22 - Je me perds

- Je vous ai déjà tout dis.

<< Je demande simplement comment tu as fais pour avoir retrouvé Bakugou plus vite que nous, insiste Hawks. Je croyais que tu ne savais rien Shirosaki, tu m'aurais menti ? >>

Je baisse la tête, le regard vague depuis mon retour avec Katsuki. Hawks m'a convoqué au commissariat et m'interroge depuis plus d'une heure pour savoir comment j'ai pu récupérer Katsuki avant les héros. C'est logique, j'ai tout fais dans leur dos... Mais j'ai fais une promesse à l'Alliance, je les balancerai pas. Jamais... Ils n'ont rien à voir là dedans, c'est moi qui leur ai demandé de l'aide.

- ... Oui...

<< Mais pourquoi ? s'offusque Hawks. Tu pouvais tout me dire, ton aide nous aurait aidé. Alors pourquoi Shirosaki ?? >>

- Je tenais pas à impliquer qui que ce soit... J'en ai marre de voir mes proches souffrir, alors j'ai agi seule dans mon coin... Mais Bakugou est de retour et vivant, ça n'a plus d'importance...

<< Et où tu l'as trouvé ? >>

- ... Dans une décharge... mentai-je, la voix éteinte. Laissé pour mort...

J'ose même plus lever la tête pour affronter le regard de Hawks que je sens me toiser lourdement. Je veux pas qu'il retrouve Yume, je veux qu'elle crève lentement là où elle est... Je me sens vraiment pas bien depuis ces deux derniers jours. Katsuki ne s'est pas réveillé, Dabi ne vient plus me voir, j'ai constamment le palpitant et des envies de pleurer à chaque instant. Je ne laisse malgré tout rien paraitre devant les autres. Il n'ont pas besoin de savoir... Et j'ai honte de leur mentir encore et encore, je vais craquer...

J'entends Hawks soupirer avant de me libérer.

<< Si besoin, contactes moi, conseille-t-il à la porte. Et reposes toi, tu as une petite mine... >>

- Je suis désolée quand même...

<< Ce n'est rien, rassure-t-il en me caressant la tête. Mais la prochaine fois ne gardes pas tout pour toi, d'accord ? >>

Je hoche la tête en silence et sors du commissariat avant de bifurquer machinalement vers l'hôpital et aller voir Katsuki. Mes journées se résument à ça... Aller le voir, retourner travailler à la brasserie pour "essayer" de me changer les idées et rentrer chez moi me coucher. Je sais qu'il se réveillera, il en faut plus que ça pour le tuer, mais quand ? Ca reste un mystère...

Je grimpe les escaliers vers la chambre de Katsuki avant de tomber sur ses parents dans le couloirs. Mitsuki Bakugou me saute au cou en pleurant, j'avoue ne pas trop comprendre son comportement.

- M-Madame ??

<< C'est toi Shirosaki Sada ?? pleure-t-elle en me tenant par les épaules. >>

- Oui...

<< Pour mon fils je ne te remercierai jamais assez de nous l'avoir ramené ! Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie... Merci... >>

Elle me serre fort dans ses bras avec tout l'amour qu'une mère peut contenir. J'ai un pincement au coeur, moi aussi j'ai envie de pleurer. Mais j'en trouve pas la force... Je lève la tête vers Masaru Bakugou qui est tout aussi ému et soulagé de retrouver son fils, bien qu'inconscient mais toujours en vie. Je me raidis en le voyant se mettre à genoux devant moi et plaquer son front sur le sol.

<< Merci Shirosaki-san... tremble-t-il. Merci mille fois... >>

- Non relevez vous monsieur !

Je le relève dans la hâte, mes bras tremblent. Je ne mérite pas autant de reconnaissance... Ce que j'ai fais, je l'ai fais pour Katsuki l'homme que j'aime, mais de la manière dont je l'ai fais...

Je n'en suis pas fière...

- Je... Je n'ai fais que mon devoir de héros...

Je garde la tête basse, j'arrive même plus à articuler. Rien que de prononcer le mot "héros" m'écorche le fond de la gorge. Je ne mérite même pas de me considérer comme tel... Je ne me sens plus moi même... Mitsuki prend mon visage entre ses mains et me sourit à la fois tristement et chaleureusement.

- Tu as sauvé une vie, sois en fière...

