~ Salut à toi, lecteur et bienvenu dans le petit coin de Pampy.

Jesuislà, j'ai entendu ton cri, je m'en suis imprégnée et je m'en suis inspirée.

Tu as raison. Pourquoi ne pas parler des petits boulots ?

Tu m'as chargée d'accomplir cette dangereuse quête à travers le monde étrange de l'adolescent/étudiant dans la vie active ? Eh bien me voilà.

Chevalier Pampy, clavier sous la main, prête à te conter l'épique aventure de nombreux jeunes dans le monde entier et passablement la mienne. Mais ça, c'est une autre histoire, tout aussi épique ma foi et... je me perds. Recentrons-nous sur la véritable fable.

J'ai quitté le doux royaume de l'adolescence pantouflarde il y a deux ans, quand je me suis mise en tête de faire quelques choses de mes fins d'après-midi. J'étais alors un petit chaton qui rêvait de gloire et de renommée. Alors... quoi de mieux qu'une quête pour atteindre mes objectifs ?

Ce fut dur, de longues semaines de marche dans des paysages hostiles, de pages de journal en pages internet, de petites annonces en coup de fil relationnel. Et puis, au hasard d'une auberge mal peuplée, je suis tombée nez à nez avec la quête qui me convenait. C'était ça le plus dur. Trouver quelque chose qui me donnerait envie de passer mes fins de journées à faire quelque chose plutôt que de traînasser sur les réseaux sociaux.

Puis j'en vins à me battre. Avec les patrons pas sympas, les clients qui ne sourient pas, ceux qui sourient trop. Je me suis fait des alliés, des collègues qui étaient sur la même longueur d'ondes, avec la même hargne et la même volonté de bien faire. Je suis tombée des nues devant ceux qui montraient les crocs, mes ennemis, ceux qui voulaient que je rate, que je baisse les bras.

Mais j'ai vaincu. J'ai reçu ma première paye, ma première pièce d'or dans mon coffre de chevalier esseulé. J'ai cessé de prendre le moindre obstacle comme une raison de plus pour tout laisser tomber et retourner me cacher sous les jupons de ma mère.

En fait, le message que j'essaye de faire passer à travers cette métaphore filée d'une quête épique, c'est que le petit boulot, c'est pas aussi terrible que ça. Parfois, on se sent un peu forcée parce qu'on y va pour payer ses études, pour aider la famille. Parfois, on y va parce qu'on veut se rendre utile, parce qu'on veut tout simplement faire quelque chose. Le petit boulot a changé quelque chose dans ma vie. Il m'a responsabilisé, m'a donné envie de faire toujours mieux. J'ai choisi celui qui me convenait, j'ai rencontré de nouveaux soldats avec qui nous allons combattre les dragons tous les jours. Et puis, il faut se le dire, quand on fait quelque chose qu'on aime, on ne voit pas le temps qui passe, on ne se sent pas obligé.

Jesuislà, si tu veux que je te donne mon avis sur les petits boulots, et bien le voilà : y a pas si longtemps, j'ai regardé autour de moi. J'ai vu quelqu'un, un étudiant, le sourire aux lèvres, qui accomplissait sa tâche avec énormément de plaisir. Il y avait cette étincelle qui brillait dans ses yeux et ce sourire ravi quand il saluait un client. Et pourtant, rien ne l'obligeait à être là. C'était son choix.

Si tu le fais par choix, alors tu le feras par plaisir.

Quant à moi, j'ai un dragon de plus à aller combattre et mes collègues rouspètent de mon absence !

Le Chevalier Pampy vous salue ! ~

OooO

Le mardi midi, je mangeai toujours avec Alexander et James, nos amis respectifs étant tous occupés sur ce créneaux. Quand il faisait beau, nous prenions nos plateaux et nous nous installions dans le parc de la cafétaria. Ecris comme ça, on pourrait croire que le lycée était un château avec son propre jardin, mais ce n'était pas le cas. C'était un ancien entrepôt et la friche autour était devenu, au fil des années et des efforts des jardiniers, un endroit fort sympathique pour passer un peu de temps à l'extérieur.

Aujourd'hui était une journée de novembre particulièrement propice à traîner dehors. Il ne faisait pas si froid, malgré les protestations d'Holly, ce matin pendant la séance de sport, et un petit soleil était apparu en milieu de matinée. Nous pouvions même nous installer dans l'herbe sans risquer l'hypothermie du popotin, ce qui ma foi, était une chose fort peu agréable.

Mais, encore une fois, ce n'était que mon avis.

