Chapitre 12
En revenant en cours, le lundi, je m'attendais à beaucoup de chose. Une explosion nucléaire, l'arrivée des Aliens sur terre ou une intervention des Avengers. J'avais accessoirement oublié mon article, pour tout vous dire... J'étais partie me balader en forêt avec ma mère et nous nous étions réconciliées autour d'un rituel sacré qui consistait à cuisiner une recette à partir d'ingrédient désigner par notre chat. Nous avons fini par commander des pizzas, mais au moins, dimanche soir avait rendu le sourire à ma mère et à ma petite personne.
En réalité, j'avais d'abord cru que Seth m'avait joué une mauvaise blague. Sinon, pourquoi est-ce que le lycée chantonnerait joyeusement le doux sobriquet de Pampy à tout va ? Je n'avais pas pour habitude de ramener mon affreux matou en cours. Et j'étais loin d'imaginer que toute cette excitation venait de mon article puisque je l'avais ACCESSOIREMENT effacé SANS FAIRE EXPRES de ma mémoire. Ouh, j'y suis peut-être allé un peu trop fort avec le sarcasme...
« Je ne sais pas ce que tu as fait, Carly, mais tu es un génie ! s'exclama Nora en me sautant dans les bras, alors que je refermais tout juste la porte de mon casier.
- Bah, ça, tu vois, c'est super sympa, répondis-je en me dégageant de son étreinte. Mais va falloir m'expliquer pourquoi... »
Holly leva les yeux au ciel, poussa un petit soupir amusé et ses cheveux bruns dansèrent sur ses épaules.
« Ton article ! s'exclama-t-elle. Ne joue pas les fausses modestes, je suis sûre que tu es au courant !
- Mon article ? relevai-je. Celui sur la rentrée ? »
Je jubilais intérieurement. Moi qui pensais, avec le recul, avoir écrit un torchon sans nom, avais en fait écrit un essai profond sur la condition d'un lycéen en début d'année scolaire. Ah bah ça, on a le talent ou on ne l'a pas. Mais bon, puisque j'avais décidé de feindre l'ignorance dès l'instant où ce fichu papier avait été publié sur le net et envoyé à l'impression, autant jouer l'ingénue jusqu'au bout.
« Bravo, belle déduction, Watson... se moqua gentiment Holly. Tu n'as pas regardé internet depuis combien de temps ?
- Eh bah, tu seras surprise mais je ne suis pas allée sur internet depuis que j'ai posté l'article. »
Nora poussa un petit soupir excédé.
« Dans le journalisme, on est CONNECTE, chérie, m'expliqua Nora, une pointe d'ironie dans la voix. La directrice a trouvé ton travail tellement bien qu'elle m'a appelée hier soir. J'ai rendez-vous avec elle pour discuter du budget de cette année.
- Bah, c'est super bon signe ! soulignai-je plus sérieusement. Ça veut dire que je peux m'arrêter là ? »
Sur ce point-là, je ressemblai à mon chat : un effort de temps en temps mais il ne fallait pas non plus abuser. Sauf si vous aviez des cookies. Je suis tout à fait corruptible et je l'assume.
« Tu plaisantes ? grogna Holly qui nous poussait gentiment vers notre première heure de cours.
- Maintenant qu'on t'a sous la main, on ne te lâche plus, chérie ! répliqua Nora en me prenant dans ses bras. Avec toi, on va exploser les records de vente du journal, les lycéens partageront sur internet et on pourra même l'utiliser pour nos dossiers universitaires !
- Tout un programme ! relevai-je, amusée par l'excitation de ma nouvelle amie.
- Et puis de toute façon, tu as maintenant un profil sur notre site, m'informa Holly. Tu es piégée ! »
Holly avait l'air si fière de son coup bas que je n'osais plus relever par peur de la décevoir. Après tout, ce n'était que pour un an, non ? Et au moins, je ne risquais de vomir tripes et boyaux sur scène dans un club de journalisme.
« Juste une question... marmonna Nora alors que nous nous installions à nos places respectives en chimie. Pourquoi est-ce que tu as signé avec le surnom de ton chat ? »
Euh... Excellente remarque.
« Je ne sais pas... ça m'a fait rire... enfin, je crois ? proposai-je sans trop de conviction. »
Holly eut un petit rire, Nora leva les yeux au ciel et soupira. Oui, je manquai cruellement d'imagination. Mais, maintenant que j'y pensais, Pampy, c'était original. Avec ça, je me démarquais, je devenais unique. Et dieu que c'était agréable de se sentir unique !
OoOoO
Il pleuvait des cordes et j'étais bien heureuse d'être au chaud dans le café jusqu'à la fin de l'après-midi. Il était exceptionnellement fermé pour le grand nettoyage mensuel. Jack avait insisté pour s'occuper seul de sa cuisine et je m'étais donc dirigé d'un pas traînant vers la grande salle, réticente à m'y mettre pour de vrai. Ce n'était pas de la flemme, mais de la mauvaise foi, parce qu'évidemment, au moment où il fallait faire le ménage, ni Leith ni Seth ne montraient le bout de leur nez. Si ce n'était pas injuste, ça !
