Jeudi 21 Novembre
Garance m'a fait parvenir un petit mot, ce matin. J'ai attendu d'être seule pour l'ouvrir. Je ne préfère pas que quelqu'un remarque mes joues enflammées et mon petit cœur affolé. La préfète de Serpentard m'a laissé tranquille en m'adressant un petit regard amusé. Cachée dans la salle de bain du dortoir, je déroule le parchemin. J'ai déjà le rire au bord des lèvres.
Chère Molly,
J'espère que tu vas bien. Moi, je ne suis pas sûr de vraiment pouvoir aller bien. Tu sembles si loin alors que tu es pourtant si proche. J'aimerais tellement pouvoir te voir ailleurs que dans mes rêves. Ça doit certainement te manquer de venir me voir dormir. Je devrais sortir demain, si tout va bien. Ça ne te laisse pas beaucoup de temps pour venir observer mon beau sommeil mais peut-être qu'un jour tu auras à nouveau cette chance. Je t'avoue que tu es partie un peu vite l'autre jour et j'aurais aimé pouvoir te garder auprès de moi et te regarder encore et encore.
McGonagall m'a brièvement parlé d'une histoire de vol que les Aurors veulent te mettre sur le dos ... J'espère vraiment que ce n'est pas trop grave mais je te connais, tu t'en sortiras comme toujours. Je ne sais pas ce que je peux faire pour t'aider. Je me sens tellement impuissant, enfermé dans cette Infirmerie qui ressemble plus à une prison. Reviens vite délivrer ta princesse.
A très bientôt, j'ai hâte de devoir faire des réunions entre préfets-en-chef,
L.W.
Voilà quelqu'un qui sait éclairer ma journée. Ça efface toutes les peines du monde, ça met du baume au cœur. Je sers la lettre contre ma poitrine. Je peux sentir les tressautements de mon cœur à travers mon chemisier. Je ferme les yeux pour éviter les larmes de monter. Mais sous mes paupières, il n'y a que les yeux gris de Léon. Je me mords la lèvre inférieure furieusement pour me reprendre en main. Je ne peux pas céder à la tentation. Mon cœur ne réclame que d'aller courir vers l'Infirmerie et de me serrer contre lui mais j'ai si peur des conséquences maintenant.
Je respire. J'essaye de respirer profondément. Mais chaque mouvement de ma pensée me ramène à ses douces paroles. Je lis à nouveau sa lettre, un sourire humide aux lèvres. J'ai l'impression d'entendre sa voix au creux de mon oreille.
Soudain, quelqu'un frappe à la porte de la salle de bain. C'est Léna.
« Molly ? Tu vas bien ?
– Oui, dis-je avec une voix peu assurée en me retournant vers le miroir pour constater les dégâts. Tu as besoin de la salle de bain ?
– Juste de ma brosse à cheveux ... »
Je soupire en dissimulant la précieuse lettre dans ma poche et j'ouvre la porte avec un petit sourire.
« Tu es sûre que ça va ? demande ma camarade de dortoir, inquiète devant mes yeux rougis.
– Ne t'en fais pas, Léna, je vais bien. J'ai juste une petite déprime automnale... Cette période n'est jamais très ...
– C'est vrai que le temps n'est pas très réjouissant et que les cours sont de plus en plus stressant, approuve-t-elle en attachant ses cheveux châtains avec une pince. Mais on est là pour se soutenir, non ? »
Je hoche la tête avec un petit sourire amical. Elle m'adresse un regard entendu et me propose de descendre directement en cours de Défense contre les Forces du Mal. J'ai pas vraiment envie d'avoir deux heures avec le Professeur Ross qui nous parlera encore de l'exigence de l'examen, des attentes élevées et de notre niveau qui la désespère. Elle n'a qu'à mieux nous former au lieu de s'acharner sur nous sans raison. Je soupire déjà, à peine arrivée devant sa salle.
Léna sourit en voyant Lorcan s'approcher de nous. Il se fraye un chemin entre les quelques élèves en avance.
« Salut les filles, souffle-t-il.
– Toi non plus tu n'es pas motivé ? l'interrogé-je avec un sourire las.
