Chapitre 54
C'était le téléphone de Nora qui nous réveilla. Après une discussion interminable sur l'efficacité supérieur de son application et le véto que posa Holly à l'utilisation de mon téléphone comme alarme matinale, nous nous étions finalement mises d'accord pour que Zac Efron soit la première voix que nous entendions.
« Je préférais quand même Wham! ... grognai-je en rabattant les bords de mon oreiller sur ma tête.
- Jamais ! s'écria Nora en émergeant d'un coup. Ne profane pas High School Musical devant moi.
- Je sais pas de quoi tu parles, marmonnai-je. Je les ai jamais vu. »
Holly sortit des toilettes sur ces belles paroles, une serviette autour du cou.
« Sacrilège ! s'écria-t-elle. Comment oses-tu dormir avec nous ? »
Elle me pointait du doigt tandis que Nora dégringolait de son lit, toujours emmitouflée dans sa couverture pour rouler jusqu'à mon lit. On aurait dit un bâton de saucisson, mais je me retins de lui faire la remarque. La chef du club de journalisme attrapa la main qui débordait de mon matelas et tapota gentiment dessus.
« Tu sais, ce n'est pas une honte de n'avoir jamais vu ce chef d'œuvre... voulut-elle me rassurer. Par contre, tu crains quand même.
- On aurait dû s'en douter quand elle a nous supplié de choisir une autre chanson, hier soir.
- Tôt ce matin, la corrigeai-je en songeant que nous ne devions avoir que quelques petites heures de sommeil derrière nous. »
Je levais les yeux au ciel et remuai un peu pour me dégager de l'emprise empoisonnée de Nora.
« On fait quoi aujourd'hui, déjà ? m'enquis-je.
- Je ne sais pas, hier soir, Finnigan a précisé qu'il nous laissait encore un jour de tranquillité... se souvint Holly. Mais tu n'écoutais pas.
- J'écoutais pas ? marmonnai-je en me frottant les yeux. »
Je me redressai dans le lit. Tranquillement installée sur le sien, face à celui de Nora, Holly me lança un petit sourire espiègle.
« J'écoute toujours... me défendis-je. Dis-lui Nora. »
Personne ne me répondit.
« Nora ? »
Je me penchais pour trouver mon amie en train d'essayer de rouler dans l'espace qui se trouvait entre le parquet et le lit.
« Qu'est-ce que tu fais ? soufflai-je, un peu sceptique.
- Je veux juste vérifier quelque chose.
- Tu sais, je ne crois pas qu'il y ait de monstre sous mon lit. Holly, dis-lui qu'il n'y a pas de monstre sous le lit.
- Je sais pas si elle m'écoutera ! s'exclama mon interlocutrice en levant les mains en l'air. C'est peut-être ma meilleure amie, mais je ne suis pas sa mère. Si elle veut faire des trucs bizarres, qu'elle se démerde comme une grande.
- Vous êtes bêtes ! grogna Nora qui avait définitivement disparu sous le lit. »
C'est vrai qu'ils étaient hauts, ces lits. Notre bungalow n'était pas trop mal, d'ailleurs. Holly avait réussi à avoir celui qui se trouvait en face de la salle commune, ce qui signifiait que nous n'étions pas juste à côté des toilettes et des douches publiques, et ça, c'était franchement cool. Nous avions un petit salon, avec sa petite cuisine (même si je doutais que nous y passions une seule soirée à mijoter un petit plat) et puis la chambre. Il y avait un lit superposé (qu'occupait Holly, sur la couchette du bas) et deux lits calés contre les murs. J'avais pris celui juste sous la fenêtre, en face de la porte des toilettes et des commodes. Nora avait choisi celui qui faisait face à la couche de son amie. Un cadre sympas, pour deux semaines entre copines.
« Et du coup, elle donne quoi, ton expérience ? s'inquiéta Holly comme Nora ne réapparaissait pas.
- Je sais pas ! nous répondit sa voix étouffée. En fait, j'ai juste eu un besoin vraiment soudain de rouler sous le lit.
- Je te jure, même avec la meilleure volonté du monde, parfois, je me demande pourquoi on est amies... soupirai-je en sortant enfin de mon lit. »
Je l'entendis « gnagnagna » (faire gnagna, pour ceux qui ne seraient pas adeptes des néologismes carliesques) et elle apparut enfin.
« Vous savez quoi ?
