Chapitre 3
«Grandir, c'est s'apercevoir que ses parents ne sont pas indispensables »
Je sors de ma douche. Je pense toujours à mon rêve. Comment se fait il que je me sois fait étrangler à travers un rêve ? Ou peut-être que c'était un signal que je n'arrivais plus à respirer. Je ne sais pas et ça me perturbe profondément.
***
J'arrive au Jam&Roller, un lieu où l'on patine et où on se diverti. Ça ne me plaît pas trop mais j'y vais pour voir Simon. Et puis, j'ai pas vraiment envie de rester tout seul dans ma chambre en tuant le temps à me morfondre. Je préfère, comment on dit déjà ? "profiter de la vie"? Ouais c'est ça. Putain c'est tellement nul cette phrase.
J'arrive au bar et vois Simon-Le-Barman-Guitariste-Chanteur-Dragueur-Professionnel parler avec une fille. Elle est brune et de derrière, elle me dit quelque chose. Je m'avance vers eux et quand je vois que c'est avec Luna qu'il parle, j'essaye de m'en aller mais il m'interpelle.
-Matteo viens ! Pourquoi tu repars ?
-Ahh Simon ! Je t'avais pas vu !-dis-je d'un air faussement surpris très prononcé.
En fait je veux juste qu'il sache qu'il me casse les couilles.
-Bah merci de ton enthousiasme !
-Y a pas de quoi bébé.
Quoi ? J'appelle tout le monde bébé ! Simon a l'habitude. Ne croyez pas que c'est un surnom affectif ! Je ne suis pas affectif. C'est juste quand je me fous de la gueule de quelqu'un ou que je veux l'emmerder. C'est pour bien montrer que je suis fière de moi.
Luna se tourne vers moi et lorsqu'elle me voit, ses gros yeux s'arrondissent.
Eh oui bébé (encore), fallait pas jouer à l'allumeuse hier. C'était sûr qu'on allait se revoir.
-Matteo ?
-En chair et en os !
Je lui fais un sourire vraiment des plus hypocrites qu'il soit. Je veux vraiment qu'elle voit toute la rancœur que j'ai envers elle.
-Je... euh.. hum...-elle bafouille, les joues rouge écarlate.
-Tu veux un autographe c'est ça ? Pas de problème.
-Matteo pourquoi tu t'adresses à elle de cette façon ? Tu vois bien qu'elle est gênée !
-Et bien sûr, comme toujours, le méchant de l'histoire c'est moi ! Garde tes remarques tour toi le guitariste, surtout quand tu sais pas de quoi tu parles.
Je m'en vais, énervé, ne manquant pas de frapper une table à mon passage. Ça attire quelques regards mais je m'en fous. Depuis hier soir, j'ai l'impression que la vie s'acharne sur moi. Pourquoi être allé à cette fête ? Pourquoi être né en fait ? Personne ne veut de moi, je suis qu'un poids pour tout le monde. Même moi, je me déteste.
Je me dirige vers le vestiaire et mets mes patins le plus rapidement possible. Je vais ensuite sur la piste et commence à patiner sans me soucier des autres qui me regardent bizarrement.
Allez vous faire foutre.
Je sens mon cœur battre très vite. Il est lourd. J'enferme tellement de choses, tellement de sentiments à l'intérieur que j'ai l'impression qu'il va me lâcher. Tu me diras, ce sera pas une grande perte...
Soudain, je percute quelqu'un. Cette personne manque de tomber et je la rattrape. Je vois que c'est une fille rousse, pas très grande. Elle est assez mignonne.
-Pardon.-je souffle en l'aidant à se remettre droit.
-Non c'est moi je suis désolée. Merci de m'avoir rattrapée. Je m'appelle Jim, et toi?
-Matteo. Désolé Jim, c'est pas contre toi mais j'ai pas envie de parler. Ciao.
-Aimable...
-C'est mon deuxième prénom.
Elle glousse et je sors de la piste. Vu que au Roller, on ne me laisse pas être en paix, je vais aller patiner dans la rue. Je serai peut-être plus tranquille.
