Chapitre 24

-Tu m'aimes, c'est ça ?

-Waw ! Matteo ouvre les yeux ! Mets une croix dans le calendrier ! balance Gabriel d'un ton ironique.

Ses mots me font mal. Comment peut-il être si méchant ? Il est tellement sarcastique et... cru. Il devrait déjà être content que je lui cours après. Ce n'est pas déjà une belle preuve de... d'attachement ça ?

-Désolé de ne pas l'avoir vu, mais...

-Putain arrête un peu de t'excuser ! J'ai juste besoin que tu m'aimes moi !

-Mais je peux pas t'aimer sur commande ! Putain tu peux pas comprendre ça ? C'est pas ma faute ! Je peux pas te dire que je t'aime alors que c'est faux !

-Ouais bah alors on a rien à faire ensemble.

-Tu vas rompre parce que je t'aime pas ?

-Parce que tu ne m'aimeras jamais. J'ai besoin de quelqu'un qui m'aime, moi, pas de quelqu'un qui me promet des trucs qui ne vont jamais arriver.

-T'es sérieux là ?

Je sens ma voix faiblir alors qu'aucune émotion n'est transmissible sur son visage. Il m'aime vraiment ? Parce que je n'en ai pas l'impression. J'ai juste l'impression qu'il cherche une excuse pour rompre avec moi, et je crois que c'est vraiment ça.

-Tu vas pleurer ?

-Putain à quoi tu joues ?

-À rien. J'en ai juste marre.

-Pourquoi t'es comme ça ?

-Tu me rejettes la faute dessus maintenant ?

-Ah parce que c'est de la mienne ?

-Allez, ciao.

Sans plus attendre il referme sa porte d'entrée en me laissant là, seul, comme une vieille merde sans importance. Je me mets alors à frapper à sa porte et je cris son prénom. Je sens mes yeux s'humidifier de plus en plus. Et je ne sais pas si c'est parce qu'il vient clairement de me larguer comme une merde, ou si c'est parce qu'une personne de plus m'a abandonné. En fait c'est pour plein de raisons que je pleure. Je pleure parce que j'en ai marre de pleurer, je pleure parce que j'ai mal au cœur, je pleure parce que j'en ai marre tout court...
Je finis par abandonner et m'assois sur les escaliers devant la porte. Je mets ma capuche sur ma tête, replie mes genoux contre ma poitrine, pose mes bras dessus et pose ma tête sur ceux-ci. Je reste comme ça une bonne dizaine de minutes avant qu'une main ne se pose sur mon épaule. Je relève la tête et vois Mathieu. Sans un mot, il m'aide à me relever et m'emmène jusqu'à sa moto qu'il a reçue pour son anniversaire. On grimpe dessus et le trajet jusqu'à chez nous se passe en silence. Je pose ma tête sur son dos et me laisse bercer par le ronronnement du moteur.
Lorsque la moto s'arrête, on descend tous les deux et je retire mon casque. J'essaye d'éviter le regard de Mathieu mais celui-ci s'adresse à moi :

-T'as de la chance que ce soit moi qui ai répondu au téléphone.

-Comment ça ?

-T'imagines la réaction de Marie en recevant un coup de fil d'un collègue qui lui dit que son fils tape contre sa porte en criant le nom de son fils à lui ?

Oh merde. Ouais, j'ai eu de la chance.

-En plus c'est pas le bon jour aujourd'hui. On te l'a pas dit mais son mec emménage aujourd'hui.

-Quoi ? Je savais pas ! Pourquoi vous avez rien dit ?

Il hausse les épaules et je soupire. Putain, je suis vraiment con. Encore une fois j'ai agis égoïstement sans penser à mon entourage. Mais maintenant je crois que j'ai compris. Je ne veux plus faire du mal autour de moi quand tout n'est pas parfait dans ma vie.

-Bon, alors allons l'aider !

-Go.

***

Ça y est, maintenant il y a une personne de plus dans la famille. Un homme, un dirigeant. Je pense que cela ne pourra nous faire que du bien. Marie sait se faire respecter, seulement je pense qu'elle a besoin de quelqu'un pour l'épauler. De plus, avec sa grossesse, elle va être affaiblie et fatiguée. Ça aurait été difficile de s'occuper autant d'adolescents toute seule.
Mais maintenant, Thierry est là et il va l'aider. J'espère juste que c'est un homme bien pour Marie et qu'il ne la fasse pas souffrir.

Quand à moi, j'ai bloqué Gabriel, Simon, et tous les gens qui m'ont fait du mal à pary Andrea et Mathieu parce que maintenant ils sont beaucoup trop importants pour moi. À partir de maintenant je veux juste profiter de ma vie et éloigner toutes les personnes qui se mettent en travers de mon bonheur.

Je veux et je vais être heureux.

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