C'est la fin de l'été. Le soleil brille toujours aussi fort mais tout montre que c'est la fin d'une période. Les vacances sont terminées. On se remet au boulot, on range ses affaires dans la malle et on retourne à Poudlard. Pour la dernière année. Ça me fait un coup au cœur, j'ai encore tellement de choses à vivre là-bas et d'autres à apprendre, les six dernières années sont passées trop vite et voilà que je suis déjà presque une adulte. Et que Roxanne et Fred aussi. Autant moi je peux être responsable, autant ces deux-là, je ne sais pas comment ils feront plus tard. Je fais un petit sourire amusé en y pensant et continue à plier mes habits pour les mettre dans ma malle.

Cette année, j'ai été nommée Préfète-en-chef, il faut bien que je m'entraîne à montrer ma supériorité aux autres. Cette pensée me fait d'autant plus rire que Roxanne va me détester. Je vais pouvoir donner des heures de retenue à tous ceux qui font un pas de travers et surtout menacer avec de gros yeux noirs les Première année. Papa serait fier de moi.

Soudain, une musique tonitruante se met à rugir dans tout le Terrier. Je fronce les sourcils, Roxanne ou Fred ? J'écoute avec plus d'attention, c'est un vieux tube des Gnomes Bruyants, un groupe qui porte bien son nom. C'est définitivement Roxanne. Je ferme ma malle en soupirant et jette un regard presque ému à ma chambre. Merlin, il faudrait que j'enlève les vieux dessins de Phénix et de Boursouf que j'ai fait avant d'aller à Poudlard. J'entends une voix qui m'appelle au rez-de-chaussée. Au revoir petite chambre. Je descends les escaliers, faisant flotter ma malle derrière moi et je découvre alors Roxanne qui danse avec ma grand-mère Molly sur la musique assourdissante. Je secoue la tête, riant doucement, elles me tueront un jour. Roxanne se tourne vers moi avec un sourire moqueur et me prend la main pour me faire tournoyer. J'éclate de rire quand soudain je vois un petit éclair de lumière sur le torse de ma cousine. Je plisse les yeux. Elle a accroché mon insigne de Préfète-en-chef sur sa poitrine et s'en amuse beaucoup.

« Regarde comme il me va bien, s'écrie-t-elle en commençant à m'imiter en plissant bien sa jupe. Je suis Molly, si fière d'avoir été choisie par la grande et vénérée Minerva. Vous ai-je raconté la dernière fois que je suis allée dans son bureau et qu'elle m'a dit à quel point j'étais une élève modèle et parfaite ? Et alors, elle s'est approchée de moi et ...

– Arrête ça, Roxanne ! m'exclamé-je en levant les yeux au ciel alors qu'elle continue à se dandiner. Tu feras moins la maline quand je te mettrais en retenue.

– Laisse-moi profiter de mes derniers instants de liberté ! » 

Sa voix couvre la musique alors qu'elle m'attrape la main pour continuer à me faire danser. J'essaye de conserver un regard noir mais elle me fait rire. Merlin, je suis faible. Tout d'un coup, la musique s'arrête, je vois les yeux de Roxanne devenir un peu déçus. Je me tourne vers mon père qui a éteint le tourne-disque d'un coup de baguette. Mon père, ce charmant Percy Weasley, directeur du département de la Justice Magique, si sérieux et pourtant qui arbore un sourire amusé en nous voyant nous arrêter de danser.

« Bon, les filles, où sont tous les autres ? Il ne faut pas qu'on traîne si vous ne voulez pas rater le Poudlard Express.

– Roxy, intervient Fred en entrant dans la pièce avec sa propre malle. Rends son badge à Molly ou elle va criser.»

Je foudroie mon cousin du regard et sa jumelle enlève, en levant les yeux au ciel, mon insigne pour me l'accrocher sur ma chemise. Georges, leur père, qui était entré en portant le balai que Roxanne avait oublié dans sa chambre, regarde la scène avec un peu d'émotion et je le vois échanger un regard complice avec mon père. Ils sourient et ma grand-mère revient de la cuisine avec un grand sac rempli de sucreries. Elle me les tend et dépose un baiser sur mon front en se mettant sur la pointe des pieds.

« Restez comme vous êtes, les filles. Et Molly, n'écoute pas Fred, tu peux être fière de toi.

– D'accord, donc Molly reste toujours la préférée ! »

Roxanne s'exclame, à côté de moi, en se donnant un air offusqué. Molly senior la regarde avec un sourire et fait de même avec elle.