- Quoi ? s'inquiéta Holly.
- Je sais pas, mais je vais me doucher, marmonnai-je.
- Je pense que Seth et Carly sont ensemble, lâcha Nora, imperturbable. »
Je me raidis, mais ça passa particulièrement inaperçue.
« C'est le lit qui t'a dit ça ? m'enquis-je.
- Non, c'est mon petit doigt.
- J'avoue que vous avez une attitude suspecte, tous les deux !
- Mais n'a-t-on jamais été suspect ? me plaignis-je sans les regarder. »
Ce qui, d'ailleurs, ne plaidait clairement pas en ma faveur, merci de le souligner, Josiane. Nora tenta de soutenir mon regard pour lire dans mes pensées. Heureusement, j'étais une fille maligne.
« Je n'ai d'yeux que pour Zac Efron ! m'exclamai-je en ouvrant brutalement la porte de la salle de bain et en m'y faufilant.
- Tu ne pourras pas éternellement fuir ! s'écria Nora, à l'extérieur.
- ET LAISSE NOUS ZAC, PAUVRE INCULTE ! ajouta Holly. »
Pitié que j'aie gagné quelques secondes de répits, songeai-je en serrant mentalement la main de Josiane. Encore une crise évitée de justesse, partenaire.
OoOoO
Nous étions tous assis dans la cafétéria. Certains avaient la tête dans le postérieur, d'autres étaient déjà trop éveillé à mon goût. Nous n'étions pas installés depuis dix minutes que Finnigan s'était décidé à perturber notre petit-déjeuner pour nous prévenir que nous étions plus ou moins libres aujourd'hui, confirmant les dires de Nora.
« Je dois encore vérifier certaines choses avec Claire et Tess. »
Pendant un moment, le doute sembla planer sur l'assemblée. Puis nous comprîmes que madame Hel répondait au doux nom de Claire et tout à coup, ce fut plus...
Mon cerveau se vida d'un coup, comme si Josiane avait cherché à m'empêcher de dire quelque chose que j'allais regretter.
Où en étions-nous, du coup ?
« Du coup, vous avez champ libre toute la journée, reprit Emett. Je ne veux pas d'accident donc pensez à des activités qui n'impliquent ni votre vie, ni celle de vos camarades. Comme prévu, nous avons fait un petit planning pour que vous ne vous sentiez pas non plus trop en vacances. Les élèves chargés du repas de ce midi sont des bungalows 1 et 2. 3 et 5, vous mettrez la table. 6 et 9 vous débarrasserez. Le reste du planning sera affiché sur le panneau en bois de la place centrale. »
Certains se plaignaient déjà, mais je devais avouer que je trouvais l'idée plutôt fun. Ça avait du sens qu'on ne réduise pas en esclavage la pauvre Tess. Surtout que, à ce que j'avais compris, elle avait ouvert le camp exprès pour nous. Alex se gratte le crâne, jetant un regard interrogateur à James.
« C'est qui les bungalows 6 et 9 ? nous demanda-t-il alors que Finnigan nous souhaitait un bon appétit.
- C'est nous, lui répondit James.
- Je vous préviens, je ne fais pas la vaisselle ! ajouta Nate. L'éponge, le balais, le rangement, okay. Mais pas la vaisselle.
- Pourquoi ? s'inquiéta Holly.
- Je suis allergique au savon vaisselle... nous confia-t-il à voix basse. J'ai pas envie de passer ces deux semaines avec des plaques rouges sur les mains.
- C'est pour ça que tu te laves avec des pains de savon ? s'exclama tout à coup James. Je me demandais à qui je l'empruntais. »
Nora poussa un petit cri de dégoût.
« Eûk ! Tu lui as emprunté son pain ?
- Bah quoi ? releva Seth. Nous les mecs, on se prête tout, même nos slips.
- Charmant, Potter... murmurai-je en lui adressant un sourire amusé. »
Mais j'étais clairement désespérée et ça amusa mon voisin un peu plus.
« Je ferais la vaisselle, conclus-je alors que James râlait que c'était toujours sur nous que tombaient les pires corvées.
- Tu es sûre ? s'enquit Alexander. Je peux la faire aussi.
- T'inquiète ! Frotter les microbes des autres avec du savon, ça me détend.
- Tu devrais rencontrer Luka, mon petit ami, soupira Nate en réajustant ses lunettes qui glissaient sur son nez. Lui aussi, c'est sa passion, faire la vaisselle.
