Chapitre 4
«Tu seras aimé me jour où tu pourras montrer ta faiblesse sans que l'autre ne s'en serve pour affirmer sa force. »
-Alors mon garçon, tu n'as plus mal au bras ?
Je questionne cet homme du regard et me souviens que lors de mon précédent rêve, je m'étais fait mal au bras en tombant après ma grande chute. Je n'avais pas eu mal au bras pendant la journée, c'était déjà une bonne chose.
-Mais ton genou, lui, n'a pas été épargné.
Je le regarde vu que je porte un short et remarque que j'ai un énorme bleu dessus. Cela ne doit être que dans le rêve, parce que je n'avais remarqué aucun bleu avant.
-Tu es muet mon garçon ?
Je n'ose pas lui répondre. La vérité, c'est qu'il me fait peur. Je ne sais pas ce dont il est capable. Il pourrait me faire mourir par l'intermédiaire d'un rêve, si ça se trouve. En plus, son visage ne m'inspire pas confiance. Il a l'air tout gentil comme ça, mais il est vraiment flippant. Il prend une voix douce pour après te faire du mal. C'est vraiment horrible.
-Allez viens dans mes bras.
Il entoure ses longs bras autour de moi et je sens la peur me gagner de plus en plus. Et j'entends à nouveau...
Ploc... Ploc...
Je vois une flaque rouge en dessous de moi. Des gouttes de sang tombent, et je me rends compte qu'il m'a poignardé. Je hurle de douleur. Je le vois qui donne un coup de pied dans mon genou et plus rien.
Je me réveille en sursaut avec une énorme douleur dans le dos, où cet homme m'a poignardé, et dans le genou. Je le regarde et vois qu'il est bleu. Merde.
Je gémis de douleur et Mathieu vient faire la fleur avec moi. Je n'ai toujours pas digéré la façon dont il a parlé de mon père la dernière fois et je crois que je ne le ferai jamais. Ça m'a mis en rogne.
-Ça va Matteo ?-me demande Mathieu gentiment.
Hypocrite.
-Ta gueule...
Je mets ma main dans mon dos essayant de chercher le point où j'ai mal mais je n'y arrive pas. Je crois que j'ai mal dans tout le dos.
Mon genou me fait souffrir. Je ne sais même pas si j'arriverai à marcher sur ce truc.
-Bon bah puisque t'as l'air d'aller bien tu peux peut-être m'aider à préparer la table !
-Connard. Laisse moi dormir.
-Bah tu dois quand même préparer la table.
Je soupire et me retourne, avec une immense douleur. Je m'assois sur mon lit en grimaçant de douleur mais au moment de me lever, ce n'est pas qu'une grimace que je fais. Je hurle littéralement de douleur et retombe sur mon lit, ne manquant pas de me niquer à nouveau le dos. Mais c'est principalement ma jambe qui m'a fait mal lorsque j'ai essayé de me relever.
-Arrête de simuler Matteo ! Tout ça pour pas préparer la table !
Je ne réponds pas, trop occupé à me morfondre en essayant d'oublier la douleur. J'ai vraiment mal. J'ai l'impression qu'on m'arrache la jambe.
Bon.. Ok j'exagère peut-être un peu, mais j'ai énormément mal.
J'entends quelqu'un arriver dans la chambre et je vois Marie entrer. Je me tiens le genou, comme si cela allait apaiser ma douleur.
-Tu vas bien Matteo ? Je t'ai entendu crier..
-Non ! Non ça va pas j'ai mal j'en ai marre !-je cris, au bout du rouleau.
Je sens mes yeux me piquer. Merde merde merde merde merde! Mon cœur bat très vite. Je ne dois pas, je ne dois pas, je ne dois pas. En cas d'extrême urgence, il faut qu'ils partent d'ici.
-Sortez de la chambre... S'il vous plaît...
J'essaye de garder mon calme mais ça m'est impossible. Sans chercher à comprendre, Mathieu et Marie s'en vont. Ils savent tous les deux que parfois, j'ai besoin d'être seul. Même s'ils ne savent pas pourquoi.
Une fois que la porte de la chambre se ferme, je me redresse histoire d'être assis, même si cela me détruit le dos, et je tiens très fort ma couverture. Je veux resister. Il faut que je résiste. Je ne dois pas craquer. Je serre fort la couverture dans mes mains en retenant le plus possible mes larmes, puis au bout d'un moment, elles s'en vont pour de bon.
°°°
Le lendemain matin...