« Non, Roxanne. Je suis très fière de toi aussi, tu es une excellente joueuse de Quidditch et tu vas faire des merveilles comme capitaine.

– Je préfère ça, répond-elle avec un sourire amusé avant d'enlacer notre Grand-mère avec tendresse. Je t'aime aussi beaucoup. »

Lucy, ma petite sœur arrive enfin avec sa valise, elle a l'impression d'avoir raté quelque chose, je me dirige vers elle pour lui ébouriffer les cheveux :

« Tu as failli être en retard, Lulu !

– Allez les jeunes, maintenant, on y va, déclare Percy pendant qu'Angelina et Georges embrassent leurs enfants. Harry m'a dit qu'il y serait assez tôt et Hermione n'est jamais en retard.

– Avec Ron, ils seront en retard, ajoute Georges avec malice.

– Certes, mais ce n'est pas une raison pour les imiter ! Vous avez toutes vos affaires ? »

J'ai fait un dernier câlin à ma grand-mère et la bise à Georges et Angelina. On monte tous dans la voiture de Papa, moi devant et Lucy entre Fred et Roxanne, qui lui font des chatouilles. Ce sont de vrais enfants. On arrive à la gare en avance, ce qui n'est pas très étonnant, mon père à cette étrange habitude d'être toujours inquiet et ponctuel. En un éclair, on passe tous la barrière voie neuf trois-quart et Lucy est la première à apercevoir James, Albus et Lily qui nous attendent avec impatience sur le quai. Elle se jette dans les bras de James comme si ça faisait longtemps qu'on ne les avait pas vu. Ils ont mangé au Terrier la veille. J'embrasse Harry et Ginny qui ont l'air encore une fois d'être émus de voir leurs enfants partir. Lily tire sur ma jupe, elle me dit d'une voix adorable:

« Victoire et Ted sont là-bas, regarde. »

Je jette un coup d'œil en direction ce qu'elle montre du doigt, en effet, Victoire, ma blonde cousine, est en train de dire au revoir à Ted. Je les ai toujours trouvé mignons. Victoire n'étudie plus à Poudlard mais cette année, elle a été engagée comme assistante du professeur d'Etude des Moldus. Elle adore tout ce qui est moldu, elle tient sûrement ça de notre Grand-père, Arthur Weasley. Il est à Sainte-Mangouste en ce moment, son état est plutôt inquiétant mais les médicomages ont l'air confiants. Il a eu la dragoncelle au début de l'été et vu son âge, il aurait pu y succomber. Mamie en aurait été détruite mais heureusement qu'elle n'habite pas seule. Il y a quelques années, nous nous sommes installés au Terrier, qui avait été totalement réaménagé et agrandi pour permettre à tout le monde d'y entrer. On aurait pu vivre ailleurs mais je crois que nous sommes une famille tellement unie qu'il était très agréable de nous retrouver dans un lieu commun. Et puis Papa ne supportait plus très bien la solitude une fois que nous n'étions plus à la maison pendant l'année avec Lucy.

Louis, accompagné de Bill et Fleur, puis Ron, Hermione et leurs enfants, Rose et Hugo, nous rejoignent au fur et à mesure. Dominique est la seule absente du tableau, la sœur de Victoire et Louis est installée en France depuis l'an dernier avec sa copine Adèle. Nous étions allés les voir cet été après avoir passé pas mal de temps à la mer, sur la côté Atlantique. James tape dans la main de Louis et tapote sur la tête de Rose qui grimace et enfin, il s'exclame à l'intention de la flopée de cousin :

« Prêts pour une nouvelle année ? Est-ce que vous serez prêts à supporter Victoire en prof ?

– Ne commence pas James, dit-elle en apparaissant derrière lui et le faisant sursauter. Sinon je me verrais obliger de te retirer des points.

– Tu ne le ferais pas, affirme-t-il en lui jetant un coup d'œil suspicieux.

– Oh que si, et Molly te mettra en retenue, n'est-ce pas ? me fait-elle avec un sourire.

