26||°Premier désaccord}
Ulysse, n. m. : Personne avec qui l'on peut être en désaccord, mais qui finit toujours par vous apprécier et vous accepter à votre juste valeur.
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- ÇA VA ALLER ? TU VAS T'EN REMETTRE ?
Victoire Mocheté venait de s'en aller depuis peu, laissant un Noé totalement déboussolé derrière elle. Il ne restait plus que nous trois, debout près de la berge, en maillot de bain, les cheveux dégoulinants d'eau. Ulysse venait de poser une question à Noé, pourtant, ce dernier ne semblait pas y avoir fait attention, et regardait d'un air triste Victoire s'en aller, le cœur légèrement brisé par ce manque total d'intérêt.
- La vache... Tu l'as dénichée où celle-là ? rétorqua Noé en passant une main sur son front.
- J'sais pas vraiment, elle est comme... Sortie de nul part, puis elle a commencé à me parler et je lui ai proposée de venir à la fête.
Je me décrochai d'Ulysse et reculai légèrement. Il parut quelque peu surpris de ne plus me tenir dans ses bras, mais ne dit rien. Je croisai les bras et soufflai un bon coup avant de prendre la parole :
- C'est quoi cette fête ? C'est qui qui l'organise ? C'est où ? Pourquoi tu l'invite elle, au lieu de m'inviter moi ?!
Ulysse et Noé échangèrent un regard et tout de suite, j'eus l'intuition qu'ils me cachaient tous deux quelque chose. Noé finit par exploser de rire et préféra s'en aller avant de s'écrouler sur le sol. Il ne restait plus qu'Ulysse et moi, mais pas un Ulysse détendu, non loin de là, c'était plutôt un mélange entre un Ulysse gêné et mort de rire à la fois.
- Qu'est-ce qu'il y a ? rétorquai-je d'un ton ferme, bien décidée à comprendre ce que tout deux me cachaient.
- Rien. C'est rien cette fête, elle a rien de spécial, affirma un peu trop rapidement le brun. C'est juste un truc comme ça, c'est pas important.
- Tu parles trop vite, ça veut dire que tu me caches quelque chose. Je déteste lorsqu'on me cache des choses, Ulysse Anvers. Je te le demande une dernière fois : c'est quoi cette fête ?
Ulysse resta muet et riva ses iris vers le sol endommagé. Il glissa ses mains dans les poches de son short de bain et resta ainsi. Ça ne sentait pas bon, mais alors pas du tout si vous voulez mon avis. Et je ferai tout pour savoir ce qu'il en est, et ce, même s'il fallait que j'improvise une chanson sur les cafards. Hum... Ça pourrait être drôle en fait, une ode en l'honneur de ces bestioles. Bon, Darla, tu t'écartes trop du sujet principal.
Je fis un pas vers Ulysse, les bras toujours croisés, le regard ferme, une idée derrière la tête : il fallait que je joue avec la corde sensible si je voulais obtenir ce que je souhaitais, et la corde sensible chez Ulysse, j'étais presque sûre que c'était son cou. Alors je continuai de m'approcher, un petit sourire en coin désormais esquissé sur le bout des lèvres.
- Qu'est-ce que tu fais, Darla ? questionna le brun en rivant de nouveau ses orbes verdoyants dans ma direction.
- Rien, déclarai-je d'une voix neutre.
Oh mon dieu... J'ai l'impression de me retrouver dans un de ses mauvais films pseudos romantiques.
J'entourai de mes bras la taille d'Ulysse, qui lui, me regardait toujours d'un air confus et commençai à chatouiller son cou de baisers. Ulysse frémit légèrement au contact de mes lèvres, encore recouvertes du voile fin de l'eau du lac, et j'esquissai un petit sourire de satisfaction : dans peu de temps, c'était sûr qu'il allait craquer.
- D... Darla, c'est... Hyper gênant, lâcha-t-il d'une voix faible, tout en avalant sa salive bruyamment.
- Pourquoi ? répondis-je d'un air amusé en me décollant légèrement.
- Je trouve ça... C'est trop genre...
- Trop genre quoi ? répétai-je en penchant légèrement la tête, les sourcils froncés.
- Sensuel. Ça me met hyper mal à l'aise, tu me mets hyper mal à l'aise, Darla. Alors arrête s'il te plaît, j'ai horreur de ça, annonça Ulysse d'une voix ferme et sans émotion, les lèvres pincées.
Il s'empara de mes mains et les délogea de sa taille, comme si je l'oppressais. Est-ce que je dois le prendre mal ? Oui, il me semble. Non mais, depuis quand Môsieur se la jouait mec asocial et inaccessible à toute forme de tendresse ? C'est depuis qu'il a vu Victoire la princesse des trolls ? C'est ça hein ?! Il préférerait largement que ce soit elle qui l'embrasse dans le cou et qui le tienne par la taille ! Non mais, j'vous jure, ça fait même pas une semaine qu'on est ensemble et le gars pense déjà à me remplacer. Ça se voit qu'il ne me connaît pas : on ne se débarrasse pas de Darla Vallois aussi facilement ! Non, non, non ! On s'en débarrasse jamais !
