Chapitre 14

Une fois séchés et habillés, on sort de la salle de bain et on croise Lucas, qui nous regarde en fronçant les sourcils. Moi aussi je fronce les sourcils.

-T'es pas censé être à l'école toi ?

-Si. Enfin non mais si. Vu que j'me suis fait mal au poignet j'ai eu le droit de louper le sport du coup je suis venu ici vite fait pour récupérer un truc que j'ai oublié. Mais... Vous vous êtes douchés ensemble ?

Je regarde Simon qui me regarde aussi. Est-ce que je lui dis oui ? Est-ce que je lui mens ? Oh et puis après tout, pourquoi mentir ? Plein de couples le font.

-Ouais, pourquoi ?

-Beuurk ! Plus jamais je me douche là-dedans, j'ai pas envie de tomber sur des traces de sprem sur les parois de la douche !

-Mais on s'est juste duchés hein. je dis, un peu vexé malgré moi.

-Arrête je suis sûr que vous vous êtes enculés.

-Putain tu...

Je le prends par le col de son uniforme en le regardant droit dans les yeux. Je le plaque au mur et le regarde, me retenant de le frapper, puis je le lâche après avoir senti la main de Simon sur mon épaule, me ramenant à la réalité. Putain, qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Lucas me regarde de choqué et apeuré avant de s'en aller. Je serre les poings, me retenant le plus possible de mettre un coup dans le mur. Malheureusement je ne résiste pas, et le coup part. Le mur n'a rien, mais je ne peux pas en dire autant de ma main qui saigne. Je la regarde en tremblant, je ne me reconnais plus.

-Matteo !

Simon me tourne vers lui et prend ma main en la regardant. Ça me fait mal. J'arrive plus à bouger mes doigts. Mon annulaire commence à devenir bleu et je commence sérieusement à penser qu'il est cassé. Putain merde, ça fait mal !

-On va voir Marie.

Il me tire vers les escaliers et on descend. Je commence à sentir ma tête tourner. Putain je suis si faible que je supporte même pas la douleur d'un doigt pété. Merde mais qu'est-ce que j'ai ? Pourquoi je suis si susceptible ?
Arrivés dans le salon où se trouve Marie, Simon m'emmène vers elle et lorsqu'elle me voit, elle se lève immédiatement.

-Qu'est-ce que t'as fait encore ?

Je me sens un peu basculer alors je m'assois. Je tremble de partout. Merde.

***

Posté devant ma fenêtre ouverte, je laisse la fumer s'échapper de ma bouche lentement. Ça fait longtemps, vraiment longtemps que je n'ai plus fumé, mais j'avais vraiment besoin de me détendre. Je sens qu'en ce moment, chaque mot que l'on me dit me fait du mal ou me vexe. Chaque mot déplacé, chaque remarque un peu méchante me rend mal, me fait réfléchir ou m'énerve.
J'écrase ma cigarette contre le bord de la fenêtre puis referme celle-ci. Je vais sur mon lit, regardant ma main droite plâtrée. Elle est la preuve que je me rends mal pour un rien. Lucas a seulement fait une remarque déplacée, et voilà où je me retrouve. Comment je me retrouve. Et puis j'ai fait perdre son temps à Marie à m'emmener à l'hôpital pour faire une radio et tout ça. Tout ce que je fais, ça emmerde les gens. Je les attire dans ma merde, alors qu'ils n'ont rien demandé. Ils n'ont pas demandé à devoir supporter ma petite vie merdique dans la leur qui est bien tranquille. Et pourtant ils doivent me supporter, et je trouve encore le moyen de me plaindre. Je pourrais avoir tout ce que je veux, mais je n'arrive pas à être totalement heureux.
Je prends mon nouveau carnet et le regarde, sans rien faire. Lire les écrits de mon père me manque. Il avait tellement d'imagination, tellement de talent... J'aimerais tellement lui demander d'écrire à nouveau quelque chose pour moi. Il m'écrivait souvent des poèmes et me les lisait avec beaucoup d'amour. Il lisait très bien, mais toujours moins bien que ce qu'il n'écrivait. J'ai toujours voulu qu'il devienne écrivain, mais l'écriture n'était qu'un passe-temps pour lui. Il travaillait en entreprise. C'était comme ça qu'il voulait gagner sa vie et il ne voulait pas tout plaquer pour un passe-temps. J'aurais tellement aimé qu'il profite plus de sa passion...
J'essuie rapidement mes larmes lorsque la porte de ma chambre s'ouvre. Je vois Simon entrer en me regardant. Il referme la porte derrière lui et s'assoit à côté de moi dans le lit. Il me fait un bisous sur la joue et regarde mon carnet lui aussi.

-T'as repris l'écriture ?

Je hausse les épaules, ne voulant pas parler à cause du noeud présent dans ma gorge. J'ai peur qu'il ne se rende compte que j'ai pleuré.

-J'ai vu que t'avais pleuré, t'as pas à te cacher.

Je sens mes larmes me monter une nouvelle fois aux yeux et Simon le remarque aussi. Il me prend le carnet des mains et le met sur ma table de nuit avant de se mettre à califourchon au-dessus de moi et de commencer à m'embrasser dans le cou.

-Arrête.. dis-je d'une voix faible.

J'adore ses baisers mais... je sais pas... Je sais pas du tout pourquoi je lui demande d'arrêter, et il semble l'avoir deviné puisqu'il continue. Puis il pose ses mains sur mon ventre avant de me chatouiller. Je rigole à travers mes larmes. Je rigole non seulement à cause de ses chatouilles mais aussi parce qu'il arrive à me faire oublier que je ne vais pas bien. Et putain c'est le seul à le pouvoir. Je ne peux plus m'arrêter de rire. Je me lâche totalement et je suis conscient que parfois mes rires sonnent plus comme des sanglots. Mais je m'en fiche, parce qu'il est là, et que je veux en profiter un maximum.
Il s'arrête de me chatouiller mais je continue à pleurer en même temps que je rigole. C'est un mélange de trop d'émotions en même temps qui ressortent. Je me lâche, m'ouvrant entièrement à lui. Il le laisse tomber sur moi et me serre fort contre lui. J'enfouis ma tête dans son cou et continue de pleurer, pour une raison ou pour une autre. Je ne sais même plus pourquoi ces fichues larmes coulent au bout d'un moment.

-Matt ?

-Mmh ?

-J'ai remarqué que t'avais une haleine bizarre...

Je me crispe. Mon dieu, j'avais oublié. Il va deviner. Si ce n'est pas déjà fait.

-Matt ?

-Mmh ?

-S'il te plaît, arrête. Fais-le pour moi...

-Je le ferai Simon. Je t'aime.

-Je t'aime encore plus.

-Jamais. Je t'aime trop pour ça.

-Je t'aime.

-Je t'aime.

-Je t'aime.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top