Je ne rajoute rien. J'aurais pu en sauver plusieurs... L'image de Ueno me revient en mémoire. Je passerai voir sa famille leur remettre la statuette d'oiseau qu'elle m'a donné, comme je lui ai promis. Je regarde par l'encadrement de la porte Katsuki qui est encore dans son lit d'hôpital, inconscient et branché à une aide respiratoire. Je remarque de nombreux cadeaux et différentes races de fleurs, portant les noms de tout la classe. Je souris faiblement en pensant qu'ils attendent son retour avec impatience... Moi, j'ai peur qu'il ne réveille jamais ou qu'il ait des séquelles plus ou moins graves.

J'aurais dû être là quand c'est arrivé... J'aurais dû le récupérer plus tôt il ne serait pas dans cet état... Je ne peux m'en prendre qu'à moi même... Parce que j'en ai fais qu'à ma tête !

Je contourne son lit alors que ses parents me laissent seule avec leur fils, avant de lui prendre fébrilement la main. Il n'a aucune réaction, j'ai l'impression d'avoir un corps déjà mort sur ce putain de lit !

- Katsuki c'est moi... Sada...

Je souffle, la gorge serrée, et m'assois à ses côtés en caressant sa main, attendant un réflexe. J'écoute le moniteur cardiaque bipper et sa respiration profonde dans le masque à oxygène.

- Pardonne moi... J'ai trop tardé...

Je ris faiblement.

- Tes crises de colère me manquent tu sais... Tu manques à Midoriya, toute la classe... Ils t'attendent...

Je laisse tomber ma tête sur le dos de sa main en la serrant très fort contre mon front.

- Tu me manques Katsuki...! Si tu m'entends... ouvres les yeux ! Fais moi un signe, n'importe quoi !

Je serre les dents en retenant mes larmes avant de sentir les doigts de Katsuki bouger légèrement. Je relève vivement la tête en croyant rêver. 

- Katsuki ?? Tu m'entends ?? Refais pour voir ??

Mais rien... Plus rien... Je me suis emballée, j'ai espéré...

Je soupire en baissant la tête et le laisse se reposer avant de passer à la famille de Ueno déposer la figurine. Sa grand mère a été la première à éclater en larmes, ça m'a encore plus détruit à l'intérieur... Je leur donne l'objet avant de rentrer chez moi, ils ont besoin de temps pour faire leur deuil. Perdre leur fille aussi brutalement...C'est un peu un choc quoi.

Je m'enferme dans mon appartement et prend une douche bien chaude. Je fixe le sol en essayant de faire le vide dans ma tête...

<< Même là tu te dénigres ?! Sérieusement Sada ?! >>

Ta gueule...

<< Grâce à moi tu l'as sauvé ton Bakugou ! Mais évidemment tu continues à rejeter toutes les fautes sur toi, tu fais chier ! >>

- J'AURAIS PU SAUVER PLUS D'UNE VINGTAINE D'INNOCENTS SHIROSAKI !!! MAIS J'AI PENSE QU'A MA GUEULE ET JE LES AI LAISSE POURRIR !!! J'AURAIS PU SAUVER UENO SI J'AVAIS AGI PLUS TÔT PUTAIN DE MERDE !!! J'ai pas réussi à me calmer...!

Je reprends mon souffle, la gorge encore plus serrée, j'ai l'impression d'étouffer. J'entends encore leurs cris... leur lente agonie... Et j'ai rien fais...

<< Tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé, tu peux pas sauver la Terre entière à toi seule. >>

- Juste Shirosaki... Tais toi... Et laisses moi en paix...

<< Tch ! Même là tu me refoules... Tu te poses trop de questions et trop de barrières. Acceptes une bonne fois pour toute ce que tu es ! >>

Le bien et le mal s'entrechoquent en moi, comment ne pas péter un câble...? Je sais même pas qui je trahis, qui je protège... Je suis fatiguée...

Je sors de la douche avec ma serviette sur la tête et me blottis dans un coin de ma chambre en allumant une musique au hasard. Riku se faufile dans mon sweat et se blottit en boule contre mon ventre. Je la caresse en chantant à vois basse...

https://youtu.be/vqGh19fv1CM

<< Je fais comme si tout était normal...
Mais derrière mes sourires... mon regard...J'ai mal...

Et je doute sans cesse...
Me délaisse...
Me déteste...

J'ai besoin de me tester, je suis prête à risquer
Le peu qu'il me reste... >>

Je me frotte les bras, alors que je ne ressens aucun frisson. J'ai vraiment mal et me sens sombrer malgré moi... Je me perds...

Mais attends, quel est le problème dans tout ça ?

