o2||°Rencontre du troisième type}

Vache, n. f. : ruminant possédant un esprit vicieux et qui serait capable de foncer sur vous à tout instant.

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MA FUITE M'ENTRAÎNA JUSQU'À UN COIN RECULÉ DU CORPS DE FERME.

Devant moi se trouvait une vaste prairie recouverte d'herbe fraîche, où broutaient patiemment une vingtaine de vaches. Oh non. Pas des vaches. Je reculai rapidement, préférant m'éloigner à tout prix de ces créatures vicieuses. Même si une clôture me séparait de ces êtres abominables, je n'étais pas très rassurée : il suffirait que l'une d'elles soit prise d'un élan de folie et ne se rue dans ma direction pour m'écraser. Ce serait vraiment horrible. Surtout pour quelqu'un comme moi, qui a une peur bleue des vaches, sans vraiment savoir pourquoi.

Toujours est-il que lorsque je reculai, mon pied se posa sur quelque chose de ductile et qui le fit se dérober, entraînant tout mon corps dans sa lourde chute. J'atteris sur les fesses (heureusement), et laissai échapper un petit "aïe" strident. Mes paumes avaient rencontré le sol également, et étaient désormais toutes écorchées. Je les portai à ma hauteur et vis que deux petits points de sang se dessinaient près de mon index et de mon pouce. Les graviers avaient marqué mes paumes de leur petite forme anguleuse, sans pour autant l'entailler.

Je reportai mon regard sur la chose qui m'avait faite tomber : c'était une petite balle de couleur bleue, assez molle et qui semblait appartenir à Oppy, le chien de ma cousine. Que faisait-elle là ? Je n'en avais pas la moindre idée, mais ce que je savais, c'était que grâce à elle, j'avais peut-être gagné mon ticket pour retourner à l'intérieur, loin de cette chaleur écrasante de début d'après-midi.

Je me relevai difficilement, tendant mes bras pour me donner plus de poids vers l'avant. Une fois cela fait, j'époussettai rapidement mes mains l'une contre l'autre, lâchant un petit cri de douleur suite à la friction de mes deux petites plaies entre elles. Mon regard porté vers le sol afin d'éviter de trébucher une énième fois, je repris la direction de la maison, bien décidée à plaider ma cause auprès de tatie bio.

À mesure que je me rapprochais de cette dernière, les voix de Fanny et de Chloé s'élevèrent dans l'atmosphère, me faisant lâcher un petit grognement. Je relevai la tête et remarquai qu'elles se trouvaient dos à moi et qu'elles redressaient leur CMR, ou brouette, enfin bref. Si je me faisais discrète, je pourrais éviter qu'elles ne me remarquent et pourrais trouver un autre chemin pour rejoindre, sans me faire voir, la maison. Je tournai la tête à gauche, et analysai la situation : un petit muret se trouvait accolé à la maison en pierre apparente, je n'avais qu'à grimper par dessus, et pouf ! J'étais sauvée.

Après avoir jeté un ultime coup d'œil en direction des deux compères, je me mis à courir, sur la pointe des pieds, jusqu'à mon échappatoire. Il me fallut quelques secondes pour évaluer la situation et surtout pour me demander si vraiment, je tentais le coup alors que je portais des tongs aux pieds. Mais après tout, qu'y avait-il de mieux entre échapper à sa cousine dérangée et à son amie tout aussi étrange et se tordre la cheville ? La deuxième option était largement préférable.

Doucement mais agilement, je coinçai mes pieds dans les premières pierres qui se présentèrent à moi. Le muret n'était pas très haut, et au bout de quelques secondes de labeur, j'étais déjà arrivée en haut. Savourant ma petite victoire, je me retournai une énième fois, scrutant les horizons tout en affichant un petit sourire satisfait, avant de sauter de l'autre côté et d'atterrir sans encombre dans l'herbe grillée par le soleil. Je me remis en marche, sautillant légèrement en pensant à l'incroyable après-midi que j'allais passer à perdre mon temps sur YouTube. Néanmoins, lorsque je me retrouvai nez à nez avec quelqu'un, ce sourire enjoué se figea rapidement et fut remplacé par un ravalement de salive plutôt bruyant.

- T'es qui toi ? Pourquoi tu squattes mon jardin au fait ? lâcha-t-il en fronçant les sourcils.

- Je... Suis que de passage ! m'exclamai-je avant de faire une fois de plus demi-tour.

Je n'eus qu'un pas à faire avant que mon interlocuteur ne me rattrape et ne se saisisse de mon bras nu. Sa main calleuse irritait quelque peu ma peau mais je ne dis rien à ce sujet. Je me retournai dans sa direction et remarquai que ses yeux pâles étaient rivés sur moi, et qu'il semblait me questionner du regard. Sa mâchoire carrée était serrée et ses cheveux noirs en bataille. Il était vêtu d'une simple chemise à carreaux rouge, ouverte sur un t-shirt blanc assez ample. Son bermuda beige était légèrement tâché au niveau des ourlets, de même que ses espadrilles rouges.

- T'es qui au juste ? reprit-il, sans prendre la peine de me lâcher.

- Dar-la, articulai-je en rivant mes yeux dans les siens, essayant de ne pas me laisser impressionner par cet adolescent. Je suis la cousine de Fanny Devignet.

Le jeune garçon lâcha aussitôt mon bras et laissa tomber ses bras le long de son corps trapu. Il cligna une fois des yeux, puis deux, et un large sourire se dessina sur son visage pâle. Ses yeux se plissèrent machinalement, tant et si bien que je voyais à peine ses orbes clairs.

