La rencontre mystérieuse

Je courais dans la rue, regardant sans cesse derrière moi.

Comment cette femme, que je n'avais jamais vue, s'était-elle retrouvée dans mon rêve ? Je ne me l'expliquais pas, et cela me faisait d'autant plus peur.

La femme avait cessé de me suivre depuis maintenant une bonne dizaine de minutes, mais je ne pouvais pas m'arrêter. La peur avait pris le dessus sur la raison. Je m'éloignais du canal où je m'étais installé et je me dirigeai vers ce que je pensais être un cimetière ou un bâtiment religieux, voyant les croix au loin.

Je décidai de m'arrêter pour reprendre mon souffle, et surtout mes esprits. Puis je jetai encore un regard par dessus mon épaule : rien, pas un chat.

Je m'appuyai contre le mur de l'enceinte et me laissai glisser jusqu'au sol. Je mis ma tête entre mes mains. Je ne comprenais pas, ce qui m'arrivait était une histoire de dingue, ou un mauvais conte de fée, je ne savais pas. Je ne savais plus. Tous ces monstres avaient débarqué dans ma vie sans que je n'aie rien demandé et avaient tout saccagé. J'avais perdu énormément à cause d'eux. Des larmes se mirent à couler le long de mes joues.

— Oh ne pleurniche pas s'il te plaît, tu me fais trop pitié ! dit une voix au dessus de moi.

Je me relevai en sursaut. Là devant moi, se trouvait une femme, à moitié couchée sur le muret. Elle était vêtue de cuir rouge avec des bottes noires. Ses cheveux, lâchés sur ses épaules, étaient noirs eux aussi, mais légèrement teintés de rouge. Je reconnaissais ces couleurs. La femme tourna son visage vers moi et un sourire sinistre se dessina sur son visage. Une chose me fit blêmir et reculer d'avantage, ses yeux où se mélangeaient le rouge et le noir.

— Après tout ce que tu as traversé, je te voyais plus courageux ! Ou alors je me suis trompé et tu n'as eu que de la chance !

Elle sauta du muret et atterrit sur le sol, faisant claquer ses bottillons de cuir. Je reculai d'un pas.

— Allons bon, tu ne vas quand même pas te remettre à courir ! Tu t'épuiserais pour rien ! fit-elle en se penchant légèrement vers l'avant, comme pour mieux me jauger.

Comment pouvait-elle être là ?! Je l'avais semée, j'en étais sûr ! Comment avait-elle pu me rattraper, et même me devancer ?

— C-comment vous êtes arrivée là ? bégayai-je.

Le sourire de la femme disparut.

— J'ai horreur de ce genre de question ! Dès que quelque chose semble bizarre, les humains essaient de découvrir le pourquoi du comment !

Un détail me frappa, l'usage du mot « humain ». Elle se croyait sérieusement supérieure à nous ?

À... à moins que... mon visage blêmit, mes jambes semblaient maintenant peser une tonne et un noeud de créa dans ma gorge. « À moins qu'elle aussi ne soit un monstre. »

Je reculai encore de quelques pas.

Alors ils m'avaient retrouvé. Après tous mes efforts pour couvrir mes traces, il venaient pour finir le travail. Cela ne leur avait pas suffit de m'enlever mes proches, il leur fallait ma vie aussi ! Je tournai les talons, prêt à repartir en courant.

— Oh non, tu ne partiras pas ! J'en ai assez !

Je fis quelques pas. La femme sauta au dessus de moi et atterrit juste devant, me stoppant net dans mon élan. Comment avait-elle pu sauter aussi haut ?

— C-comment...

— Non je t'arrête tout de suite ! Tu écoutes quand je parle ? Je t'ai dit que j'avais horreur des questions.

Je reculai à nouveau vers le muret. La femme quand à elle, s'approchait toujours plus de mon visage, ouvrant grand ses yeux. Mon regard plongea dans le sien. C'était comme dans mon cauchemar, je revoyais toutes les scènes les plus horribles de mon existence. Je revoyais tous ces monstres horribles qui ne causaient que désolation partout où ils allaient.

Je bouillonnais de l'intérieur. Ils m'avaient tellement pris ! A cause d'eux, j'avais dû fuir et devenir un sans-abri ! J'avais perdu tous mes amis, ma famille ! Des mots s'échappèrent de ma bouche, involontairement :

— Je vais les faire payer.

La femme recula et me regarda avec un grand sourire.

— Aaaah tu vois ! Tu en meurs d'envie !

Je me ressaisis soudain. Non, je ne voulais faire de mal à personne, cela ne servirait à rien, je ne les ramènerai pas de toute manière.

— Désolé, je-je dois y aller... bégayai-je.

Je partis vers la gauche mais la femme m'agrippa l'épaule et rapprocha sa bouche de mon oreille. Elle me chuchota :

— Je t'en prie, tu vas vraiment me faire croire que tu n'as pas envie des faire payer ces monstres ?

— J-Je

— Les faire payer pour tout ce qu'ils t'ont fait ? Ils t'ont enlevé ta mère ! Ton père !

— S'il vous plaît...

— Ils t'ont tout pris, et crois moi, ils recommenceront !

La femme se plaça devant moi et me regarda fixement.

— Je peux t'aider, ensemble, nous pouvons les faire payer !

Des larmes coulèrent sur mes joues.

— C-comment ? lui demandai-je

La femme eut un sourire en coin.

— Quelle question en les tuant bien sûr !

Quoi ? Elle voulait que je tue ? Bien sûr que j'en avais envie, mais si je le faisais, je ne vaudrais pas mieux qu'eux ! Je ne pouvais pas faire ça, je n'en étais pas capable ! Et puis de toute manière, en quoi cette femme pourrait m'y m'aider ? J'avais du mal à croire à son baratin, elle voulait quelque chose de moi, et je ne lui donnerai pas !

— Désolé je dois partir. dis-je en détournant mon regard et en passant à côté d'elle.

La femme se redressa. Elle me regarda partir et dit :

— Pff ! Comment est-il possible que les monstres aient échoué ? Tu es une véritable chiffe molle !

Alors comme ça, elle n'avait pas réussi à me convaincre par la gentillesse, elle essayait donc par la provocation. Je continuai à m'éloigner.

— D'ailleurs je ne vois pas ce qu'il veut en envoyant tous ces monstres.

Je m'arrêtai. Il ? Qui est ce « Il ». Je secouai tête. Cette femme était forte, elle essayait de m'amadouer en réfléchissant tout haut ! Je m'éloignai à nouveau. La femme continua à parler.

— Peut-être veut-il te tuer...

Sans blague, elle ne m'apprenait rien en disant ça !

— Non, je ne pense pas, je pense qu'il convoite quelque chose que tu détiens...

Cette fois, mon sang ne fit qu'un tour. Je me retournai et criai :

— Et qu'est-ce qu'il voudrait de moi ? Je n'ai plus rien ! Ces monstres m'ont tout enlevé ! Et d'ailleurs, ce sont DES monstres qui ont essayé de me tuer, pas UN monstre !

La femme esquissa un sourire. Elle avait réussi, j'avais mordu à l'hameçon et je m'en voulais !

— Mmmh et si je te disais que tous ces monstres étaient sous les ordres de quelqu'un ?

J'eus l'impression de m'être pris une claque. Tous ces monstres seraient sous le contrôle d'une seule et même personne ? Je n'y avais jamais songé auparavant.

— Qui aurait le pouvoir de contrôler des choses aussi affreuses ? criai-je.

La femme m'observa et me répondît :

— Hé bien un monstre encore plus affreux pardi !

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