Chapitre 5

«Si tu avales tout ce que tu ressens tu finiras par t'étrangler »

Media - Titanium ~ Madilyn Bailey

Un dilemme s'offre à moi, soit je reste collé à Simon — ce qui ne me déplaît pas —, soit je rentre chez moi. La décision ne devrait pas être compliquée, mais avec Simon je me sens différent et je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Ça me fait un peu peur, en fait. J'ai toujours été le même depuis que ma mère est partie, et je n'ai pas vraiment l'intention de changer. Ce serait vraiment trop compliqué de m'adapter à un changement.
Simon se décolle de moi, à ma plus grande déception. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais je me sens à nouveau mal, et je regrette d'avoir faibli en laissant couler quelques larmes. Je ne le fais jamais en compagnie de quelqu'un, habituellement. Et même lorsque je suis seul, je fais tout pour ne pas les laisser tomber. Je suis déjà en train de changer, et ça ne présage rien de bon.

-Tu chantes ? me demande Simon, brisant le silence de la salle.

Oui, je chante. Mais est-ce que je sais chanter ? Ça, c'est autre chose. Je chante toujours seul. J'aime bien faire ça, mais je ne sais même pas si ma voix est belle. Moi, je ne peux pas le juger par moi-même, de un parce que je ne m'entends pas comme les autres m'entendent, et de deux parce que je critique tout ce qui appartient à mon corps. Je ne m'aime pas, et je doute que ça puisse changer un jour.

-Non. je réponds assez froidement, sans même le faire exprès.

Simon se tourne vers moi et me considère un moment puis il lâche un petit rire. Je ne sais pas si c'est moi qui suis à côté de la plaque ou lui qui est totalement étrange, mais je ne comprends pas pourquoi il rigole.

-Il y a quoi de drôle ?

-Franchement, Matteo, arrête de te moquer de moi ! T'aurais pas réfléchi autant de temps si tu chantais pas, en plus ça se voit que t'es un chanteur. T'as ça dans le sang j'en suis sûr.

-J'ai une tête de chanteur ?

-C'est pas exactement ça mais oui.

C'est à mon tour de rire. Qui a une tête de chanteur ? C'est comme je lui dit qu'il a une tête de... Guitariste. C'est absurde.

-Et toi ?

-Moi je chante et je fais de la guitare.

Pas si absurde en fait... Enfin si. C'est le hasard.

-Tu joues quelque chose pour moi ? je demande avec un mini sourire.

-Seulement si tu chantes.

Je réfléchis quelques secondes puis finis par accepter. Pourquoi ? Je ne sais pas. Une impulsion, un moment de courage. Mais j'ai bien évidemment ajouté le  « On juge pas ok ? ». On ne sait jamais.
Il prend sa guitare.

-Tu connais les paroles de "Nadie como tú"?

-Ouais ouais.

Il fait les premiers accords et je commence.

-Nunca creí en historias

Del corazón

Estar enamorado

Para mí era sólo un juego

Je vois Simon qui me fait un énorme sourire. Il se moque de moi ou...?

-Como en caída libre

Ya no hay razón

No puedo controlar

Mi sentimiento, todo es nuevo

J'adore sa voix lorsqu'il chante. Il a un truc merveilleux, qui donne tout de suite de la bonne humeur. On continue donc tous les deux en même temps, avec le sourire.

-We can talk about it
But I think I had enough
We can dream about it
But I think I wanna wake up


Me haces sentir
Que esto es el cielo
Y que en la tierra ya no hay como

Me tienes así
Rogándote please, oh baby
I need nobody but you

Oh, oh, oh
We can talk about it
Oh, yeah
We can talk about it

Nous voix se mélangent assez bien je trouve, même si lui chante vraiment bien alors que moi... bah voilà quoi.

Je continue seul.

-Vuelvo a sentir
Gritando tu nombre en el viento

Simon continué.

-Que tú u tu paraíso
Están aquí

Et on se lance en même temps, pour la fin.

-I need nobody but you


Me haces sentir
Que esto es el cielo
Y que en la tierra ya no hay como

Me tienes así
Rogándote please, oh baby
I need nobody but you

Il me fait un énorme sourire et me tend sa main pour que je tape dedans, ce que je fais. Je ne sais pas ce qu'il a pensé de ma voix, mais je pense qu'il s'est bien amusé à chanter avec moi. Je n'ai pas l'habitude d'être si divertissant..

-Et tu me dis que tu chantes pas ? Bah bon gars tu devrais t'y mettre alors !

-Arrête Simon, c'est pas drôle.

-Je n'ai pas cherché à être drôle Matteo. Tu es un très bon chanteur et tu ne devrais pas privé de ton talent aux autres. En plus, je suis sûr que tu chantes tout seul chez toi en cachette.

-Ce n'est pas la question. Que je chante chez moi ou non, ça ne changera pas mon avis. Jamais je ne chanterai en public. Tu es... privilégié.

-Quel honneur !

Je lui donne une petite tape sur l'épaule puis on rigole. Ça m'a fait du bien d'être avec lui. Seulement, maintenant, il est temps de revenir à la réalité. Je ne peux pas rester enfermé là indéfiniment. Mais je sais que quand je vais sortir, les regards moqueurs vont se poser sur moi. Je déteste ce sentiment de honte.
Simon me lance un regard encourageant, et je me lève difficilement. J'ai l'impression d'avoir de plus en plus mal.
J'ouvre doucement la porte après avoir tourné la clé. Une fois entièrement ouverte, je sors de la pièce et croise directement le regard de Luna. Simon pose sa main sur mon épaule histoire de me donner de la "force". J'avance donc, toujours boiteux, et l'évite. Je l'entends rire.

-Luna ferme-la.-intervient Simon.-Y a rien de drôle à voir une personne boiter, et surtout pas quand c'est en partie de sa faute.

-Il sait pas se défendre tout seul Matteo ?

Je me retourne, sur les nerfs, en ayant marre de me faire cracher dessus sans rien dire. Elle a décidé de s'en prendre à moi ? Eh bien je ne vais pas me laisser marcher dessus. Ce qu'il s'est passé avant était un moment de faiblesse, mais ça ne doit plus se reproduire. Je vais aussi m'en prendre à elle.
Je m'approche d'elle et m'arrête lorsque nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je prends un sourire des plus hypocrites et déclare:

-Écoute moi bien petite garce: je ne tolère pas que l'on se moque de moi c'est clair ? T'as décidé de t'en prendre à moi ? OK. Mais je vais plus me laisser marcher dessus. Quand on me cherche, on me trouve. J'espère que c'est bien ancré dans ton cerveau, petite tête.

Je pose mon doigt sur son front et pousse pour la faire reculer, ce qu'il se passe. Elle a l'air totalement abasourdie par mes paroles et mon sourire s'agrandit.
Matteo Balsano est de retour les amis.

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