Jeudi 10 Octobre
En me regardant dans le miroir ce matin, je ne peux m'empêcher de sourire à mon reflet. Voir Molly heureuse, c'est trop rare depuis quelques temps pour laisser passer l'occasion d'apprécier. Je suis dans un état pas possible depuis hier après-midi, les aveux de Scott, sa promesse, ce baiser. Merlin, ce baiser. Je soupire doucement pour essayer d'ôter ce sourire ridicule qui orne mes lèvres sans arrêt. Roxanne risque de me poser des questions si elle remarque que je suis fébrile à ce point-là. Je jette un coup d'oeil à mon chemisier blanc et à ma jupe noire. En vérifiant qu'il n'y a personne qui risque d'entrer soudainement dans la salle de bain, je déboutonne les deux premiers boutons de mon haut, laissant apparaître quelques centimètres de peau. Ça me fait froncer les sourcils. Je n'avais jamais cherché, avant, à être désirable.
« Molly, mets pas trois heures, je dois me brosser les dents, crie Effie derrière la porte.
- J'ai fini, deux secondes, réponds-je avant de me murmurer pour moi-même, ça suffit Molly, arrête, ça devient ridicule. »
Je remets un bouton rapidement et j'attrape une de mes broches à cheveux. Je déverrouille la porte d'un coup de baguette et coince ma broche dans mes cheveux en faisant attention à ne pas faire de bosse. Effie entre en me dévisageant, l'air surprise. Elle demande, suspicieuse :
« Qu'est-ce que tu fais ?
- Je me coiffe, pourquoi ? C'est si étonnant que ça ?
- Je peux te prêter du rouge à lèvre aussi si tu veux, propose-t-elle innocemment en mettant du dentifrice sur sa brosse à dent.
- Je ne vois pas le rapport, dis-je en essayant de fuir un peu lâchement.
- Tu te fais belle pour Scott, c'est adorable, déclare-t-elle en riant avant de commencer à se brosser les dents.
- Dis que je ne suis jamais belle aussi pendant que tu y es. »
Elle secoue la tête en levant les yeux au ciel mais ne peut pas vraiment me répondre alors je sors de la salle de bain rapidement pour qu'elle évite de faire une autre réflexion. Le pire, c'est qu'elle a sûrement raison, j'ai l'impression de n'avoir jamais passé autant de temps devant un miroir de ma vie. Mais qu'est-ce que devient ma vie ? Je suis en retard sur à peu près tous mes devoirs, j'ai du mal à suivre en cours et je ne peux pas me concentrer pour travailler. J'ai une heure devant moi pour faire un parchemin sur comment différencier et se débarrasser des différentes espèces de Troll. Autrement dit, je ne peux pas perdre plus de temps à penser à Scott. J'ai fait exprès de ne pas le croiser au petit-déjeuner et je reste enfermée dans la salle commune entourée de livres sur les Trolls pour essayer de finir ce devoir. Mais j'ai le sentiment que je ne pourrais jamais y arriver.
« Molly, tu n'as toujours pas fini ce parchemin ? demande Fred en passant à côté de moi. Tu veux mes notes ?
- Non, je veux juste qu'on me laisse tranquille, il ne me reste qu'à aborder les Trolls des Montagnes et les Trolls des Rivières et j'aurais fini, soupiré-je en me crispant encore un peu plus sur ma plume.
- Par les chaussettes de Merlin, je t'ai rarement vu si à la bourre, commente-t-il en s'éloignant pour me laisser tranquille mais je l'entends dire à Roxanne : T'as vu, ça ne lui réussit pas à Molly d'être en couple.
- Ouais, en même temps, elle aurait dû le savoir ... C'est pas elle qui disait qu'elle n'avait pas physiquement le temps de tomber amoureuse ? »
J'entends Roxanne éclater de rire et continuer à discuter joyeusement de moi avec son frère et je fais tout pour ne pas les écouter, ils me distraient trop. Merlin, il est huit heures cinquante, je commence juste ma conclusion, la salle commune se vide de plus en plus. Il y a juste Roxanne, Fred, Evan et Effie qui m'observent. Je pose enfin ma plume en finissant mon ouverture sur l'utilisation des trolls dans la sécurité. Il est huit heures cinquante huit. Je soupire bruyamment. Hilare, Roxanne s'exclame :
« Tu as eu chaud ! Bon, ramène-toi, Molly, il faudrait pas qu'on arrive en retard parce qu'on t'a attendu.
