-Dix-neuf ?

-Mmmm... Presque...

-Vingt ?

-Cinquante trois...

Je soupire et me levant. Les maths, ce n'est vraiment pas pour moi. Que ce soit Simon ou un prof qui me les enseigne, je ne comprends rien. De toute façon, je ne comprends jamais rien à rien.

-J'y arriverai pas Simon. J'abandonne. Tant pis.

-Matteo...

-Non! J'en ai marre ! Je suis nul je suis nul, y a rien à faire.

Il se lève et me prend par les hanches afin de me coller plus à lui.

-T'es pas nul bébé...

-Si..

Il pose ses lèvres sur les miennes plusieurs fois de suite ce qui me fait un peu sourire.

-Tu l'es pas. C'est normal de pas comprendre.

Je ne réponds rien mais m'embrasse à nouveau.
Cet homme je l'aime, et il n'y a rien qui puisse changer ce que je ressens envers lui. Même pas la haine. Même si un jour je venais à le détester, je l'aimerai toujours autant.
On retourne à mes devoirs. Simon m'aide vraiment beaucoup, et j'admire sa patience parce qu'avec un élève comme moi, moi j'aurais déjà perdu patience depuis longtemps.
Après une heure de travail, on se décide à se poser sur mon lit, sa tête sur mon ventre et ma main dans ses cheveux. Je lui fais des petites papouilles qu'il a l'air d'apprécier. Je sens mon ventre me chatouiller et j'adore cette sensation.

-T'es prêt pour ce soir ? me demande Simon en passant sa main sous mon t-shirt.

Il commence à me caresser le ventre du bout des doigts ce qui me fait frissonner.

-Je pense, oui. Je stresse un peu, mais ça va.

-T'inquiète pas, ça va aller..

-J'espère...

Je ne peux m'empêcher de lâcher un soupire de plaisir sous l'effet que ses caresses me font. Je vois un sourire de satisfaction prendre place sur son visage. Il retire sa main puis se place à califourchon sur moi. On se regarde droit dans les yeux. Ses yeux me déstabilisent, je sens la chaleur parcourir tout mon corps. Il pose ses deux mains sur mon torse et se penche pour au final poser ses lèvres sur les miennes. Sa langue trouve rapidement le chemin jusqu'à la mienne, mais on nous interromp en ouvrant la porte. Simon décolle nos lèvres et roule des yeux avant de s'enlever de sur moi. Je regarde la personne qui vient d'entrer et vois que c'est Mathieu. Heureusement. J'aurais défoncé la personne qui est entrée si ce n'avait pas été lui.

-Pardon, je voulais pas vous déranger...

-C'est pas grave.

Je lui souris puis il va s'asseoir sur son lit. J'ai envie de lui dire de partir mais après tout c'est aussi sa chambre, et il est vrai que Simon et moi nous l'accaparons souvent. Donc je m'allonge juste sur mon lit en fermant les yeux, pensant anxieusement à ce soir.

***

Plus j'avance, plus je sens ma gorge se nouer et ça, c'est pas bon du tout. Mon cœur bat extrêmement vite et je sens mes mains devenir moites - ce qui est, au passage, la sensation la plus désagréable du monde. Je monte les marches lentement, une par une, puis attends sur le côté. Mon nom finit par être prononcé, et je monte sur la scène de l'open. Après beaucoup d'entraînements, je pense que je suis prêt à chanter. J'espère que tout se passera bien...
Je m'assois sur la chaise, mets ma guitare sur ma jambe, ajuste le micro à ma bouche avant d'attendre le silence total dans la salle. Je croise le regard de Luna qui a un rictus amusé sur les lèvres. J'ignore ceci et ferme les yeux, avant de commencer à jouer les premières notes avec ma guitare. Je prends une grande inspiration et sors enfin les premiers mots de ma bouche.

-Help me...

J'ai l'impression d'avoir la gorge sèche, et surtout j'ai l'impression que mes paroles ont sonné extrêmement faux. Je lance un regard à Simon, comme si les paroles que j'avais prononcées lui étaient destinées. Il me fait un sourire encourageant puis je continue.

-It's like the walls are caving..

Les regards de Luna et Sebastián me gênent, alors je ferme les yeux et c'est là que je sens ma libération. Je me sens emporté dans un autre monde où seulement moi et ma musique sommes présents. Le reste ne compte plus.

-Sometimes I feel like giving up
But I just can't
It isn't in my blood...

Je continue de chanter, parfois les yeux fermés, parfois ouverts pour regarde Simon qui me regarde... émerveillé.. Je sens mon cœur battre très vite dans ma poitrine des que je croise son regard.
Vers la fin de la chanson, je décide de délaisser ma guitare et de finir en a capella. Je prends le micro et me lève, puis avance vers Simon, le regard rivé vers lui.

-Help me
It's like the walls are caving in
Sometimes I feel like giving up
But I just can't
It isn't in my blood
Ouuuh
It isn't in my blood
Ohh
Oooooh
It isn't in my blood
I need somebody
It isn't in my blood
I need somebody now
It isn't in my blood

Pendant la fin de la chanson, j'ai pris la main de Simon et j'ai entrelacé nos doigts. Je finis par déposer mon micro sur la table à côté de nous, puis je place ma main derrière son cou et l'embrasse, devant des dizaines de regards étonnés, heureux ou dégoutés. On finit par de séparer, puis mon petit-ami me prend dans ses bras. On se décolle finalement, puis on va vers la loge parce que je meurs de soif et que j'ai envie de calme, après ma prestation — dont je suis assez fière, d'ailleurs. Je stressais vraiment pour rien, et chanter devant plein de monde n'est pas si horrible que ça en a l'air.
J'ouvre la porte de la loge et y vois une personne de dos. Un homme qui a l'air assez imposant. Il se retourne, et lorsque son regard rencontre le mien, tout s'arrête autour de moi. Le temps ne compte plus. Même Simon n'existe plus. Il est là, devant moi. Il avance de quelques pas et me tire contre son torse, m'entourant de ses bras musclés. Mes mains sont posées sur son torse et je ne peux m'empêcher de m'accrocher à sa chemise et de la tirer, retenant les tonnes de sentiments enfouis en moi. Mes larmes dévalent mes joues et un tas de questions résonnent dans ma tête, mais je n'ai ni la force ni l'envie de me séparer de lui. Parce qu'il est là.