« Carly ? »

C'était James qui me distrayait de mon monologue interne ? A sa tête d'ahuri, c'était Alex. Je me tournai donc vers lui, et dans la grâce la plus gracieuse, je grognai :

« Qu'est-ce'tu veux ? »

Alex fronça les sourcils, mais comprit ma réaction quand il s'aperçut que je n'avais pas mordu dans mon sandwich pour lui répondre. Ce qui révélait d'un sacrilège pour moi. Si certains ne parvenait pas à être de bonne humeur sans leur café, moi, c'était mon sandwich à la pause de midi.

« Je voulais savoir comment ça se fait que tu as un date avec Leith, me répondit-il en enchaînant les mots si vite que je ne pus le comprendre du premier coup.

- Hein ? relevai-je tout de même, tout indignée que j'étais. »

Alex se gratta le menton mais ce fut James qui reprit le flambeau.

« C'est Seth qui nous l'a dit, se confessa-t-il d'une toute petite voix.

- Oh l'enfoiré ! m'exclamai-je. Il avait promis ! »

Alex posa une main sur mon épaule et prit un air solennel.

« Enfin, Carly... soupira-t-il. Règle numéro un !

- Quoi, règle numéro un ?

- Ne jamais rien dire à Seth parce que Seth est une passoire...

- Je ne sais pas, mais il risque d'en devenir une si je lui mets la main dessus... »

James eut un peu peur mais fut rassuré une fois que j'eus finis de lui expliquer que je ne tuerai pas Seth avant que nous ayons fait notre exposé.

« Et donc ? finis-je par lâcher, un peu de mauvaise humeur. Si je sors avec Leith, qu'est-ce que ça peut vous faire ?

- Tu n'as pas peur de blesser Nora ? attaqua James sans prévenir. »

Evidemment que si. Je n'arrêtais pas d'y penser depuis la soirée d'Halloween. On aurait dit que la terre entière me lançait des appels discrets pour que je ne fasse pas de bêtise. Et en même temps, j'avais très envie de voir s'il se passait vraiment quelque chose entre nous.

« C'est si grave que ça, ce qu'il s'est passé avec Nora ? voulus-je savoir. »

Alex se rembrunit et James hocha doucement la tête.

« Ce n'est pas dramatique, me reprit finalement le blondinet. Il y a pire comme situation. Même vis-à-vis de Seth, c'est délicat, ce que tu fais...

- Mah ! m'exclamai-je. Vous n'allez quand même pas me blâmer de bien m'entendre avec Leith ?

- Non, ça non ! s'exclamèrent les garçons en chœur.

- C'est juste qu'il y a eu des histoires et... »

Je posais mon sandwich sur mes genoux, quelque peu agacée.

« Quelles histoires ? coupai-je James. »

Les garçons échangèrent un regard. On aurait dit qu'ils hésitaient à me le dire. Et pourtant, maintenant qu'ils s'étaient lancés, c'était presque inhumain de faire marche arrière.

« C'est pas qu'on veut pas te le dire, commença Alex.

- Mais on sait pas si c'est à nous de le dire, conclut James.

- Alors pourquoi vous abordez le sujet ? m'exclamai-je. Si on ne veut rien dire, on ne dit rien. On ne s'amuse pas à déposer des informations à droite à gauche.

- Eh, mais ne nous gronde pas ! se défendit pauvrement Alex.

- Bah j'aimerai bien ! lui répondis-je. Mais c'est pas drôle ce que vous me faites. »

Je baissai les yeux sur mon déjeuner. Je n'avais plus faim maintenant. Ce n'était pas la terre entière qui voulait me compliquer la vie, c'était l'univers et le cosmos réunis. Je n'avais jamais eu envie d'avoir quelqu'un près de moi et, maintenant que j'envisageai d'avoir Leith, les choses se compliquaient à mesure que le temps passait. Après tout, j'étais extérieure à cette histoire, je n'étais pas encore là. Je pouvais bien sortir avec Leith si ça me chantait.

« Tu es fâchée ? s'enquit James.

- Bah oui, un peu... avouai-je. Plus la date du rendez-vous approche plus j'ai l'impression de faire une erreur. Entre Nora et Leith dont la relation est bizarre, Leith et Seth qui se détestent comme chien et chat et Nora et Seth qui ne peuvent plus s'adresser la parole sans s'agresser, je ne sais plus trop ce que je dois faire.

- C'est juste que c'est compliqué, toute cette histoire, plaida Alexander.

- Expliquez-moi, que je comprenne ! suppliai-je presque. »

James avait l'air d'être sur le point de craquer. Peut-être que si j'insistai en lui lançant mon regard de petit chien battu, il finirait par accepter. Après tout, qui ne tente rien, n'a jamais rien.

