39||°Le karaoké ? Mon nouveau moyen de briller}

Karaoké, n.m. : Show durant lequel Darla essaye de tout donner, tout en gardant le peu de dignité que Mère Nature lui a accordée.

||°

IL EST ACTUELLEMENT 21H52, Noé et Victoire n'ont pas refait apparition, de même que Fanny et Picasso Junior. Quant à moi, je m'apprête à monter sur scène et à chanter un petit air de karaoké.

Oui, vous avez bien compris : moi, Darla, vais chanter devant des gens que je ne connais pas et vais probablement me ridiculiser comme il se doit par la même occasion.

- Darla ? T'es sûre de ton coup là ? questionna Ulysse en attrapant mon bras, les sourcils froncés.

- Mais oui... T'inquiète pas je gère ! répliquai-je en hochant de la tête.

Je déposai un baiser sur sa joue et m'en allai en direction de la scène. Le show de la personne précédente avait été un désastre, alors je m'étais dit qu'il fallait bien que je me dévoue pour remonter le niveau. Et puis avec onze ans de danse moderne et seize ans de chant sous la douche à mon actif, ça ne devrait pas être si compliqué. Alors je continuai d'avancer, pressentant tout de même qu'il y avait de fortes chances pour que je me ridiculise devant tous les gens présents au camping. Néanmoins, je n'allais pas abandonner à deux pas de la scène, ce serait beaucoup trop facile.

- Oh mais je vois que nous avons une nouvelle chanteuse en herbe ! C'est quoi ton nom ma jolie ? demanda le directeur du camping en approchant le microphone de ma bouche.

Je me raclai discrètement la gorge et pris à mon tour la parole.

- Darla.

- Et bien souhaitons bon courage à notre chère Darla ! termina l'homme à la peau matte avant de s'installer sur le côté de la scène.

Le public se mit à applaudir en signe d'encouragement, tandis que quelques garçons de mon âge, plus ou moins, se mirent à siffler lourdement dans ma direction. Quelle maturité dit donc... Bref. Mon regard se déporta vers Ulysse, le visage tendu. Ses yeux émeraudes m'imploraient presque de me résigner. Il voulait sûrement éviter que je me tape la honte devant toutes ces personnes. Néanmoins, il n'avait pas à s'inquiéter : personne ne me connaissait ici, et si jamais cela devait mal tourner, il ne me restait plus que quelques jours à Montdesbois.

Je quittai donc Ulysse du regard et me dirigeai vers le disc-jockey, qui attendait patiemment que je choisisse ma chanson. Ma chanson ? Je n'avais pas la moindre idée de ce que je voulais interpréter. Me voilà bien dit donc ! Debout sur une scène bancale avec aucune chanson à chanter en tête. Enfin... Si, il y en avait bien que j'avais dans la tête, mais je ne les aimais pas vraiment et ne pouvais donc effectuer mon show dessus. Puis soudain, alors que l'homme assis en face de moi perdait tout espoir, ma bouche expulsa des mots.

Et je me retrouvai bientôt au centre de la scène, à attendre pour chanter Me too de Meghan Trainor.

Le dos tourné au public, je tenais le microphone dans ma main droite, ma main droite qui commençait à devenir moite au fil des secondes. Le disc-jockey se fit prier quelques instants, ne trouvant pas la chanson que je lui avais demandé. Enfin, après ce qui me parut être les pires secondes de mon existence, la musique démarra. Je me redressai à l'entente du bruit qui se trouvait au début de la chanson et levai doucement le bras gauche en l'air, tout en tapant du pied droit. Ce numéro, je le connaissais par cœur, pour l'avoir tant effectué dans ma chambre quand j'étais seule. Je n'avais donc pas le droit à l'erreur.

Mon dieu... Je me crois trop dans The Voice là.

Enfin, lorsque le moment du petit "ow" arriva, je me retournai d'un seul coup et lâchai l'onomatopée en faisant abstraction du public. Les premières notes arrivèrent pendant lesquelles je me contentai de claquer des doigts, et me déhanchai à chaque fois qu'elles devenaient plus rapides.

