Chapitre 12 : Opération « Petit Ami »

Dimanche – 12h07


Lancement de l'opération « Petit Ami ».


Nysos et moi, nous nous trouvons devant la porte d'entrée de la base ennemie (aka la maison familiale), prêts à sonner. Un vrai petit couple modèle ! Aliz s'est fait plaisir... Je porte une jolie robe noire, avec des collants (Faut pas pousser ! On se gèle !). Elle a même réussi à me coiffer ! Il faut dire que, d'habitude, mes cheveux ont un rendu assez poétique (Oui, vous connaissez le « flou artistique » ? Bon... Ok ! Je suis tout le temps décoiffée en fait...). Mais aujourd'hui j'arbore une coiffure hautement sophistiquée ! Ma blonde m'a fait un chignon « négligé » (alors qu'en réalité elle y a passé une heure !) dans lequel s'entremêlent des nattes. Autant vous dire qu'une partie de moi ose à peine bouger la tête, tandis que l'autre a envie de s'ébrouer comme un chiot dans une flaque d'eau.


Nysos a revêtu une chemise noire de créateur (qu'Aliz a réussi à soutirer à Sören) et il a troqué ses converses contre des chaussures en cuir. Il a quand même réussi à négocier le port du jeans avec notre styliste tyrannique... Je crois que le pantalon en toile, c'était la goutte d'eau pour lui ! J'ai d'ailleurs profité de sa rébellion pour imposer mon envie de porter des ballerines, et non les talons vertigineux qu'elle avait prévus pour moi. Non, mais c'est vrai ! Je vais déjà manger chez mes parents : une torture à la fois, s'il vous plaît !


Je tiens dans mes mains le carton du pâtissier. Oui, je sais bien que ma mère voulait que je prépare une tarte au citron avec mes blanches mains... Mais j'avais d'autres choses de prévues ce matin (comme ronfler sous ma couette jusqu'à ce qu'Aliz me tire du lit). Nysos tient un magnifique bouquet de fleurs oranges et violettes qui ressemblent à des oiseaux exotiques. Je ne peux m'empêcher de lui dire :


- Regarde-nous ! On dirait le cliché du gentil couple à maman... J'ai envie de vomir là tout de suite ! Pourquoi est-ce que je dois me mettre sur mon trente-et-un pour aller la voir ? Après tout, j'ai vécu neuf mois dans son utérus !


Nysos s'esclaffe et réussit à me remonter le moral :


- N'oublie pas qu'on joue la comédie. On est là pour te venger des magouilles de ta mère, non ? Et puis, tu sais ces fleurs... En fait, elles viennent d'Amazonie. Les Indiens les donnent aux gens qui ont besoin de ranimer leur libido... Un vrai viagra végétal !


- Tu offres des fleurs aphrodisiaques, qui viennent d'une tribu amazonienne, à mes parents ?


Je ris à mon tour et le regarde avec admiration. J'adore sa façon de penser ! Je lui souris et tends la main vers la sonnette. Ma mère nous ouvre avant que je n'achève mon geste. Elle devait être aux aguets !


- Ma chérie et... Dionysos ? Oh ! Dionysos ! Quelle surprise ! Je ne savais pas que c'était toi le petit ami d'Hécate. Elle ne m'a rien dit !


J'ai bien sûr droit à un petit regard de reproche de sa part. Ce qu'elle ne sait pas c'est que c'était volontaire. Evidemment que je lui ai caché l'identité de mon (faux) petit ami ! Je n'allais tout de même pas lui laisser un avantage dans la bataille à venir... La connaissant, elle aurait appelé la mère de Nysos pour lui soutirer un maximum d'informations et se faire des fiches « questions à poser ».


Alors, oui, l'effet de surprise est voulu.


Stratégie numéro un (aka la surprise) : validée !


Ceci dit, ne vous inquiétez pas trop pour elle... Ma mère retombe vite sur ses pattes. Son étonnement est passé assez rapidement, d'ailleurs. Et, pendant qu'elle nous sert des crudités, elle demande sur le ton de la conversation :


- Alors, dites-moi tout, les enfants ! Depuis quand êtes-vous ensemble ? Comment ça s'est produit ?


