Les menaces de la Mort

— Sisyphe ! N'en as-tu pas marre de toujours fuir le Tartare ? J'en ai raz le bol de toujours te courir après ! Si jamais il te faut plus de raison d'y rester pas de problème, je rajouterai quelques flammes et rochers pointus ! lança le dénommé Thanatos.

— Ne... Ne m'approche pas Thanatos ! bégaya l'homme apeuré.

Le dieu de la mort parut enfin nous remarquer. Il sourit.

— Oh mais tiens tiens, regardez qui voilà ! Ne serait-ce pas notre cher Sébastien ? Et... son... amoureuse ?

Je rougis.

— C'est pas mon amoureuse !

Le dieu leva les yeux au ciel et continua.

— Soit ! Auriez-vous l'amabilité de vous décaler, j'aimerais ramener cet enquiquineur en Enfer.

— V-vous ne voulez pas ma peau ? l'interrogeai-je.

— Non merci, j'ai assez avec la mienne et puis en Enfer il fait pas mal chaud donc... expliqua-t-il.

— Non, je veux dire, vous ne voulez pas me tuer ?!

— Oh ! Si ! Mais vois-tu là j'suis en pause donc les combats on abandonne ! sourit-Il.

J'avais jamais vu un dieu de la mort aussi... détendu ? En fait j'avais jamais vu de dieu de la mort tout court donc bon... Mais quand même, de telles réactions étaient inattendues.

— Bon allez, assez bavardé ! Il faut que je ramène le zouave !

— Ne-ne le laissez pas m'emmener, je vous en prie ! nous supplia l'homme.

J'essayai de gagner du temps.

— Pourquoi avoir tué les personnes de la terrasse du café ?

— Pourquoi ? Bah tu voulais quoi ? Que je leur offre le café ? J'suis le dieu de la mort pas de la restauration !

— Mais ils n'avaient rien demandé ! continuai-je.

— Bah ! En voilà un bonne ! Tu crois que j'attends qu'on me demande ? La mort frappe parfois sans prévenir ! Et ça tu le dois au plouc derrière toi !

— Comment ça ? Qu'a-t-il à avoir là dedans ?

— C'est parce qu'il a réussi à humilier la mort en l'emprisonnant sous son lit, depuis, la mort ne frappe plus à la porte avant de prendre les âmes. m'expliqua Chelsea.

Le dieu de la mort grimaça de dégoût.

— Une bien moche histoire ! Bon si vous permettez, il faut vraiment que j'y aille là !

Et sur ces mots, il sortit un objet de sa cape. On aurait dit un mini sceptre. Dans la bouche d'un crâne à l'extrémité du bâton, se trouvait une pierre ronde et mauve. Du lierre entourait le tout.

Le crâne ouvrit la bouche et l'air dans la pièce refroidit soudain. La pierre se mit à briller et l'homme a crier.

Par réflexe, je me décalai sur la droite tandis que Chelsea partait de l'autre côté.

Les lumières se remirent à vaciller et là température à chuter.

L'homme paraissait comme aspiré par la pierre. Quelques instants plus tard, son corps se dématérialisa et entra dans le bout de roche.

— Bien ! Une bonne chose de faite ! dit Thanatos avant de faire demi-tour.

J'étais hébété, alors il pouvait tuer n'importe qui en un clin d'œil.

Arrivé devant la porte des toilettes, il s'arrête et fit volte-face.

— Oh et une dernière chose Sébastien, je te conseille de bien te cacher car la prochaine fois que nous nous verrons, tu mourras !

— Vous croyez qu'on a peur de vous ? le provoqua Chelsea.

Si un dieu pouvant tuer d'un claquement de doigt ne se trouvait pas devant nous, je l'aurai sûrement assommée. Mais je me contentai d'un facepalm mental. A quoi pensait-elle sérieusement ?!

Le dieu étouffa un rire et lui lança un regard si profond que la pièce elle-même semblait s'assombrir.

— C'est étrange... Je n'arrive pas à lire en toi... Qui es-tu exactement jeune impertinente ?

— Quelqu'un qui protège les innocents. lança-t-elle au tac au tac.

— Ha ! Tu es donc une guerrière au grand cœur, pitoyable. Et puis-je savoir avec quel pouvoir vous allez vous défendre pour espérer me vaincre ? railla-t-il.

— Grâce au pouvoir de... commençai-je avant d'être coupé par Chelsea.

— Pas besoin de pouvoir !

Elle me lança un regard noir. Apparemment elle tenait à ce que l'origine de nos pouvoirs respectifs reste secrète. Une bonne idée au fond.

— Tiens donc. Téméraire par dessus tout ça ! Eh bien, il en faudrait plus des comme toi, le monde n'en serait que plus amusant ! rit le dieu.

Nous restâmes silencieux. Comment un dieu de la mort pouvait-il rire alors qu'il recevait des menaces de mort ?

Thanatos redevint soudain sérieux.

— C'est drôle que tu le penses innocent, que sais-tu de lui au fond ?

Cette fois, Chelsea marqua une pause avant de répondre. Comme cherchant à choisir chaque mot pour ne pas lâcher d'informations importantes.

— J'en sais plus sur lui que vous en tout cas !

Le dieu esquissa un sourire de regret.

— C'est dommage que je doives te tuer aussi, tu m'amuses beaucoup...

Et sur ces mots, il disparut en un nuage de fumée.

Chelsea ne perdit pas une minute et me saisit le poignet pour m'entraîner dehors. En passant sur la terrasse, je vis que les morts avaient disparu.

Une fois assez loin du café, elle se tourna.

— On a eu de la chance !

— Venant de toi, c'est dire ! plaisantai-je.

Elle ne sourit cependant pas.

— Ce n'est pas le moment de rire, heureusement qu'il n'a pas découvert l'origine de ton pouvoir !

— Pourquoi ?

— Écoute, là haut c'est déjà la guerre, pas la peine de causer d'avantage de conflits parmi les dieux.

Je hochai la tête.

— En plus, ça nous offre un avantage stratégique majeur.

— Qui ne servira à rien si on ne trouve pas un moyen d'aller en Enfer... contrai-je.

— Et si je te disais que Sisyphe n'a pas été totalement inutile ?

— Tu veux dire qu'il t'a révélé comme y aller ?!

Elle acquiesça.

— Tu connais le mythe d'Orphée et Eurydice ?

— Quel est le rapport avec cette histoire d'amour ringarde ?

— OH ! Mais enfin, leur histoire est si belle ! s'étonna-t-elle.

— Tu m'excuseras mais on apprécie pas trop l'histoire en la lisant sous les ponts.

— Allons, fais un effort, rappelle-toi de l'histoire !

— Voyons, l'histoire d'une femme qui meurt et qui va en Enfer. Son mari, Orphée, va la chercher en Enfer et essaie de la ramener mais échoue lamentablement. récitai-je.

— Ah ouais, t'as vraiment un problème avec cette histoire... Mais bref, et si je te disais que l'échec de la tentative de ressusciter Eurydice était la version « officielle » ?

— Tu veux dire qu'il y aurait une autre fin ?

— Je veux dire qu'Eurydice a réussi à sortir et qu'elle a même conservé le don de passer d'un monde à l'autre. conclut-elle avec un sourire malicieux.

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