- Vous n'étiez pas obligés de le faire, fais-je remarquer en jetant toutes mes affaires dans mon sac.
- Non, dit Effie avec un sourire. Mais on était beaucoup trop curieux de savoir comment ça se passe avec Scott. »
Elle tape dans ses mains, tant elle est excitée et commence à sautiller partout. Je ferme les yeux en me mordant la lèvre. Non, je ne pourrais pas verbaliser mes émotions devant eux. Pourtant, ils ont tous l'air d'attendre que je dise quelque chose. On marche à toute allure, ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour tout dire, alors je déclare juste timidement :
« Je crois que ça se passe plutôt bien.
- Plutôt bien ? s'écrie Effie. Elle a passé je ne sais pas combien de temps dans la salle de bain à parfaire sa tenue en pensant à lui. Je me trompe, Molly ?
- Non, répondit Roxanne à ma place, elle a même fait sauter un bouton de sa chemise. Merlin, Molly, ne t'en fais pas, avec ou sans chemise, Scot-cot t'aimera toujours je crois. Ce matin, comme tu l'as clairement évité ...
- Il fallait vraiment que je travaille ! la coupé-je d'un ton désespéré.
- Ce matin, il était si triste de ne pas avoir son petit moment privilégié avec toi qu'il a passé son temps à observer sa tartine de marmelade avec un regard mélancolique. »
Je la regarde avec un air de reproche alors qu'elle en profite pour l'imiter en train de fixer une tartine. On ne s'arrête plus jusqu'à ce qu'on arrive enfin devant la salle. Les autres sont déjà entrés, on se faufile sous le regard noir de Madame Ross qui n'avait par chance pas encore commencé son cours. Fred s'assoit à côté de moi avec un sourire amusé en coin. Je soupire en plongeant ma tête dans mon sac pour en sortir mon parchemin sur les Trolls, mon encre et ma plume. Mon cousin me donne un petit coup de coude, il fait un signe de tête en direction de Scott qui se trouve à l'autre bout de la salle, tout devant à côté de Dorian le préfet de Poufsouffle. Il se retourne juste quand je lève la tête. Ça me fait sourire un peu bêtement alors je détourne le regard en posant mon menton dans le creux de ma main pour cacher mes joues rougies. Fred se met à rire en m'observant. Je chuchote en essayant d'enlever ce sourire de mes lèvres :
« S'il te plaît, ne fais pas de commentaire. Je me sens déjà suffisamment ridicule.
- Mais arrête, c'est juste mignon de te voir comme ça. »
Je secoue la tête. C'est infernal. Ça a été les deux heures les plus longues de ma vie, à observer le dos de Scott durant tout le cours pendant que Roxanne, juste devant moi avec Effie, se retournait en faisant des petits cœurs avec les doigts et en pouffant toutes les trois secondes. À la fin du cours, c'est à peine si je ne me précipite pas dehors pour pouvoir respirer de l'air plus vif et calmer mes nerfs. J'ai beau essayer de me remémorer les paroles de la professeur, je ne parviens qu'à me souvenir de l'image de Scott qui tentait de temps en temps de jeter des coups d'oeil discrets dans ma direction. Quand Roxanne passe devant moi, elle me glisse à l'oreille :
« T'as vu, il attend dans la salle pour poser une question juste pour te faire languir un peu plus. Je pense qu'il se venge du petit-déjeuner. Vous êtes a-do-rables. »
Je pense qu'il traîne juste pour que mes amis partent devant et qu'ils nous laissent tranquille. Entre nous, il bien raison, je n'espère plus que ça, qu'ils s'en aillent. Fred prend le bras de sa sœur pour qu'elle arrête de passer la tête par la porte pour espionner Scott. Ils s'en vont enfin, me laissant tranquille, à essayer d'éclaircir mes pensées en attendant le Poufsouffle brun qui fait exprès de prendre son temps. Madame Ross finit par sortir, refermant la porte derrière elle et Scott me rejoint, un petit sourire aux lèvres.
« Tu m'as abandonné ce matin, fait-il remarquer en prenant un air triste et déçu.