Josiane, pose un copyright là-dessus. C'était du pur génie.

« Très bien, soupira James malgré le regard noir d'Alex. Je ne te dirai que le stricte nécessaire, Carly. Le reste, tu devras demander aux trois concernés.

- Lâche, lui lança Alex qui se mit à grignoter ses chips sans nous regarder. »

James prit une inspiration.

« L'année dernière, Nora et Seth étaient les meilleurs amis du monde, expliqua-t-il. Mais, il s'avérait que Nora aimait bien aussi le champion de notre club de natation, qui était...

- Leith ?

- Oui, c'est ça. Or, comme tu le sais déjà, Seth était aussi notre champion en natation.

- Donc ils ne s'entendaient déjà pas très bien pour ça ?

- Oui, si tu veux.

- Et ?

- Et après, il y a eu l'affaire Elena. »

Okay. Super, merci les détails James.

« Et donc ? insistai-je.

- Donc, poursuivit Alexander qui avait décidé qu'il était temps pour lui d'intervenir, Seth est sorti avec Elena. Nora s'est un peu retrouvée avec Leith, sauf que Seth était jaloux puisqu'au final, Elena n'a pas fini avec lui mais Leith. Et Nora, c'était un peu le dommage collatéral de l'histoire.

- Hein ?

- Non, mais tu comprends rien parce qu'Alexander t'a fait la version censurée, ajouta James. Mais, un jour, tu comprendras. »

Je les fusillai du regard.

« Là, maintenant tout de suite, vous voulez savoir ce que je ressens ? leur demandais-je en arrachant la queue de ma petite tomate.

- J'suis pas sûr de vouloir savoir, grogna James qui avait visiblement peur que je fasse pareil avec sa tête.

- J'ai envie de vous tuer. »

Alex haussa les épaules. Il prenait cette menace de mort très à la cool. Et dans ma grande colère, je ne pus m'empêcher d'admirer son flegme.

« Enfin, bon, conclut-il. Tout ce qu'on voulait te dire, James et moi, c'est de pas faire quelque chose qui pourrait tout compliquer encore plus. »

C'était bien gentil de me dire ça.

La question, c'était : et moi, dans tout ça ?

OooO

La classe, à l'exception des malheureux-déjà-élus, retint son souffle. Finnigan parcourait la liste de nos noms pour savoir qui seraient les suivants à passer devant la classe. Trois groupes étaient déjà passé et on ne pouvait pas dire que ça avait été fameux. A présent, le doigt de notre professeur faisait des aller-retours sur la liste des noms, s'arrêtant parfois avant de reprendre sa course.

« Potter ! s'exclama-t-il soudain. »

Je sentis Seth se raidir, et pour ne pas l'imiter, je me tassais sur la chaise.

« Allez, devant, c'est votre tour. »

Nous quittâmes nos places à contre-cœur. Seth attrapa au passage la clé USB que je lui confiais et nous montâmes sur l'estrade comme si nous allions faire une mort certaine. Comme mon voisin était occupé à installer l'exposé, j'héritais l'horrible tâche d'entamer notre présentation. Vers le milieu de la classe, Holly leva ses pouces en l'air et Nora me lança un sourire compatissant. De l'autre côté, plus au fond, James et Alex avaient l'air plus au moins satisfaits de ne pas avoir été sélectionnés.

« Bonjour, finis-je par articuler alors que mon pouls accélérait. Avec Seth, nous allons vous présenter un extrait de la scène quatre de la pièce Beaucoup de bruits pour rien. Comme nous avons besoin d'aide pour l'interpréter, Holly, James et Alexander vont nous rejoindre sur scène pour jouer respectivement Hero, Leonato et Claudio. »

Ils se levèrent, bien plus détendus que Seth et moi. Lorsqu'ils grimpèrent à leur tour sur l'estrade, je pus remarquer que James était pâle et qu'Alex répétait encore ses lignes. Tant mieux qu'ils aient le trac, il fallait bien un peu de justice dans ce monde après l'ignominie qu'ils m'avaient fait au déjeuner.

Seth me fit signe qu'il était prêt. Il se redressa et délaissa l'ordinateur pour se caler entre James et Holly.

« Une fois que nous aurons terminé de jouer, expliqua-t-il, l'air d'être très à l'aise, nous vous présenterons la scène et ses enjeux romantiques. Nous explorerons ensemble la révélation de l'amour et le jeu comique qui s'en déduit. »

Quelques élèves compatissants hochèrent la tête et je sentis le regard d'Elena me brûler la peau. Nous cherchâmes l'approbation de Finnigan pour commencer à jouer, et quand il fit signe que nous pouvions y aller, Seth s'empara de mes mains.