– Mais qui est motivé pour supporter Madame Ross pendant deux heures ? Elle est gentille mais elle doit comprendre qu'elle n'est pas la seule prof a nous donner du travail.
– Ton frère n'est pas là ? demande Léna, les sourcils froncés.
– Non, je crois qu'il en marre de ce cours. Il m'a dit qu'il avait un rendez-vous avec la plus belle femme de Poudlard et qu'il n'allait pas pouvoir venir. »
Je m'arrête sur ses mots en plissant des yeux. Il a dit quoi ?
« La plus belle femme de Poudlard, c'est quoi cette histoire ?
– Visiblement ce n'est pas toi, Molly, fait Lorcan d'un ton amusé. Ne sois pas si déçue !
– C'est très drôle, Scamander, soupiré-je. Mais sérieusement ? Il ne vient pas en cours pour une fille ? Lysander ? »
Je n'y crois pas vraiment. En dehors de Shanna, je ne l'ai jamais vu avec personne, et j'espère qu'il ne pense pas à Shanna en parlant de la plus belle femme de Poudlard. Peut-être qu'il a simplement sorti une excuse débile pour sécher les cours de Défense contre les Forces du Mal. C'est hautement répréhensible mais absolument compréhensible.
Lorcan hausse les épaules. Il n'en sait visiblement pas plus. Ça a attisé ma curiosité. Il faudra éclaircir cette affaire. Comme beaucoup d'autres choses trop obscures. J'aperçois Scott à l'autre bout du couloir et ça me fait l'effet d'un frisbee à dents de serpent en plein cœur. Brutal et mordant. Notre échange d'hier me revient en mémoire, infusant à nouveau dans mes veines la colère et la peur. Ses sous-entendus, sa voix insidieuse, son rire immonde. Est-ce que j'ai vraiment pu faire quelque chose sans m'en souvenir ? Est-ce qu'on a pu me manipuler ainsi sans que je n'en garde aucune trace ? Je secoue la tête.
C'est impossible. Je refuse de rentrer dans son jeu et de le croire. Je ne peux pas accepter qu'il continue à s'insinuer dans mon esprit en y laissant des doutes effrayants.
Madame Ross arrive, les bras chargés de livres et nous ouvre la porte d'un coup de baguette. Elle n'a toujours pas gagné en amabilité.
« Bon, j'ai corrigé vos derniers devoirs. On ne pas dire que ce soit excellent. »
Je soupire en m'asseyant à côté de Léna et je croise son regard fatigué. La prof de Défense contre les Forces du Mal se lance dans une nouvelle diatribe sur nos capacités limitées. Pendant ce temps, mes pensées s'échappent. Je fais le bilan de ces derniers jours et je le regrette. On ne peut que difficilement faire pire. Je n'ai pas avancé dans mes recherches alors que mes ennemis ont l'air d'avoir bien avancé leurs pions pour m'encercler de leurs griffes.
Je m'accroche à la lettre de Léon et à l'espoir de pouvoir le revoir sans épée de Damoclès au dessus de la tête. Mais ça me fait si peur de faire des erreurs et de ne rien pouvoir réparer. Des gens ne veulent pas nous voir ensemble.
J'évite au maximum Emeline. Elle n'est pas venue me provoquer. Peut-être qu'elle a décidé de m'éviter aussi. Elle ne me manque pas vraiment mais j'ai comme l'impression que ce n'est que le creux de la vague. Elle ne s'arrêtera pas là. Elle doit juste se sentir très seule depuis que Brittany a fait sécession, ou plutôt qu'elle a éjecté cette pauvre Brittany.
« Miss Weasley, hurle une voix dans mes oreilles. Si vous souhaitez progresser, soyez un peu plus attentive, je vous prie. »
Je lève des yeux écœurés vers le Professeur Ross qui me lance un regard noir. Pourquoi s'acharne-t-elle sur moi ? Au moins, je suis silencieuse, moi. Les filles de Poufsouffle qui papotent entre elles ne dérange pas mais si je me déconcentre un instant par contre, ça vaut le coup de crier. Ça ne me donne pas davantage l'envie d'écouter son cours théorique sur les mécanismes de la malédiction dans le temps. Je croise le regard de Lorcan. Il tente de m'encourager mais il ne fait face qu'à un désespoir profond.