Je regarde mes mains. Le vrai problème est toujours le même. J'ai peur de moi même, parce que je ne connais pas mes limites. Je veux avancer, et je veux protéger, mais je dois apprendre à me contrôler... Ma puissance, j'ai déjà compris qu'elle était influencée par mes émotions. Ce pourquoi encore une fois, contre Yume comme contre Saru, je me suis retenue de justesse avant de tout détruire. J'ai eu... un minimum de conscience pour m'arrêter.

Je ressens encore ce goût amer au fond de la gorge, c'est la frustration... La frustration de ne pas arriver à me déchainer pour me soulager, vider mon sac. Dans l'autre vie, j'ai trop pris l'habitude de tout garder en moi et subir... Et aujourd'hui je recommence...

- Ite...!

Je me tient le bras droit avec de nouveau la sensation de brûlure, beaucoup plus forte qu'avant. Je lève la tête vers ma fenêtre et mon coeur semble revivre en voyant la silhouette de Dabi adossée à l'encadrement de la fenêtre, clope au bec, les bras croisés et les cheveux au vent. Lui aussi m'a manqué...

- Dabi...

<< Regardes toi un vrai zombie, clash-t-il, neutre. >>

Il m'a l'air de mauvaise humeur vu le ton de sa voix. Je baisse la tête, trop lâche pour affronter son regard perçant et lourd de jugement. Il jette sa cigarette à moitié consumée dehors et s'engouffre dans la chambre avant de s'accroupir devant moi et relever ma tête par le menton.

<< Depuis quand tu fuis mon regard, hm ? >>

- Je croyais que tu me faisais la gueule...

<< C'est vrai. Et tu veux savoir pourquoi j'imagine. >>

Je ne dit rien, attendant la suite.

<< Parce que tu rejettes ce que tu es Shirosaki. Et de ce genre de comportement chez toi j'en ai marre. >>

J'encaisse sans répliquer. Mes yeux fuient encore les siens, mais Dabi me force à le regarder, plus sévèrement.

<< Regardes moi quand je te parle. >>

- Je suis désolée...

<< Tais toi et écoutes moi bien. Va falloir faire un choix et vite Sada. Alors je te repose la question... >>

Son regard s'assombrit. Il m'envoûte plus qu'il me fait peur...

<< Dois-je te considérer comme une alliée, ou comme une ennemie ? >>

Je n'ai aucune réaction, même si au fond de moi, cette question horrible me plante en plein coeur. Je ressens comme une lame s'enfoncer toujours plus et la douleur s'intensifie. J'ai envie de pleurer... Prendre Dabi dans mes bras, je ne veux pas qu'il me laisse...

Ses traits de colère disparaissent en voyant une larme perler sur ma joue. Pourtant mon regard n'affiche plus aucune émotion, aucune vie...

- Je ne suis pas ton ennemie...

Riku sort de mon sweat avant de se frotter à mes jambes. Je me traine à quatre pattes pour me blottir entre les bras de Dabi que je ne sens pas se refermer sur moi. C'est pas grave... Je m'agrippe à son col et enfouis mon visage contre son tee-shirt.

- Je me suis voilée la face en me disant que je n'avais besoin de personne... Que je pouvais encaisser sans jamais craquer... J'ai menti, j'aimerais qu'on m'aide... Que quelqu'un me tende la main...

Il reste silencieux. Puis je sens sa main caresser mes cheveux et ce simple geste m'apaise. Je frémis en sentant son souffle chaud au creux de mon cou alors qu'il s'approche de mon oreille.

<< On se ressemble tellement... Tu es fascinante. >>

Mon coeur bondit à ces mots. Dabi a une façon bien à lui de dire les choses telles qu'elles sont. Je l'admire vraiment... Je relève la tête vers la sienne mais dans l'élan je manque de... l'embrasser... Au dernier moment il a reculé sa tête pour se relever. Il me sourit avant de grimper sur ma fenêtre.

<< Tâches de te reposer gamine. Tu fais peur à voir. >>

- Attends ! Pourquoi tu es venu au juste ?

<< Faut croire qu'on s'est manqués mutuellement, nargue-t-il avec un clin d'oeil. >>

Mes joues s'empourprent alors qu'il disparait dans la rue. Cet homme je vous jure... Un sourire me prend inconsciemment et mon corps s'écroule sur le martelât. Il a raison je dois me reposer... Je suis à bout de forces... 

Katsuki...

À suivre...

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💥 Force pour Kacchan ! Réveilles toi, on t'attend !
🔥 Dabi montre encore et toujours son affection pour Sada et ne se cache pas de le lui faire comprendre~❤
💥 Plus personne ne regarde Sada de la même façon...

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