« Carly, tu voudras bien remettre un peu de graisse dans les gonds de la porte, après ? m'héla mon patron depuis la cuisine. J'ai remarqué qu'elle grinçait à cause de l'humidité...
- Oui, je le ferais quand j'aurais fini le reste. »
Traduction : bien sûr, j'ai que ça à faire. Ce n'était pas comme si je devais aussi décrasser le sol, passer un coup de cire à bois sur toutes les tables, nettoyer les tâches d'alcool sur les sièges en cuir, épousseter les rebords et les cadres, et la liste était encore longue ! Seth avait beaucoup de chance d'être en congé aujourd'hui. Cependant, Leith n'avait aucune excuse et il était en retard. Je n'allais donc vraiment pas me presser, histoire qu'il ait autant de travail que moi.
« Ce n'est pas en t'appuyant sur le balai et en regardant dehors que le sol va être propre, Carly... soupira quelqu'un derrière moi. »
Je me retournai. Perdue dans mes pensées, je n'avais pas entendu Leith entrer par la porte arrière de l'établissement.
« Salut, Carly, se sentit-il obligé de rajouter. »
Il portait encore sa veste de pluie et était trempé jusqu'aux os. Mes yeux se baladèrent (involontairement, hein...) sur son visage. Il me souriait, me fixant de ses prunelles noisette où baignait une douce lumière à vous réchauffer le cœur. Il chasse d'une main agacée les quelques boucles qui retombaient sur son front et d'où gouttaient de petites perles de pluie qui roulaient le long des courbes de son visage angélique. Honnêtement, moi qui me plaignais que ma vie ressemblait toujours à un lamentable nanar, j'avais finalement trouvé un avantage.
« Dixit celui qui vient étaler la boue de ses chaussures sur le sol que j'ai fraîchement lavé... rétorquai-je, jouant la fausse agacée.
- Tu devrais nettoyer la bave au coin de ta bouche avant de t'attaquer à la saleté des autres ! se moqua Leith en déposant ses affaires sur le bar. »
Il nota que sa blague avait fait mouche à ma mine déconfite et mes joues brûlantes.
« Je te promets que je vais laver tout ça, rajouta-t-il d'une voix chaude. »
Il était prêt à entamer une petite conversation avec moi quand il fut interrompu par le bruit de quelque chose qu'on casse et un chapelet de jurons fleuris. Au même moment, Jack fit son apparition derrière le bar. La porte en battant de la cuisine claqua, s'ouvrit à nouveau et mit un certain à se refermer. Si mon attention s'était d'abord focalisée sur ce petit détail, je me retins de rire en croisant le regard de mon patron. Son visage était couvert de farine et il avait l'air particulièrement agacé. Comme prise sur le fait (mais si, le fait d'avoir la flemme...), je me remis à passer le balai.
« Tu es en retard, Leith... fit remarquer mon patron sans me jeter un seul coup d'œil.
- Désolé, j'ai été retenu par mon prof... Et avec cette pluie, je ne pouvais pas rouler trop vite...
- Mouais... »
Dans l'esprit de Jack, le prof devait être une étudiante charmante au sourire provocateur. C'était amusant, puisque dans le mien aussi, et je n'aimais pas trop ça.
« Mais toi, ça va, papa ? s'enquit Leith. T'as fait tomber un truc ?
- Oui, le pot de farine. »
Leith ne put se retenir de ricaner bêtement. Jack se vexa aussitôt et grimaça.
« Va chercher un balai et rends-toi utile, p'tit malin. Carly ne va pas faire tout le ménage seule ! »
Leith hocha la tête se précipita à l'arrière-boutique pour chercher son matériel. Quand il revint, il avait troqué sa tenue de pluie contre une vieux t-shirt gris et un jean délavé. Devant mon regard sceptique, il me tira la langue.
« Tu sais, chérie, la javel ça laisse des marques... me confia-t-il en imitant la peste clichée des films d'adolescent. Et moi, je hais les marques. Ça nuit au teint...
- Mais oui, c'est ça. »
Leith devait se penser très drôle. Il ne l'était pas vraiment, ou alors, ce n'était pas fait exprès. Je le trouvai même plutôt mignon lorsqu'il s'absentait quelques secondes pour trouver une blague qui rebondirait sur la précédente et annoncerait la suivante. Heureusement que je ne devais pas en plus le supporter en cours. Sinon, mon cerveau aurait peut-être circuité. Ou alors, je serais devenue plus stupide que je ne l'étais déjà...