– Bien sûr ! ai-je confirmé en essayant de ne pas rire. Il va falloir que tu sois sage cette année. »

James soupire, faisant rire sa mère qui nous pousse vers le train en nous disant :

« Montez ou il partira sans vous ! »

Je prends mon père dans les bras avant de saluer tout le monde de la main et je grimpe dans le train. Je laisse les autres choisir leur compartiment et pars à la recherche de celui réservé aux préfets. Je croise tout à fait par hasard mon homologue et je ne peux pas m'empêcher de grimacer :

« Merlin, pas toi ! »

Je refoule des larmes de désespoir alors que cet idiot de Léon Wilkes me fait un sourire amusé. Je lève les yeux au ciel en le poussant pour pouvoir entrer dans le compartiment. Il s'assoit en face de moi ce qui me permet de le dévisager avec mon regard le plus noir. Il a la même insigne que moi accroché à son pull et continue à rire de ma réaction. Rira bien qui rira le dernier. Minerva a vraiment fait n'importe quoi sur ce coup-là, je vénère notre chère directrice mais elle commence peut-être à perdre la tête. Léon est un élève de Serpentard que je n'ai jamais rien vu faire de bien. Il a martyrisé des Première année, a mis la tête d'un élève de Poufsouffle dans les toilettes et il me semble bien qu'il a aussi participé à cette sombre histoire de trafic il y a quelques années. Je soupire, me désintéressant de lui en voyant entrer la nouvelle préfète de Gryffondor. Elle me fait un doux sourire en s'asseyant à côté de moi. Elle s'appelle Jeanne Cannelle, elle a un an de moins que moi et est amie avec James, il me semble. Mais elle a le mérite d'être sérieuse et enthousiaste.

« Voilà au moins quelqu'un qui a été bien choisie, lui dis-je en jetant un nouveau regard foudroyant à Léon.

– Je ne sais pas si ce sera simple de passer après toi, répond-elle en rougissant légèrement.

– Ne t'inquiète pas, tout se passera bien. De toute façon, Evan est toujours préfet, il pourra t'aiguiller sans problème. »

Evan Jordan est le fils de Lee Jordan et Katie Bell. C'est également le petit-ami de Roxanne depuis quelques années. Il passe d'ailleurs la tête par la porte et regarde aussi Léon avec étonnement mais ne s'en formalise pas et s'assoit à mon autre côté.

« On parlait justement de toi, lui annoncé-je en souriant. Tu as passé de bonnes vacances ? »

Il allait me répondre mais a été interrompu par l'arrivée de plusieurs autres préfets qui s'installaient. Je regarde Aurélie Brooks, la préfète de Serdaigle, s'installer près de sa meilleure amie Jeanne, les préfets de Poufsouffle nous saluer et cette Merlin de blague me regarder avec un sourire et s'asseoir à côté de l'autre foutue blague. J'ai envie d'ouvrir la fenêtre et de sauter. Lysander Scamander est le nouveau préfet de Serdaigle. Je vais pleurer. Evan lui sourit et me tapote l'épaule. Comment McGonagall a-t-elle pu faire ça ? Elle aurait dû me demander des conseils, je lui aurais dit que c'était une mauvaise idée et que ça se passerait mal. Je le sais d'avance, pas besoin de troisième œil pour ça. Lysander est le fils de Luna Lovegood et le frère jumeau d'un de mes meilleurs amis Lorcan, si je peux toujours le considérer comme tel. Mais Lysander a mal tourné au fur et à mesure des années.

Je dévisage, furieuse, Léon et Lysander qui commencent à papoter. Ce sont vraiment les deux pires. Comment est-ce possible ?

Le train démarre et le trajet se passe sans encombre puisqu'en vérité, le début se déroule dans une ambiance glaciale où seul Dorian, le préfet de Poufsouffle a tenté de faire la conversation. Puis, dès qu'on a pu sortir de cet endroit étouffant, je me suis éclipsée, essayant de trouver une occupation et d'embarquer Evan avec moi mais il soupire. Il veut voir Roxanne. Sérieusement, il va devoir la supporter toute l'année, il peut bien m'aider à vivre ce moment difficile, non ? C'est vraiment pas un bon pote. J'ai tout de même arrêté une bagarre entre deux élèves  de troisième année, sauvé une première année des larmes déchirantes de la solitude en l'accompagnant vers un compartiment où elle trouvera certainement l'amitié et la bienveillance. Mais, comme Evan m'a lâchée, je me suis retrouvée seule, à errer dans le couloir du train. Bonne rentrée Molly ! 

Vaincue, je suis rentrée dans mon compartiment initial et j'ai vu Léon et Lysander qui jouaient à la bataille explosive, incapables dès les premières minutes d'assumer leur rôle. J'ai réellement hésité à faire demi-tour mais j'aurais pris ça comme un échec alors je me suis assise en face d'eux, parce que je ne suis pas faible.

