Jeudi 19 Septembre
La vie n'a jamais été simple mais je crois que je commence à atteindre des records. C'est difficile de devoir garder la tête haute quand on se fait harceler par un inconnu qui se révèle être cette saleté de Poufsouffle, Scott Reeve qui outre avoir détruit tous mes espoirs d'adresser un jour la parole à Lorcan Scamander, mon cher ex-meilleur ami, continue à vouloir que je l'aide alors que je veux juste savoir ce qu'il a à me dire sur ma mère. Je n'en demande pas beaucoup, je veux juste des informations. Je pourrais demander de l'argent, des privilèges mais je n'en ai pas besoin, j'ai juste besoin de ma mère. Personne n'a l'air de le comprendre.
Je n'ai pas parlé de tout ça avec Lucy, elle serait certainement la seule à vraiment ressentir la même chose mais je n'ai pas envie de lui rappeler de mauvais souvenirs qui la feront souffrir encore plus. Je me sens responsable d'elle et je ne veux pas qu'elle se fasse de faux espoirs comme moi. Qu'elle grandisse tranquillement, je m'occupe de faire office de figure maternelle et de retrouver la vraie. Mais Lucy ne peut pas forcément tout comprendre. J'ai l'impression que c'est horrible mais elle ne connaît pas très bien maman finalement. Elle n'a eu le droit qu'à trois courtes années de vie avec elle. J'en ai eu plus du double. Que ma petite sœur n'ait pas pu vivre avec une mère m'est très douloureux cependant je crois que je ressens davantage le manque qu'elle. Le jour où elle a disparu, c'est un vide impossible à combler qui s'est créé en moi. Lucy a dû s'en rendre compte mais comment, à cet âge-là, on peut vivre ça ? Je ne sais pas.
Je dois voir impérativement Scott dans la journée pour qu'il me dise une bonne fois pour toute ce qu'il me cache. Au déjeuner, je l'avais en ligne de mire et j'étais prête à me jeter sur lui pour reprendre notre discussion mais Minerva McGonagall s'est interposée et j'ai été forcée de le regarder s'éloigner de moi, une nouvelle fois. Meurtrie et frustrée, j'ai regardé la directrice qui s'était plantée devant moi. J'ai dégluti, elle n'a pas l'air très satisfaite. Si elle s'inquiète pour cette histoire de Quiz, j'ai promis que je m'en occuperai, je le ferai vraiment. Elle tousse légèrement avant de me dire sévèrement :
« Miss Weasley, pouvez-vous me dire pourquoi Léon Wilkes est venu dans mon bureau tout à l'heure pour m'annoncer qu'il renonçait au poste de préfet-en-chef ?
- Quoi, il a vraiment fait ça ? me suis-je exclamée plus surprise qu'autre chose. Mais qu'est-ce qu'il est ...
- Oui, il l'a fait, confirme-t-elle en me coupant la parole. Et je voudrais savoir si ça a un rapport avec la dispute que le Professeur Ross a entendu hier soir. »
J'en suis bouche-bée. On ne peut rien cacher à McGonagall et à son regard perçant. Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans la tête de l'autre idiot pour qu'il fasse ça ? L'ai-je vexé en lui disant que je ne voulais plus jamais le voir ou en lui lançant un sortilège du Saucisson ? Je ne l'aurais pas fait s'il n'avait été si brutal et étrange. Je soupire, me rendant compte que c'est certainement de ma faute, à force de vouloir que ce ne soit pas lui, le préfet-en-chef, il a compris le message et l'a intégré. Bizarrement, je me sens coupable et mal à l'aise. Je hausse les épaules en répondant :
« Peut-être, je n'en sais rien. Il a dû penser que c'était plus sage ou ...
- Si c'est le cas, vous devez le convaincre de changer de décision. »
Je fronce les sourcils. Ce n'est pas très sympa. Elle sait que je ne m'entends pas bien avec lui et elle m'envoie pour le supplier de rester à un poste qui ne lui va pas vraiment comme un gant. Avant d'accepter, je cherche auprès d'elle une réponse qui pourrait me servir d'argument pour me persuader moi-même que c'est la meilleure chose à faire :
« Professeur, puis-je vous poser une question ? Pourquoi l'avez-vous choisi lui à la place d'un autre ? Vu ses antécédents et son comportement les années précédentes, je trouve ça étonnant que vous lui fassiez confiance pour endosser de telles responsabilités.
- Miss Weasley, il fallait quelqu'un de différent de vous, pour que vous puissiez vous compléter. Ne le laissez pas partir, ce n'est que le début de l'année. Donnez-lui une chance de se rattraper, quoiqu'il ait fait. C'est un garçon motivé et je ne pense pas qu'il soit si irresponsable que vous ne le pensez. »
Je hausse un sourcil, ça reste encore à prouver. D'instinct, j'aurais tendance à faire confiance à McGonagall mais je reste très sceptique sur ce cas. Malgré tout, je ne peux refuser ce qu'elle me demande, elle est la voix de la raison qui m'ordonne de remettre les choses en ordre. Mon cœur, quant à lui, préférerait autre chose mais qui suis-je pour désobéir à quelqu'un comme Minerva ? Je hoche la tête en évitant de soupirer trop fort et dit d'une voix un peu douloureuse :
« Je vais essayer.
