Préfète-en-chef. Il s'est battu hier, je veux juste tirer ça au clair.
– Ah vraiment ? Il s'est battu, tu dis ? demande-t-il avec l'air de plus en plus en colère. Je dirais plutôt que Léon l'a coincé dans un couloir pour le rouer de coups.
– Je n'insinuais pas que Scott était coupable. Je veux juste comprendre pourquoi il a fait ça.
– Pourquoi ? Parce que tu crois que Léon a des raisons pour être violent ? Ce n'est pas juste dans sa nature ? »
Je soupire en fixant Dorian. Pourquoi est-ce qu'il joue à ça avec moi ? Je n'ai même pas de mauvaises intentions, je veux juste comprendre, qu'il m'explique ce qu'il s'est passé exactement, premièrement avec mon père et McGonagall, ensuite avec Emeline et Léon. Mes interrogations sont légitimes. Pourquoi il s'interpose toujours, Merlin, il n'a rien de mieux à faire ?
« Écoute, Smith, si j'avais voulu avoir ton avis précis sur la question, ce serait toi que j'aurais attendu devant une salle de cours pendant un quart d'heure. Sans vouloir te vexer, bien sûr. Mais c'est avec Scott que je veux discuter, pour avoir son avis à lui et pas celui de son messager-protecteur personnel.
– Laisse, Dorian, dit Scott en arrivant enfin et en se postant à côté de lui. A-t-on déjà vu une Weasley changer d'avis ?
– Tu veux savoir sur quoi j'ai changé d'avis, peut-être, Reeve ? »
Il soupire en évitant toujours mon regard autant qu'il peut. Il a gardé un œil au beurre noir d'hier et un pansement sur le nez. Léon n'y est pas allé de main morte et je ne serais pas intervenue, ça aurait pu être bien pire. Dorian secoue la tête, comme s'il était vraiment outré au plus au point. Je peux sentir aussi le regard de Madame Ross qui doit nous regarder du coin de l'œil, nous surveiller. Je suis vraiment fatiguée de devoir batailler avec des Merlin de Poufsouffle pendant trois heures juste pour avoir une petite discussion. Scott finit par dire à voix basse :
« Faut qu'on aille en cours, là. On discutera après les Soins aux créatures magiques.
– Bien sûr, ou tu vas encore te défiler au dernier moment, soupiré-je en lui adressant un regard noir.
– On en discutera après, j'ai dit. Il est temps qu'on parle, je ne te fuirai pas, Molly.
– C'est vrai, tu n'es pas du genre à fuir. »
Je hausse un sourcil circonspect et finis par hocher la tête. Après le prochain cours ? D'accord. Il a intérêt à avoir des choses intéressantes à me dire. Je n'ai pas envie d'avoir attendu si longtemps pour qu'il me dise qu'il ne peut pas me donner ce que je veux. Je croise une dernière fois son regard. Je vois qu'il n'est pas à l'aise. Il fait l'innocent devant son ami mais il sait que ça ne tiendra pas longtemps si je mets suffisamment d'énergie à détruire sa couverture. Il a peur au fond. J'esquisse un sourire et les quitte là-dessus.
Le cours de Soins aux créatures magiques passe avec une lenteur délicieuse. Je sens que Scott va tenir sa parole, qu'il va enfin arrêter de me fuir et que je vais avoir des réponses à mes questions. En tout cas, je l'espère fortement. Mon impatience grandissante m'empêche d'être très attentive au cours, je laisse Roxanne s'occuper des créatures toute seule pendant que je garde un œil sur Scott.
« Et tu vas m'aider, un jour ? Ou tu préfères mater ton ex ?
– Comment ça ? »
Je me tourne vers ma cousine qui lève les yeux au ciel. Elle m'attrape le bras pour me forcer à me concentrer sur le travail que l'on a faire et me détourner de mon seul vrai objectif de la journée.
« Allez, je croyais que c'était fini avec Scott, marmonne-t-elle.
