Chapitre 40


Il pleuvait si dru qu'on ne voyait pas la route. Finnigan roulait prudemment, s'arrêtant à chaque passage piéton qu'il croisait pour être sûr qu'il ne ratait rien. Sa voiture sentait le livre presque autant que son salon. Sur les sièges arrière, protégés par de larges couvertures brunes, des caissons d'ouvrages traînaient entre les outils de jardinages et de larges piles de copie. Finnigan devait probablement faire un peu de rangement dans sa salle de classe puisque je reconnus certains livres qui étaient posés sur les appuis de fenêtres.

« Je suis désolé, Carly, je voudrais aller plus vite, mais on n'est jamais trop prudent...

- Ne vous inquiétez pas, le rassurai-je. Ma mère ne voudrait pas que vous conduisiez comme un dératé avec sa fille dans la voiture.

- J'imagine bien, soupira-t-il en prenant la première à droite sur le rondpoint qui nous dirigeait hors du centre-ville. »

Nous ne nous parlâmes pas sur les deux kilomètres suivants. Emett était beaucoup trop concentré pour que je le dérange. Même moi, je n'aurais pas mis le bout de mon nez dehors par ce temps. Il avait bien du courage de me ramener alors qu'il devait encore rentrer chez lui.

« Carly, avant que tu rentres chez toi, je voulais m'excuser, souffla-t-il finalement alors que nous n'étions plus qu'à une rue de chez moi.

- Vous excusez ? relevai-je, surprise. C'est moi qui suis désolée, j'ai été irrespectueuse, l'autre jour.

- Je peux comprendre, je me suis comporté comme un con. »

Wahou. Des excuses. De vraies excuses. Avec une remise en question de soi en plus. Venais-je de toucher le jackpot ?

« J'ai pas une vie marrante, en ce moment, Carly. Je me suis défoulé sur la mauvaise personne et j'espère que tu me pardonnes. T'es une chouette élève, tu travaille bien et je veux que tu réussisses.

- C'est gentil, murmurai-je entre deux compliments. Mais vraiment, je m'excuse de vous avoir crier dessus.

- Quand tu reviendras en cours, je te prêterai un bouquin, m'expliqua-t-il, comme s'il ne voulait absolument pas entendre mes derniers mots. Tu verras, c'est de la bombe.

- C'est de la bombe, me moquai-je ? »

La voiture pila net. Je fus propulsée vers l'avant du siège alors que mon professeur jurait. Un peu surprise, presque effrayée, je relevais la tête pour observer la route. Dans la quasi-obscurité qui se déployait tout autour de l'habitacle, je reconnus le contour de ma maison. Toutes les lumières du premier étage étaient allumées.

Un éclair zébra le ciel, une ombre se propagea sur la route, devant la voiture.

Le toit de Seth s'écroulait lentement sous le poids d'un poteau électrique.

« Oh putain ! m'exclamai-je en me détachant. »

J'ouvris la portière, rabattis la capuche de mon ciré et saisis mon sac. Les mains crispés sur le volant, Emett jetait des coups d'œil frénétiques entre ma maison et celle de mon voisin.

« Vous ne venez pas ? m'inquiétais-je. »

Il parut réfléchir le temps d'un instant. L'eau qui tombait à flot transperçait la maigre couche de vêtement qui me protégeait. Encore un peu et j'allais me mettre à grelotter. Finnigan ne bougeait toujours pas.

« Non, Carly. Je suis désolé.

- Ne vous en faites pas.

- Envoie-moi un mail pour me dire si Seth va bien. Avec la tempête, ce n'est pas sûr que l'école soit ouverte demain.

- Je vous dirais, le rassurai-je. Merci, Monsieur Finnigan.

- Emett, me rappela-t-il à l'ordre. »

Nous nous sourîmes vaguement.

« Merci, Emett, conclus-je. »

Je claquai la portière et mon professeur démarra dans la foulée. Je ne pris pas la peine de le regarder s'éloigner. Il faisait trop froid et le vent soufflait trop fort pour que j'ai envie de rester une minute de plus sous le déluge.