« Vous me rédigerez un parchemin et demi pour la prochaine fois sur les malédictions et ne reprenez pas simplement le cours, s'il vous plaît, prévient-elle de sa voix dure. Je ne veux pas quelque chose qu'un élève de deuxième année pourrait faire. C'est un travail de niveau ASPIC qui vous est demandé ! Et je rappelle que c'est un travail individuel, n'est-ce pas, Monsieur McFarlan ? »
Mes yeux roulent dans leur orbite alors qu'elle s'épanche encore de longues minutes sur les exigences que demande l'examen final et la nécessité de bien nous préparer. Je range mes affaires un peu brusquement et je renverse de l'encre sur ma chemise blanche. Merlin ! Je sens monter en moi une vague irrépressible, une onde qui me traverse et qui ne demande qu'à sortir hors de moi pour exploser. Je ferme mon sac d'un geste sec et je me précipite hors de la salle avant même que Madame Ross puisse m'interpeller en soulignant mon clair manque d'intérêt pour sa matière.
Je veux que tout s'arrête ! Je veux que tout s'interrompe brutalement. Qu'on suspende le temps, qu'on détruise le monde. Je cours à travers le couloir pour atteindre les premières toilettes venues et m'enfermer à l'intérieur. Ce n'est pas l'étage de Mimi, fort heureusement. Je jette mon sac par terre et me recroqueville juste à côté. Ma tête est trop pleine. J'ai besoin d'air. Je n'y arrive plus. J'étouffe dans ma vie comme j'étouffe dans mon corps. Qu'on me sorte de là, s'il vous plaît, Merlin, n'importe qui. J'ai besoin d'aide. Je coule. La vague m'a emportée. Elle m'a jetée sur la plage et sans arrêt elle revient, m'emporte à nouveau et m'écrase sur le sable, encore et encore. Parfois j'ai l'impression que tout va mieux mais ce n'est qu'une illusion, une soudaine impression que la mer s'est calmée mais elle reprend toujours plus vivement ensuite.
Je lâche mes larmes comme une cascade sur mes joues.
Je sèche mes larmes comme je sèche le cours de Soin aux créatures magiques. Sauf que je n'ai même pas de rendez-vous avec la plus belle femme de Poudlard pour m'excuser, je suis presque jalouse de Lysander. J'ai bien envie de me mettre à sa recherche. Peut-être qu'il acceptera de me voir et de me réconforter un peu, même si je ne suis pas la plus belle à ses yeux.
J'erre comme un fantôme dans les couloirs de Poudlard. Je ne croise que des première année que je terrifie sûrement avec mes yeux de rouge et noir. Je ne suis pas tendre avec eux. J'ai comme une envie de n'être plus tendre avec personne.
Je ne trouve pas Lysander mais je me retrouve soudain face à Astrid Selwyn, ses cheveux noirs toujours un peu emmêlés et ses yeux sombres.
« Molly Weasley, articule-t-elle. Tu as l'air perdue. Tout va bien ?
– Je ne suis pas d'humeur, Selwyn, sifflé-je en faisant un pas de côté pour l'éviter.
– C'est dommage que tu ne remarques pas à quel point tu es amusante à regarder. »
Je lui adresse un regard dégoûté. Un frisson me parcourt. La petite sœur de Côme est définitivement une des personnes les plus effrayantes de ce château. Elle fait un pas dans ma direction et son sourire joyeux m'inquiète. Je pose ma main sur ma baguette, instinctivement.
« C'est marrant comme tu es persuadée d'avoir un peu de pouvoir. Presque fascinant. Pourtant, tu dois le savoir maintenant que tu n'as aucune chance. Tu as perdu depuis bien longtemps.
– Merci de m'en informer, Astrid, je suis ravie de l'entendre, marmonné-je, mal à l'aise.
