Mensonge ou vérité ?
Je reculai, sous le regard amusé de Dolos. Quel être monstrueux, il était prêt à tout pour arriver à ses fins !
— Vous ne feriez quand même pas ça ?! demandai-je redoutant une réponse positive.
Il sourit.
— Moi non, mais si tu t'avises de me toucher, un autre s'en chargera.
Je reculai encore, je ne pouvais pas risquer la vie de la dernière personne à laquelle je tenais.
— Ne l'écoute pas ! Il ment ! cria soudainement la fille.
Dolos lui lança un regard mauvais. Puis, il sourit.
— Hmm, il me semble que tu n'es pas un exemple de vérité...
J'étais surpris, comment pouvait-il le savoir ? La fille baissa la tête. De toute évidence, elle avait quelque chose à cacher.
— Revenons-en à nos moutons. Comment as-tu obtenu ces ailes de chauve-souris ?
— Surtout ne lui dit rien ! me cria à nouveau la fille.
Elle prit une de ces perles et la projeta sur Dolos. Je m'attendais à le voir s'écrouler sur le sol mais lorsque que je rouvris les yeux, je découvris qu'il avait intercepté la bille avec sa main.
Il ramena le poing fermé près de sa bouche et souffla dessus. Il lança ensuite la perle en direction de la fille.
Au début, la perle semblait flotter au dessus d'elle mais tout à coup, elle doubla de taille, puis tripla, puis quadrupla jusqu'à devenir de la taille d'un rocher. La fille était trop impressionnée pour se décaler. Le rocher allait lui tomber dessus.
Ce que je craignais arriva, le rocher chuta sur la fille qui eut juste le temps de le rattraper avec ses bras et son dos et de poser un genou à terre. Elle était telle Atlas tenant la voûte céleste sur ces épaules. À la différence qu'elle semblait souffrir et que le sol se fissurait peu à peu sous son genou.
Je me tournai vers Dolos qui arborait un sourire sadique, plus que fier de son acte.
— Parfait, la voilà maintenant écrasée par le poids de ces mensonges. Au sens propre du terme !
Et sur ces mots il se mit à rire. Une fois qu'il eut repris son calme, son visage redevint sérieux et il s'adressa à moi.
— Bien, à nous deux, il est temps de passer aux choses sérieuses !
Je vous avais dit que Dolos avait un visage de chaque côté de sa tête, celui où devait se trouver ses cheveux ouvrit tout à coup les yeux et poussa un cri à déchirer les tympans. Il semblait s'arracher peu à peu du crâne d'origine, comme si Dolos était en train de se diviser en deux Dolos. Ce qui de toute évidence n'augurait rien de bon.
En effet, quelques minutes de cris plus tard, je me retrouvai face à deux Dolos. Mais pour une raison que j'ignorais, je savais que je n'étais pas au bout de mes peines. L'un d'eux, celui de gauche, prit la parole :
— Tu sembles surpris, croyais-tu que je n'avais qu'une corde à mon arc ?
— Mais... qu'est ce que cela vous apporte ?
Il se regardèrent et sourirent. Puis se tournèrent à nouveau vers moi. Celui de droite prit la parole à son tour :
— Vois-tu l'un de nous deux dira la vérité mais l'autre dira des mensonges. Mais tu ne sauras jamais qui est qui.
— Mais qu'est-ce que me dit que ce n'est justement pas un mensonge et que vous dites tous les deux des choses fausses ?
Il sourit.
— Tu n'as aucun moyen de le savoir.
L'autre prit la parole :
— Tout comme tu n'as aucun moyen de savoir si ce que l'on dit est vrai ou faux.
— Quel dilemme ! Écouteras-tu le menteur qui avoue qu'il ment ou l'honnête qui avoue avoir menti ? renchérit l'autre.
Mais... c'était impossible de choisir ! Il n'y avait aucune réponse à cet question ! Un menteur qui avoue quelque chose est forcément faux mais je sais que c'est un menteur ! Tandis que si un honnête dit qu'il ment, je peux le croire mais cela veut dire qu'il ment, ce qui est impossible vu qu'il est honnête !
— Il est impossible de choisir ! leur criai-je.
Le sourire du Dolos de gauche s'effaça.
— Pourtant il faudra bien choisir !
— Et si je refuse ?
Ce fut au tour du sourire de l'autre Dolos de s'effacer. Il leva le bras et une chaîne venue de nulle part vint attraper mon poignet, m'empêchant de bouger.
J'avais l'impression que ma tête allait exploser, moi qui avait toujours eu l'esprit mathématique, je n'avais jamais pensé que cela se retournerait contre moi !
