40||°Le match de football de Noé et Basile}

Football, n.m. : Sport où le but est de courir après une balle, en short et avec de mignonnes petites chaussettes. Attention, les coups de crampons peuvent faire très mal aux talons.

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ASSISE dans les gradins du stade de football de Montdesbois, les joues peinturées de bleu et de jaune et un t-shirt jaune avec marqué "Go Noé and Basile" au feutre bleu, je discutais calmement avec Aurore.

- Tu sais, j'ai oublié de te dire ça hier soir, commençai-je en me tournant vers elle, mais j'ai adoré la façon dont tu as renvoyé chier Victoire la reine des trottoirs.

- Oh tu sais... C'est normal. Je déteste les gens qui viennent de nul part et qui se permettent de nous rabaisser, nous les gens de Montdesbois, rétorqua-t-elle en se grattant la joue, étalant au passage la peinture bleue.

- Ça a pas trop de rapport, mais on vous appelle comment ? Les Montdesboisiens ? demandai-je, intriguée.

Aurore écarquilla les yeux, la bouche entrouverte et explosa de rire. J'eus un mouvement de recul, légèrement perplexe. Avais-je dit quelque chose de stupide ? Il faut dire que je disais tellement de conneries à la minute que je ne m'y retrouvais plus. Eh oui... C'est ça lorsque l'on veut faire rire les autres, faut sacrifier un peu de son intelligence.

- J'ai dit un truc drôle ? ajoutai-je alors que les rires d'Aurore diminuaient.

- Quoi ?! Ah non, non ! C'est juste que... Que j'étais exactement en train de me demander intérieurement comment on s'appelait, expliqua la semi-blonde en reprenant de plus bel. Faudrait demander à Juliette, son père est le maire de Montdesbois, il doit bien savoir comment on s'appelle.

Et sur ces dernières paroles, elle se retourna et héla Juliette. La blonde sursauta en entendant son prénom et écouta avec intention la question que lui posa son amie.

- Aucune idée, fut la seule réponse qu'elle partagea en haussant les épaules.

- Bah j'vois qu'on est bien avancées dit donc, ripostai-je, un sourire aux lèvres.

Au même moment, Ulysse revint des vestiaires où il était allé encourager une ultime fois ses deux amis. Ils jouaient contre Fayence m'avait-on dit, et apparemment, ce serait facile pour eux de gagner s'ils restaient concentrés. Le brun grimpa les marches des tribunes rapidement, sous mon regard noisette et protecteur. Et dire qu'en début de semaine prochaine je pars d'ici... Il faut absolument que j'en profite avant qu'il ne soit trop tard !

Le jeune homme atteignit bientôt notre rangée et se déplaça jusqu'à nous, s'excusant auprès des personnes devant qui il passait. Il se laissa tomber à côté de moi et passa une main dans ses cheveux sombres, légèrement relevés par son éternel bandana rouge. Il avait troqué ses lentilles pour ses lunettes, et je devais tout de même reconnaître qu'il était encore plus mignon avec. Ulysse tourna enfin la tête vers moi, un petit sourire mutin et je vins claquer un baiser sur sa joue, tout en l'entourant de mes bras.

- Eh Ulysse ! s'exclama Aurore en s'avançant légèrement. Faut que tu mettes ça sur tes joues, et que tu brandisses ça quand les gars vont entrer sur le terrain, poursuivit la jeune femme en lui tendant du fards à paupières crémeux et une bannière improvisée où il y avait inscrit la même chose que sur nos t-shirts.

- Euh... Ouais, répondit le jeune homme en attrapant ce que la fausse blonde lui donnait.

Il paraissait confus. Ses sourcils épais étaient froncés et ses lèvres fines légèrement tordues. Je souris suite à cette vision et m'emparai de ce qu'il tenait dans ses mains. J'ouvris un des fards, en pris du bout des doigts et étalai deux gros traits sur ses joues imberbes. Il arqua un sourcil en sentant le pigment sur ses pommettes et s'écarta lorsque je voulus lui en mettre sur le bout du nez. Ce petit mouvement m'arracha un rire et une riposte de baisers baveux.

- Oh ! Du calme les deux ventouses ! Vous me donnez envie de vomir avec vos niaiseries ! s'écria Aurore en mimant une envie de rendre son repas.