°°°
Après m'être habillé, douché et tout le tralala, je décide d'aller au Roller histoire de sortir un peu, en espérant ne pas y croiser ni Simon, ni Luna, mais je sais que c'est impossible.
J'y vais donc à pieds — en boitant — puisque je ne peux pas faire de roller. J'ai bien trop mal au genou.
Arrivé au Jam & Roller, je vais directement au bar et j'ai le malheur d'y retrouver Simon et Luna parler ensemble, encore. Je les évite et je vois un peu plus loin Jim. Je vais vers elle. Elle a l'air sympa et hier je lui ai un peu mal parlé.
-Salut Jim.
Lorsqu'elle me voit, elle affiche un sourire et vient vers moi.
-Hey Matteo ! Tu es disposé à faire connaissance aujourd'hui ?-demande-t-elle en rigolant.
-Un peu plus qu'hier.-dis-je en affichant un petit sourire.
Je m'assois sur un fauteuil et elle fait de même, en face de moi.
-Bon alors, présente toi, Matteo.
-Bah... Je suis Matteo Balsano, j'ai dix-sept ans. Je suis originaire d'Italie, mon pays de naissance mais j'ai du déménager.
-Pourquoi ?
-Des raisons personnelles. Et toi, présente toi.
-Je suis Jimena mais tout le monde m'appelle Jim. Medina est mon nom de famille. J'ai aussi dix-sept ans et je suis originaire d'Espagne, mais ma nationalité est Argentine.
-Okay. Donc tu vis ici depuis ta naissance ?
-Oui.
-D'accord.
Je ne parle pas souvent avec des personnes pour faire connaissance alors je ne sais pas trop quoi dire. "Tu as des frères et sœurs ?" je m'en fous un peu pour le moment, et je ne veux pas qu'elle ne pense que ne m'intéresse pas à ce qu'elle raconte. Et puis, je n'ai pas vraiment envie qu'elle me retourne la question. Je ne sais pas vraiment si je dois considérer les enfants de ma famille d'accueil comme mes "frères et sœurs", et mon vrai frère est parti après le décès de mon père de manière lâche, n'osant pas affronter cette épreuve, alors je n'ai même plus envie de l'appeler mon "frère". Il nous a abandonnés sans rien dire et encore maintenant je ne sais pas où il est. Je crois que c'est aussi un peu à cause de ça que ma mère m'a laissé tout seul. À croire que je suis destiné à être abandonné... De toute façon, on s'y fait au bout d'un moment.
-Parles-moi un peu de ta famille, de ton entourage.-me demande Jim, me sortant de mes pensées. Juste ce que je ne voulais pas.
Je sens mon cœur se serrer comme chaque fois que l'on aborde ce sujet. Une famille ? En ai-je vraiment une ?
-Parles-en toi.-je dis d'une petite voix.
-Euh... OK... Bah j'ai deux sœurs, une grande et une petite. La grande s'appelle María et la petite Mathilda. Elles me saoulent souvent, mais on est très complices. Comme avec mes parents. On est une famille très fusionnelle. Je sais pas ce que je ferais sans eux, vraiment.
S'en est trop pour moi. Je n'arrive à contrôler la jalousie qui m'envahit chaque fois que quelqu'un me parle ainsi de sa famille. Je rêve d'une famille fusionnelle avec des frères et sœurs que j'embête, des parents qui m'aiment, qui m'aident à faire mes devoirs lorsque je n'y arrive pas, qui me réconfortent lorsque ça ne va pas. J'ai envie d'avoir un frère que je peux taper pour l'embêter, une sœur dont je peux me moquer lorsqu'elle écoute Justin Bieber ou qu'elle fangirl Harry Styles. Je veux simplement avoir une famille normale, pas constituée de gens qui me sont presque inconnus alors que je les connais depuis des années, et des "parents" qui ne font presque pas gaffe à moi tellement ils ont de personnes à s'occuper. La famille parfaite me fait rêver et d'entendre les gens en parler, ça me rend tellement jaloux, et nostalgique du bon vieux temps, lorsque j'étais plus petit et que je l'avais, cette famille parfaite.
-Ça va Matteo ?-demande Jim inquiète.
Je me frotte le visage avec les mains pour reprendre mes esprits.
-J'ai dit quelque chose de mal ?
-Non... Non. C'est... moi. Laisse tomber je suis bizarre...
-Tu es sur que tout va bien ? Je suis là hein.
-Je ferais mieux d'y aller...
