Dimanche 17 Novembre

Je me réveille en sursaut, le cœur battant a mille à l'heure. Je mets bien quelques secondes à me rappeler où je me trouve. L'Infirmerie. Il y a eu du bruit derrière les rideaux. Merlin. Toute la nuit me repasse devant les yeux. Léon. J'ai dormi avec Léon. Je me tourne lentement vers lui qui dort encore profondément. Un sourire me vient aux lèvres. Est-ce que j'ai vraiment passé la nuit si près de lui ? Je me sens soudain très gênée. Je repousse la couverture et je me glisse hors du lit. Personne ne doit me voir là. Personne ne doit savoir ce qu'il s'est passé. Ça me brise le cœur. J'ai envie d'exprimer mes émotions, d'aller réveiller tout le château pour leur dire que, pour une fois dans ma vie, j'ai eu quelques instants de bonheur et que je les dois à Léon Wilkes. Mais il vaut mieux éviter.

A la place, je range les restes des bouteilles de bièraubeurre et j'efface les preuves de mon passage en mangeant un petit gâteau. Je ne peux pas rester. Il est encore très tôt mais l'Infirmière est levée et je dois absolument sortir d'ici avec quelqu'un. Sinon, l'Auror risquerait de trouver cela suspect, une porte qui s'ouvre toute seule. Avant de me mettre sous la cape d'invisibilité de James, je laisse mon regard s'attarder sur Léon. Je ne peux pas le quitter et partir comme une voleuse mais je n'arrive pas à me résoudre à le réveiller. Il doit se reposer.

Je finis par sortir un petit bout de parchemin de ma poche et une plume de mon sac. J'hésite un instant avant d'inscrire soigneusement : « T'es beau quand tu dors. » Je pense que ça lui fera plaisir de le savoir. Je plie le morceau de papier et je m'approche de son lit. Il a une main accrochée à la couverture. Doucement, je glisse le parchemin entre ses doigts pour qu'il le trouve à son réveil. Penchée au dessus de lui, je ne résiste pas à déposer un léger baiser sur ses lèvres.

« A bientôt, Léon. »

Mon murmure ne le fait pas bouger d'un poil. Ça m'arrache un sourire un peu triste. Cachée sous la cape, je me faufile de l'autre côté du rideau. Madame Ewer est en train de préparer une mixture dans un coin. J'attends sans un bruit, en ne respirant qu'à peine. Le stress efface la fatigue. L'Infirmière essuie ses mains sur une petite serviette et regarde sa montre. Elle soupire et s'avance sans un bruit vers la porte. Je la suis en faisant attention au moindre de mes mouvements. Elle ouvre la porte et la garde ouverte quelques secondes, comme si elle se demandait si elle n'avait rien oublié. 

L'Auror devant la porte semble s'ennuyer profondément. Il la salue mais elle ne lui adresse qu'un petit geste de la tête. J'en profite pour sortir en même temps qu'elle et je passe devant l'Auror en retenant ma respiration. Il fixe l'Infirmière qui se dirige vers les escaliers les plus proches. Je préfère marcher lentement sous ma cape jusqu'à un couloir totalement vide. Là, je me permets de la retirer et de la cacher avec soin dans mon sac. Je monte en vitesse vers la salle commune de Gryffondor et surtout vers mon dortoir et mon lit.

Quelques minutes plus tard, je m'y effondre, les yeux fermés et un sourire tendre sur les lèvres. Oh Merlin, tout s'est bien passé. J'ai vu Léon, j'ai parlé avec lui, on s'est embrassé. Je n'en reviens pas. Il faudra faire très attention pour la suite, ne rien laisser paraître, donner l'impression que rien n'a changé entre nous. Même si ça sera difficile, au moins, on aura vécu ça. Je passe mes doigts sur mes lèvres. J'ai l'impression de sentir encore les siennes dessus. Je glousse bêtement. Tiraillée entre la joie et colère qu'on veuille nous séparer avant même qu'on soit ensemble.