- Who's that sexy thang I see over there? That's me, standin' in the mirror, chantai-je en empêchant ma voix de trembler.

Je poursuivis, tout en gagnant de l'aisance au fur et à mesure, et m'avançai au bord de la scène. Lorsque la musique accéléra, je fis un tour sur moi-même suivi d'un petit déhanché des épaules. Je fis un pas chassé à droite, puis deux, et je recommençai de l'autre côté. J'essayai d'effectuer des petites mimiques drôles, tout en gardant le peu de dignité que Mère Nature avait daigné m'accorder. Devant moi, le public commença à frapper dans ses mains, pour mon plus grand bonheur, et même Ulysse, qui jusque là n'avait pas été d'une très grande aide, sifflait tout en levant les pouces en l'air.

Le show dura encore deux minutes, deux minutes où je tournoyai, je sautai, je glissai et fis même des mouvements de diva. Le directeur à côté de moi se tordit de rire lorsque je fis semblant de twerker, un regard ravageur esquissé sur mon faciès. Je jetai un coup d'œil aux habitants au même instant, et remarquai une silhouette brune avec des mèches blondes qui m'imitait : ne serait-ce pas Aurore ?

Bon. Toujours est-il que je m'amusais à fond et que les gens en face de moi s'éclataient également : les adultes se déhanchaient poliment, de grands sourires au bord des lèvres ; les adolescents chantaient avec vigueur les paroles de la chanson, et je surpris même certains garçons en train de s'égosiller ; enfin, les plus jeunes se contentaient de sauter dans tous les sens, effectuant de petites rondes avec leurs voisins, ou d'autres conneries de ce type-là. J'avais réussi ! J'avais réussi à leur faire oublier le type d'avant, celui qui leur avait cassé les oreilles avec son Céline Dion tout pété.

Enfin, lorsque la dernière note arriva, je me laissai tomber au sol, jambe droite tendue en avant et jambe gauche pliée sur le côté. Je heurtai la scène dans un bruit de plancher qui craque, mais je fus la seule à l'entendre, tant la musique qui s'échappait des baffles décorées était forte. Puis je prononçai les dernières paroles de la chanson, et les applaudissements/sifflements fusèrent dans l'air de ce début de soirée.

- I'd wanna be me too.

La musique s'arrêta et je me relevai aussi normalement que possible, bien que ce fut plutôt ardu étant donné la position dans laquelle je me trouvais. Les applaudissements continuèrent encore pendant quelques instants et je sentis des larmes de fierté qui menaçaient de s'écouler le long de mes pommettes brûlées. Je me tournai vers le gérant des Trois Dauphins et remarqua qu'il souriait à pleines dents, tout en applaudissant bruyamment. Il s'avança vers moi et posa sa grande main sur mon épaule étroite.

- Je voudrais un tonnerre d'applaudissements pour notre chère amie !

Le public ne se fit pas prier plus longtemps et obéit avec enthousiasme à l'ordre du métisse. Je remarquai qu'une personne demeurait interdite, les yeux fous de rage et les cheveux en bataille : Victoire la reine des trottoirs. En voyant cela, je lui adressai un beau et grand sourire hypocrite, accompagné d'un beau salut de la main. Et tout ce qu'elle me renvoya fut quelque chose que je vais taire, parce que c'est un petit peu vulgaire.

- Merci merci, déclarai-je en essuyant discrètement une larme qui roulait le long de ma joue.

- Reviens nous faire un show quand tu veux, ajouta-t-il plus bas avant que je ne m'en aille.

À peine eus-je mis un pied à terre que je fus assaillie par mes amis, et tout particulièrement Ulysse. Ce dernier s'empara de ma taille, me souleva et me fit tournoyer sur moi-même. Je ris aux éclats, tout en ébouriffant sa tignasse brune et le suppliai d'arrêter lorsque ma tête commença à tourner. Il me reposa au sol, des étoiles pleins les yeux et se rua sur mes lèvres, pour y déposer un baiser fiévreux. Mes joues rougirent lorsque je me rendis compte que nos amis nous observaient, et mis fin au baiser une fois que le jeune homme eut calmé ses ardeurs.