Elle fit mine de se lever, mais au même moment, les joueurs entrèrent sur le terrain. J'attrapai donc mon amie par le bras et cette dernière se rassit immédiatement, dans un bruit de craquement de genoux. Beurk. Ulysse avait subitement arrêté de m'embêter et plaça ses mains dans ses poches, le cou en avant, attentif aux moindres mouvements se déroulant sous ses yeux. Quant à moi, je me saisis de la bannière en carton et la brandis en l'air lorsque Noé entra sur le terrain.

- Wouhou ! Allez Noé !! s'écria une voix dernière nous.

Je me retournai d'un seul coup et écarquillai les yeux lorsque je reconnus la personne qui venait de crier. Oh non... Faites que tout ceci soit un cauchemar. Faites que je me réveille dans mon lit. Maintenant. Pas dans quarante ans.

- Yo, Darla ! poursuivit la voix en dévalant les marches des gradins.

Fanny.

Elle arrivait près de nous, un large sourire hypocrite collé au visage. Je réprimai une envie de meurtre et me tournai vers elle, arborant un sourire tout aussi hypocrite qu'elle. Aurore se retourna également et ouvrit grand les bras, manquant de peu de frapper la personne à côté d'elle. Fanny se précipita vers elle et la prit dans ses bras. Ce fut au tour d'Ulysse de se tourner vers l'origine de toute cette excitation. Il hocha de la tête, comme pour dire bonjour à ma cousine, et réprima un petit rire en voyant mes joues écarlates.

- Fanny..., commençai-je en serrant les dents. Qu'est-ce que tu fais ici...?

- Eh bien je viens assister au dernier match de la saison, pardi ! renchérit la brune en se délogeant de l'étreinte d'Aurore.

- Ouais bah si t'es venue pour le match, regarde-le au lieu de crier comme une demeurée, sifflai-je en me retournant.

- Toujours aussi aimable ma chère cousine..., termina Fanny avant de regagner sa place.

Aurore se tourna vers moi, la bouche entrouverte. Elle passa une main dans ses cheveux et se frotta le menton.

- T'es vachement dure avec elle quand même...

- Mais t'as vu comment elle est aussi ?! C'est qu'une hypocrite qui me pourrit la vie.

- Darla, c'est qu'une gosse. Je te parie que t'étais aussi chiante qu'elle à son âge.

- Moi ? Chiante ? Pfff, n'importe quoi, pouffai-je en haussant les épaules, sous le regard hilare d'Ulysse.

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- But !!! hurla Aurore en levant les bras en signe de victoire.

L'équipe de Montdesbois - enfin Basile en particulier - venait tout juste de marquer un troisième but d'affilé, sous le regard interdit des joueurs et supporters de Fayence. Je me levai de mon siège rapidement et forçai mon copain à se lever également, puis nous brandîmes en l'air la bannière d'encouragement, tout en criant de joie malgré les regards noirs des supporters de l'équipe adverse. Un petit se retourna dans notre direction, le visage contrarié, et me foudroya du regard comme personne n'avait osé le faire auparavant. Alors je laissai tomber la pancarte et lui tirai la langue, tout en lui faisant discrètement un beau geste du doigt.

Oui, je sais, il faut être poli avec les gens que l'on ne connaît pas, et surtout les enfants. Mais avouez que c'était tout de même très tentant.

Le match continua de plus bel. Les joueurs de Fayence réussirent à égaliser à dix minutes de la fin, et je sentis le regard satisfait du petit morveux posé sur moi. Ah... J'lui en foutrais des claques à ce mioche si je pouvais ! Bon, toujours est-il que je sentais le stress s'emparer des gradins, et en particulier d'Ulysse. Le jeune homme avait posé ses coudes sur ses genoux et avait pris ses joues entre ses mains, soulevant légèrement ses lunettes. Sa jambe droite tressautait inlassablement, comme s'il n'arrivait pas à la calmer. Enfin, quelques petites gouttes de sueurs commençaient à perler le long de sa nuque.

De mon autre côté, Aurore était également plongée dans un état similaire. Elle avait ramené ses longs cheveux bruns méchés de blond en une queue de cheval haute, dégageant son visage rond et laissant paraître son nez encore plus imposant. Ses jambes étaient croisés et celle qui se trouvait en l'air n'arrêtait pas de bouger dans tous les sens, manquant une fois de plus de percuter la personne d'à côté. Ses iris clairs suivaient de près les moindres mouvements de la balle, tandis que de ses mains libres, elle triturait nerveusement ses cuticules.

Et dix minutes plus tard le verdict tomba. Les supporters de l'équipe de Montdesbois se levèrent en furie et crièrent comme un seul et même homme.

Noé venait de marquer le but décisif.

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