Un rapide coup d'œil dans mon jardin m'indiqua que le poirier que ma mère avait planté avait été arraché du sol par les bourrasques. La poubelle avait volé quelques mètres plus loin et notre boîte aux lettres grinçaient sous les assauts de la pluie et du vent. Si elle était encore debout demain matin, je me promettais de la repeindre et de lui donner un petit nom en récompense.

Je fis de mon mieux pour rejoindre mon porche et quand je fus finalement à l'abri, mes mains tremblantes cherchèrent avec inquiétude mon trousseau de clé au fond de la poche de mon sac détrempé. Mes doigts engourdis s'enroulèrent enfin autour d'un objet métallique et tintant et je l'extirpais tant bien que mal de la poche, cherchant à tâtons la serrure dans le noir ambiant.

La porte cliqueta, le verrou céda et cette dernière s'ouvrit dans son grincement habituel. Appelée par la chaleur du couloir, je m'y réfugiai rapidement, claquant derrière moi le lourd panneau de bois. Des pas raisonnèrent dans la cuisine et ma mère apparut, suivi de près par Eva Potter.

« Carl' ! s'exclama ma mère en se jetant dans mes bras. »

Elle me serra fort, malgré mon corps détrempé puis s'écarta incommodé par la fraicheur que je dégageais.

« Tout va bien, marmonnai-je alors qu'elle me regardait sous tous les angles. E... Jack m'a ramené saine et sauve. »

Il n'était pas l'heure d'une crise à la Samantha Green. Un petit mensonge de rien du tout ne la tuerait pas. Et il me sauverait la vie, accessoirement. Comme j'en avais assez que ma mère s'amuse avec mes joues, soulagée que je sois rentrée en un seul morceau, je me tournais vers notre voisine. Cette dernière avait les yeux rouges. Elle sentait bon le savon de ma mère et portait un pyjama que j'avais offert à Sam pour son anniversaire. Un sourire vint tout de même illuminer son visage, comme pour me rassurer.

« Désolée Carly, s'excusa-t-elle d'office. Ça donne un peu l'impression qu'on t'envahit, mais promis, c'est juste pour ce soir.

- Oui, j'ai vu votre maison, dehors... murmurai-je, encore sous le choc de la vision. Vous n'avez rien de cassé ?

- Non, j'étais dans le salon et Seth se trouvait dans la cuisine. »

En parlant de lui, je ne le voyais toujours pas.

« Ils vont rester dormir ici ce soir, m'expliqua ma mère.

- Mon mari est au poste de police, il ne rentrera pas avant demain et les lignes téléphoniques sont coupées, poursuivit Eva.

- Vous êtes la bienvenue ici, la rassurai-je. »

Tout à coup, une silhouette déboula dans les escaliers. Seth apparut, suivi de près par Viktor. J'étais soulagée de voir que mon voisin, à part ses cheveux humides, était en bonne santé. Même la vision de Viktor me rassura, mais, loin d'apprécier ce sentiment, je me tournais néanmoins vers mon ami pour chasser l'idée que je puisse commencer à apprécier le petit ami de ma mère.

« Qu'est-ce que tu as encore fait comme connerie ? me moquai-je, oubliant qu'une heure plus tôt, il me maudissait encore d'avoir choisi de faire mon exposé avec Nate. »

Seth leva les mains, l'air innocent.

« Rien, j'te promets, se défendit-il. »

Puis il se tourna vers nos mères respectives.

« Bon, on a récupéré ce qu'on pouvait et on l'a rangé dans votre bureau, Madame Green, souffla-t-il de soulagement. Viktor m'a aidé à faire mon lit.

- Super, s'exclama ma mère et elle gratifia son petit ami d'un baiser imaginaire qui me donna la gerbe.

- Et tu vas dormir où ? m'inquiétais-je. On ne peut pas déplier le canapé, non ?

