Chapitre 9 : Que le spectacle commence !
Dites-moi que c'est un cauchemar et que je vais me réveiller !
Connard IIIème du Nom se tient dans l'entrée de notre agence avec mon soutien-gorge en soie noire (pour une fois que j'ai de la lingerie un tant soit peu présentable !) qu'il balance autour de sa main. Ses adorables fossettes creusent ses joues, lui donnant un air taquin... Mais comment fait-il pour avoir l'air aussi séduisant un lendemain de soirée arrosée ? (Non mais là c'est pas du jeu, hein ! Comment je fais, moi, pour rester de marbre ?)
- Héty ! Tu as oublié ça ce matin, me lance-t-il d'un ton moqueur.
Quel enfoiré ! Il prend plaisir à m'humilier devant mes amis. La sensation de chaleur sur mon visage me fait supposer que j'ai pris la même teinte que Téquila. Je suis complétement figée à mon bureau, ne sachant comment réagir face à cette situation digne d'un film d'horreur. (Non, non... je n'exagère pas ! je suis sûre que mon ex a des tendances sociopathes.)
Les autres aussi semblent choqués. Aliz se tient derrière Sören et appuie ses deux mains sur ses épaules. Je réalise qu'elle essaie de l'empêcher de se lever. Mr Freeze tremble de colère et ses poings bleutés sont recouverts d'une fine couche de glace.
Quoi ? Vous vous demandez comment il fait ça ? Non, Sören ne peut pas créer de la glace à partir de rien. Comme tous les élémentaires, il a besoin d'avoir accès à son élément pour le transformer. Mais je vous rappelle que notre corps humain est composé d'un fort pourcentage d'eau. Parfois, Sören change cette eau en glace... Comme c'est le cas en ce moment !
Mr Freeze, aka "le sorbet humain" (Ok... cette vanne est nulle ET ce n'est décemment pas le moment de plaisanter !).
Adara est la seule qui s'approche de mon Ex Machiavélique. Elle le regarde comme s'il était une crotte de chien sur le trottoir et lui arrache mon soutif des mains. Puis, elle commence à jouer avec la flamme de son briquet, tout en lui conseillant d'aller voir ailleurs si on y est. Le sourire de Connard IIIème du Nom s'évanouit et je comprends qu'il hésite à battre en retraite. Il faut dire que la dernière fois que mon dragon préféré l'a menacé (après qu'il m'ait jetée pour sa bimbo) il a dû se raser le crâne car la moitié de sa chevelure avait brûlé...
Conseil d'amie : Ne jamais prendre une menace d'Adara à la légère (ou attention au retour de flamme).
C'est le moment que choisit Nysos pour entrer dans la pièce. Il était en train de jardiner dans la cour qui se trouve à l'arrière du bâtiment et n'a pas assisté au début de la conversation (enfin... ça c'est ce que je croyais). Il s'approche de moi avec un bouquet de fleurs à la main.
- Mon amour, me dit-il, regarde les roses que j'ai fait pousser. C'est une nouvelle espèce à laquelle j'ai donné ton nom.
Comment ça « mon amour » ? Et c'est quoi cette histoire ? Donner mon nom à des fleurs ?
Alors que je m'apprête à lui demander s'il a fumé de la drogue, Nysos me tend les roses. J'attrape le bouquet et la question sur mes lèvres est bloquée par un baiser de mon collègue. Il passe sa main sur ma nuque et glisse ses doigts dans mes cheveux tandis que sa bouche caresse la mienne. J'ai chaud de nouveau mais cette fois-ci ce n'est pas parce que j'ai honte. J'ai l'impression que mon corps entier est parcouru de frissons... Nysos me murmure à l'oreille :
- Entre dans mon jeu.
Il se redresse alors et feint de s'apercevoir de la présence de Connard IIIème du Nom.
- Oh ! Bonjour ! Désolé, je ne vous avais pas vu. Vous êtes un nouveau client ?
- Non, lui répond mon ex. Et j'allais partir de toute façon...
Il détaille mon ami des pieds à la tête. Je retiens ma respiration en espérant que la petite comédie que nous lui jouons va marcher et que je vais être débarrassée de lui pour de bon... Il lâche enfin un petit rire méprisant et me lance avant de tourner les talons :
- Héty, tu as mon numéro et tu sais où tu peux me trouver.
Je grommelle alors qu'il est déjà loin :
- En enfer, très certainement.
Puis, je me tourne vers Nysos et le remercie de m'avoir tirée de ce mauvais pas. Je suis interrompue par Sören qui s'adresse à son ami :
- Euh... J'ai eu une hallucination ou tu viens d'embrasser Héty ?
Nysos rigole et se passe la main dans les cheveux. Il a l'air un peu gêné mais il lui répond :
- C'était pour éviter que tu colles un de tes poings glacés dans la tronche de cette ordure. J'ai déjà vu les dégats que tu peux faire avec ça. Je ne voulais pas que tu t'attires encore des ennuis.
- Oui, et en plus, ce type est un tel connard qu'il aurait pu porter plainte contre l'agence si on l'avait touché, renchérit Adara. Tu as bien fait, Nysos. Merci !
- Le seul souci, reprend Sören, c'est que tu vas devoir aller passer des analyses pour vérifier qu'Héty ne t'a pas refilé une MST.
Je balance un gros marqueur à la tête de Mr Freeze avant de joindre mon rire à ceux de mes collègues. Quel soulagement ! Cela aurait vraiment pu mal tourner si Nysos n'avait pas joué le rôle du petit ami amoureux...
Et soudain, je suis frappée par une illumination divine ! (oui, oui... « divine » je vous dis !). Je m'écrie donc :
- Oh ! J'ai une idée !
Aussitôt, mes trois plus vieux amis cessent de rire et prennent l'expression terrifiée de lapins dans les phares d'une voiture.
- Mais non ! Ne faites pas cette tête !
Il faut dire que mes « idées » n'ont pas toujours été des réussites. C'est comme la fois où j'ai eu l'idée de redécorer le bureau de chacun en fonction de sa personnalité. Sören a mis des mois à se débarrasser de la neige artificielle collée sur ses dossiers...
Bref !
Je me tourne vers Nysos et lui propose :
- Tu sais que ma mère s'est donnée pour mission dans la vie de me caser. Et j'ai l'impression que la tienne t'embête un peu à ce sujet aussi... Et si on leur faisait croire qu'on était en couple ? On donne le change pour les repas de famille et le reste du temps, on est tranquilles.
Je suis suspendue à ses lèvres pendant qu'il réfléchit. Si seulement il pouvait accepter ! Fini la corvée des repas blind-date du dimanche chez les parents ! (Ô joie !)
Il a l'air perplexe, alors j'ajoute :
- Ne t'inquiète pas ! Il n'y aurait aucune ambiguïté entre nous ! Ce serait juste de la comédie pour qu'ils nous fichent la paix.
Finalement, il hausse les épaules et me tend la main, tout en m'offrant un de ces fameux sourires dont il a le secret (vous savez ceux qui illuminent tout son visage) :
- Deal !
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