- Comment t'as réussi à pécho un allemand ? s'enquit James.
- Echange d'étudiant, lui répondit le garçon. »
Les garçons hochèrent la tête, comme s'ils comprenaient une information qui nous échappaient à Holly, Nora et moi. Ça agaça la présidente du club de journalisme qui fit une remarque désobligeante sur l'absence de rasage de Seth et le court moment de calme qu'avait été notre petit-déjeuner avait cédé à ce qui faisait notre quotidien : beaucoup de cris, deux tourtereaux et le prochain mauvais coup de James.
OoOoO
Le coin vaisselle n'était pas forcément l'endroit le plus praticable au monde. Malgré la taille de la cafétéria, il fallait sortir du bâtiment pour trouver des éviers en fonte et un étendoir pour faire sécher les couverts, bols et assiettes propres. J'étais plutôt contente de découvrir que Tess avait mis à ma disposition du savon maison, bio et parfumé à la lavande, qui me changeait de ce vieux liquide vaisselle agressif que ma mère s'entichait à garder parce qu'il nettoyait soi-disant mieux que les autres.
Ma mère et ses tocs, quoi.
C'était Seth qui faisait la navette entre la salle et l'extérieur avec un bac remplis de vaisselles. C'était plutôt à notre avantage, puisque les éviers se trouvant dans un coin tranquille, nous pouvions nous échanger de rapides baisers ou des mots doux avant qu'il ne reparte chercher le reste.
« C'est le dernier, m'annonça-t-il au bout de son huitième voyage. Nora et James finissent de nettoyer le sol et les autres sont partis déposer les restes dans la cuisine du chalet.
- Ça veut dire que tu restes ? »
Il ne répondit pas mais vint m'entourer de ses bras et poser sa tête sur mon épaule droite. Son odeur pomme envahit mes narines et un sourire béat se dessina sur mes lèvres. Sa présence derrière moi était la chose la plus apaisante qui pouvait exister.
« Tu sens bon, marmonna-t-il. Ça te va bien, la lavande.
- Hm. »
Nous restâmes comme ça sans rien dire. Il me tenait contre lui et moi, je terminai la vaisselle, tentant de faire taire mon cœur qui battait à toute vitesse.
« Alexander propose qu'on prenne un créneau pour faire du canoë cet aprèm, ajouta-t-il finalement au bout d'une dizaine de minutes. »
Il me restait quelques bols dans l'évier. Je m'accordai une petite pause pour ne pas finir trop vite et rompre notre étreinte.
« Je suis plutôt douée, en canoë, me souvins-je. Rita m'emmenait souvent en faire, le week-end.
- Alors tu veux bien être ma coéquipière ?
- Pourquoi, on fait une course ?
- Encore mieux, une bataille navale. Et tu sais comment je suis... je déteste perdre. »
Un sourire espiègle s'empara de mes lèvres et j'opinai.
« Okay, mais mes services ne sont pas gratuits, répondis-je.
- Un petit bisou et c'est réglé, non ?
- T'es malade ? m'exclamai-je. Si tu crois que tu vas m'acheter avec un baiser, c'est...
- Je peux quand même payer en nature ? me coupa-t-il. »
Je déglutis. Celle-là, je ne m'y étais pas attendue. Seth restait Seth. Non pas que ça m'avait offensé. Mais j'y avais pensé plusieurs fois, déjà. Et maintenant que ça me trottait dans la tête, je pouvais publier un roman photo de mes aventures avec lui. Mes aventures en nature.
Josiane, tu meurs ? Moi, je suis décédée, je crois.
« Carly ? m'interpella une voix, depuis l'intérieur de la cafétéria.
- Elle est aux éviers ? entendis-je Nora lui répondre. »
Seth se dégagea brusquement et j'eus l'impression que la température avait chuté de quelques degrés. C'était ça, quand on avait pas envie de quitter les bras de l'autre ? Si oui, je retourne m'y blottir tout de suite. Finnigan apparut dans notre champ de vision.
« Salut les jeunes, nous salua-t-il en arrivant à notre hauteur. Est-ce que je peux parler avec Carly ?