- Si on a même plus le droit de faire ce qu'on veut ici, cinglai-je en tournant les talons, la tête haute, affublée d'une de ces expressions hautaines dont j'avais le secret.
- Darla ! Darla c'est pas ce que je voulais dire !
- Si si, c'est exactement ce que tu voulais dire. Mais c'est bon, j'ai compris : tu veux pas de moi. J'pense que le message est assez clair à comprendre.
- Mais je... J'ai jamais dit ça ! s'époumona le jeune homme alors que je m'en allais loin de lui.
- T'as jamais dit ça ? T'as jamais dit ça ? Bah écoute quand on te dit que tu rends mal à l'aise les autres, j'pense que c'est assez explicite, rétorquai-je en essayant de contenir la rage qui s'insinuait en moi. T'as qu'à retourner voir Victoire ! Elle au moins elle a pas l'air de te dégoûter !
Ulysse lâcha un petit rire et écarquilla ses grands yeux émeraudes. Il secoua légèrement sa tête tout en passant une main sur sa nuque. Je m'arrêtai, curieuse de voir ce qu'il allait me répondre ou me reprocher une nouvelle fois. Bon dieu... Je viens de me rappeler pourquoi je détestais sortir avec quelqu'un : la jalousie s'emparait automatiquement de moi !
- Alors c'est à cause d'elle que t'es comme ça ? C'est pour ça que tu m'as pris dans tes bras alors que tu ne l'avais jamais fait avant ? T'avais peur qu'elle s'empare de moi et qu'elle me saute dessus alors que t'étais pas loin ? supposa Ulysse en affichant un petit sourire.
- Je refuse de répondre à ces questions idiotes, répliquai-je en sentant mes joues se teinter de carmin.
- Oh non... C'est juste... Trop mignon. Oh Darla, tu peux pas savoir comment je regrette de t'avoir dit ça ! C'est..., commença Ulysse en s'approchant de moi, les bras tendus en avant.
- J'fais pas de câlin aux gens qui me trouvent gênante, sifflai-je alors que les bras d'Ulysse se refermaient autour de moi.
Bon, il faut avouer que c'était quand même agréable, et que oui, je l'avais un peu cherché. Mais désormais, j'étais presque certaine qu'Ulysse allait tout me balancer sur la fête mystèrieuse dont Victoire parlait. Je l'avais dans ma poche ce p'tit gars désormais. Je l'avais fait tourner en bourrique et il était tombé dans son propre piège la tête la première. Bon sang... J'l'aime trop.
- Dis...
- Oui ? questionna le brun en posant sa tête dans le creux de mon cou.
- C'est quoi cette fête au juste ? C'est genre, le truc de l'année ou quoi ?
- La fête du bois de Montdesbois ? Oh non bien sûr que non, c'est juste une fête lambda, où y aura sûrement de l'alcool et tout ça. D'ailleurs, si ça peut te rassurer, je comptais t'inviter dans la journée. Mais t'es pas obligée de le dire à ton oncle et à ta tante, faudrait pas les alarmer pour ce genre de petits détails.
- Dans ce cas, pourquoi tu ne voulais pas me le dire plus tôt ? On aurait pu éviter de s'énerver pour rien.
- Bah... C'est que cette fête est assez secrète, et moins il y a de gens au courant avant la date de "convocation", mieux c'est.
- Ah ouais, c'est pour ça que tu l'as dit à Victoire et pas à moi, râlai-je en arquant un sourcil.
- J'lui ai dit parce qu'elle est en vacances dans le coin et qu'elle cherchait un endroit autre que le camping ou le lac de Montdesbois pour se faire des potes. Tu vois, j'avais une bonne raison de lui dire à l'avance.
- Ouais, finis-je par lâcher en esquissant un bref sourire.
Ulysse tendit la main vers ma joue et la caressa du bout des doigts pendant quelques secondes. Il se mit à rire lorsque je lui tirai la langue et je fus prise au dépourvue, lorsqu'il m'encercla par la taille, et se mit à me chatouiller, sûrement pour me punir de la grimace effrontée que je venais de lui adresser. J'avais du mal à respirer tant je riais, et malgré mes protestations de plus en plus aiguë, rien n'y faisait, Ulysse ne pouvait s'arrêter. Mais lorsqu'il s'écria ces quelques mots, Ulysse me prit par la main et m'entraîna à toutes jambes vers le lac aux eaux troubles :
- Viens on va jeter ta cousine du haut du plongeoir !
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