- Tu vois, j'ai géré, annonçai-je d'un petit air supérieur.

- Oui, tu avais raison, murmura Ulysse en déposant un ultime baiser sur mes lèvres.

Je me retournai lorsque quelqu'un me tapota l'épaule : Noé. Ce dernier ouvrit grand les bras et je me réfugiai dans son étreinte.

- Super show, Captain Darla, souffla-t-il en ébouriffant mes cheveux.

- Et ne parlons pas de ce magnifique semblant de twerk, ajouta une voix féminine aux intonations rieuses. Il était presque aussi beau que le mien, franchement, tu progresses petit scarabée.

Cette fois-ci, il s'agissait d'Aurore. Je me détachai de Noé et la remerciai d'un petit twerk exagéré. Elle se mit à rire aux éclats et me rejoignit quelques instants plus tard. Autour de nous, Juliette, Diane, Laure, Basile, Benjamin, Noé et Ulysse nous regardaient d'un air gêné, comme s'ils se retenaient difficilement de rire. Leurs joues devenaient rouges et ce fut Basile qui explosa en premier. Le rire du blond empli bientôt l'espace que nous occupions, et mes amis le rejoignirent au bout de quelques instants, créant ainsi une symphonie moqueuse. Avec Aurore, nous nous arrêtâmes de twerker et nous nous mîmes à rire comme des enfants en bas âge.

Quelqu'un passa au même instant et coupa notre cercle de joie. De longs cheveux caramel, un teint bien trop hâlé pour être naturel et une robe de soirée mal ajustée : Victoire avait décidé de mettre son grain de sel dans quelques choses qu'elle n'appréciait guère. Les points sur les hanches, elle regardait durement Noé, qui lui, se fichait éperdument d'elle et continuait à rire auprès de Basile. Elle se racla la gorge, mais la musique, qu'avait lancé le disc-jockey après ma prestation, couvrait sa voix aiguë et niaise.

- Noé ! Viens on s'en va ! cria-t-elle à l'attention de Boucle d'or.

Ce dernier arrêta simplement de rire et la regarda de haut en bas.

- Non, rétorqua-t-il d'un air décidé.

- Viens je te dis ! Je m'ennuie à mort dans ce trou paumé ! s'évertua-t-elle d'expliquer en attrapant la main du jeune homme.

Ce dernier défit leur étreinte et ne bougea point d'un iota.

- J'ai pas envie de m'en aller, affirma-t-il en soufflant bruyamment. Je m'amuse beaucoup avec mes amis.

Victoire ouvrit la bouche, comme pour riposter, mais fut coupée nette par Aurore.

- Écoute, reine de beauté ou de mocheté, c'est toi qui vois ce que tu préfères. Boucle d'or a pas envie de bouger, alors tu vas prendre ton diadème de princesse et tes airs supérieurs, puis tu vas aller voir ailleurs.

La physionomie de la jeune fille témoigna qu'elle n'avait pas du tout apprécié ce que notre très chère amie lui avait dit. Néanmoins, elle ne se fit pas priver plus longtemps et s'éloigna à grandes enjambées, sous mon air pleinement satisfait.

||°

Hey ! Comment allez-vous ?

J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Qu'avez-vous pensé de la prestation de Darla ? Est-ce que vous auriez aimé la rejoindre ou non ?

On approche de la fin chers/chères lecteurs/lectrices ! Plus que cinq chapitres 😭 ! Néanmoins, ne vous inquiétez pas, la prochaine histoire est déjà en préparation et a déjà bien été rédigée !

Sur ce, je souhaite bon courage à ceux qui ont encore des examens !

Bonne journée/soirée !

Capucine ❤️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top