– Oh, mais tu es encore loin de tout savoir. J'ai hâte de voir comment tu réagiras quand tu sauras...
– Quand je saurai quoi ? demandé-je d'une voix presque tremblante.
– Je ne veux pas gâcher le spectacle, Weasley. »
Elle est prise d'un petit rire. Un rire sincèrement amusé. Un rire qui me prend aux tripes.
Respire, Molly. Ne la laisse pas t'atteindre. Ne laisse pas ses paroles s'infiltrer en toi. Elle, Scott, les Aurors, Emeline, il ne faut pas les écouter.
« J'espère que tu pourras revoir Léon rapidement, ajoute-t-elle. C'est absolument ravissant de te voir chercher ce que tu as sous les yeux. »
Elle fait un nouveau pas dans ma direction. D'un geste brusque, je lève mon bras et coince ma baguette sous son menton. Son sourire s'étire, montrant ses dents blanches alignées. Le sourire du requin.
« Tu répètes tes erreurs une à une. C'est presque attendrissant, minaude-t-elle sans se préoccuper de ma baguette pointée sur elle. Bon courage, Molly Weasley.
– Dégage de mon chemin, Selwyn. J'ai pas l'intention de t'écouter plus longtemps.
– Alors qu'est-ce que tu attends pour me faire taire ? »
Je prends une grande inspiration. Ses yeux flamboient d'un éclat bien sombre. Je sais ce qu'ils font. Tous, ils essayent de me faire craquer. Ils me harcèlent, m'épuisent, me malmènent, me torturent. Ça marche si bien. Mes forces s'amenuisent petit à petit. Je crois que j'ai vraiment besoin d'aide.
« Hé ! Weasley, baisse ta baguette ! »
Je tourne la tête vers Côme Selwyn qui se précipite vers nous. Merlin. Il n'a pas l'air très content que je menace sa petite sœur. S'il savait ce qu'elle était vraiment. Elle n'a pas plus d'âme qu'un détraqueur. Je range ma baguette en soupirant.
« Astrid, ça va ? demande-t-il en lui posant une main protectrice sur l'épaule.
– Mieux, maintenant, dit-elle d'une voix fluette.
– T'es pas bien, Molly, de menacer les gens comme ça ! s'exclame-t-il d'un ton dur.
– Si tu savais ce que ...
– Mais je m'en fous, Merlin ! C'est ma petite sœur, tu ne la touches pas. Je crois que tu n'aimerais pas non plus qu'on menace ta petite sœur. »
Je hoche la tête lentement. Le regard brillant d'Astrid me donne des frissons. Elle rassure son frère et s'enfuit presque en courant. Côme me fait face. Sa large carrure me surplombe et je n'ai pas la force d'affronter son regard.
« Je sais que tu es frustrée en ce moment, Weasley, mais évite de t'approcher à nouveau d'Astrid, m'avertit-il.
– Frustrée ? laissé-je échapper dans un souffle. Ah mais bien sûr ... Je suis frustrée alors j'agresse tout le monde ! Mais qu'est-ce que tu en sais, Selwyn ?
– Arrête, j'ai bien compris que toi et Léon ...
– Mais tu as compris quoi exactement ? m'écrie-je. Tu es à ma place ? Tu n'as pas la moindre idée de ce que je vis !
– Tu le reverras demain, qu'est-ce qu'il t'arrive, Weasley ? »
Je pars dans un éclat de rire terrible.
« Mais va te faire bouffer par des Scroutts, Selwyn ! »
Je sens que la digue va céder. J'adresse un regard noir à Côme qui ne comprend visiblement pas et je m'en vais d'un pas vif. Je ne veux plus le voir. Bien sûr qu'il ne comprend pas. Personne ne comprend. J'ai envie de tout casser. Il me faut de l'aide. Il n'y a plus qu'une seule personne qui peut encore me sauver. Je me précipite vers le Bureau de McGonagall, les yeux pleins de larmes et une terrible envie de sauter de la Tour d''Astronomie pour que tout s'arrête enfin.
« C'est occupé, fait une voix amusée alors que je m'approche de la statue qui garde la porte.