Roxanne me trouve toute habillée sur mon lit à peine défait, sommeillant avec un sourire aux lèvres. Elle me regarde avec des yeux suspicieux. Effie passe aussi la tête à travers mon rideau et émet un petit ricanement. Je reçois un oreiller en pleine tête.

« On peut savoir où tu as passé la nuit ? demande Roxanne, les poings sur les hanches. Et pourquoi tu as des bouteilles de bièraubeurre dans ton sac ? »

Je relève la tête, incapable de me défaire de ce foutu sourire. Puis en voyant son air mécontent, j'attrape l'oreiller pour enfouir ma tête dedans. J'ai très peu dormi. Je ne vais pas m'en plaindre mais si elle décide de me sortir les vers du nez maintenant, je ne suis pas sûre d'avoir la force de tenir. Je me mords la lèvre pour résister à la tentation. Il va falloir mentir. Je ne suis plus à ça près. Repoussant le coussin, je me redresse et explique :

« J'ai passé la nuit avec Eugénie. Après le tour de garde, on a trouvé que c'était une bonne idée de passer par les cuisines... On y est resté un peu plus longtemps que prévu, c'est tout. »

Roxanne n'a pas l'air convaincue. Elle me scrute du regard. J'ai soudain peur qu'elle sente une autre odeur que la mienne sur moi et qu'elle me grille. Mais elle ne pousse pas la traque jusque là. Elle soupire.

« Tu aurais pu prévenir. On s'est inquiété de ne pas te voir revenir. Avec tout ce qu'il se passe en ce moment dans le château, on a eu peur pour toi.

– Je suis désolée. Je ne voulais pas vous inquiéter. Tout va bien. »

Je ne peux pas m'empêcher de sourire encore un peu. Roxanne hoche la tête, un peu contrariée mais elle n'ajoute rien et je peux me replonger un instant dans cet oreiller si moelleux. Moelleux comme le corps de Léon contre lequel j'ai dormi cette nuit ? Je laisse échapper un nouveau gloussement. Non, il n'est pas si moelleux que ça. J'ai pu sentir quelques muscles. Roxanne me jette un coup d'œil sceptique mais ne fait pas plus de commentaire.

Je rate le petit-déjeuner mais ce n'est pas grave, je n'ai pas très faim. Après avoir pris une douche pour me réveiller un peu et arrêter de ricaner toute seule, je me précipite à la Bibliothèque. Je sais que je pourrais y retrouver Eugénie et il faut absolument que je lui dise d'accorder sa version de la nuit avec la mienne. Elle est assise à une table avec les Scamander et Coralie. Merlin. Bon, ce n'est pas grave, je me dirige vers eux avec un petit sourire.

« Salut les amis ! Alors, ça travaille dur ?

– Plus que toi, lance Lysander en plissant des yeux.

– Eugénie, dis-je en ignorant le Scamander, est-ce que tu as encore le livre d'Histoire de la Magie dont tu me parlais cette nuit ? »

Elle a une seconde de réaction et secoue la tête.

« Non, je l'ai déjà rendu. Mais je sais où il se trouve. Viens, je vais te montrer. »

Je la suis vers des rayons éloignés alors que Lysander nous regarde de travers. Je ne doute pas que Roxanne a dû partager ses inquiétudes et prévenu tout le monde. Eugénie a l'air confiante et elle m'entraîne vers l'étagère d'Histoire, loin des oreilles indiscrètes. Elle prend un livre un peu au hasard, me le tend, puis chuchote :

« J'ai dit à tout le monde que tu avais passé la nuit avec moi après le tour de garde.

– Parfait, soufflé-je, soulagée. C'est ce que j'ai dit aussi à Roxanne ce matin. On a discuté longtemps dans les cuisines.