- Faites de votre mieux. Je compte aussi sur vous deux pour organiser quelque chose de bien pour la fin du mois. »
J'esquisse un sourire en guise d'acquiescement, attendant qu'elle tourne le dos pour grimacer. Je vais devoir aller récupérer les bêtises de Léon, ça ne m'arrange pas, mon projet était d'aller plutôt harceler en retour Scott Reeve.
Après le cours d'Arithmancie, je trouve enfin le temps et le Poufsouffle pour assouvir ma soif de savoir. Je l'ai regardé fixement et plutôt longuement avant qu'il ne me remarque. Un peu hésitant, il s'est approché de moi. Ferais-je peur ? J'espère bien vu le temps que je passe à perfectionner mes regards noirs. Une fois assez proche de moi pour que je l'entende chuchoter, il dit :
« J'imagine que tu veux savoir ce que je te demande en échange de l'information. »
Non. Je m'en fiche de ce qu'il veut, seule l'information sur ma mère m'intéresse. Je secoue la tête et l'enjoins de me suivre. S'il veut un endroit au calme pour parler sans que personne n'écoute, je connais des salles inoccupées que je peux facilement ouvrir. Être Préfète-en-chef a des avantages insoupçonnés. Je le fais entrer en jetant un regard dans le couloir qui est vide avant de fermer la porte et de me tourner vers lui, un peu énervée mais encore capable de gérer mes émotions. Je croise les bras en finissant par déclarer :
« On va faire quelque chose. Je ne vais pas te laisser sortir jusqu'à ce que j'apprenne ce que tu sais sur la disparition de ma mère.
- Je ne peux rien te dire si tu ne m'aides pas avant, tente-t-il mais je commence à sortir ma baguette. Attends ! s'écrie-t-il. S'il te plaît, j'ai vraiment besoin de ton aide ! »
Je me rapproche lentement de lui, très sérieuse et je lui dis :
« Tu n'as pas l'air d'avoir conscience de ce que tu m'as fait endurer. Je n'aurais aucune pitié pour toi. Qu'est-ce que tu sais sur ma mère ? martelé-je. Pourquoi c'est Lovener qui m'a dit que tu détenais des informations sur elle ?
- J'essaye de t'expliquer que je ne peux pas te le dire tout de suite ! On me tuerait si ça s'apprenait ... C'est pourquoi j'ai besoin que tu m'aides, dit-il d'une voix horriblement suppliante.
- Si tu ne me dis rien, je te ferais pire. Qui voudrait te tuer, que je devienne ami avec lui ?
- Ils sont tout un groupe, je te jure, Molly, je ne te veux rien de mal. Tout ce que je te demande, c'est de m'écouter et de décider ensuite. »
Il me regarde, implorant. J'ai envie de lui rire au nez et de lui enfoncer ma baguette dans la trachée mais je ne bouge pas, trop indécise. Ma curiosité me hurle de le laisser parler. Si c'est un groupe, c'est peut-être celui qui a enlevé ma mère. Je ne peux plus lutter et je soupire, lui faisant un geste pour qu'il parle.
« J'aurais besoin que tu m'aides, ils me menacent pour que je fasse différentes choses et je ... Je suis sous leur contrôle, je ne peux pas faire autrement. Ça met ma famille en danger et je ne le supporte pas, j'imagine que tu peux le comprendre. Ils m'ont demandé de t'approcher, je ne sais pas pourquoi. Alors j'ai dû mettre en œuvre tout un stratagème pour le faire. Je ne connais pas leurs intentions, je te jure que je dis la vérité. »
Je me fige, me rendant soudain compte qu'il ne sait sûrement rien sur ma mère, que ce n'était qu'un appât. J'ai mordu à l'hameçon. Mon cœur se tord de douleur, mes espoirs partent en fumée. Il continue, voyant que je serre le poing :
« Il faut que tu m'aides, que je donne une preuve que j'ai réussi. Tu comprends, si je ne le fais pas, j'ai ma sœur et ma petite nièce qui sont en danger ... Je ne pouvais pas faire autrement. »
Il commence à geindre, les larmes au bord des yeux. Il me dégoûte. C'est moi qui devrait pleurer. Il vient de me mettre dans une position très désagréable en plus de raviver d'anciennes blessures. Je ferme les yeux, essayant de prendre une décision. Je souffle finalement :
« Qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ?
- Tout ce que j'ai fait, c'est pour me rapprocher de toi, parce que je suis quelqu'un de bizarre. Tu as envie d'en savoir plus, il faut que tu me fréquentes et qu'ils voient que j'ai réussi.
