Chapitre 18
(Mathieu en media)
Dix heures du matin, mes yeux s'ouvrent et je remarque que je suis tout seul dans ma chambre. Tout le monde s'est déjà levé. Je vais donc vers la salle à manger où tout le monde se trouve déjà. Je m'assois à côté de Matteo qui mange tout seul, sans participer aux conversations des autres. Je pose ma main sur son bras et lui demande si ça va. Il hoche la tête et redirige son regard vers son bol de chocolat. Au bout d'un certain moment, Marie se racle la gorge, ce qui nous fait tous nous taire.
-En fait, j'ai quelque chose à vous annoncer. — elle laisse un petit rire nerveux s'échapper et continue. — J'ai l'impression de faire une annonce de la plus haute importance..
Sans que je ne m'y attende, Matteo se lève et s'en va. Marie fronce les sourcils, je vois que ça la vexe qu'il s'en aille alors qu'elle s'apprêtait à parler. Je lui fais signe de continuer et je cours rattraper Matteo. J'entre dans la chambre mais ne le vois pas. Je remarque une forme sous sa couverture, et je devine qu'il y est. Je m'assois donc à côté de cette forme qui se décale pour me laisser de la place.
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
Un vent.
-Matteo parle-moi...
Deux vents.
-Je suis là pour toi, tu le sais ça ?
Trois vents.
-Réponds moi..
-Ta gueule !!
Au moins on avance...
-C'est Simon ?
-Arrête de parler de lui.
-Tu devrais t'expliquer avec lui.
-J'ai dit arrête!
Sa voix tremblante me dit qu'il est sur le point de craquer et c'est mon but. Depuis plusieurs jours, il reste renfermé sur lui-même et il reste tout seul. Il a besoin de sortir ce qu'il ressent. C'est comme ça qu'on guérit. Il essaye de faire comme Simon n'existait pas mais c'est impossible. Il l'aime comme un fou et il ne peut pas vivre sans lui, pour l'instant.
-Vous devez parler.
-Y a rien à dire. C'est fni. Il est mort pour moi.
-Ouais, comme ton frère à qui tu reparles depuis une semaine.
-Si tu veux.
Je soupire et enlève la couverture de sur lui. Il est recroquevillé sur lui-même, en position fœtale, le regard vers ses mains.
-T'as blessé Marie en partant alors qu'elle voulait parler. Je pense qu'elle a cru que tu t'en foutais.
-Bien sûr que non !
-Tu devrais lui dire.
-J'ai une tête à aller voir les gens là ?! dit-il en me montrant son visage. C'est vrai que jusque là, je ne l'avais pas vu. Il a les yeux rougis et gonflés. En fait il a déjà pleuré.
Je ne peux m'empêcher de poser ma main sur sa joue et d'essuyer les larmes qui y coulent encore. Il me regarde en fonçant les sourcils, mais ne fait rien.
-Arrête de te faire tant de mal Matteo.
-Mathieu...
-Tu mérites pas tout ça...
-J'en ai marre...
Sa voix de brise enfin, en même temps que mon cœur. Je le prends dans mes bras pour lui apporter toute la force que j'ai. Il en a besoin. Il se laisse enfin aller dans mes bras, laissant ses pleurs combler le silence qui s'installe. Je le berce comme je peux, le laissant vider son sac à travers ses larmes et ses sanglots. Matteo mérite énormément de bonheur, mais chaque fois on le détruit. Il a besoin d'une personne qui pourrait être toujours là pour lui, sans me trahir et le faire tomber encore plus profond. Mais je ne sais pas qui en est vraiment capable.
-On avait couché... confie Matteo.
-Qu...quoi ?
-On avait fait l'amour, juste la veille. J'ai fait ma première fois avec lui, il m'a gâchée. Il a gâché ce moment de plaisir, ce moment qui devrait être magique... Il a tout gâché ce bâtard.
-Il a tout gâché...
Je ne peux même pas dire à Matteo qu'il y a peut-être une explication parce que je la connais et qu'elle n'est pas valable.
On entend un portable vibrer. C'est celui de Matteo. C'est justement Simon qui l'appelle. J'essaye d'attraper le téléphone mais Matteo me devance et raccroche. Mais quelques minutes plus tard le téléphone se remet à sonner, et il décide de décrocher, malheureusement...
-Quoi? Arrête de m'appeler !
-...
-Simon...
-...
-Putain arrête! Y a pas d'excuse ! Limite vous vous rouliez des pelles ! C'était une vengeance pour Sebastián, c'est ça ?
-...