– Dans les cuisines, d'accord, approuve-t-elle. Et, rassure-toi, Coralie dort comme un bébé, elle n'a aucune idée de l'heure à laquelle je suis rentrée au dortoir. »

Je la remercie avec un petit sourire. Tout va bien. Eugénie ne va pas me trahir.

« Tu n'as pas eu de problème avec l'Auror ? demandé-je, préoccupée.

– Aucun. Je l'ai embrouillé, il n'y a vu que du feu. Il était prêt à m'escorter jusqu'à ma salle commune mais je lui ai dit qu'il devait rester à son poste parce qu'on ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Il m'a laissé repartir sans problème.

– Tant mieux, fais-je avec un petit rire. Merci beaucoup.

– Alors, ça s'est bien passé à l'intérieur ? m'interroge-t-elle avec un sourire amusé.

– Je dirais que oui, avoué-je en rougissant légèrement.

– Dis donc, Molly Weasley ... J'ai très envie de te demander de développer un peu ton propos mais j'ai compris qu'il ne valait mieux pas trop en parler.

– Car ça n'a pas eu lieu, approuvé-je en hochant la tête. On était dans les cuisines, ensemble.

– Bien sûr. »

Elle m'adresse un petit clin d'œil et attrape un livre d'Histoire pour elle aussi. On retourne à la table où je pose mes affaires. Lysander me regarde toujours de travers. Je lève les yeux au ciel.

« Quel est le problème, Lysander ?

– Tu es contente. C'est suspect. »

Je soupire en gardant un petit sourire alors que son frère à côté de lui secoue la tête, fatigué.

« Tu veux pas plutôt travailler au lieu de l'embêter, Lysander ? s'agace Lorcan qui était tout à sa traduction d'étude des runes.

– Avoue que l'on a pas vu Molly avec un sourire pendant aussi longtemps depuis ... Eh bien depuis un sacré bout de temps. Ça fait combien de temps que tu n'es plus avec ...

– Je n'ai pas le droit d'être de bonne humeur ? le coupé-je en fronçant les sourcils avant qu'il n'aille plus loin.

– Je m'interroge juste sur les causes de ce soudain bonheur. Est-ce d'avoir passé la nuit avec Eugénie qui te fait cet effet là ?

– Molly, commence mon amie en question, on devrait lui dire ce qu'on a vraiment fait cette nuit. Sinon, il va fantasmer et ça n'est pas bon pour sa santé. »

J'esquisse un nouveau sourire en rapprochant doucement ma main de celle d'Eugénie qui affiche un rictus amusé.

« D'accord, Lysander. Je vais te dire la vérité. J'ai passé la nuit à boire des bièraubeurres avec Eugénie et on a ensuite dormi dans les bras l'une de l'autre. De quoi rendre heureux n'importe qui, n'est-ce pas ? »

Eugénie lance un regard de défi à Lysander qui plisse des yeux, cherchant à déceler une potentielle ironie. Puis on retourne à nos devoirs respectifs sous les yeux suspicieux du Scamander. Je ne m'arrête pas pour autant de sourire. Tout me ramène à cette nuit. J'entends la voix de Léon au creux de mon oreille. Je frissonne à nouveau sous ses caresses légères sur ma main. Son image est imprimée sur ma rétine. Dès que je ferme les yeux, je vois ses cheveux noirs et ses yeux gris. Combien de temps vais-je mettre avant de tomber de mon petit nuage ?

Après quelques longues minutes à essayer de poser ma plume sur mon parchemin sans être déconcentrée par l'omniprésence de Wilkes dans mon esprit, mon regard s'accroche à un des Aurors. Je lève la tête de mon devoir pour observer discrètement. Il a tout l'air de parlementer avec la Bibliothécaire, peut-être bien pour avoir accès à la réserve, comme Mike le supposait. Je n'aime pas ça.

A côté de moi, Coralie remarque aussi l'Auror. Elle croise mon regard et soupire.

