Lorsque la mort frappe, fuyez !

— C'est trop dangereux. Il est hors de question qu'on y aille ! annonça Chelsea.

— Mais c'est peut-être la seule chance qu'on aura de trouver un passage jusqu'aux Enfers ! la contredis-je.

On devait nous avoir entendu car plusieurs têtes étaient tournées vers nous avec des regards interrogateurs. Ils devaient sûrement nous prendre pour des fous tout droit sortis de l'asile.

Chelsea a dû s'en rendre compte à son tour car elle se rapprocha de mon visage et se mit à chuchoter.

— Mais et si c'était un piège ?

Elle avait raison, il avait de fortes chances que ce soit un piège mais entre ne rien faire et me faire tuer à un moment et essayer quelque chose avec des chances de réussir à échapper à la mort, mon choix était vite fait.

— Mais tu as dit toi même qu'il n'avait pas l'odeur d'un monstre ni d'un esprit, donc il s'agit forcément d'un dieu ! Et bon ou mauvais, il nous aidera j'en suis sûr ! lui répondis-je.

Elle parut hésiter.

— Bon, faisons un marché, je me charge d'aller voir. Toi tu restes ici et tu veilles à ce que personne n'intervienne. proposa-t-elle sûre d'elle.

— Mais c'est trop risqué ! Et s'il était dangereux ? Mieux vaut être deux pour l'affronter ! contrai-je.

— Sauf que tu oublies que les sbires d'Hadès souhaitent TA mort pas la mienne. me répondit-elle.

Elle avait raison, ils ne savaient même pas qu'elle m'aidait.

— D'accord mais reste sur tes gardes surtout !

Elle me sourit.

— Pas besoin, il suffit d'un peu de chance !

Sur ces mots elle eut un petit rire avant de se lever et de rentrer dans le café.

Me voilà seul. Autour de moi, les clients semblaient ne plus se préoccuper de notre conversation. Même si tous semblaient étrangement silencieux.

À la table de gauche se trouvait un vieux couple. Ils touillaient tout deux leur café d'un mouvement circulaire simultanément. Je baissai mes yeux et vit un bichon assis sous la chaise de la femme.

C'est alors que je me rendis compte que lui aussi semblait observer attentivement quelque chose. Je n'eus pas le temps de suivre son regard car il retourna soudain sa tête vers moi et se mit à grogner.

J'essayai de sentir s'il s'agissait d'un monstre mais rien ne paraissait étrange.

Mais le plus étonnant était que la maîtresse ne semblait pas daigner à vouloir faire taire son chien. Lorsque je relevai mon regard vers elle pour lui faire la remarque, je vis avec horreur qu'elle était inerte, la tête penchée sur le côté et son mari était dans la même position. Ils étaient blêmes et leurs yeux étaient ouverts mais ne bougeaient plus eux non plus.

Le chien arrêta de grogner pour se mettre à aboyer rageusement. C'est alors que je compris que que le chien ne me regardait pas moi mais quelque chose derrière.

Je trouvai la tête pour voir ce que c'était et tombait sur une silhouette avec un immense imper noir qui tombait sur ses pieds et un chapeau qui ne cachait que la moitié de son visage, laissant voir un teint blafard et un visage ridé. Ce dernier était déformé par un rictus.

Je fus tellement surpris que je me levai de ma chaise en un bond. Mais je le quittais des yeux et dès que je reposais mon regard sur l'endroit où il se trouvait avant, il n'y avait plus personne.

Je balayai la terrasse et constatai que plus personne ne bougeait, comme le vieux couple. C'est alors qu'un éclair de lucidité me frappa, ils étaient tous morts.

Je me retrouvai au milieu d'une scène digne d'un film d'horreur. Avec des visages figés par la mort. Le chien n'aboyait plus. Je tournai mon regard vers lui et constatai avec regret qu'il avait subit le même sort. Il était étendu sur le sol, la gueule ouverte.

Chelsea ! Elle se trouvait encore dans le restaurant !

Je me précipitai en courant à l'intérieur et me dirigeai vers les toilettes.

Lorsque que j'entrai, je vis mon amie discuter avec le serveur calmement.

— Ah Sébastien tu tombes bien ! Il s'avère qu'en fait ce serveur est...

— On a pas le temps ! Tous les clients de la terrasse sont morts subitement. J'ai eu le temps de voir un homme en noir et je mettrai ma main au feu que c'est lui.

Le serveur blêmit.

— Un... un homme en noir ? bégaya-t-il.

— Oui avec la peau blanche comme un linge. confirmai-je.

Il saisit soudain les épaules de Chelsea et semblait soudain devenu fou. Il la secoua et cria :

— C'est lui ! Il est là pour moi ! Il veut me ramener en Enfer !

Elle posa sa main sur son épaule et le rassura :

— On ne le laissera pas faire. Ok ? On va vous protéger !

— Mais le protéger de qui bon sang ?! m'écriai-je.

Elle éluda ma question et se précipita vers la porte des toilettes pour la verrouiller. Elle sortit ensuite son épée et se plaça devant le serveur, mort de peur.

Il s'en suivit un long silence qui pesait sur la pièce. Seul le souffle saccadé du mystérieux serveur rompait cette absence de son.

Chelsea tenait fermement son épée mais semblait effrayée. Quant à moi, je m'étais stupidement posté en face de la porte, épée à la main aussi.

Soudain, la poignée se secoua frénétiquement, le serveur poussa un cri apeuré et je reculai d'un pas, surpris par tant d'acharnement sur cette malheureuse poignée.

Mais la personne derrière la porte ne semblait vouloir renoncer, et je vis avec horreur que la poignée était petit à petit en train de se détacher de la porte.

Comme si ça ne suffisait pas, les éviers se mirent à cracher de l'eau, emplissant les éviers.

Ensuite ce fut au tour des lumières de faire des siennes, elles se mirent à clignoter, menaçant de s'éteindre à tout moment.

Le serveur était de plus en plus blême. Moi je m'étais rapproché de Chelsea pour la protéger, ou pour me protéger...

Soudain, au milieu de tout ce vacarme, un bruit métallique retentit : la poignée venait de tomber au sol. Et la porte s'ouvrait lentement. Les lampes crachèrent des étincelles et toutes les lumières s'éteignirent simultanément.

Sur le sol, une épaisse fumée noire semblait se répandre sur le sol en flottant sur l'eau qui avait débordé des éviers.

La porte s'ouvrit d'avantage et une silhouette noire se dessinait dans l'embrasure.

Sûrement celui dont le serveur a aussi peur.

Elle s'avança lentement vers nous. C'était un homme, au visage blanc comme un mort. Il était drapé d'un immense drap noir qui camouflait toutes formes et qui cachaient ses pieds. Deux épaulettes disproportionnées se trouvaient sur ces épaules et tenaient une cape qui plongeait au sol. Sur sa tête trônait un immense chapeau allongé.

Il avança encore, il se trouvait maintenant à quelques dizaines de centimètres. Je pus à peine entendre le murmure désespéré et affolé du serveur.

— Th-thanatos, l-le dieu d-des morts...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top