- Il fallait vraiment que je travaille, tu me déconcentres trop. »
Son sourire s'étire alors que j'attrape un pan de sa veste pour l'attirer vers moi et l'embrasser. Je ferme les yeux, comblée. Il se détache de mes lèvres en riant légèrement et passe une main dans ses cheveux avant de me demander innocemment :
« Je t'ai manqué ? »
Je plonge mes yeux dans les siens en hochant la tête. Il sourit encore davantage, révélant d'adorables petites fossettes qui me font craquer. Merlin, il faut que je respire. Je regarde ma montre avec tristesse. Pourquoi le temps passer hors des salles de classe s'enfuit plus vite que le reste ? Scott prend ma main et me chuchote à l'oreille :
« On n'a qu'à prendre des petits chemins pour aller en Soins aux Créatures Magiques, le professeur ne remarquera même pas notre léger retard.
- C'est très délictueux, ça. Tu vas finir par devenir un mauvais garçon.
- C'est ton influence, tu penses ? Regarde, dès ce matin tu étais en retard. »
Je souris de toutes mes dents en acceptant d'un signe de tête et il regarde partout autour de lui avant de chuchoter :
« La voie est libre. Pas de regards moqueurs de ta cousine, ni de regards jaloux des autres garçons. »
Je pouffe doucement, essayant d'être discrète alors qu'il m'emmène vers un tableau derrière lequel se cache un passage secret pour arriver au premier étage. Il murmure le mot de passe en me faisant un clin d'oeil et on se retrouve dans un tout petit couloir qui mène au tableau de la sortie. Il y a à peine la place pour deux mais il s'arrête quand même pour m'adosser au mur et m'embrasser tendrement. Je chuchote en me mordant la lèvre :
« Si quelqu'un ouvre la porte, que pensera-t-il ?
- Il sera impressionné par ta beauté, murmure-t-il à mon oreille. Et certainement très amusé par la rougeur de tes joues. »
Il passe ses doigts sur ces dernières dans une caresse d'une infinie douceur qui me fait fondre. Il pose ses lèvres près de mon oreille et je sens son souffle chaud dans mes cheveux. Je ferme les yeux. Il faut vraiment qu'on y aille maintenant sinon je ne suis pas sûre de ressortir un jour d'ici. Je lui prends la main et esquive son prochain baiser en me glissant hors du passage secret. Il me regarde avec les sourcils froncés, l'air boudeur. Je souris avec amusement en haussant les épaules. Il grogne :
« Tu ne te rends pas compte à quel point ça peut être frustrant...
- Allez, on doit aller étudier l'alimentation des Pansedefer Ukrainien.
- Je préfère largement t'étudier toi. »
Il fait des yeux des chiens battus qui me fendent le cœur mais je continue à marcher à toute allure vers le parc. Il me freine un peu, serrant toujours ma main, comme un enfant ralentirait sa mère pressée de l'emmener chez le dentiste. J'aperçois les autres qui sont près l'orée de la forêt interdite. Le professeur n'a pas l'air de remarquer qu'il manque deux de ses élèves. On les rejoint discrètement, nous glissant dans la foule d'élèves. Je reste collée à Scott pour ne pas aller voir Roxanne et subir encore une fois ses commentaires. Elle fronce déjà les sourcils en nous voyant arriver en retard et échange un regard avec Effie, l'air de dire qu'elle en était sûre. Je suis certaine qu'elles sont capables d'avoir parié là-dessus. Je croise le regard de Scott, il fait semblant de paraître vexé mais il a du mal à cacher qu'il est aux anges. De mon côté, je fais tout pour essayer de me concentrer mais mes yeux sont comme attirés par les siens. Il est beaucoup plus intéressant que le professeur qui déblatère des informations sur le régime alimentaire des dragons.
Quand le cours se termine, Scott ramasse ses affaires à toute allure et prend les miennes en plus, il me murmure à l'oreille :
« Viens, je n'ai pas envie de croiser les autres. Je veux être seul avec toi. Suis-moi ! »
Il s'élance en direction du lac et je le talonne, jetant des coups d'oeil derrière nous pour m'assurer que personne ne se lance à notre poursuite. Il pose nos affaires délicatement et se retourne vers moi pour m'observer les prunelles pleines d'envie. Je rougis pour la énième fois de la journée sous son regard. J'ai beau me dire qu'il faudrait que ça cesse, Merlin, je n'en ai strictement aucune envie. Il pose une main sur ma taille et appuie doucement ses lèvres sur mon front. Je ferme les yeux, appréciant ce contact. Il souffle :
« Oh Molly ... Tu m'ensorcelles. Je te jure, je ne vois pas d'autres raisons pour que mes pensées convergent toutes vers toi.