Je me lève et tente de m'en aller, m'a cette fois-ci c'est Simon qui m'interpelle en me prenant le poignet, malheureusement sa main glisse et prend la mienne. Mon cœur rate un battement et je le fixe quelques secondes, perplexe avant de reprendre mes esprits et de me dégager. C'était quoi ça ?!
-Qu'est-ce que tu veux Saumon ?-je demande assez froidement malgré le surnom.
-Bah je sais pas depuis hier tu fuis... Tout va bien ? Parce que tu t'es bien énervé et je voulais pas...
-C'est bon Simon. C'est juste Luna qui m'a énervé. Elle s'est pas bien comportée à la soirée alors qu'on se connaissait pas. Et que tu la défendes m'a un peu cassé les couilles. Enfin, ça m'a saoulé tu vois.
-J'suis désolé je savais pas. Mais reste Matteo. Viens patiner.
-Nan Nan je peux pas j'ai mal au genou et au dos.
-T'as fait quoi ?
-Bah pour mon genou, c'est une longue histoire et mon dos... aussi en fait. Mais, c'est plutôt compliqué.
-Comment ça ?
-Bah moi-même je sais pas.
-Ta vie est chelou mon pote.
-Merci de me le rappeler mec.
-Sinon, y a une fête ce soir chez Gaston, je compye sur toi.
-Je sais pas si...
-Il a prévu plein d'alcool.
-Compte sur moi.
-Haha je savais !
On se fait un tchèque puis il part s'occuper du bar, et cette fois-ci c'est Luna qui vient me casser les couilles. Je me retourne mais elle m'interpelle.
-Attends Matteo !
Je soupire et me retourne en roulant des yeux.
-Je voulais me.. m'excuser pour la dernière fois. J'ai été conne.
-Ça, tu l'as dit..-je réponds — assez sèchement, il faut le dire.
-C'est bon ! Je m'excuse et tu me critiques ! Tu pourrais faire un effort aussi !
-Je ne fais qu'approuver tes dires, mademoiselle.-je réplique de façon hypocritement gentille et polie.
-Arrête de faire le con avec moi.
-C'est pas moi qui ai fait le con.
-Là, un peu si.
-C'est toi qui te vexe pour un rien.
-Je suis pas vexée.
-Alors tout va bien.
-Non.
-Écoute, moi, je suis vexé mais j'en fais pas tout un plat.
-Vexé de quoi ?
-Que tu m'aies embrassé sans mon accord.
-Me dis pas que t'as pas aimé.
-Si, j'ai aimé. Mais on se connaît pas et je voulais pas que tu m'embrasses.
-Mais t'as aimé!
-J'aurais pu aimer avec n'importe qui !
Le ton commence à monter. Je commence sérieusement à perdre patience. Cette discussion ne nous mène à rien, et je ne sais même pas ce que je fais encore là.
-C'est pas vrai, on n'aime pas embrasser tout le monde ! En plus je sais très bien que tu me kiffes !
-Je n'aime pas les filles avec un comportement de... de..
Je ne peux terminer ma phrase qu'elle plaque sa main sur ma joue. S'en est trop pour moi, j'ai besoin d'exploser. J'ai besoin de gueuler, seulement elle me devance.
-Ne me traite pas de pute j'te jure !
Quelques regards se tournent vers nous.
-JE N'ALLAIS PAS PRONONCER CE MOT ! JE NE ME PERMETS PAS D'INSULTER UNE FILLE, SURTOUT PAS DE PUTE PARCE QUE C'EST SALE ! PAR CONTRE, UNE GARCE, ÇA OUI, T'EN ES UNE ! T'ES UNE PUTAIN DE GARCE ! TU ME CLAQUES AVANT MÊME QUE JE N'AI PRONONCÉ LE MOT, TU M'EMBRASSES ALORS QUE JE NE TE CONNAÎT PAS ! MAIS TU TE PRENDS POUR QUI EN FAIT ! T'ES PERSONNE POUR MOI ALORS ARRÊTE DE ME FAIRE CHIER ET MÊLE TOI DE TON P'TIT CUL, MERDE!
Actuellement, je suis bien sûr d'avoir attiré tous les regards sur moi. Putain, mais que ça fait du bien. Pourtant, je sens que je n'en ai pas fini, et mon envie de gueuler revient quand elle ose répliquer.
