— Vous voulez un verre pour votre soda monsieur ?

— Non merci.

Le serveur quitta la terrasse et partit à l'intérieur. Je me tournai vers Chelsea pour reprendre notre conversation.

— Donc je récapitule : les monstres, les esprits et les Érynies, à la base servantes de Némésis sont à la solde du dieu des Enfers Hadès.

— Pas seulement, Hadès a des dieux qui le servent fidèlement.

— D'accord et non seulement ils sont beaucoup plus nombreux, mais ils ont aussi le pouvoir de se camoufler parmi nous.

— Oui, les monstres sont faciles à détecter mais les esprits sont beaucoup plus compliqué à repérer, tandis que les dieux, eux, maîtrisent l'art de la métamorphose à la perfection.

— Super donc ce gosse là bas pourrait très bien être un monstre ou un dieu ? dis-je en montrant un bébé en train de pleurer dans les bras de sa mère pendant que cette dernière essayait de payer l'horodateur.

— Je ne pense pas, n'oublie pas que malgré tout, ils vont essayer de prendre une apparence assez flatteuse, pas un simple enfant.

— Ah... Et tu as la pouvoir de Tyché depuis combien de temps précisément ?

— Trois ans.

— Ah oui quand même !

Voyant qu'elle n'était pas bavarde sur le sujet, je décidai de ne pas insister. Un blanc s'installa, après une ou deux gorgées de Coca, une pensée me vint à l'esprit.

— Tiens et concernant la rivalité qu'il existe entre ta marraine et la mienne ?

— Hé bien il n'a pas grand chose à dire, à part qu'elle ne s'aime pas beaucoup, à vrai dire, elles représentent deux principes opposés. Ma marraine, Thyché, représente la bonne fortune, la tienne, Némésis, représente la mauvaise car on souvent plus heureux de voir la chance que la vengeance arriver. Voilà pourquoi comme elles nous ont donné un peu de leur essence, nous avons conservé cette méfiance.

— Donc c'est inné en quelque sorte.

— C'est ça !

— Mais comment m'as-tu trouvé ? Et pourquoi m'as-tu sauvé ?

— La chance je suppose. Je passais par là quand j'ai ressenti la présence d'esprits des Enfers donc j'ai décidé d'aller voir.

— Attends tu ressens la présence des esprits ?!

— Vaguement,  disons que comme les monstres, ils laissent une « odeur » derrière eux.

— Il y a autre chose que je dois savoir à propos d'eux ?

— Eh bien, chaque esprit représente une chose abstraite, Dolos était, par exemple, le spectre des mensonges et de la tromperie, Adicie quant à elle était la spectre de l'injustice. Il y a en outre des bons et des mauvais spectres. Les mauvais sont pour la grande majorité aux Enfers. Les bons eux sont dispersés dans à peu près tous les clans.

— Attends quels clans ?

— Tu n'en a jamais entendu parler ?

— Parler de quoi ?

— Il n'y a pas longtemps, les moires, annonciatrices du destin ont prédit le retour de Chaos, l'entité créatrice de l'univers, et la destruction de ce dernier. Apparemment celui qui réussirait à vaincre cette entité régnerait sur les autres. Du coup, les dieux voulant gouverner ont décidé de former des « clans ».

— Et ils se battent ?!

— Oui, ils veulent tous avoir le pouvoir de Niké, la déesse de la victoire pour vaincre Chaos.

— Mais pourquoi ? Ils pourraient se battre ensemble et le vaincre sans problème !

— Parce que les dieux sont pour la grande majorité égoïstes et veulent assouvir leur désir de changement sur Terre.

— Et quels sont ces clans ?

— Alors voyons, il y a le clan de Zeus, de Poséidon, de Déméter, d'Aphrodite, d'Arès, et celui d'Hadès.

— Attends attends, tu veux dire que le dieu des Enfers mènent cette guerre et qu'il me pourchasse en même temps ?! Les deux sont-ils liés ?!

— Je l'ignore...

— Alors je pense qu'il n'y a qu'un moyen de le savoir.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Nous devons aller dans les Enfers pour rendre une petite visite à Hadès.

Un bruit d'assiettes cassées retentit soudain à côté, le serveur venait de faire tomber son plateau au sol. Ce qui donnait à mes paroles une côté dramatique.

Je m'apprêtai à reprendre lorsque je remarquai que Chelsea fixait le serveur d'un œil mauvais.

— Il y a un problème ? chuchotai-je.

— Il ne sent pas bon... me répondit-elle.

— Attends tu plaisantes là ? C'est pas parce qu'il pue que tu dois le regarder ainsi !

— Mais non, je veux dire qu'il ne sent pas l'humain si tu vois ce que je veux dire... me dit-elle exaspérée en levant les yeux au ciel.

Je me redressai soudain, comprenant enfin celle poids qu'avaient ces paroles.

— Un monstre ?

— Non

— Un spectre alors ?!

— Non, chut laisse-moi réfléchir deux secondes.

— Tu penses que ça peut être un dieu ?

— Mais puisque je te dis de me laisser...

Elle fut interrompue par le serveur en question qui venait de déposer un verre sur notre table.

— Cadeau de la maison. dit-il calmement avant de disparaître dans la boutique.

Je m'apprêtai à prendre le verre lorsque Chelsea me prit la main.

— Fais attention c'est peut-être un piège !

C'est à ce moment que je me rendis compte que c'était notre premier contact.

A vrai dire, c'était le premier contact que j'avais avec une personne depuis... Bart'. Le deuil était dur à faire.

Étonnamment, la main de Chelsea était étonnamment forte mais douce à la fois. Son contact ne me gênait pas, je pouvais même dire qu'il me plaisait.

— Sébastien, à quoi penses-tu ?

Je fis ramené à la réalité, comprenant que j'étais plongé dans mes pensées. Je dégageai ma main en vitesse et bégayai :

— Heu, je, à comment ne pas prendre de risques.

— Bon alors je vais m'en charger !

Elle saisit le verre et s'apprêta à en boire le contenu mais à mon tour, j'interrompis son geste.

— Chelsea, c'est trop dangereux !

Elle me sourit.

— T'inquiète pas, n'oublie pas que j'ai de la chance !

Et sur ces mots elle but le liquide cil sec. Elle regarda ensuite le fond du verre et écarquilla les yeux.

Comme j'avais remarqué cette mimique je l'interrogeais :

— Que se passe-t-il.

Pour toute réponse, elle me montra le fond du verre. Là, un mot était accroché, on pouvait y lire ceci : « Je sais comment vous rendre aux Enfers, rejoignez-moi dans les toilettes du café. »