- Et que te disent tes pensées ? gazouillé-je en effleurant son torse du bout des doigts.
- Que je t'aime. »
Il fronce les sourcils alors que je souris malicieusement. Il se penche pour m'embrasser passionnément, je m'accroche à sa chemise alors qu'il me fait reculer jusqu'à m'adosser contre un arbre. Il repousse d'une main de mon visage les mèches qui se sont échappées de ma broche et de l'autre, il frôle mon épaule, mon bras, mes poils se hérissent sur son passage. Je sens ses doigts qui s'approchent de ma taille, mes hanches, mon bassin. Ma respiration se bloque. Il arrête de m'embrasser, ses yeux se noyant dans les miens avec beaucoup plus de sérieux qu'avant.
Je n'arrive pas à formuler quelque chose et de toute manière, je n'ai pas envie de briser ce silence qui signifie bien plus que n'importe quel mot. Ma main tremble un peu alors que, un peu hésitante, je la fais glisser jusqu'à sa taille pour l'étreindre à nouveau. Il met sa main derrière ma tête pour que je puisse me blottir dans le creux de son cou. Maintenant que ses yeux ne peuvent plus voir les miens, je me laisse submerger par l'émotion. Il y a quelque chose de trop fort en moi qui fait que je ne peux m'empêcher d'avoir des larmes qui me montent jusqu'aux paupières, je profite de ces quelques secondes pour les laisser couler avec un sourire vraiment heureux aux lèvres. Il dessine des petits ronds avec le doigt dans mon dos et ça me fait frémir. Merlin, fais que ce moment dure une éternité.
« Mais par tous les mangemorts ! Allez dans une salle vide ou dans votre dortoir mais Merlin, ne vous affichez pas comme ça, c'est dégueulasse ! »
Je hoquette de surprise en me détachant brusquement de Scott. Merlin, je dois être rouge jusqu'aux oreilles, au moins autant que Scott qui foudroie du regard ce curieux individu. Mike Douglas. Pourquoi ça ne m'étonne pas ? Ça faisait bien trop longtemps que je ne l'avais pas eu dans les pattes. J'échange un regard embarrassé avec mon petit ami qui semble se retenir de se mettre en colère, visiblement vexé d'avoir été interrompu. Je finis par lancer un regard noir à Mike qui ne le fait pas fuir pour autant parce qu'il reste là à nous observer en riant. Alors je lui dis d'un ton froid :
« Douglas, espèce de troll-nain des montagnes, tu n'as qu'à pas traîner par là.
- Je traîne où je veux, réplique-t-il un peu outré.
- Et on s'embrasse où on veut alors. Si ça te gêne, tu n'as qu'à aller voir ailleurs. »
Il soupire exagérément fort pour montrer à quel point il était indigné et par instinct de provocation je me tourne vers Scott pour l'embrasser encore un peu. J'entends Mike qui fait semblant de vomir mais ça ne me fait que sourire davantage alors que Scott le surveille du coin de l'oeil. Il finit par soupirer :
« C'est bon, on est à nouveau tranquille.
- Ce n'est qu'une petite vermine, il nous en faudra plus pour nous arrêter. »
Merlin, j'ai rarement passé un aussi bon moment à embrasser quelqu'un. J'ai certes embrassé peu de personnes mais les quelques expériences précédentes que j'avais eu n'avaient rien d'aussi excitantes. On a sauté le repas du midi, comme me l'a fait remarqué Roxanne le soir venu alors que je rêvassais sur le canapé en y repensant. Je n'avais pas fait le lien entre ça et mon ventre qui grognait, ça explique tout. Roxanne a aussi dit que ça me rendait complètement ahurie. Puis elle a arrêté de me parler parce que je ne lui ai pas répondu. Et ce silence m'a d'autant plus plongé dans une sorte de torpeur, j'ai l'impression de sentir son odeur, de le voir quand je ferme les yeux, de l'entendre me chuchoter qu'il m'aime. Merlin, Roxanne a raison, ça devient grave. Je suis amoureuse.
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