- Quelle question, Carly, souligna Seth, l'air triomphant. Je dors avec toi, dans ta chambre. »

Dites donc, ces derniers temps, tomber des nues, c'était pas devenu une habitude ?

OoOoO

Seth entra dans ma chambre vingt minutes plus tard. Il portait ses affaires de sport qu'il avait sauvé de sa chambre après que le poteau ait écrasé le toit. D'après Viktor, c'était surtout la toiture qui en avait pris un coup, mais la maison risquait d'être inondée à cause de la pluie. Eva avait l'air rassurée par cette hypothèse et c'était sur ses mots que mon voisin s'était excusé pour prendre une douche.

Je m'étais donc empressée de voir les dégâts collatéraux qu'avaient subis ma chambre. Et ma pire peur se confirma. Seth avait bien installé un matelas sur le sol, recouvrant sans la moindre once d'hésitation mon travail de rangement que j'avais tout juste commencé. Seigneur dieu, faites qu'ils ne soient pas tombés sur mes petites culottes ! Josiane se mit à paniquer et d'un regard affolée, je scannais la pièce pour trouver la moindre pièce de lingerie qui aurait pu compromettre mon image et ma dignité.

Une fois que Josiane s'était calmée, je m'étais empressée d'enfiler mon pyjama et je m'étais jetée sous mon plaid pour me réchauffer. Puis Seth était entré et avait soigneusement fermé la porte derrière lui, comme ces psychopathes dans les films d'horreurs ou les thrillers psychologique. S'il n'avait pas été aussi sexy, j'aurais peut-être crié de toutes mes forces pour que quelqu'un vienne me délivrer.

Il me jeta un petit regard énigmatique puis s'installa au bout de son lit, en tailleur.

« Elle est marrante ta chambre, me fit-il remarquer.

- Pourquoi ? grognai-je, sur la défensive.

- Parce qu'elle te ressemble.

- Et je ressemble à quoi ?

- T'es une créature bordélique. »

Mon majeur lui répondit sans une once d'hésitation. Seth éclata de rire et secoua sa tête. Quelques gouttes s'échappèrent de sa tignasse humide et je ne pus m'empêcher de relever que l'un d'elle dévalait sa tempe pour se perdre dans son cou. Le chemin inverse de mes mains quand il m'avait embrassé à Nouvel An.

Cette pensée me glaça le sang et j'eus le réflexe de me cacher derrière mes cheveux pour masquer la teinte rouge qui colorait mes joues.

« C'est pas en te cachant derrière tes cheveux que ça changera, se moqua-t-il. Mais regarde-moi l'état de ton bureau !

- Quoi mon bureau ? m'insurgeai-je en parcourant ma surface de travail. Il est normal mon bureau !

- Je pourrais même pas y poser un crayon sans qu'un tas de feuilles s'écroule !

- Je t'accueille chez moi et c'est comme ça que tu me traites ? »

Seth me fit un petit clin d'œil, non sans retenir un ricanement narquois.

« C'est comme ça que tu laisseras l'appartement quand on... »

Mon voisin buta net sur la fin de sa phrase, se tut, et me fuit tout à coup du regard. Il ne pouvait pas me faire ça. Quand quoi ? Quand ON quoi, Seth Potter ?

« Quand on sera coloc' pour la fac ! se rattrapa-t-il avant de s'allonger, disparaissant de mon champ de vision. »

Je levais les yeux au ciel. Pendant un instant, j'avais cru qu'il allait me dire qu'il voulait qu'on vive ensemble, qu'il projetait quelque chose avec moi. Mais non, bien sûr. Je devais vraiment me sortir ça de la tête où j'allais devenir folle à force de le côtoyer.

« On sera jamais colocataires, le rassurai-je. Je suis trop parfaite pour vivre avec toi.