– C'est le cas. Mais il faut qu'on s'explique encore sur quelques points.
– Oui, eh bien tu feras ça après le cours. »
Quelle joie après le cours, de regarder Scott qui a les mains tremblantes en remettant ses affaires dans son sac, de lui faire un petit signe de la main, de le voir hocher la tête en montrant le chemin qui mène vers le château. On marche chacun notre rythme, séparés par quelques dizaines de mètres pour ne pas donner l'impression qu'on se suit ou qu'on aurait un rendez-vous secret. Arrivée devant la porte d'une salle qui est vide à cette heure là, je sors ma baguette pourl' ouvrir. Je jette un dernier regard derrière mon épaule. Le couloir est vide, tout le monde est allé directement manger, il n'y a que Scott qui marche en faisant de son mieux pour ne pas croiser mon regard. J'entre à l'intérieur, il me rejoint quelques secondes plus tard et ferme la porte le plus rapidement possible derrière lui.
Il prend une grande inspiration avant de se tourner vers moi. Donne-toi du courage, Scott Reeve, tu en auras peut-être besoin.
« Reeve, ça faisait un petit moment que j'attendais ça.
– Il ne faut pas que ça dure trop longtemps, dit-il rapidement en regardant la pièce vide comme si elle pouvait être piégée.
– Oh, ne t'inquiète pas, ce ne sera pas long si tu réponds correctement à mes questions. Étant donné que je t'ai aidé à obtenir une protection de McGonagall, je pensais que tu serais plus sympa avec moi en retour. Que tu m'aiderais. Mais tu n'as fait que m'éviter depuis le départ de mon père. Et tu l'as fait avec un zèle extraordinaire. Jusqu'à hier. »
Il cligne des yeux plusieurs fois. Il est stressé, je peux même entendre son cœur palpiter et sentir la sueur couler dans son dos. Il soupire profondément.
« Qu'est-ce que tu veux, Molly ? Ton père avait été plutôt clair, si je voulais qu'il ne me dénonce pas et qu'on ne me renvoie pas, je ne devais pas te revoir.
– Mais tu ne peux pas te passer de moi, n'est-ce pas ? Tu te sens comme obligé d'attirer l'attention sur toi. Pourquoi tu as dit à Emeline que Wilkes l'avait trompé avec Brittany ? »
Il me dévisage, interloqué, presque déçu. Un sourire s'imprime sur son visage, il semble osciller entre l'amusement et l'inquiétude.
« C'était faux, peut-être ?
– Non, mais ça ne m'a pas rendu service. Emeline s'est vengée sur moi.
– On traîne chacun nos ennemis. »
Il me répond avec une voix lasse en effleurant du doigt son œil gonflé. Je soupire. Certes. Chacun à notre manière, on attire les représailles pour une histoire qui ne nous concerne même pas. Je croise les bras.
« Mais ça ne me dit pas pourquoi tu l'as fait. Quel était ton intérêt à faire ça ? »
Il me regarde dans les yeux quelques secondes avant de détourner le regard en levant la tête vers le plafond, comme si les réponses à mes questions y étaient. Je claque de la langue avec agacement.
« Reeve, si tu veux que je te lâche rapidement, réponds-moi rapidement.
– Je l'avais fait bien avant qu'Emeline n'en parle à Léon, dit-il enfin en se mordant la lèvre. Je voulais te rendre service, qu'elle et Léon payent un peu pour leur méchanceté. Je n'ai aucune idée de pourquoi elle a attendu plusieurs jours pour en parler, pourquoi elle s'est retournée contre toi, pourquoi Brittany s'en est bien tirée. J'en sais rien. Si j'avais su que ça te causerait des ennuis, je ne l'aurais pas fait. »
Je le regarde de haut en bas en soupirant. Ce qu'il dit n'est pas incohérent mais ça ne colle pas. Pourquoi Emeline aurait dit que c'était de ma faute alors que c'était Scott qui lui en avait parlé et pourquoi n'a-t-elle pas réagi tout de suite ? Je n'en sais pas plus que Scott. Je hausse les épaules. Tant pis, passons à ce qui m'intéresse véritablement.