- Il t'aurait suffit de m'aborder dans un couloir et de me dire que tu as envie de devenir ami avec moi. »
Il baisse les yeux. Je n'arrive pas à savoir quelles sont ses réelles intentions. Il bafouille :
« Tu ne m'aurais jamais adressé la parole, tu m'aurais regardé de haut avant de passer ton chemin en riant. J'ai juste cherché à attirer ton attention.
- Mais tu n'as rien sur ma mère ? éructé-je difficilement en ne le contredisant pas.
- Pas vraiment. Mais il y a des chances pour que je puisse en savoir plus. »
Je hoche la tête, incroyablement déçue puis j'ouvre la porte, un peu brutalement et je mets un pied dehors, en lâchant comme pour conclure la conversation :
« Si jamais tu as quelque chose de réellement intéressant pour moi, n'hésite pas. En attendant, je ne vais pas faire d'efforts particuliers pour t'aider. »
Je lui lance un dernier regard, il se mord la lèvre, comme s'il s'en voulait de n'avoir pas réussi à me convaincre. Pas très émue, je claque la porte et commence à marcher, pensive, dans le couloir jusqu'au Hall.
Au milieu de tous les élèves allant prendre leur dîner et des fantômes qui discutaient à grands éclats de leur vie antérieure, j'aperçois Léon qui discute avec son groupe d'ami habituel. Il est temps d'essayer de le raisonner un peu, Minerva m'a bien fait comprendre que je n'avais pas le choix de toute manière. Je m'approche d'eux et je lui tapote l'épaule pour qu'il se tourne vers moi. Je sais que je n'ai pas la tête des bons jours mais il me dévisage longuement avant de me demander ce que je faisais là. Je dis simplement, en fronçant les sourcils :
« McGonagall est venue me voir. Tu ne peux pas être un minimum intelligent de temps en temps et rester Préfet-en-chef ?
- C'est toi qui me dit ça alors que tu ne veux qu'une chose, que je me fasse virer ?
- Mais il y a une différence entre ce que je souhaite et ce qui est juste. Tu as été choisi, pour des raisons que j'ai du mal à comprendre, mais tu l'as été. Maintenant, il faut assumer et prendre ses responsabilités. Demain, on se fait un point sur le Quiz, j'ai avancé de mon côté pour les questions et la logistique.
- Je ... D'accord. »
Il allait encore bafouiller autre chose mais je n'ai pas franchement envie de discuter avec lui. Surtout pas lorsqu'il est entouré de tous ses amis qui me regardent avec hostilité. Je tourne les talons en me dirigeant vers la Grande Salle et mon dîner mais je n'ai pu faire que quelques mètres avant d'être rattrapée par une jolie fille brune avec de grands yeux clairs qui s'est écriée :
« Hé, Weasley, attends !
- Froste ... Tu ne m'appelles pas Weasmoche ? Je pensais pourtant que c'était mon surnom officiel dans votre charmante maison de Serpentard que je respecte fort.
- Tu sais très bien que ce n'est pas mon genre. »
Je lève les yeux au ciel. Je lui accorde un point. Garance Froste a beau être très amie avec Léon et sa bande, elle est toujours respectueuse et ne cherche pas à provoquer. Je la regarde dans les yeux, essayant de deviner ce qu'elle me veut. Elle soupire et dit d'une voix basse :
« Écoute, j'ai vu comment Léon te regardait. Les autres n'ont pas remarqué parce qu'ils sont un peu ... Parce qu'ils ne font pas attention à ce genre de chose mais c'est mon meilleur ami. »
Je hausse un sourcil amusé, ne comprenant pas très bien où elle veut en venir, simplement qu'elle est d'accord avec moi pour dire que ces amis ne sont pas les plus fins de la Terre. Elle poursuit :
« S'il te plaît, évite de le faire souffrir. On ne dirait pas comme ça mais il est assez sensible et fragile, surtout ces derniers temps. Ne sois pas trop méchante avec lui.
- Je ne suis méchante avec personne qui ne le mérite pas, dis-je avec un petit sourire. Bon, je ne sais pas trop ce que tu essayes de me dire mais franchement, ce n'est pas simple pour moi non plus alors qu'il soit là tout le temps, ça m'énerve beaucoup.
- Je m'en doute bien.
- Donc, tu lui diras que s'il arrête de faire n'importe quoi, je me calmerais peut-être. Mais je préfère être honnête, j'ai du mal à voir comment je pourrais l'apprécier un jour. »
Elle soupire en hochant la tête, un peu déçue et elle retourne auprès des siens. Je continue ma marche et en m'asseyant à côté de Léna, je me prends la tête dans les mains. Avec ce que vient de me dire Garance, je trouve que Léon est décidément étrange. Après tout, il m'a bien envoyé une boîte de chocolat. Je ne l'ai jamais remercié ou même, je ne lui en ai pas parlé du tout. Je ne suis pas douée pour ce genre de chose. J'imagine que ce serait bien que nos relations se détendent un peu mais j'ai du mal à faire des efforts. Ma vie me paraît sens dessus dessous en ce moment.
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