- Alors c'est toi ?! C'est toi dont Fanny n'arrêtait pas de nous parler ?! Je suis vraiment heureux de te rencontrer ! Moi, c'est Adrien, mais tu peux m'appeler Adri', se présenta-t-il en posant une main sur mon épaule, en signe de bienvenue.

- Salut, me contentai-je de répondre en esquissant un faible sourire.

- Dis, tu peux me dire ce que tu fais dans mon jardin ? J'ai cru que t'étais venue voler les tomates du potager.

- Ah ah ah. Voler des tomates, moi ? Une bonne blague, rétorquai-je nerveusement en passant une main dans mes cheveux. Je pensais juste que c'était un raccourci pour rejoindre l'arrière-cour de la maison de ma tante.

- Ah non, c'était juste quelques mètres plus loin. Au pire, c'est pas grave, t'inquiète. Au moins j'ai fait ta connaissance !

- Ouais... J'ai fait pas mal de connaissances aujourd'hui..., constatai-je en esquissant un sourire un peu moins timide.

- Ah bon ? Tu as rencontré qui ici ? questionna Adrien en s'asseyant sur le muret que je venais d'escalader.

Étrangement, j'étais plutôt à l'aise en sa compagnie, comme si je ne le connaissais pas depuis une éternité. Peut-être était-ce à cause de son sourire enjoué ? De cette manie qu'il avait de plisser les yeux lorsqu'il souriait ? Je n'en avais pas la moindre idée. Néanmoins, il me paraissait fort sympathique et plutôt facile à vivre : génial, encore un qui ne va rien dire lorsqu'il m'entendra râler.

- Une pote de ma cousine, Chloé. Elles ont failli me foncer dedans avec une brouette.

- Chloé ? Mais je vois que tu as fait connaissance avec ma petite sœur !

- Ta... Petite soeur ? répétai-je, ayant du mal à assimiler ces derniers mots.

- Bah oui, Chlo' est ma sœur. T'as vu, elle est cool, hein ?

- Ouais...

Elle est surtout hyper cheloue, me retins-je d'ajouter.

Un petit silence s'installa entre nous deux, et personne ne semblait avoir envie de le briser. Je commençai à me mordre la lèvre inférieure, arrachant les petites peaux mortes à l'aide de mes dents. Mes pieds se balançaient lentement le long du muret, tandis que mes tongs menaçaient de tomber d'un instant à l'autre. Je tournai légèrement la tête, et remarquai qu'Adrien triturait nerveusement ses doigts, le regard rivé vers le fond de son jardinet. Soudain, des voix se firent entendre et deux silhouettes tournèrent au coin du mur en face de nous, se révélant n'être autre que Fanny et Chloé.

Ma cousine eut un petit mouvement de recul lorsqu'elle s'aperçut de ma présence, mais bientôt, son expression confuse fut remplacée par son habituel sourire niais. Ses cheveux courts décoiffés, le petit point de sang qui avait établi domicile près de sa narine gauche, ainsi que ses habits sales et son t-shirt troué, lui donnaient l'impression d'être une Heidi version low-cost. Elle nous scrutait tous les deux de ses petits yeux bruns et simplets, comme si nous étions des bêtes de foire exhibées au salon de l'agriculture. À ses côtés, Chloé regardait les fleurs du parterre situé juste en dessous de nous, ce même parterre que j'avais légèrement abîmé durant mon petit saut de cabri en fuite.

- Dar-la s'est trou-vée un a-mou-reux ! Dar-la s'est trou-vée un a-mou-reux ! commença-t-elle a scandé haut et fort en s'emparant du bras de Chloé, le faisant bouger dans tous les sens.

- T'es vraiment qu'une grosse gamine, Fanny, lâchai-je d'un ton sec. On était juste en train de parler. J'ai jamais eu envie de lui rouler des pelles ou quoi que ce soit, sans vouloir t'offenser bien sûr, ajoutai-je plus bas à l'attention du jeune homme.

- Mouais... Mouais... C'est ce qu'elles disent toutes jusqu'à ce que tu les retrouves au coin d'un mur en train de rouler des patins, ricana ma cousine en jetant un regard complice à son amie.

Je sentais mes joues chauffer au fur et à mesure que Fanny proférait ces conneries. Franchement, que ferais-je de quelqu'un que je viens de rencontrer ? Et qui par dessus tout, n'égale pas le garçon avec qui je suis sortie il y a... Approximativement cinquante-huit jours. Certes, Adrien semblait gentil, mais ça s'arrêtait là. Moi qui rêvais d'un amour de vacances beau gosse et surfeur, je me retrouvais avec un mec sympa, mais qui ressemblait à un chinois à l'instant même où il se mettait à sourire.

- Roh... toi je vais te faire bouffer la pelouse si tu continue ! m'écriai-je en descendant du muret et en attrapant une généreuse poignée d'herbe.

Fanny, prise d'un fou-rire, me regardait bêtement avancer vers elle, jetant des regards amusés à Chloé. Néanmoins, lorsqu'une poignée d'herbe entra dans sa bouche, ses yeux s'écarquillèrent brusquement.

- Tu feras gaffe, je crois que t'as un vers de terre coincé entre les dents.

°

Hey !
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Que pensez-vous d'Adrien ? Il est un peu mou n'est-ce pas 😂 ?

Alors, j'ai décidé de publier le lundi et le jeudi, mais vu que cette semaine, j'ai publié le premier chapitre dimanche, pour respecter les délais, je devais le faire aujourd'hui !

J'espère que cela ne vous perturbera pas trop ahah.

À lundi !

Capucine❤️

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