« Ne m'aimez-vous pas ? me demanda-t-il, d'une voix profonde et inquiète. »

Je secouai la tête, retirant prestement ma main.

« Moi ! lui répondis-je, faussement gênée. Non, pas plus que de raison. »

Seth se tourna vers Alex et le pointa du doigt et s'éloigna de moi d'un pas.

« En ce cas, votre oncle, et le prince et Claudio ont été bien trompés, ils m'ont juré que vous m'aimiez. »

Je fis un pas vers Seth, attrapant sa main, le forçant à se retourner.

« Et vous, est-ce que vous ne m'aimez pas ?

- En vérité, non ; pas plus que de raison, me répondit Seth, se retirant de l'étreinte de mes doigts. »

Je ne sus dire pourquoi ces mots m'allèrent droit au cœur. Je fis la grimace, et dieu merci, c'était prévu. Seth ne s'aperçut pas de mon trouble et je pus me tourner vers Holly sans gêne.

« En ce cas, ma cousine, Marguerite et Ursule se sont bien trompées : car elles ont juré que vous m'aimiez. »

Seth me força à se retourner. Il me tira vers lui, me fit virevolter comme un prince dans les Disney et se pencha vers moi.

« Ils ont juré que vous étiez presque malade d'amour pour moi ! s'agaça-t-il alors que je reculais mon visage. »

L'odeur de son après-rasage était délicieuse.

« Elles ont juré que vous étiez presque mort d'amour pour moi, me défendis-je.

- Il ne s'agit pas de cela ! me coupa Seth. Ainsi, vous ne m'aimez donc pas ? »

Je me dégageai de l'étreinte de Seth.

« Non vraiment, insistai-je. Seulement, je voudrais récompenser l'amitié.

- Allons, ma nièce, s'exclama Alex, surjouant légèrement alors qu'il s'avançait vers nous. Je suis sûr, moi, que vous aimez ce gentilhomme. »

Cette idée me fit véritablement rougir, mais, une nouvelle fois, cela passait presque dans le contexte de la pièce et je ne me laissai pas déstabiliser.

« Et moi, je ferai serment qu'il est amoureux d'elle ! intervint James, attirant l'attention sur lui. Car voici un écrit tracé de sa main, un sonnet imparfait sorti de son propre cerveau, et qui s'adresse à Béatrice ! »

James sorti de sa poche un papier et me le tendit. Je lui arrachai des mains avant que Seth ne l'attrape et la classe se mit à rire.

« En voici un autre, s'exclama alors Holly, sortant à son tour un papier de la poche de son gilet. Ecrit de la main de ma cousine, que j'ai volé dans sa poche et qui renferme l'expression de sa tendresse pour Bénédick. »

Seth lui prit le papier des mains et le lut, malgré la ferveur que je mettais à lui arracher des mains. La classe se mit à rire encore et je fus soulagée de voir que nous ne nous débrouillions pas si mal.

« Miracle ! s'écria alors Seth en jetant la feuille et en se penchant vers moi. Voici nos mains qui déposent contre nos cœurs ! »

Il m'attira de nouveau à lui et je fis semblant de protester. Mais, disons-le, qu'est-ce que c'était agréable d'être dans les bras de mon voisin.

« Allons, reprit-il. Je veux bien de vous : mais, par cette lumière, je ne vous prends que par pitié.

- Je ne veux pas vous refuser, répliquai-je, faussement indignée. Mais, j'en atteste ce beau jour, je ne cède que vaincue par les importunités ; et aussi pour vous sauver la vie : car on m'a dit que vous étiez en consomption. »

Il y eut un vague moment de blanc. J'échangeai un regard inquiet avec Holly, qui ne comprenait pas pourquoi, à deux lignes de la fin de notre scène, Seth avait un blanc. Alexander paniqua, parut chercher la réplique manquante à mon voisin au fin fond de sa mémoire quand Seth se pencha vers moi.

« Silence : je veux vous fermez la bouche. »

Il lui donne un baiser.

Hey !

Un chapitre cent pour cent inédit ou à 99,8% à cause de l'article qui finalement, n'a quasiment pas changé ! :D

Je l'aime beaucoup celui-là et j'espère que vous l'aimerez autant que moi !

En tout cas, n'hésitez pas à laisser un commentaire, à voter et à partager cette histoire, ça serait tellement chouette de voir de nouvelles têtes ! :D

A très vite (et bonne soirée d'Halloween, guys <3 )

E.