- Je tiens juste à signaler que ta pseudo perfection laisse traîner ses soutien-gorge sous son lit. »

Je me raidissais sous mon plaid. La seconde d'après, ma lingerie en dentelles rouges (une petite folie des soldes d'automne) vola jusqu'à mes genoux. J'aurais pu le tuer si je n'étais pas en train de décéder intérieurement.

Josiane ? On a perdu Josiane !

« C'est charmant, commenta Seth sans la moindre honte. Je ne t'imaginais pas porter ça, mais c'est charmant.

- Tais-toi ! grognai-je, rouge de honte. Je reluque tes boxifs, moi ?

- Mes « boxifs » comme tu les appelles sont rangés dans mon placard. Ce n'est pas ma faute s'il traînait là.

- T'étais pas obligé de regarder sous le lit ! »

Seth ne me répondit pas. Il m'ignora même et je l'entendis bouger comme un fou sur son matelas.

« Incroyable ! s'exclama-t-il. Tu avais aussi caché un Pamplemousse sous ton lit ! »

Curieuse, je me penchais en avant. Seth était allongé sur son matelas, ses cheveux étalés sur le côté, le t-shirt qui remontait légèrement sur son ventre, dévoilant le V creusé de son bassin. Dans ses bras, il tenait une peluche rousse ronronnant que j'identifiais comme mon chat. Mon traître de chat. Il ne me laissait jamais le prendre dans ses bras comme ça. Par contre, un parfait inconnu, ça c'était concevable ! On allait avoir une discussion, tous les deux, un de ses quatre !

« Toi aussi, elle ne te range pas ? lui demanda Seth d'une voix attendrie. Toi aussi, t'es un chat maltraité. »

Pampy lui lécha affectueusement la joue, lui donnant un petit coup de nez, comme s'il l'embrassait.

« Oh oui, t'es un chat maltraité, fondit Seth en lui grattant le crâne, entre les deux oreilles. Heureusement que papa est là.

- Je rêve, hallucinai-je. Lâche mon fils et cesse donc de le corrompre !

- Regarde comment il est bien dans mes bras ! se moqua Seth. Il aime mes papouilles lui !

- Moi aussi ! grognai-je. »

Quand je compris que ma phrase pouvait être interprétée à double-sens, il était trop tard. Seth s'était redressé, Pamplemousse sautait sur mon lit pour se réfugier sur mes genoux et moi, j'étais damnée.

« Toi aussi quoi ? s'inquiéta Seth.

- Moi aussi rien, mentis-je prestement. On dort ? »

Je ne laissais pas à Seth le temps de répondre. Attrapant Pampy dans mes bras, je m'extirpais de mon plaid pour me jeter sur l'interrupteur. J'entendis Seth se rallonger et je retournais dans mon lit après avoir déposé mon chat par terre, soulagée d'avoir évité la catastrophe.

Pampy se lova sur mon appui de fenêtre et regarda la rue de ses petits yeux verts. Dehors, il pleuvait toujours. Ç'aurait été un soir de tempête comme un autre si je n'avais pas entendu la respiration calme et profonde de Seth au pied de mon lit.

Seth. Au pied de mon lit. Seth. Dans ma chambre. Le soir. Pour dormir. Seth.

Josiane, je crois que le système générale est en plein krach. Ne serait-il pas le moment de faire quelque chose ?

Mais bon sang, je faisais bien de me poser la question ! Qu'est-ce que je foutais à paniquer pour la présence de mon voisin dans ma chambre ? Qu'est-ce ça pouvait me faire qu'il soit adorable quand il câlinait mon chat ? Comment est-ce que je devais réagir quand je sentais ses picotements dans mon ventre et le long de mon échine à la simple vue de la courbe tracé par les muscles supérieurs de son bassin ? On aurait dit une midinette. Depuis quand est-ce que je me mettais dans un état pareil pour un garçon ? Seth, qui plus est ! Si encore, ça avait été Matt Damon, je me serais dit d'accord. Mais là, c'était Seth. Mon voisin. Chaton.

Un bruissement de tissu vida complètement mon crâne de toutes ses infâmes questions.