Je patine donc assez vite sur le trottoir d'une petite ruelle tranquille en essayant de calmer mon esprit qui ne fait que de me dire de cesser tout ça. Mais comment ? Je me sens mal de tout ça. Je suis horrible avec les autres en leur faisant payer mon mal-être. Mais je n'arrive pas à faire autrement. Je ne sais pas comment leur faire comprendre que je vais mal. C'est ma façon de demander de l'aide, mais personne ne le comprend. En même temps qui demande de l'aide en étant odieux avec les autres ? J'ai toujours été différent des autres. On m'a toujours trouvé chelou. Parce que je suis renfermé sur moi-même. Je ne m'exprime pas. Je suis un spécimen rare, un Pokémon qu'on n'a jamais vu et si on le voit, on n'arrive pas à l'attraper. Je suis là nourriture qu'on trouve dans un bois que l'on n'ose pas manger par peur qu'elle soit empoisonnée. Et je suis toutes ces genres de comparaisons. Il en fait, je suis juste étrange. Et c'est pour ça que je suis rejeté.
J'entends un énorme bruit de frein et je voir une voiture qui est en train de dévier sur le trottoir. Elle passe juste à côté de moi et se rattrape juste à temps. Avec la surprise, je perds l'équilibre et me rétame par terre. La personne gare vite fait sa voiture et vient me voir pendant que j'essaye de me relever. Mon genou me fait mal. J'ai juste envie de tout péter autour de moi tellement cette journée est merdique. Sérieux, qui, dans ce monde, manque de se faire renverser... sur un trottoir !?
Il n'y a que moi pour ça sérieux.
-Est-ce que tu vas bien ?-me demande la dame, paniquée.-Je m'excuse vraiment, j'ai eu un malaise je crois...
-Vous devriez aller voir un médecin parce que faire des malaises comme ça ça peut être dangereux, la preuve.
Elle me tend sa main et je la prends afin d'arriver à me relever, mais je glisse à nouveau et tombe sur les fesses. Je suis un Pokémon qui ne sait même pas tenir debout...
-Ça va ?
Je hoche la tête et cette fois-ci elle m'aide un peu plus en me tenant les deux bras. Enfin, je reste debout. J'ai quand même du mal à m'appuyer sur ma jambe gauche.
-Toi aussi tu devrais aller vois un médecin pour ta jambe.
-Moi on s'en fou. J'ai rien. Ça va passer. Mais vous, vous devez faire attention. Je vous conseille d'appeler quelqu'un pour vous conduire où vous devez et de demander à ce que l'on rapporte votre voiture. Ce serait con de vous retrouver avec des problèmes parce que vous avez fait un autre malaise et que vous avez tué quelqu'un vous voyez.
-Merci mon garçon. C'est aimable de te soucier des autres.
-Si vous le dites...
C'est la première fois qu'on me dit sincèrement que je suis aimable. D'habitude on me dit que je suis méchant ou trop sec. Certaines personnes ne cherchent pas plus loin que le bout de leur nez.
-Tu peux y aller, je vais appeler quelqu'un.
-Je vais rester avec vous au cas où. Je n'ai pas envie de vous laisser seule.
-C'est vraiment gentil mais...
-J'insiste.
Pour une fois, je me sens ouvert. Je sais que je suis toujours un peu sur mes gardes mais moins que d'habitude. Je pense que le fait que je ne vais jamais reparler à cette dame m'aide à me dire qu'elle ne me fera jamais de mal.
Je m'assois par terre et elle fait de même. Elle passe son appel et nous discutons un peu.
-C'est vraiment sympa ce que tu fais. Tu es très aimable. Pas tout le monde aurait fait ça.
-C'est juste humain.
Putain. Humain. Je suis passé du stade Pokémon-Fruit-Des-Bois-Empoisonné à Humain ? Non. C'est juste pour une fois. Parce que sinon, je suis une personne qu'on ne veut pas approcher. Un espèce de virus. Voilà, j'ai trouvé. Un virus.
Quelques minutes plus tard, un gars arrive en voiture. Il propose de me ramener et j'accepte sans broncher parce que j'ai mal au genou et que j'ai vraiment la flemme de rentrer chez moi. Je me sens mou.
Ils me déposent à quelques rues de chez moi. Je n'ai pas envie qu'il sache mon adresse exacte, on ne sait jamais.
J'arrive chez moi après quelques minutes de marche et vais directement dans ma chambre me jeter sur mon lit. J'avais enlevé mes patins avant d'entrer dans la voiture, je pense que c'est logique.
Je finis par me demander si aujourd'hui la vie a décidé de s'acharner sur moi ou si justement elle a décidé de m'épargner, puis je m'endors, ne faisant pas attention aux gogoles qui me parlent à côté de moi.
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