Chapitre 01
J'arrêtais la voiture au bout de la petite allée qui mène vers le garage. S'il fallait accorder un point à ma mère qui somnolait à l'arrière de la voiture, c'était que sa nouvelle maison de fonction était vraiment, vraiment adorable. Elle était assez grande, sur deux étages, avec des murs bleus foncés et un toit noir. Il y avait une petite véranda qui donnait sur la petite portion de jardin négligée à l'avant de la maison et au moins cinq fenêtres sur cette façade. J'étais assez impatiente d'en découvrir un peu plus.
Sortant de la voiture sans réveiller ma mère, je m'étirai. Bon dieu que c'était agréable de sortir un peu. Blueberry's Harbour n'était peut-être pas aussi horrible que dans mes rêves les plus insensés. La bourgade ressemblait quelques peu à ces villages coquets que toutes les filles de New York auraient gentiment qualifié de : « village où je finirai ma vie, mariée, trois gamins parfaits et sept chats ». Perso, je n'étais pas trop dans le trip mariage.
Mon téléphone vibra, me sortant de mes pensées.
Keira : Arrivée ? Si oui, photo.
Profitant que j'avais mon portable dehors, je le levais et cherchai l'icône photographie. Une fois devant, je le pressai et laissai le temps au logiciel photo de se mettre en place. Une fois mon cadrage parfait, je m'apprêtais à prendre en photo ma maison quand tout à coup, je fus percutée de plein fouet par quelqu'un. Mon téléphone glissa de mes mains, s'envola dans les airs et s'écrasa platement au sol tandis que je criais à m'en déchirer les tympans, façon Dark Vador dans le troisième Star Wars alors que je m'étalais dignement sur mon arrière train. Ouais. Rien que ça.
Le point positif, c'était que ma mère sortit de son sommeil et se cogna brutalement la tête contre le toit de la voiture. Okay. Je venais vraiment de dire positif ? Fille indigne ! Au moins, je n'aurais pas à la réveiller.
Je relevai les yeux vers un type qui n'avait pas l'air le moins du monde désolé. Du genre, grand (peut-être un peu trop pour mes un mètre cinquante-neuf), cheveux bruns négligés et yeux marrons à vous couper le souffle. J'aurais peut-être apprécié la vue s'il ne m'avait pas jeter ce regard insupportable qui voulait très clairement dire : « Que fous cette chose sur mon chemin ? ».
Agacée, je me relevai et frottai machinalement mon jeans avant de lui jeter un regard noir. Qu'est-ce qu'il attendait pour déguerpir ? Que je lui saute à la gorge ? Je vis du coin de l'œil que ma mère se remettait de ses émotions et par la même occasion, tentait de s'extirper de la voiture avec le plus de dignité possible. On formait vraiment une belle paire.
« Merci de m'avoir aidé à me relever... grognai-je en lui lançant un regard noir.
- Je n'ai rien fait, je vois pas pourquoi tu me remercies... me répondit-il, visiblement amusé.
- Ouais, justement. Tu n'as rien fait. »
J'aurais bien rajouté un "petit con" mais je m'étais retenue par respect de l'inconnu et parce que ma mère s'approchait de nous, la cage de notre chat dans les bras.
« Salut les jeunes... s'exclama Sam Green dans toute sa classe pour avoir l'air un poil cool. »
J'ignorai ma mère, qui était bien décidé à ne pas lâcher ce type, et allai chercher mon téléphone. J'étais vraiment heureuse de constater qu'il était toujours en vie et entier. Je pris donc ma photo et l'envoyai rapidement à ma meilleure amie. Je le serrais machinalement contre mon cœur et me tournai vers le garçon.
« T'es encore là ? murmurai-je alors qu'il me regardait avec insistance.
- Ouais. J'essaye de reconnaître ton visage. Mais il me dit rien.
- Bravo, me moquai-je narquoisement. C'est parce que je suis nouvelle ici. Genre, nouvelle... nouvelle. Tu vois, le principe de la nouveauté. Quelque chose que tu n'as pas vu avant...
- J'ai l'impression que tu me prends pour un...
- Et donc, vous êtes qui ? demanda soudain ma mère qui venait d'ouvrir la maison et qui s'incrustait sans problème dans la conversation. »
Le garçon lui glissa un petit regard poli. Ah ouais, maintenant, on change totalement d'attitude ? Petit con. Il voulut répondre quand tout à coup, quelqu'un sortit de la maison en face de la nôtre en nous faisant de grands gestes. C'était une femme habillée en tailleur violet, ressemblant étrangement au garçon qui me faisait face.
« Chaton ! s'exclama cette personne. »
Il s'était mis à rougir. A présent, je détenais un moyen de le faire chanter. J'étais impitoyable. Je me retins de ricaner quand ma mère se raidit à la vue de cette personne.
« Madame Potter ! s'exclama ma génitrice en craquant ses mains. »
Le malotru et moi-même regardâmes nos mères respectives avec beaucoup, beaucoup de curiosité. Quand Madame Potter arriva à notre hauteur, elle serra chaleureusement la main de ma mère avant de se tourner vers moi et de me tendre ses doigts parfaitement manucurés. C'était une jolie femme, aussi belle que son fils, d'ailleurs. Elle avait un sourire franc, des yeux pétillants et deux petites pattes d'oie qui la rendaient encore plus adorable. On ne pouvait pas être aussi parfaite et enfanter un petit con pareil.
