Les amants maudits

Les rochers se rapprochaient de plus en plus, nous forçant, Chelsea et moi à nous placer dos à dos.

Le mystérieux musicien se plaça face à nous sans pour autant s'arrêter de jouer de sa musique enchanteresse.

Ses cheveux blonds cendrés semblaient onduler au rythme de la musique. Il nous lança un regard sévère qui cependant n'enlevait aucune beauté à son visage juvénile.

— Qui êtes vous ? demanda-t-il simplement.

— Nous venons en paix ! répondit Chelsea du tac au tac.

Le musicien fit passer la mélodie dans les grave, ayant pour effet de rapprocher les pierres. Nous n'arrivions plus à faire le moindre mouvement.

— J'ai demandé : Qui êtes vous ? demanda-t-il en accentuant chaque syllabe.

— Je m'appelle Sébastien et voici Chelsea ! essayai-je.

Le visage de l'étranger se durcit et il descendit d'avantage dans les graves. La roche pressait contre ma cage thoracique, rendant difficile ma respiration.

— Je me fiche de vos prénoms ! QUI ÊTES VOUS ? insista-t-il.

Si nous donnions encore une fois une mauvaise réponse, on pouvait dire adieu à une ou deux côtes.

— Nous sommes deux humains ayant reçus les dons de déesses. essayai-je, incertain.

Le timbre de sa musique ne bougea pas. Je devinai donc que c'est la réponse qu'il attendait.

— Qui ? interrogea-t-elle.

— Relâ... commença Chelsea

Je m'empressai de la couper, ne voulant pas terminer en compote contre un rocher.

— Némésis et Tyché !

Ses traits se durcirent d'avantage, apparemment, ça ne lui plaisait pas.

— Et que venez vous faire ici ?

— Nous sommes venus chercher Eurydice. répondit simplement Chelsea.

Ses traits passèrent de la colère à l'effroi. Il s'arrêta momentanément de jouer. Il jeta un bref coup d'oeil autour de lui avant de nous lancer un regard assassin.

— Qui vous envoie ?

Chelsea et moi nous regardèrent intrigué, de toute évidence il semblait avoir peur de la réponse.

— Je vous préviens, il est hors de question que vous ne la preniez encore ! cria-t-il, en accélérant la mélodie.

Les rochers se rapprochèrent d'avantage.

— Du calme ! On ne vient pas vous la prendre, on veut lui demander un service ! s'empressa de répondre Chelsea.

— Quel service ? intervint une femme qui s'approchait de la scène, un bouquet de fleurs dans les mains.

Elle portait une longue robe fuchsia, marquée par des traits noirs et ceinturée à la taille. Ses cheveux bruns tombaient en cascade sur ses épaules.

Les traits du jeune homme se détendirent d'un coup et sa musique stoppa, faisant s'écarter un peu les rochers. Il se tourna vers la dénommée Eurydice.

— Eurydice, ma douce, ne reste pas là ! Il te faut quitter cette plaine ! Les disciples d'Hadès sont ici !

— Mais enfin Orphée, comment peux-tu penser un instant que ces deux personnes soient des disciples d'Hadès, regarde-les, celui là a des déjections dans ses cheveux ! expliqua-t-elle en me désignant de la main.

Je me sentis rougir, prêt à crier que tout ça était de la faute de Chelsea.

— Elle a raison, nous ne sommes pas envoyé par Hadès ! confirma Chelsea.

— Je sais que ce ne sont pas des disciples d'Hadès mais ils ont peut-être été suivis ! contra Orphée sans pour autant élever la voix ni faire attention à l'intervention

Sa théorie de tenait mais cela m'étonnerait que quiconque nous ai suivi dans des toilettes publiques...

— Allons Orphée, ne soit pas aussi méfiant, voyons d'abord en quoi je peux les aider !

Orphée soupira.

— Tu ne comprends pas ! Ce garçon est maudit, Hadès le cherche pour lui faire la peau ! A l'heure qu'il est, l'un de ses sbires est sûrement dans cette forêt à épier notre conversation.

— Mais oui Eurydice, que tu es insouciante, on ne sait jamais qui traîne dans des bois ! intervint une autre voix.

Une femme arrivait de là où nous étions venus. Habillée d'une robe en latex noire et de son rouge à lèvre noire, on aurait dit une zombie prostituée venant de sortir de sa tombe.

Il ne fallait pas avoir fait math supp' pour comprendre qu'elle faisait partie du fan club de côté obscur, fervent adeptes des écorchements, écartèlements, et autres tortures en tout genre.

— Je me délecte déjà des éloges que le seigneur me fera lorsque je lui amènerai non pas une mais trois personnes recherchées sur un plateau d'argent !

Orphée se tourna vers Eurydice.

— Va-t-en ! Emprunte ton portail et quitte ce pays !

— Oh non ! On n'enlève pas le sel d'une bonne viande enfin ! intervint la mystérieuse femme.

Et sur ces mots elle se pencha en avant et ouvrit la bouche. Tel un Dyson, elle se mit à aspirer tout ce qui venait à sa portée.

Cela passait des feuilles au bouts de rochers qui peu à peu se désagrégeaient. Elle eut même droit au bouquet de fleurs qu'Eurydice venait de lâcher, sur le coup de la surprise.

Orphée se mit soudain à gratter frénétiquement les cordes de sa lyre.

Des plantes et des rochers se mirent à pousser devant le sbire, interrompant l'aspiration.

Tout en jouant il ordonna à Eurydice de partir.

Celle-ci lui chuchota quelque chose à l'oreille avant de s'éloigner en trottinant.

Arrivée à quelques mètres, elle tendit le bras en levant l'index et le majeur.

Je m'attendais à ce qu'elle se mette à dire : Eurydice téléphone maison, mais rien de ça, de l'énergie mauve se mit à se dégager de l'interstice des deux doigts. Elle rabaissa son bras en oblique, créant une brèche dans l'espace. Elle y mit un pied puis jeta un dernier regard à Orphée et dit : N'oublie pas de regarder les étoiles pour moi !, avant d'y entrer totalement.

Une fois qu'elle fut entrée, le portail se referma, nous laissant à trois contre cette femme à l'appétit hors du commun.

Enfin à deux et demi vu ce qu'il devait rester de mes côtes...

La protection minérale et végétale ne dura pas d'avantage de temps, elle fut avalée en intégralité par la sous-fifre d'Hadès.

Et le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne semblait pas avoir pris un seul minuscule petit gramme !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top