- Voyons, maman ! C'est privé tout ça !


Je prends un air gêné, comme si sa question m'embarrassait.


Stratégie numéro 2 (aka la pudeur qui empêche d'en dire trop) : validée !


Nysos me caresse la main, en parfait amoureux (en toc) :


- En tout cas, c'est un peu grâce à vous... Je crois que venir manger chez vous l'autre dimanche nous a rapprochés, votre fille et moi. Vous êtes un peu notre Cupidon !


Alors là, j'en reste presque bouche bée (mais me reprends aussitôt pour que ma mère ne nous démasque pas). Nysos improvise et s'en sort comme un chef !


Stratégie numéro 3 (aka la flatterie) : mise en place et validée par mon complice !


Ma parole ! Elle rougit en plus ! Il est vraiment très fort...


- Oh ! C'est adorable mon petit Dionysos. Ah ! Je crois que j'ai oublié de te remercier pour les fleurs. Elles sont magnifiques !


- Je vous en prie. En les voyant, j'ai pensé à vous...


Je cache mon éclat de rire dans la serviette et attrape mon portable pour faire diversion... Tiens ! C'est étrange, Sören a essayé de m'appeler... Je décide d'ignorer son message.Ce n'est sans doute pas très important.


On pourrait croire que nous avons gagné la bataille... Malheureusement, plus le repas avance, plus je sens le regard suspicieux de ma mère sur nous deux. Elle n'est pas si naïve ! Ou alors j'en fais un peu trop pour que ça soit crédible. Appeler Nysos « mon petit ourson en sucre » n'était pas une bonne idée finalement (d'autant plus que, pour se venger, il me donne du « ma pupuce chérie »).


Je décide donc de lancer l'offensive finale. J'entraîne Nysos dans la cuisine, sous prétexte de couper la tarte et prendre les assiettes à dessert. Puis je m'appuie contre le placard et le prend dans mes bras :


- Tu te souviens ! On lui donne le coup de grâce, là ! Le but est qu'elle nous surprenne en train de nous embrasser.


- Ok ! Mais tu veux faire comment ? On tend l'oreille et on fait semblant dès qu'elle arrive ?


- Non, c'est trop risqué. Elle est rusée... On s'embrasse jusqu'à ce qu'elle vienne voir ce qu'on fait ! Curieuse comme elle, crois-moi, ça ne durera pas longtemps !


Et sur ses mots, je passe mes bras autour de son cou et commence à lui rouler une pelle ! Oui, à la guerre comme à la guerre !


D'abord surpris, il finit par me rendre mon baiser. Ses mains montent et descendent dans mon dos, provoquant des frissons le long de ma colonne vertébrale. Il s'est collé à moi et je commence à avoir un peu chaud... J'en arrive presque à oublier pourquoi nous sommes là quand j'entends ma mère s'excuser et retourner dans le salon.


Il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits. J'ai l'impression d'avoir les joues en feu... Je lance un coup d'œil à Nysos qui a un large sourire sur les lèvres. Il me fait un clin d'œil et dit :


- Bien ! Je crois qu'on a réussi notre coup ! Elle a mordu à l'hameçon.


Je bafouille une réponse et attrape le plat à tarte. Je me précipite hors de la cuisine et, alors que je pose le gâteau sur la table, la sonnette de la porte d'entrée résonne. Mon père file ouvrir et revient accompagné d'un Sören assez agité.


- Nysos ! T'as oublié ton portable chez moi ! Et toi, Héty ? ça t'arrive de répondre au téléphone ?


- Et alors ? Tu vois bien qu'on est occupé ! C'est quoi ton problème ?


Ok... On ne peut pas dire que je sois très accueillante. Mais, en même temps, il débarque comme le vent du Nord chez mes parents et nous engueule sans raison...


Sören me fusille du regard avant de lâcher :


- La devanture de l'agence a été vandalisée...

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