« Et tu dois être Carly Green ? me demanda-t-elle ignorant superbement son fils. Je suis Eva Potter.
- Euh oui... c'est moi... lui répondis-je en lui serrant la main.
- Carly, voici ma patronne, expliqua ma mère, timidement. C'est elle qui a insisté pour que je sois sa conseillère personnelle. »
Oh, oh. Ma mère ne m'avait pas informé de ce petit détail. Pour vous faire court, Green mère travaillait dans une entreprise qui vendait des fringues sur internet. Ma mère était responsable de la mise en page du site mais ne m'avais pas précisé qu'à présent, elle conseillait carrément la patronne de ce site.
« En même temps, j'avais besoin d'une employée en qui je peux avoir confiance... m'expliqua Madame Potter. Tu peux être fière de ta mère ! »
Je lui adressai en grand sourire. Ça s'appelait soutenir sa mère, même si parfois, on n'était pas toujours d'accord avec elle. A grand renfort de Chaton, Eva Potter obligea son fils à nous aider à vider la voiture et je dus bien me satisfaire de cette vengeance. Voilà ce qui arrive quand on bouscule quelqu'un et qu'on ne s'excuse pas ensuite. Puis Chaton s'excusa poliment auprès de ma mère avant de me foudroyer du regard. Du genre : « ça reste entre nous. ». Tu parles. Dès que je pourrais, je m'en servirai contre toi, Chaton.
Puis j'entendis que Madame Potter nous laissait à son tour avec la promesse de nous inviter à manger un soir et nous nous retrouvâmes entre mère et fille. Nous n'avions pas vraiment le courage de monter déballer nos cartons et la plupart de nos meubles devaient arriver demain dans la journée. Nous mangeâmes donc une pizza commandée au hasard avant d'aller dans nos chambres respectives.
OoOoO
Nous avions tiré au sort. Celle qui piochait la vignette bleue dormait en bas, et la rouge, en haut. J'avais parié sur le gobelet recouvert d'une serviette de douche et j'avais parié juste. Je m'étais donc saisie d'un duvet, de ma valise et m'étais précipitée en haut. Ma chambre devait donner vue sur la rue. J'adorais épier les voisins, ça n'allait pas changer avec mon déménagement.
J'entrais donc dans la première pièce de la maison, sous les toits. Ma fenêtre donnait immédiatement sur ma rue et j'étais plutôt satisfaite d'avoir en plus une vue paradisiaque sur la fenêtre des Potter. Comme ça, je pourrais faire chanter le petit Chaton sans vergogne. Je posais mes affaires en vrac au centre de la pièce avant d'aller chercher le reste de mes cartons en bas. Ceci fait, je me dirigeai rapidement dans ma chambre et allai étaler mon duvet sur le sol.
Okay, ce n'était peut-être le plus confortable pour passer la nuit mais je me disais que je n'avais vraiment pas le choix. Je m'installai donc à l'intérieur. Je décidai de surfer un peu sur le web tandis que mon chat obèse et plein de poils roux décidait de s'installer confortablement sur mon ventre, réchauffant un peu la pièce de sa tendresse envers moi. A mon plus grand bonheur, il marchait comme à son premier jour. Je n'allais peut-être pas rester éternellement en colère contre Chaton.
Pamplemousse se leva et vint piétiner la place à côté de ma tête avant de se laisser lourdement tomber dessus. Pamplemousse dans toute sa classe. Je posai mon téléphone pour me tourner vers mon chat et le dorloter un peu.
« Franchement, Pampy, tu crois qu'on va survivre à ce déménagement ? lui demandai-je d'une petite voix. »
Mon chat me fixa de ses iris félins et ne miaula même pas. A la place, il se lécha la patte, comme si de rien n'était.
« Evidemment, toi, tu t'en contre balance, tu es un chat... »
Cette fois-ci, Pamplemousse miaula à s'en décrocher la mâchoire comme s'il se moquait de moi.
« Chat ingrat... grognai-je. »
Je me retournai dans mon sac de couchage pour fixer le plafond. A part ce petit accident, Blueberry's Harbour ne me semblait pas être la ville la plus hostile du monde. Il y avait donc encore de l'espoir. Mais ce qui me stressait encore plus, c'était bien le moment où j'allais devenir l'attraction principale du petit lycée. Pampy m'agressa d'un coup de patte, probablement pour que j'arrête de m'en faire. Pamplemousse avait ce don bien particulier de sentir quand je me tracassai de trop et le tracas, c'est mauvais pour son transit.
C'est ainsi que ce finit le second chapitre de cette nouvelle fiction ! Qu'en avez-vous pensez ? Que pensez-vous de Chaton, de sa mère ? Et de Pampy ? Pensez-vous que Carly va survivre à sa rentrée ?
J'ai hâte d'avoir vos retours !
N'hésitez pas à voter, commentez, partager et si le coeur vous en dis, d'attendre la suite ? ;)
Elwyn.
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