Je devais être drôlement concentrée pour ne pas voir la suite des évènements venir. A ce moment précis, je déposais un peu d'huile sur les gonds de la porte d'entrée, et, selon mon reflet dans la vitre, je tirai une jolie grimace. A vrai dire, j'étais obnubilée par l'image que je rendais. Ma chevelure rousse attachée en arrière, mes petites tâches de rousseur, ce regard de velours... C'était un de ces instants où je me trouvais jolie sans devoir énumérer à mon miroir dix choses qui me plaisait chez moi. Ce genre d'instants qui font un peu de bien à la confiance en soi.
Ce genre de moment qu'on aurait aimé vivre encore un peu. Mais si, vous voyez ce que je veux dire. C'est ce genre de moment où aucun Leith en couche-culotte n'essaye de vous envoyer une éponge dans la tronche et de surcroit, y parvient.
« Tu es un homme mort... grognai-je en me retournant. »
L'éponge m'avait frappée dans la nuque et je sentais encore quelques gouttes glisser sournoisement dans mon dos. Partagée entre la honte qu'il m'ait eue aussi facilement et la colère, j'attrapai mon balai avec hargne et le levai en l'air, tel un soldat celte près à passer au combat. J'avais toujours rêvé d'être un guerrier celtique, ne me jugez pas.
« Par Toutatis et autres terminaisons en –is, je te défis au combat le plus difficile de ta vie, m'égosillai-je. Affronte ton destin si tu n'es pas une bourse molle ! »
Bravo Carly, quelle belle preuve d'intelligence et de distinction. Vraiment. Pendant un instant, il ne se passa rien. Leith continuait de me fixer et j'eus peur qu'il me prenne pour une folle. Bon, en même temps, il y avait de quoi. Je venais de percuter que Leith et moi, nous n'étions pas non plus les meilleurs amis du monde, ni des amis de longue date. Ainsi, Keira se serait probablement battue avec moi. Cependant, je n'étais pas sûre que mon collègue le prendrait très bien et répondrait avec humour.
« Tu crois vraiment que tu peux me battre, Carl' ? me demanda-t-il, surpris et amusé à la fois. Parce que tu n'as encore jamais affronté l'incroyable guerrier scandinave que je suis.
- Tu n'es pas un guerrier scandinave ! »
Cette réplique provoqua chez mon collègue une réaction inattendue. Il se rapprocha de moi vitesse grand v, attrapa mon balai et piétina le sol, tel un enfant de six ans et demi.
« D'abord, j'ai fait un test et je suis un guerrier de Lagertha, okay ? s'exclama-t-il d'une voix enfantine.
- Oh mais c'est que tu es adorable ! me moquai-je bien que j'aie été attendrie par l'attitude du garçon.
- Je suis un guerrier scandinave, je ne suis pas censé être adorable.
- Et le guerrier scandinave devrait vite se mettre au travail s'il ne veut pas subir le courroux de son père ! s'écria soudain la voix de Jack depuis la cuisine.
- Si tu explose de rire, je te tue... me murmura Leith. »
Je secouai la tête, me pinçant les lèvres. Je me retenais, vraiment. Puis ce fut trop fort pour être contenu et j'explosai de rire en reprenant mon balai. Je lui lançai un regard moqueur et lui tirai la langue.
« Et si tu te mettais au travail, le viking ? lui proposais-je, narquoise.
- Carly, tu as dépassé les bornes. »
Il tenta de se venger, s'emmêla les pinceaux et se prit les pieds dans une table. Leith s'affala sur la banquette et mon rire redoubla.
« Eh beh, avec ça dans son armée, Lagertha n'a pas dû gagner beaucoup de bataille, remarquai-je en me remettant au travail. »
Leith leva son majeur en l'air et la suite, je la passerai sous silence. Je ne veux pas non plus que cette histoire soit interdite au moins de seize ans...
N.B. : Chapitre 11 corrigé, je suis joie. Je mets du temps (vive les études), mais je mets beaucoup d'amour aussi. (rendez-le moi svp - c'est de l'humour, aimez cette histoire que si vous l'aimez vraiment, le simple fait que me lisiez me comble de bonheur.)
Heyyy !
J'ai failli oublier de vous poster ce chapitre. XD Et oui, avec les vacances, je suis totalement dépaysée... c'est incroyable ! En tout cas, le chapitre 10 est bientôt là ! Je l'aime beaucoup, notamment à la fin ! On ne parlera pas de la chanson que j'ai mis en média. Je m'étais tapée un trip dessus comme une grande ! Et vous ? Est-ce que vous avez apprécié ce chapitre ? Leith et Carly aurait des atomes crochus ensemble (d'ailleurs, que pensez-vous de leurs relations ?) Avez-vous d'autres remarques précises ?
Sinon, si vous êtes frais, n'hésitez pas à commenter, voter et partager ! Je ne vous remercierai jamais assez de voter et commenter à chaque chapitre mais aussi d'être fidèle et de revenir à chaque chapitre !
Je vous dis à très vite !
E.
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