– Lysander ? »
Il hausse les épaules en me regardant avec un sourire un peu pâle. Je dégouline de larmes et coule contre lui. Je m'effondre presque. Il me serre dans ses bras pour me soutenir, pour que je ne tombe pas.
« Oh, Mollynette, murmure-t-il sans savoir quoi dire de plus.
– Je deviens folle, Lysander, reniflé-je. Je deviens complètement folle.
– Respire doucement. Et pleure autant que tu veux. Mon épaule a des propriétés réconfortantes assez incroyables. »
Au milieu de mes sanglots, je laisse échapper un petit rire qui s'apparente presque plus au désespoir. Je finis par m'écarter un peu de lui, un peu calmée. Il m'adresse un sourire tendre et essaye de maladroitement de remettre mes mèches de cheveux dans le bon sens. Je pousse un soupir tremblant. Puis, je fronce les sourcils.
« Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devais pas être avec la plus belle femme ou je sais pas quoi ? »
Il affiche un sourire amusé et désigne le bureau de McGonagall.
« J'ai eu le droit à un rendez-vous privilégié avec Minerva. Fais attention à toi, Molly Weasley, bientôt, je vais te voler la vedette.
– Je n'espère vraiment pas pour toi. Je n'ai pas tout à fait le beau rôle.
– Tu veux dire que c'est possible de faire pire que moi ? dit-il d'une voix amère.
– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
Son regard s'assombrit légèrement. Il soupire et évite mon regard inquiet. Je suis plutôt sûre que ça ne peut pas être pire que moi. Mais s'il le croit, c'est peut-être grave.
« Lysander ? insisté-je.
– Apparemment, dit-il après une grande inspiration, j'aurais lancé un sort pour que Léon tombe de son balai. »
J'ouvre la bouche en grand. Lysander, l'agresseur de Léon ? Je ne peux pas y croire. Je sens dans ses yeux qu'il cache sa blessure mais qu'elle est bien présente. Il prend un air détaché qu'il n'arrive pas vraiment à tenir.
« Ce n'est pas moi, chuchote-t-il. Je te promets, Molly, ce n'est pas moi.
– Je sais que ce n'est pas toi, Lysander. »
Ses yeux brillent. Ça fait remonter mes propres larmes et j'attrape sa main tremblante d'un geste vif pour lui serrer les doigts.
« Ce sont les Aurors qui t'accusent ? soufflé-je.
– Ils sont encore avec McGonagall pour essayer de la convaincre. Elle insiste pour avoir plus de preuves. Elle ne les croit pas, je pense.
– Merlin. Ils sont horribles. Je suis tellement désolée, Lysander.
– Ce n'est pas de ta faute. »
Je secoue la tête.
« Bien sûr que si. Je t'ai embarqué avec moi à leur suite en sortant du stade. Ils ont dû en profiter pour monter leur plan ignoble et te faire porter le chapeau.
– J'ai décidé de te suivre, Molly. Tu n'es responsable de rien. Ils n'ont aucune preuve. Ils ne peuvent pas m'accuser. »
Je ferme les yeux. Sans preuve, ils peuvent très bien nous accuser mais ils ne pourront pas nous condamner. Je m'accroche à cette idée. Minerva s'occupe de nous.
« Et toi, qu'est-ce que tu fais là ?
– Je ... »
La porte s'ouvre brutalement, laissant apparaître deux Aurors qui nous fixent avec des sourires carnassiers.
« Miss Weasley, fait la voix glaciale de celui que j'identifie à Murphy O'Burke. Comme c'est étonnant de vous voir dans les bras de Monsieur Scamander. Mais visiblement, vous ne pouvez pas choisir. Ou peut-être que vous avez choisi depuis bien longtemps. »
Un sourire mauvais s'imprime sur ses lèvres. Je tremble de tout mon corps alors que Lysander presse ma main. Je n'arrive pas à parler. Je les regarde sourire, contents de nous regarder couler. Choisir quoi ? Je ne comprends pas tout ce qu'il glisse sous ses mots. De quoi nous accuse-t-il exactement ?