- Bonjour monsieur Finnigan, répondit Seth, l'air un peu agacé. Pas de soucis. »
Il me jeta un regard en coin, m'adressa un sourire et se dirigea vers la cafétéria. Avant d'en franchir la porte, il se retourna, porta ses mains en haut-parleur et s'écria :
« Je prends ton absence de réponse pour un oui ! Sois pas en retard, on a une bataille navale à gagner. »
Finnigan fronça les sourcils, me lança un regard interrogateur et fourra ses mains dans ses poches.
« Vous vouliez me dire quelque chose ? m'inquiétais-je.
- Tu me vouvoies ? Je t'ai pourtant dit que ce n'était pas la peine...
- Et donc ? »
Son expression embêtée se changea à nouveau en moue interrogative et il pencha légèrement la tête sur le côté.
« Il y a un problème ? »
Maintenant qu'il le disait, oui. C'était peut-être l'occasion de revenir sur notre relation, son mensonge et mon père.
« C'est à vous de me dire s'il y a un problème... répondis-je au bout d'un temps, en lui tournant le dos pour terminer la vaisselle.
- Je n'aime pas trop ce ton, jeune fille, me fit-il remarquer. Est-ce que tu pourrais être plus claire ?
- Je ne sais pas, moi, soufflai-je. La vraie question, c'est pourquoi ne m'avoir rien dit.
- Rien dit à propos de quoi ?
- A propos de toi et ma mère ! m'agaçai-je, en revenant à une adresse un peu moins formelle. »
Ce n'était pas de ma faute. Une fois énervée, je perdais toujours tous mes moyens et mon sens de la formalité. Finnigan parut déstabilisé.
« Que vous étiez amis, ajoutai-je, l'air de rien. Et que tu connaissais mon père. Je t'en avais parlé, non ? Pourquoi tu n'as rien voulu me dire ? C'est Sam qui t'en a empêché parce qu'elle est encore fâchée contre lui ? »
Il mit un temps à digérer ces informations puisque j'eus le temps de finir de nettoyer les derniers bols avant qu'il ne me réponde.
« Je lui ai promis que je ne dirais rien, avoua Emett. Elle ne s'attendait pas à me voir ici, et moi non plus. Je suis désolé de t'avoir menti, Carly.
- Vous ne redeviendrez jamais amis ? m'inquiétai-je.
- Après ce qu'il s'est passé, non. Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
- Que tu avais poussé mon père à la quitter. C'est vrai ? »
Il ne pipa mot.
« C'est vrai ? insistai-je.
- C'est plus compliqué que ça... marmonna-t-il. Ta mère a aussi jeté de l'huile sur le feu, le jour où s'est arrivé.
- On ne va pas jouer à qui a fait quoi... grognai-je. Vous êtes vraiment des enfants, toi et Sam. Et, je m'excuse d'avance, mais je me permets de le penser. »
Il fallait quand même que je sois un minimum respectueuse. Il restait mon professeur.
« Il n'y a aucun moyen que tu me pardonnes ? murmura-t-il au bout d'un temps. »
Je ne répondis pas.
« C'est bizarre, dit comme ça, mais ça me fait plaisir de passer du temps avec toi. Ça me rappelle la fac, avec Sam. Et puis... tu me fais beaucoup penser à ton père.
- Tu me parleras de lui ? finis-je par demander, touchée par l'affection qu'il me portait. »
Et puis, au final, si j'avais vraiment eu mon mot à dire, j'aurais immédiatement incité Sam à le fréquenter. Maintenant, c'était foutu, c'est clair. Mais à l'époque où je baignais encore dans l'ignorance, imaginer Emett à la place d'un père absent, ça m'avait tout de suite paru logique.
« J'essaierai, accepta mon professeur. On fait la paix, alors ?
- Je tiens juste à préciser que si tu oses dire que je suis une petite diva à qui que ce soit, comme Jack, par exemple, je te rappellerai chaque crise de nerf que tu m'as piqué cette année.
- T'es bien la fille de ta mère. »
Il me tendit une main et je la serrai avec plaisir. J'avais l'impression que je me rapprochais encore plus de la vérité sur mon père. Et même si j'appréhendais, ça me faisait du bien de me dire que j'allais bientôt savoir d'où je venais.
OoOoO
La bataille navale selon James et Alex était un concept qui me dépassait.
Tout ce que faisaient James et Alex me dépassait, en fait.
Par équipe de deux, nous devions faire couler le bateau de notre adversaire tout en respectant un certain nombre de règles scrupuleusement observées par un arbitre qui s'octroyait le droit de mettre un bateau à l'eau à la moindre incartade.