« Alors, tes vacances, Molly, c'était cool ? »

Merlin, qui me parle ? Je me suis plongée dans mon livre et diantre, la métamorphose, c'est passionnant. Lysander a passé sa main entre mon livre et mon regard, j'ai cru que j'allais le frapper mais je me suis retenue, même si sa tête avec son insupportable sourire m'en donne fichtrement envie.

« C'est ton rêve qui se réalise avec le poste que tu voulais tant. Haute comme trois pommes elle disait déjà qu'elle voulait être préfète-en-chef, dit-il à l'intention du Serpentard.

– Tu sais, Scamander, tu n'es vraiment pas obligé de m'adresser la parole.

– Mais je le fais quand même parce que je t'aime bien.

– Pas moi. »

Je lui lance un regard noir et je me remets à lire comme si de rien n'était. Il ricane et continue son jeu débile avec son copain débile.

Quand le train s'arrête, ma vie semble recommencer. Je respire l'air frais de la libération. Et le festin à l'intérieur nous attend, je retrouve Roxanne, Evan, ce traître, Fred et les autres. Je retrouve même Effie, Johanna et Léna, mes amies de dortoir avec qui je discute pendant un bon moment. Quand McGonagall prend la parole pour commencer la répartition, je ne peux pas m'empêcher d'avoir un petit sourire ému. C'est la dernière fois que je verrais ces idiots attendrissants se faire poser un vieux chapeau sur la tête. Avec toute la tablée, on a l'habitude de faire des paris sur les futures maisons des nouveaux. Je me révèle plutôt douée.

« Eliott Claybrook. »

C'est le petit frère d'un Gryffondor de notre année, Victor, qui est du genre discret et de Tristan, le grand amour secret de Lucy, ma petite sœur. Elle regarde le petit nouveau avec des étincelles dans les yeux. Est-ce que cette année elle lui avouera enfin son amour ? J'en doute, elle se complaît dans les rougissements et les commentaires quand il passe. Enfin bref, le petit Eliott rejoint sa fratrie à Gryffondor sous nos applaudissements.

« Mike Douglas. »

Un petit blond, l'air trop sur de lui, un air arrogant, idiot. Serpentard sans aucun doute, presque tout le monde est d'accord avec moi, sauf Hugo qui le voit à Gryffondor.

« Serpentard. »

Je n'aurais pas accepté qu'il fasse partie de la maison de toute façon, sa tête ne m'inspire pas. Les autres se suivent, se ressemblent un peu de loin et quand enfin Buster Winkle s'en va vers Serdaigle, c'est un nouveau monde qui s'ouvre à nous. Celui des festins et de la nourriture. Les plats se remplissent tous en même temps, promettant par leurs effluves alléchantes d'être une nouvelle fois digne de ce nom. Minerva, voyant que nous ne sommes que des enfants affamés, nous souhaite un bon appétit et je me jette sur les plats pour remplir mon assiette.

Une fois le repas englouti et mon ventre rempli, il est temps de ramener tout le monde à la salle commune. En temps que Préfète-en-chef, je dois guider les pas de tous les nouveaux. J'aime me plaindre et dire qu'ils sont idiots, je le pense de temps en temps, mais ils sont quand même mignons parfois. Quand ils ne posent pas des questions inutiles toutes les trois secondes et que je ne suis pas obligée de tout répéter à chaque petite tête idiote. Je n'étais pas comme ça à leur âge, je savais écouter et j'avais déjà lu l'Histoire de Poudlard sous les conseils avisés de ma tante Hermione.

Mais tout s'arrange quand ils ont enfin compris que la porte des toilettes n'était pas celle de leur dortoir. Merci Merlin. J'ai pu retrouver mon propre dortoir où se trouvait déjà Roxanne et Effie qui discutaient vacances, et Léna et Johanna qui rangeaient leurs affaires. J'ai failli leur sauter dessus, crier et danser pour libérer le bonheur de retrouver mes amies, Poudlard et Minerva McGonagall. Ce qu'on a fini par faire quand même trois minutes plus tard. Rien de tel que nous défouler un peu avant d'affronter ce qui nous attend cette année. Je finis allongée sur Roxanne, n'en pouvant plus de rire et avec un sacré mal de ventre.

Je vais bien dormir ce soir, de retour à la maison.