-TU TE PRENDS POUR QUI À M'AFFICHER COMME ÇA EN FAIT ? T'ES PAS MON DARON OÙ CHAI PAS QUI ALORS TU VAS REDESCENDRE VITE FAIT DE PLUSIEURS ÉTAGES !
-MAIS FERME TA GUEULE ! SÉRIEUX, FERME LÀ ! SI T'AVAIS PAS FAIT LA FOLLE AVEC MOI L'AUTRE SOIR ON EN SERAIT PAS LÀ ! ET C'EST TOI QUI DOIT REDESCENDRE PARCE QUE LÀ TU COMMENCE VRAIMENT À ME CASSER LES COUILLES !
-T'ES VRAIMENT UN FILS DE PUTE !
Elle me pousse et je me rattrape sur la jambe où j'ai mal, ce qui fait que je me rétame devant tout le monde. De plus, je ne manque pas de bien me niquer le dos et je hurle. Pourtant, je ne sais pas ce qui me fait le plus mal: son insulte, ou ma chute ? Et je me demande aussi ce qui m'a fait hurler.
Tout le monde me regarde mais personne ne bouge. Luna à un air dominant sur le visage. J'ai juste envie de l'insulter, mais je n'en serai jamais capable.
-Bah alors Mattou? Tu tombes si facilement ? T'as pas de force ?
J'essaye de me relever mais c'est un échec. Je sens mon cœur battre fort dans ma cage thoracique et j'ai juste envie que quelqu'un vienne me sortir de ce moment horrible et humiliant. Horriblement humiliant, en fait.
-Bah, elle est passée où ta grave gueule ?
Avec ma jambe valide, je donne un coup dans la table devant moi, et je suis surpris de la voir valser. J'ai mis plus de force que ce que je ne pensais. Luna me regarde un peu choquée puis reprend son air vainqueur.
-Faut pas t'énerver !
Je sens mes yeux me piquer sans que je ne puisse me contrôler. Je vois flou. Putain pourquoi personne ne se bouge ! Arrêtez de me regarder comme des putains de moutons de mes couilles et aidez moi !
Je n'aime pas être si faible devant les autres, et intérieurement je pète littéralement un câble. Ma respiration s'accélère, je faibli.
-Pleure pas petit Caliméro !
-Ferme-la...
Ma voix n'est pratiquement qu'un murmure mais tout le monde l'entend. J'évite de laisser couler les larmes pour ne pas paraître encore plus faible, même si je suis déjà à un niveau de faiblesse bien haut. J'ai besoin d'aide, mais personne n'ose bouger. Je me fais humilier par cette fille. La honte. Je n'oserai plus jamais venir. Je crois que l'alcool, ce soir, c'est pas à une fête que je vais prendre...
-T'as plus rien à dire là ? T'as perdu ta langue ? T'as baissé les bras ? T'es faible, gars. Tu fais le mec fort mais en fait t'es qu'un gros nul, qu'une grosse merde !
Je me sens de plus en plus faible. Ses paroles m'atteignent plus que ce qu'elles ne le devraient. Elle a le dessus sur moi et elle en profite. J'ai juste envie de m'enterrer sous la terre, de disparaître. Heureusement pour moi, je vois Simon. Mon sauveur, je ne sais pas comment je pourrai le remercier.
Il vient vers moi et m'aide à me relever. On va dans les loges en silence pendant que tout le monde me dévisage. Je suis faible. Une grosse merde, Luna a raison.
Je m'assois sur une chaise pendant que Simon ferme la porte à clé.
-Comment ça va ?
Je le regarde, ne pouvant pas m'empêcher de lui lancer un regard noir.
-Super bien.
-Question con, réponse con.
-Désolé.
-Pourquoi tu t'excuses ?
-Je sais pas. J'suis con.
-Tu racontes des conneries, mais t'es pas con.
-Je peux même pas me défendre face à une fille.
-Cette remarque était sexiste.
-Ce n'était pas voulu. Je voulais dire, face à cette fille.
-Elle est conne.
-Non, tout ce qu'elle a dit est vrai.
-Seulement dans ta tête.
-Et dans la sienne aussi, apparemment.
-Elle le pensait pas.
-J'aurais pensé le contraire.
-Tu sais très bien que c'est faux.
-Non, parce que je suis con.
-Oui, là, tu l'es.
-OK.
-Sois pas vexé.
-C'est pas toi. Mais j'suis pas bien.
-Je sais.
Quelques larmes tombent sur mes joues mais je me sens apaisé. Il vient de me prendre dans ses bras. Et j'aime ça.
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