-Je suis pas parano putain !! Je sais ce que j'ai vu ! Tu vas me dire quoi ? Que c'est pas ce que je crois ?
-...
-Non il ne peut pas y avoir de raison !
-...
-Non je vais pas t'écouter !
-...
-L'aider en quoi ?
-...
-Et ça te donnait le droit de le faire, en étant en couple avec moi ?
-...
-Bien sûr que j'aurais dit non ! T'étais mon copain ! Je t'aimais !
-...
-Si, je t'aime encore... Mais tu m'as fait mal Simon...
-...
-Je suis pas prêt... Comprends-moi... Je sais même pas si toi tu m'aimes..
-...
-Ben si tu m'aimais vraiment t'aurais pas embrassé un garçon juste après avoir couché avec moi...
-...
-Si, si... J'ai compris Simon... J'ai compris depuis bien longtemps...
Soudain, quelqu'un entre dans la chambre. C'est Marie. Des larmes coulent le long de ses joues, mais je ne sais déterminer si c'est de la joie ou de la tristesse. J'aurais dit un mélange des deux, mais pourquoi ?
Dès qu'on la voit, Matteo et moi nous levons, laissant Simon seul à l'autre bout du fil.
-Qu'est-ce qu'il y a Marie...? C'est ma faute ? demande Matteo inquiet.
-Non mon chou... C'est pas toi.. dit-elle en souriant.
-C'est quoi alors ? je demande, anxieux.
-Je viens de l'annoncer aux autres, et je tenais à ce que vous le sachiez. Je... je suis enceinte les garçons...
Je reste sous le choc face à cette annonce, alors que Marie nous regarde anxieuse. Matteo la regarde avec des gros yeux, puis le regarde avec son plus grand sourire. Ça me fait de bien de le revoir souriant.
-On va avoir un petit frère ou une petite sœur ! s'exclame-t-il.
-Petit frère ou petite sœur ? s'étonne Marie. Tu vas les considérer comme ça ?
-Eh bien.. T'es un peu notre maman, donc c'est normal qu'on le considère comme notre frère ou sœur...
Marie et moi sommes étonnés des paroles de Matteo, étant donné que c'était le seul qui n'avait pas dit qu'il considérait Marie comme sa mère. Il avait du mal à accepter que la sienne n'était pas quelqu'un de bien, mais je crois qu'il a passé le cap.
-Je vous aime tellement, venez là. dit-elle en nous tendant ses bras. On se loge dedans, formant un gros câlin qui doit nous faire du bien à tous.
On finit par se décoller, et je pose la question qui me trotte dans la tête.
-C'est qui le père ?
-Eh bien, j'ai rencontré un homme il y a pas mal de temps déjà. Je ne voulais pas vous le dire avant parce que j'avais peur de vitre réaction, mais maintenant que je suis enceinte, je ne peux plus vous le cacher.
-Il le sait ?
-Bien sûr que oui.
-Comment il a réagi ? je demande d'un ton un peu inquiet.
-Il était heureux. Il m'a prise dans ses bras et il m'a embrassée, en me disant que c'était la meilleure nouvelle de sa vie.
-Il va venir vivre à la maison ? s'empresse de demander Matteo.
-C'est là où le sujet devient un peu sensible... dit Marie anxieuse. Il viendra vivre ici... Enfin, seulement si vous acceptez... Si vous voulez pas... on se débrouillera...
-Moi j'accepte. Je suis même ravi de le rencontrer ! je m'exclame, heureux.
-Et toi, Matteo... Qu'est-ce que tu en dis ?
Sa réponse fait peur à Marie. Il faut dire que Matteo est imprévisible, c'est le moins qu'on puisse dire.
-Ouais, tranquille. Si tu l'aimes et qu'il t'aime, je veux bien l'accueillir ici. dit-il avant de baisser la tête.
Parler d'amour pour lui est encore un point sensible. En fait sa blessure est beaucoup trop rescente pour ne pas en souffrir encore. Simon est un sujet trop sensible pour lui et je veux bien le comprendre, mais je veux surtout lui faire oublier tout le malheur qu'il ressent en pensant à ce sujet. Je veux lui faire oublier la trahison qu'il a subie. Et pour ça je suis prêt à tout.
-Merci les gars. C'est vraiment gentil.
Elle nous sourit et sort de la chambre. Je regarde Matteo qui a toujours la tête baissée, et je le prends dans mes bras. Je le sers fort contre moi, puis une personne toque à la porte. On se sépare, voyant cette mystérieuse personne entrer et là, mon cœur ratte un battement. C'est qui cette bombe ?
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