« Qu'est-ce qu'il fait là ? Je ne pense pas que les livres soient le danger principal à Poudlard en moment, commente-t-elle.

– Comme s'ils se préoccupaient de protéger les élèves des dangers, ajouté-je dans un murmure.

– En même temps, il y a moins de problème depuis qu'ils sont là, non ? demande Lorcan en haussant un sourcil.

– Et Léon est tombé tout seul de son balai, peut-être ? »

Lysander affiche un petit sourire en plissant ses yeux rivés sur moi. Lorcan semble un peu étonné et se tourne pour observer l'Auror. Mais son frère a été témoin comme moi de comportements étranges des Aurors le jour du match. Je reste persuadée qu'ils sont mêlés à tout ce qui ne va pas.

Soudain, comme sur un coup de tête, Coralie ferme son livre et se lève. Elle part en direction de la Bibliothécaire sans dire un mot et attend sagement son tour derrière l'Auror qui ne paraît pas tout à fait ravi d'être ici.

« Mais qu'est-ce qu'elle fait ? souffle Lorcan en se rongeant nerveusement les ongles.

– On devrait le savoir bientôt. »

Eugénie regarde son amie de Serdaigle avec un petit sourire et reprend ses lectures. L'Auror finit par rebrousser chemin et sort de la Bibliothèque sans un regard pour la jeune élève de Serdaigle qui patientait derrière lui pour demander un conseil à la Bibliothécaire. Coralie revient quelques minutes plus tard avec un sourire angélique. Lorcan lui adresse un regard sombre.

« Tu n'aurais pas dû ... Tu imagines s'il t'avait remarqué ?

– Je n'ai rien fait de mal, soupire Coralie. Je me suis juste dit qu'on voulait tous savoir ce qu'il faisait là et qu'il valait peut-être mieux être au courant.

– Et alors ? demande Lysander en empêchant son frère de protester davantage.

– Il voulait un accès aux Archives de la réserve mais la Bibliothécaire a refusé puisqu'il n'avait pas l'autorisation de McGonagall.

– Mais qu'est-ce qu'il peut vouloir faire avec des Archives ? Y a quoi dedans ? Des relevés de notes d'anciens élèves ? s'interroge Eugénie.

– Molly, c'est pas ce que tu as dû trier pendant des jours ? »

Lysander me regarde avec l'espoir que je lui donne une réponse mais je ne peux pas m'empêcher de sentir une résistance s'opérer en moi. Mes amis se posent tous des questions sur les Aurors. Je pourrais leur apporter des réponses mais c'est comme si quelque chose me retenait. Je finis par simplement dire :

« Si, j'ai tout trié mais je ne vois pas ce qui pourrait les intéresser. Ce ne sont que de vieux dossiers. Ils devraient plutôt se pencher sur les personnes qui sont encore à Poudlard. »

Mais l'idée germe en moi. Est-ce qu'ils veulent juste consulter les Archives pour leur enquête sur les agressions ? Pourraient-ils avoir une autre mission pour le compte des Salvateurs ? Quoi qu'ils veulent, ils ne doivent pas l'obtenir.

Coralie me regarde attentivement et hoche la tête. Elle dit d'une voix posée :

« C'est comme si le Ministère cherchait à surveiller Poudlard de l'intérieur tout en prétextant assurer la sécurité des élèves. »

Ses paroles m'arrachent un petit hoquet de surprise. Derrière son apparente tranquillité et son air gentil, Coralie se révèle être une vraie observatrice. Lorcan semble mal à l'aise derrière ses sourcils froncés :

« Vous pensez vraiment que le Ministère veut mettre la main sur Poudlard ? Mais enfin, personne ne laisserait ça se faire. C'est arrivé par le passé et on a bien vu ce que ça avait donné ...

– Tu crois vraiment que les gens retiennent les leçons du passé ? demandé-je d'un ton sombre.