« Carly, chuchota le garçon. Tu dors ? »

Oula. Je paniquais. Il me parle ? Comment on répond ? Qu'est-ce que je dis ? Fallait pas que je réponde, sinon, il allait savoir que je dormais pas.

« Non, murmurai-je. »

Et merde.

« J'arrive pas à dormir, grogna mon voisin. Il est pas ouf, ton matelas.

- Critique pas, répondis-je, vexée.

- Tu veux bien que je vienne à côté ? »

Que tu quoi ? Mais enfin, Seth ? Pour qui me prends-tu ?

« Non, répondis-je, catégorique.

- Mais j'ai froid, Carly, souffla-t-il. »

Je fis mine de l'ignorer.

« Carly... me supplia-t-il. »

Je crus que j'allais le tuer. Il ne pouvait pas jouer avec mes nerfs comme ça. J'allais pas pouvoir dormir si je devais lui faire face pendant la nuit. Et si je parlais dans mon sommeil et que j'avouais des choses compromettantes à mon sujet ? Et s'il comprenait que je rêve de son baiser depuis que nos lèvres se sont séparées ?

« Okay, monte, grognai-je. Mais tu restes de ton côté. »

Et pour illustrer mes propos, je déplaçai mon polochon entre le côté droit et le côté gauche de mon lit puis je roulais vers ce dernier.

« Et si tu ronfles, je te fous par terre ! »

Seth me répondit quelque chose comme : « t'es la meilleure », ce à quoi j'avais envie de répondre « je sais », avant de me rendre compte de sa présence près de moi.

Son odeur envahissait mes narines et me faisait tourner la tête. Je l'entendais respirer plus fort, plus lentement. Je le sentais bouger, chercher une position confortable sur mon oreiller. Je l'imaginais déposer son musc sur mes draps, ma couette et le plaid qui traînait encore au beau milieu du lit. Seth était là, à porter de main.

Si ma mère était entrée, elle m'aurait peut-être tué sur place. Peut-être que c'était un meilleur châtiment que de passer une nuit complète si proche de mon voisin sans même pouvoir le toucher.

Mais. A. Quoi. Est. Ce. Que. Je. Pensais ?

Bordel.

« Carly...

- Quoi, m'agaçai-je réellement, alors que je réalisais que cette situation allait véritablement m'empêcher de dormir.

- Je peux te demander quelque chose ? »

Mon sang ne fit qu'un tour. J'allais le remettre à sa place, lui dire qu'il abusait déjà pas mal de ma gentillesse et que j'étais déjà suffisamment troublée pour qu'il se permette en plus de m'importuner avec ces questions à la con.

« Oui, dis-moi, murmurai-je d'une voix ensommeillée. »

Mais putain !

Josiane ! Les connexions !

« Est-ce que je peux te tenir la main, Carly ? »

Ce type allait avoir raison de ma santé mentale.

« Quoi ? répondis-je surprise. Pourquoi tu veux que je te tienne la main ? »

Seth mit un temps à répondre. Pendant un instant, je m'étais même convaincue qu'il s'était endormi et j'envisageai un repli sur le matelas pour me simplifier la vie.

« Chais pas, souffla-t-il finalement. J'suis un peu chamboulé en fait, pour la maison. »

Seth Potter baissait sa garde.

Je répète ! Seth Potter baisse sa garde.

« Mais ça ira, soulignai-je, comme pour éviter l'inévitable.

- Ouais, mais ça aurait pu être pire.

- Je sais, admis-je.

- Mais bon, j'ai compris, ajouta-t-il, l'air déçu. Tu veux pas me réconforter parce que t'es une amie ingrate... »

Je le sentis bouger. Il me tournait le dos. Et tout à coup, je m'étais sentie drôlement coupable.

Seth était là, dans mon lit, parce qu'il ne pouvait pas être dans le sien sans que ça représente un danger. Ça devait faire bizarre de se retrouver dans un environnement qui n'avait aucun point commun avec son cocon. Et quand il me faisait comprendre que ça le mettait mal à l'aise, je le rejetais bêtement.