Les deux Dolos se mirent de nouveau à parler l'un après l'autre :
— Maintenant que tu es entravé par la chaîne, nous allons te poser des questions,...
— Auxquelles tu devras répondre bien entendu.
— Mais gare à toi,...
— Si tu essaies de nous mentir,...
— Une autre chaîne apparaîtra, réduisant tes chances de survie.
Donc tout cela faisait partie de leur plan, ils savaient très bien que la précédente question était impossible, ils voulaient juste me tirer les vers du nez.
— Ne... ne dis rien de pl-...plus ! dit tout bas la fille derrière moi, luttant pour rester consciente malgré le poids du rocher.
— Silence ! crièrent les deux Dolos.
L'un d'eux prit une des billes de la fille et la fit de nouveau grossir. Il la cala ensuite dans la mâchoire de l'inconnue. Elle ne pouvait plus rien dire.
— Alors, revenons-en a nos questions... dit un des Dolos pendant que l'autre reprenait sa place, Qui t'a donné ces ailes ?
Je savais que je ne devais pas répondre, la fille avait insisté là-dessus. Je décidai de poser une question moi-aussi.
— Pourquoi voulez-vous le savoir ?
L'un d'eux parut plus enclin à répondre que l'autre. Mais il n'eut pas le temps de prendre la parole.
— Mauvaise réponse !
Une chaîne surgit de nulle part et m'attrapa l'autre poignet. Malgré tout, j'avais découvert lequel des deux était celui qui avait tendance à vouloir dire la vérité.
— Deuxième question !
— D'où vient ta petite amie qui a voulu jouer les héroïnes !
Cette fois je répondis au quart de tour :
— Ce n'est pas ma petite amie ! Je la connais même pas.
J'attendis mais rien ne se passa, aucune chaîne ne vint m'attraper.
— Bien il semblerait que tu dises vrai.
Je m'en voulu d'avoir été aussi faible et d'avoir donné à mon ennemi des informations sur moi.
— Continuons, pourquoi te bats-tu ?
Là, je sentais que je pouvais être honnête.
— Je veux tuer votre maître avant qu'il ne le fasse !
A peine avais-je achevé ma phrase qu'une nouvelle chaîne enroula mon cou et serra.
— Mmmh, dis-moi, aurais-tu peur ? demanda un des Dolos en souriant.
Je calmai ma respiration
— Non.
Une autre chaîne enroula mon thorax et le tira vers le bas, me forçant à m'agenouiller. Tous les liens se resserrèrent. Je sentais leur métal frotter contre ma peau et l'entailler.
— Une dernière question : quel est ton véritable nom ?
— Sébastien.
Les chaînes se resserrèrent d'avantage.
— Mais... c'est mon vrai nom... dis avec le peu d'air qui me restait.
Les deux Dolos se regardèrent. Oui l'un d'eux et dit à l'autre :
— Il ne semble pas au courant.
— Peu importe qu'il soit au courant ou non, les ordres sont clairs ! persifla l'autre.
La chaîne serrant la gorge ne laissait plus passer d'air, j'étais en train d'étouffer, ma vue commença à se brouiller.
Tout à coup, j'entendais un « ploc », suivit d'autres bruit de rebonds. Je vis ensuite un des deux Dolos écarquiller les yeux et commencer à voler en poussière.
Mes chaînes se dissipèrent, devenant comme de la fumée. Je pouvais enfin respirer.
Lorsque la vue se rétablit, je vis l'un des deux Dolos s'achever de disparaître tandis qu'une grosse bille retombait sur le sol. Je me tournai et vu que la fille n'était plus sous le rocher.
— C'est toi qui... ? demandai-je de ma voix enrouée.
Elle haussa les épaules innocemment.
— Un coup de chance !
Je me tournai vers le dernier Dolos, et sans réfléchir, j'attrapai l'épée que la fille venait de le lancer et je le transperçai.
Il me lança un dernier regard amusé et prononça : Dis adieu au sans-abri !
Il commença lui aussi à se réduire en fumée. Je criai à la fille :
— Au canal vite !
Elle hocha la tête d'un air entendu et sauta du toit pour atterrir sur un toi voisin.
Je m'apprêtai à faire de même lorsque j'entendis un murmure, je décidai de me trouver et vu qu'il ne restait plus que le visage de Dolos, parcouru par la souffrance. Il parvint quand même à sourire.
— N'accorde pas ta confiance à n'importe qui, cette fille n'est pas celle que tu penses, elle est...
Je ne pus pas entendre le reste de la phrase car son visage s'envola à son tour en fumée.
Ne restait plus à définir si le Dolos qui m'avait dit ça était celui qui disait des mensonges ou celui qui révélait la vérité...
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