« Bien. C'est quoi le plan maintenant ? »
Il me considère quelques secondes en retenant sa respiration. Il hésite.
« Le plan ? Quel plan ?
– Pour faire éclater la vérité sur tes Merlin de potes Salvateurs. Qu'est-ce qui est prévu ?
– Je ne peux pas te le dire, Molly. »
Il fait de grands yeux surpris. C'est une évidence pour lui. Mais il faut qu'il comprenne que je ne compte pas lâcher le morceau. Je m'avance d'un pas vers lui, les yeux impitoyables et les lèvres serrées de détermination. Il me supplie presque du regard d'arrêter. Je vois dans ses yeux qu'il n'en peut plus de cette situation.
« Ton père a raison, tu ne dois plus t'en mêler. Plus tu cherches, plus tu te mets en danger. Il faut que tu arrêtes même d'y penser.
– Sinon quoi ? Qu'est-ce que tu comptes faire pour m'arrêter ? Prévenir mon père ? Trop tard. Prévenir tes Salvateurs ? Est-ce seulement dans ton intérêt ?
– Je suis désolé, Molly. Il faut vraiment que ce soit notre dernière conversation. Les choses vont finir par se régler, il faut avoir confiance en McGonagall, elle va m'aider. Mais toi, il faut que tu restes en dehors de ça. Si tu préfères, le plan, c'est que tu ne participes pas au plan. »
Je serre le poing fort autour de ma baguette. Je sens presque les rainures du bois s'incruster en moi. La frustration m'emplit. Qu'ils arrêtent de me mettre à l'écart, c'est insupportable. Je fixe un détail du sol, muette, réfléchissant à toute allure. Qu'est-ce que je peux faire, réellement ? À part le harceler encore et encore ?
« Molly ..., dit-il d'une voix basse, comme une menace.
– Et s'il se passe autre chose ? Tu crois que je vais rester sagement sur le banc de touche à observer les choses se faire sans moi ? Et si ça tombait sur Lucy ou quelqu'un de ma famille ?
– C'est parce que j'ai envie qu'il ne t'arrive rien que je te demande de rester à l'écart ! »
Il a crié et maintenant, il me regarde avec ses yeux humides. Je lève le regard vers lui. On se jauge, il y a cette tension étrange entre nous. J'ai envie de tout casser. Mais je résiste en serrant les dents. Lysander n'est pas là pour réparer les dégâts. Il n'y a que Scott. Scott et ses lèvres tremblantes.
« Merlin, je t'aime, Molly. Je ne veux pas qu'ils s'attaquent à toi plus qu'ils ne l'ont déjà fait. Alors tu vas me laisser tranquille et tu ne me parleras plus jamais. D'accord ? »
Il se prend la tête entre les mains. Je lui lance un petit regard méprisant. Comment peut-il me dire ça alors que tout est de sa faute ? Ses discours amoureux ne m'atteignent plus depuis longtemps. Il se recroqueville légèrement, reculant de quelques pas. Je m'approche lentement de lui.
Quand soudain j'entends un bruit retentir dans le couloir. Le bruit d'un choc, de quelqu'un qui tombe brutalement sur le sol. Je m'immobilise. Scott lève la tête vers moi et on se tourne d'un même mouvement vers la porte. Il y a un second bruit, un cri étouffé. Merlin. Je fais signe à Scott de rester silencieux et je m'approche discrètement de la porte. Il n'y a plus de bruits. Je l'entrouvre lentement, ma baguette prête à intervenir.
**
J'espère que vous êtes allés voir le petit OS sur les lettres que Lorcan n'a jamais envoyé à Molly sur le Supplément (sinon, c'est justement l'occasion d'y aller et de me donner votre avis ^.^)
Et sinon, comme toujours, j'espère que vous appréciez votre lecture, faites le moi savoir !
A bientôt pour la suite de ce chapitre !
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