Par exemple, il était interdit de couler un bateau à l'aide des pagaies. Si l'arbitre annonçait une couleur, les équipes qui ne la portaient pas n'avaient pas le droit de couleur un adversaire pendant vingt secondes. Chanter une chanson de marin lors d'un abordage pouvait permettre à une équipe de gagner deux points supplémentaires. Et ma préférée : un bateau coulé devait rester retourné pendant une minute complète. Entre temps, les autres équipes pouvaient s'attaquer ou gagner des points en accomplissant des défis proposé par l'arbitre.
Nate s'en donnait évidemment à cœur joie. Il était notre juge complètement partial qui préférait largement l'équipe que formait James et Nora. Nous étions tout de même premiers avec Seth et Holly et Alex talonnaient les seconds de cinq points seulement.
« James, pagaye si t'es un homme ! s'écria tout d'un coup Seth en secouant les bras.
- Il me provoque ! s'exclama le garçon. Vous êtes témoins qu'ils me provoquent ?
- T'es une poule mouillée ! poursuivit mon coéquipier. »
Comme j'occupai la place frontale, je dus me retourner pour lancer un regard noir à mon voisin.
« T'es sûr de ce que tu fais ? m'enquis.
- Mais oui ! grogna Seth. Fais-moi confiance. »
Je n'aurais pas dû lui faire confiance. James et Nora avaient retourné notre canoë en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « à l'abordage » et chanter du Céline Dion, au plus grand bonheur d'Alex. Manque de bol, James avait un terrible accent français et Nate ne lui accorda aucun point.
Je sortis la tête de l'eau la première, évitant de justesse de me cogner contre la paroi creuse de l'embarcation. Seth apparut un peu après moi. Nous échangeâmes un regard satisfait.
« Quel dommage de devoir attendre une minute sous le kayak... se moqua Seth en m'attirant contre lui.
- Tu crois qu'ils se poseront des questions si on ne réapparait pas vite ? m'inquiétai-je. »
Seth ne répondit pas mais secoua négativement la tête. Je m'entendis à peine murmurer « tant mieux » que mes lèvres s'écrasaient déjà sur celle de mon voisin. Son odeur envahit mes narines au point de me faire chavirer de bonheur. C'était étrange comme l'odeur un peu âcre de la vase se mélangeait harmonieusement au parfum pomme du garçon. Encore plus étrange que la facilité déroutante avec laquelle nos lèvres s'épousaient.
Il passa une main dans mon dos, souleva sans difficulté mon t-shirt collé contre ma peau et caressa doucement la chute de mes reins. L'autre main vint maladroitement trouver un chemin vers la naissance de ma poitrine. La sensation m'électrisa. On ne m'avait jamais caressé comme ça. De façon si douce, si attentionnée et si indécente à la fois. On ne m'avait jamais caressé, en fait. Et tout en chassant Josiane qui osait me dire qu'il était un peu tôt pour ce genre de papouille, je me laissai transporter par la chaleur que me procurait ce geste osé.
« J'ai envie de toi, me murmura-t-il à l'oreille alors que son souffle chatouillait le creux de ma nuque. »
Je me sentis perdre pied. C'était avec cette voix, à Nouvel An, qu'il m'avait parlé. Ce même ton débordant d'envie. A en écouter mon corps, moi aussi. Josiane avait définitivement déserté le poste de contrôle, j'étais seule à prendre cette décision de céder. Et jusqu'aux frissons qui me chatouillaient l'échine, tout mon corps me suppliait de le laisser faire.
Mes mains glissèrent de son cou à sa taille, l'approchant de moi un peu plus, comme si chaque centimètres qui nous séparaient ne devaient pas exister. Connaissant Seth, il n'irait pas plus loin que cette simple caresse, celle de son pouce qui retraçait doucement, sans se presser, la forme de ma poitrine, mais c'est déjà trop pour moi. Si nous n'étions pas planqués sous un kayak avec de l'eau jusqu'aux épaules, je serais peut-être déjà là à lui demander d'aller plus loin. Je ne me connaissais pas comme ça, mais ça ne me gênait absolument pas. J'aimais être comme ça avec lui. J'aimais sentir l'impatience dont je faisais preuve quand sa main cessait de bouger.