– C'est totalement différent, proteste-t-il. Il y avait cette folle d'Ombrage, Voldemort et les Mangemorts ! Là, les Aurors ne sont là que parce qu'il y a eu des agressions ... »

Je hausse les épaules. Il préfère ne pas y croire mais je sais qu'il y a quelque chose de plus profond que ça, peut-être même de bien plus ancien. Ce ne sont pas juste des agressions. Il ne faut pas être dupe. On nous montre que ce qu'ils veulent bien nous montrer.

Je range mes affaires dans mon sac. Je suis incapable de travailler de toute manière et je n'ai pas envie de me disputer avec Lorcan. Tout ça a réussi à faire retomber l'euphorie de ma nuit. C'est peut-être pas un mal. Je ne peux pas me permettre d'être trop distraite. Je salue la table des Serdaigle alors que Coralie tentait d'expliquer à son petit ami pourquoi elle a l'impression que les Aurors sont suspects. Lysander me rattrape à la sortie de la Bibliothèque.

« Hé, Molly. Ça va ?

– Comme tu le vois, ma bonne humeur est partie. Ça devrait te rassurer. »

Il secoue la tête et suit comme il peut mon pas vif à travers les couloirs du château.

« Je suis désolé, fait-il. Je voulais juste te taquiner un peu, tout à l'heure.

– C'est de bonne guerre, Scamander, soupiré-je.

– Et Lorcan est trop concentré sur les cours en ce moment. Il ne se rend pas compte de tout ce qu'il se passe en dehors. »

J'esquisse un sourire en hochant la tête. Lorcan aveugle et maladroit, ce n'est pas une première non plus. Son frère, les mains dans les poches, déclare tranquillement :

« T'as plus d'infos que nous sur les Aurors. Avoue-le. »

Je tourne des yeux surpris vers lui.

« Quand Léon est tombé en plein match, tu n'as pas hésité longtemps avant de poursuivre les Aurors. C'est bien que tu avais des doutes sur eux avant, non ? »

Je me gratte le nez un instant, sans trop savoir quoi répondre. Je préfère Lysander quand il est idiot, ça m'empêcherait de me retrouver dans ce genre de situation. Bien sûr qu'il a raison. Je prends une grande inspiration avant de laisser échapper :

« Je suis persuadée qu'ils ne sont pas du bon côté.

– Menaçant, dangereux et avec des yeux partout, frisonne-t-il. Pire que des Acromentules !

– Et ça tisse une toile, doucement, tout autour de nous. »

Lysander grimace. Mais il sait que l'analogie n'est pas si absurde que ça. La toile se tisse, le piège se tend et la peur nous prend. Est-ce que ça va s'arrêter un jour ?

Soudain, un Première année apparaît et se met à sautiller devant mes yeux.

« Douglas, constaté-je avec lassitude.

– Tu avais promis de m'aider en métamorphose. »

Il m'adresse un grand sourire comme s'il avait hâte de passer un moment privilégié avec moi. Je suis touchée mais je ne peux pas m'empêcher d'afficher un sourire mesquin. Lysander émet un petit rire :

« Depuis quand tu aides les Première année, Molly Weasley ? T'as vraiment changé.

– Il paraît que mes méthodes étaient inhumaines alors j'ai pensé qu'il valait peut-être mieux éduquer que punir.

– C'est tout à ton honneur. »

Les yeux de Lysander passent de Mike à moi avec scepticisme et il finit par nous laisser. Je propose à Mike d'emprunter une salle vide pour être tranquille pour ce petit cours particulier. Il sort de son sac son livre de métamorphose qui pèse sûrement plus que lui et le pose sur une table en soupirant. Je le regarde avec amusement. Il soupire et le regarde avec une once de désespoir. Je m'assois sur une table, faisant tourner ma baguette entre mes doigts.

« Alors Douglas, dis-moi ce qui te pose problème.