Je n'avais même pas envie de le rejeter. Quand j'y repensais, je n'avais qu'une envie, c'était lui saisir la main. La tenir, entrelacer mes doigts au sien et la serrer doucement jusqu'à ce que je m'endorme. Tout pour sentir encore une fois l'aphrodisiaque sensation que me procurait son toucher.

Je mis un temps à me décider. Je ne savais même pas si je pesais le pour et le contre, mais la suite m'était venue comme si ça avait toujours été logique.

Doucement, pour ne pas l'effrayer, je tirais le polochon. Il tomba par terre tandis que je me rapprochais un peu de Seth. D'une main tremblante, je lui tapotai l'épaule. Mon voisin grogna d'abord, comme si je le dérangeais. Sous l'insistance de mon geste, il bascula sur le dos pour me jeter un regard interrogateur.

Ses paupières étaient lourdes, ça se voyait à sa manière de me regarder, comme s'il tentait de déchiffrer les courbes de mon visage derrière un épais brouillard. Parce que je ne savais pas quoi dire et que ses yeux m'hypnotisaient, je lui tendis ma main droite. Seth l'attrapa tout doucement, de la même manière qu'il l'avait faite quand je m'étais coupée la paume. Nous regardâmes nos doigts s'emmêler, se serrer et son pouce caresser lentement ma peau. J'étais fascinée par l'aisance qu'avaient nos mains à se rencontrer. Du coin de l'œil, je pouvais voir mon voisin sourire, agréablement surpris par l'innocente étreinte que nous échangions.

Puis, sans prévenir, Seth me tira contre lui. Ma tête se cala presque naturellement contre son épaule, son bras libre enserra ma taille et mon corps bascula contre le sien. Il posa ma main sur son torse, emmêla à nouveau ses doigts aux miens et continua de caresser le dos de cette dernière.

« Là, comme ça, je peux dormir en paix, souffla-t-il. »

J'étais trop gênée pour répondre quoique ce soit. La tête de Seth dodelina sur l'oreiller et se laissa tomber contre la mienne. Son souffle calme vint caresser mes joues et chatouiller mes tempes. La main sur ma taille souligna la courbe de mes côtes et s'affala légèrement sur mon ventre. Ses lèvres frôlèrent délicatement l'arcade de mon sourcil droit en ce qui ressemblait à un baiser et sa voix brisa une dernière fois le silence pour me souhaiter la bonne nuit.

Et comme si mon corps entier, cœur et cerveau compris, avait attendu ce moment depuis toujours, il se détendit, m'obligeant à sombrer à mon tour dans les bras de Morphée.

Et tout, même Josiane, me suppliait que rien ne s'arrête jamais.

NB.

Déjà, remercions chaleureusement Adèle et @UnJour-PeutEtre sans qui ce chapitre serait sorti demain voir même mercredi parce que je suis ce genre d'auteure en retard. Et comme la patience et moi, ça fait deux, et que j'étais trop impatiente de poster ce chapitre pour une raison EVIDENTE, alors j'ai cédé à la tentation.

Ohlalala. Mais qu'est-ce que je fais à Carly ? Parfois je me dis que je suis une auteure indigne, mais c'est pas ma faute, je vis pour écrire des chapitres comme celui-là ! :o Et puis, honnêtement, je vais pas vous mentir, maintenant que je suis lancée, je vais les faire baver mes petits chéris.

Et vous, vous en pensez quoi ? Pas trop envie de me tuer parce que je vous plante encore avec une bombe dans les mains ? En tout cas, j'espère que ce chapitre vous a plu, que vous avez aimé ce petit moment avec Finnigan, que vous voulez toujours de Pampy dans votre vie (parce que Carly risque de la mettre à l'adoption s'il continue à la trahir comme ça) et que Seth reste Seth dans vos cœurs.

A très vite pour la suite !

E. 

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