« Merci de ne pas importuner davantage mes élèves, fait la voix sévère de McGonagall en descendant les quelques marches avant de nous regarder. Vous deux, entrez, je vous en prie. »
Elle lance un regard noir aux deux Aurors qui s'éloignent avec toujours ce même sourire plaqué aux lèvres. Je me réfugie dans le bureau de la directrice, suivie de Lysander. Je me sens comme protégée, soulagée, à l'abri sous le regard féroce de McGonagall qui fait fuir les Aurors. Je me fonds dans une des chaises en face de son bureau, la tête au creux de mes mains. Lysander s'assoit à côté de moi et je sens son regard inquiet.
« Je suis sincèrement désolée pour tous les deux. Prenez un biscuit, déclare-t-elle en ouvrant une petite boîte finement ciselée qui dégage une douce odeur de gingembre.
– Professeur, commence le Scamander d'une voix peu assurée, qu'est-ce qu'il va se passer ?
– Ils n'ont rien de concret contre vous. Ils disent qu'ils ont un dossier solide mais je n'ai pas vu la couleur d'un argument convaincant. Miss Weasley, ils n'ont rien de plus contre vous ...
– Je ne sais plus, laissé-je échapper dans un murmure humide. Est-ce que j'ai pu faire quelque chose sans que ... ?
– Molly, vous n'avez rien fait. »
Son ton est sec et n'appelle aucune protestation. Je n'arrive plus à retenir toutes mes larmes. Je pleure sans m'arrêter depuis ce matin et je pleure encore. Lysander, sans bien comprendre sûrement, essaye de me réconforter. J'essaye d'endiguer les marées sous mes paupières mais rien n'y fait. C'est une vague amère et impitoyable.
Puis, je sens un petit museau tout doux se frotter contre ma main. Un petit chat noir s'est glissé sur la table pour coller sa tête à la mienne et réclamer quelques caresses par un léger ronronnement. Je lève les yeux vers McGonagall qui affiche un petit sourire désolé. Lysander, amusé, passe ses doigts sur le pelage de l'animal qui continue à joyeusement ronronner sur le bureau de la directrice.
« Veuillez excuser Onyx, soupire-t-elle, il est censé rester l'écart. »
J'esquisse un petit sourire en caressant doucement la tête du félin. Il s'allonge soudainement sur la bureau pour donner un accès particulier à son ventre pour qu'on le caresse, ce qui fait pousser un nouveau soupir à Minerva, embarrassée.
« Ce n'est rien, Professeur, s'amuse Lysander. C'est votre chat ?
– Les chats n'appartiennent à personne, déclare-t-elle sérieusement avant de tourner son regard sévère vers moi. Vous devriez vraiment faire une pause, Miss Weasley. Vous manquez de repos. Je vais demander à Madame Ewer de vous garder un lit pour la nuit. Vous y resterez le temps qu'il faudra. »
Lysander approuve d'un signe de tête alors que je relève lentement la mienne, tremblante. L'Infirmerie ? Je ne suis pas sûre de vouloir y aller, de vouloir affronter l'Auror à sa porte, de devoir me retrouver si proche de Léon sans pouvoir le voir, de rester à la merci de tout le monde. Je secoue doucement la tête.
« Je pense que ça ira, Professeur ...
– Ce n'est pas un conseil, Miss Weasley. »
Je déglutis. Elle a certainement raison mais je ne m'enlève pas de la tête tous les risques, toutes menaces, tout ce qu'on m'a asséné ces derniers jours et cette peur profonde qui s'est créée en moi.
**
Bonjour à tous !
On n'est pas du tout dans une bonne période pour Molly, je suis vraiment (enfin, pas vraiment vraiment non plus) désolée. J'espère que ça ne vous déprime pas trop et que l'histoire vous plaît quand même ! Je ne vous promets pas que ça ira mieux bientôt, hahaha.
Malgré tout, on a atteint les 100 chapitres. Je ne sais pas comment fêter ça mais j'étais déjà contente de le remarquer ^^ Donc, merci beaucoup à ceux qui suivent Molly depuis 100 longs chapitres et que suivront encore !
A bientôt <3
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top