– Tout, avoue-t-il d'une petite voix. J'arrive pas à voir comment quelque chose peut changer du tout au tout. Et transformer un animal en objet, c'est terrible, non ? L'animal est vivant quand même. »

Je lui adresse un sourire attendri.

« La métamorphose n'est pas irréversible, surtout à ton niveau. Ne t'inquiète pas pour l'animal que tu transformes, il reprendra rapidement sa forme initiale. Il faut considérer la métamorphose comme un simple changement d'état. Imagine un sablier. Il a son état d'origine et quand tu le fais tourner, il change d'état. Le temps que dure l'écoulement du sable, il est différent. Mais lorsque tout les grains sont tombés, il a repris son apparence originelle. La métamorphose est la même chose. Tu transformes un scarabée en bouton. Ça dure un temps et le bouton se transforme à nouveau en scarabée. »

Il hoche la tête. Je n'ai jamais vu un élève de Première année aussi concentré. Ça me fait sourire.

« Tu as raison sur un point, la métamorphose est complexe et dangereuse. Mais on peut toujours essayer de changer quelque chose, ce n'est pas pour autant que ça disparaît complètement. Il existe toujours une trace de l'objet d'origine sur quelque chose de métamorphosé. Donc ne t'inquiète pas pour les animaux que tu vas devoir transformer, le Professeur Bloom n'est pas un terrible braconnier. Il leur rendra leur forme.

– D'accord.

– Maintenant que tu as compris ça. On va voir où tu en es. Qu'est-ce que vous avez vu dernièrement ?

– On a commencé le scarabée en bouton et on va bientôt passer à l'oiseau en verre. »

Patiemment, je lui explique la méthode de la métamorphose. C'est tout le temps la même chose. Il faut se concentrer, visualiser le premier objet dans tous les détails, se projeter dans ce en quoi on veut le transformer, bien prononcer la formule et faire les bons gestes.

« Tout est une question de concentration, Mike. Tu vas y arriver.

– J'ai juste une question avant, dit-il avec une petite moue désolée. Sinon, je ne vais pas réussir à me concentrer.

– Vas-y, soupiré-je en croisant les bras.

– Tu vas sortir avec Léon ? »

Je ne peux pas retenir un petit rire de surprise.

« Je ne crois pas que ça te regarde, Douglas. Concentre-toi plutôt sur la métamorphose !

– Ce n'est donc pas un non définitif, fait-il remarquer de son air malin.

– Ce ne sont pas tes affaires. Pourquoi tu me demandes ça ?

– Je ne sais pas. Vous allez bien ensemble, annonce-t-il innocemment en me faisait légèrement rougir. Mais je demanderai à Léon plutôt, lui il sera peut-être plus honnête. »

Il hausse les épaules, un sourire étiré sur les lèvres. Je fronce les sourcils. Est-il en train de m'encourager à sortir avec Wilkes ? Mais quelle mouche le pique ? Qu'il se mette plutôt à s'exercer vraiment à la Métamorphose. Sinon je vais encore me mettre à trop penser à Léon, à cette nuit, à son sourire et n'est-ce pas dangereux d'avoir un cœur qui bat trop fort ?

***

Déjà, le 17 Novembre, c'est la fête des Elise (et de tous les dérivés des Elisabeth), alors bonne fête Elise (hihi). 
Et sinon, j'espère que vous avez apprécié ce chapitre moins fort en émotion que le précédent et avec une Molly qui a encore des restes de l'euphorie de la nuit ... 

Et si vous avez le temps et que vous ne l'avez pas encore fait (je remercie encore ceux qui l'ont déjà fait), dans le Supplément, j'ai mis une série de questions à propos de votre avis et ressenti sur l'histoire. C'est la partie Questions round 2 mais vous pouvez répondre aussi aux premières questions si vous ne l'avez pas fait, il y aura juste quelques répétitions. N'hésitez pas à aller voir ça, ça ne peut que m'aider à faire un point sur l'écriture de cette histoire !

Merci pour votre lecture et à bientôt !

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