Seth parsema quelques petits baisers dans mon cou, laissant parfois derrière lui le chemin légèrement humide de sa langue. Son pouce délaissa ma poitrine, ses doigts trouvèrent l'accroche de mon maillot de bain, dans mon dos. Ils jouèrent un temps avec.
« J'ai tellement envie de toi, grogna le garçon. Mais c'est pas comme ça que je veux le découvrir. »
Il revint m'embrasser une dernière fois, s'arrêtant de bouger pour me serrer contre lui. Je sentis qu'il ne plaisantait pas et ça me surprit de m'imaginer la raison de cette bosse, contre ma cuisse. C'était bizarrement flatteur, presque inespéré. Ça me faisait drôle de savoir que c'était moi qui provoquais ce genre de chose chez quelqu'un.
Seth se recula soudain, un peu trop vite à mon goût. Il me scruta d'un regard un peu sombre, mais pas mauvais.
« Dis quelque chose, soupira-t-il en accrochant mon regard perdu. Je suis allé trop loin ?
- Pas assez, répliquai-je presque un peu vite. »
C'eut au moins l'avantage de lui arracher un petit sourire espiègle.
« C'est dangereux d'être près de toi, rajoutai-je. Ça me fait ressentir des choses que j'imaginai même pas.
- Et encore, t'es loin d'avoir tout vu... murmura-t-il, amusé.
- Tu me montreras ? »
Je devais être rouge de honte puisque je me surpris à regarder ailleurs, par peur de l'observer me juger. Seth attrapa mon menton, m'obligea à le dévisager.
« Demande-moi et je te montrerais, me répondit-il en prenant le temps de prononcer chaque mot comme si c'était une promesse solennelle. Je ferais tout, pour toi.
- Quand je te disais que c'était dangereux, d'être près de toi... répliquai-je dans un soupir. Ça a duré quoi, une minute ? J'avais pas envie que ça s'arrête. »
Il éclata de rire devant ma mine déconfite.
« Si on reste là-dessous cent ans, ils vont finir par se douter que je fais autre chose qu'essayer de te couler... »
Nous échangeâmes un regard complice et il se pencha pour m'embrasser doucement.
« Et puis, ce n'est que partie remise, ajouta Seth. »
On tapota sur le kayak. De l'autre coté de la paroi, j'entendis Nate toussoter d'agacement.
« Qu'est-ce que vous foutez ? s'écria Nate. Ça fait plus d'une minute que vous êtes coincés là-dessous. Dépêchez-vous de vous remettre en jeu ou je vous enlève trois points.
- Il n'oserait pas ? remarqua Seth, complètement outré. »
J'eus un petit rire amusé.
« C'est Nate. Il oserait tout. »
Seth poussa un grognement particulièrement sexy et attrapa les bords du kayak pour le retourner. Juste avant qu'il ne le fasse, je me penchai vers lui.
« Si on perd, Seth Potter, murmurai-je à son oreille, je resterais vierge jusqu'au mariage. »
Il fut aussi surpris que moi par ma remarque indécente.
« Fais gaffe... murmura-t-il de cette même voix profonde et incroyablement tentatrice. Je te prends au mot... »
Hi y'all !
Je suis productive, profitons-en ! Vous noterez qu'on passe qu'en même de plus de deux semaines d'absence à deux jours d'attente. Moi, je dis ça, je dis rien, mais tant qu'on est dans la veine, on l'exploite.
BON. On en parle de ce chapitre (et parle-t-on de Nate ?) ? Je suis plutôt contente, je l'aime bien et j'espère que c'est votre cas aussi ! J'ai essayez quelque chose, je pense pas que ça ira plus loin que ça mais bon, ce sont des jeunes adultes, alors faut pas s'étonner qu'ils aient ce genre de comportement ! :o
Certains ont eu l'air intéressé par l'idée d'une FAQ donc je vous propose de me laisser en commentaire (sur ce paragraphe) vos questions. Attention à bien préciser si c'est une question pour moi ou pour un personnage (dans ce cas, précisez le prénom). J'essaierai de faire un chapitre chouette ! :D
Enfin, je suis toute contente de vous annoncer que je prépare une petite surprise pour la fin de l'histoire et je suis trop excitée et j'espère qu'elle sera finalisée à temps (même si, on va pas se le cacher, y a encore de la marge).
A très vite pour la suite (j'espère avoir pleins de questions... est-ce que je gratte ? Oui.)
Votre dévouée Elwyn.
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