17||°Fanny le retour}

Fanny, n.f. : Personne lourde, qui te tape sur le système H24 et qui t'oblige à ne pas traîner avec des gens cools comme toi.

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S'IL Y A BIEN UNE CHOSE que j'ai retenu durant l'heure précédente, c'est qu'il ne faut pas s'amuser à danser la macarena à l'arrière d'un pédalo.

- Bon, c'est pas tout mais t'as pas encore honoré ta promesse, Noé, lançai-je en rabattant une mèche mouillée derrière mon oreille.

- Quelle promesse ? ajouta Ulysse tout en fronçant les sourcils.

- La promesse comme quoi je devais payer ma tournée de glace, grogna le blondinet alors que nous rejoignions doucement le snack-bar du lac.

- Yes ! m'exclamai-je en souriant comme une fillette avant de sauter sur le dos de Noé.

Ce dernier fut quelque peu surpris et me rattrapa comme il le put, ce qui était assez comique à voir. À nos côtés, Ulysse nous regardait toujours étrangement, comme s'il pensait que nous lui cachions réellement quelque chose. Écoutez, ce n'est pas de ma faute s'il pense des choses totalement fausses et absurdes. Il faut juste qu'il se rende compte par lui-même que ses hypothèses ne sont pas valables et puis basta !

- T'sais que t'es lourde quand même, commenta Boucle d'or en grimaçant alors que je lui tirais les cheveux suite à sa remarque.

- Je t'emmerde Noé Snapp, rétorquai-je d'un air hautain avant de poser mes coudes sur sa tête.

- Vas-y... Sers-toi de moi comme d'un accoudoir, j'te dirai rien !

- Ah bah vu que c'est si gentillement proposé je vais pas me priver.

- Vous êtes sûrs que vous n'êtes pas ensembles ? demanda à nouveau Ulysse, perplexe.

- Non ! nous objectâmes en chœur, fatigués par cette question.

- Ok ok. J'demandais juste hein...

Noé me déposa et sortit son porte-monnaie de sa poche, tout en regardant ce qui était proposé comme glace. Il nous demanda ce que nous aimerions et après lui avoir annoncé que nous voulions tous deux un Magnum, Noé s'était éloigné de nous pour aller les chercher. Il ne restait plus que moi, Ulysse et moi. Le jeune homme se recoiffait doucement, replaçant correctement sa mèche brune pour qu'elle n'obstrue plus son regard émeraude. Je le regardais discrètement du coin de l'œil, pensant au combien il était mignon, mais détournai vite les yeux lorsqu'il sembla se rendre compte de mon manège.

- Dis, Darla ? Est-ce que..., commença-t-il de sa voix douce.

- Oh non. Non... Ulysse cache-moi s'il te plaît ! m'exclamai-je en me réfugiant derrière le jeune homme complètement perdu face à la situation.

- Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il d'un air confus, tout en cherchant de ses orbes lumineux un quelconque événement anormal.

- Chut ! Agis naturellement..., lui intimai-je avant de m'enfuir à toutes jambes jusqu'au premier arbre venu.

Je collai mon dos contre l'écorce chaude et légèrement collante, et repris mon souffle : un peu plus et je me retrouvais nez à nez avec Fanny, aussi connue comme la personne que je n'avais pas du tout envie de voir, surtout depuis la crasse qu'elle m'avait faite ce matin. Je risquai un petit coup d'œil dans sa direction, et commençai à observer discrètement ce qui se déroulait sous mes yeux. Ulysse, les mains dans les poches de son bermuda, se balançait doucement d'un pied sur l'autre, tandis que Fanny approchait dangereusement dans sa direction, les bras croisés, un sac rouge sur le dos. Le jeune homme jeta un petit coup d'œil derrière lui, mais bientôt, cette morue baguée lui sauta dessus et l'assaillit de questions. Je tendis l'oreille afin d'entendre ce qui se disait à moins de trois mètre de moi.

- Tiens, salut Fanny ! lança Ulysse d'un ton léger tout en glissant un regard vers le ciel. Belle journée n'est-ce pas ?

Mon dieu... Mais quel boulet.

- S'lut, grogna ma cousine. T'aurais pas vu Darla ? Je sais qu'elle passe l'aprem avec Noé, mais j'ai comme qui dirait l'impression qu'il l'a emmenée ici.

- Non, j'l'ai pas vu pourquoi ?

- Fallait que j'lui dise un truc.

- Quel truc ? questionna le brun en essayant de ne pas paraître insistant.

- Comme quoi c'est pas poli de se cacher derrière les arbres, et d'écouter les conversations des autres en faisant style qu'on n'est pas là ! N'est-ce pas Darla Vallois ?! hurla Fanny en mettant ses mains en porte-voix.

Est-ce qu'à ce moment là on peut dire que je suis une piètre espionne ou pas ?

- Fanny... Je suis ravie de te voir dis donc ! déclarai-je en feignant un sourire heureux.

- Maman m'a dit de te dire que tu devais rester avec moi cette après-midi, répliqua ma cousine me regardant sortir de ma cachette.

- Mais... Pourquoi ? Elle a dit oui quand je lui ai demandée si je pouvais passer l'après-midi avec Noé.

- Oui bah va savoir pourquoi, maintenant elle a envie que je t'ai à l'œil, sûrement parce qu'elle a peur que tu voles un pédalo et que tu te mettes à poursuivre une famille de canard.

- Euh... Il semblerait que j'ai loupé un épisode là, intervint Ulysse en fronçant les sourcils tandis que Noé revenait avec ses glaces.

- Laisse tomber, lâchai-je en soupirant légèrement.

Boucle d'or venait tout juste d'arriver en sifflotant, trois glaces fraîchement sorties du congélateur en mains. Il fit la distribution et s'arrêta net lorsqu'il reconnut ma cousine et son air de fille sauvage, qui court après des poules toute la journée et qui s'amuse à se prendre pour un chien. Fanny, un petit sourire en coin esquissé sur les lèvres, s'empara de la glace de mon ami avant de la porter à sa bouche et de croquer dedans.

- Eh ! Ma glace ! se rebella Noé en écarquillant ses yeux bleus.

- Ça c'est pour m'avoir traitée de sorcière quand j'étais en CP, argumenta tout simplement la brune avant de tourner les talons et de m'emmener loin de mes amis, malgré mes protestations.

°

- Je te déteste, lâchai-je alors que je mettais la table du dîner.

- Je sais, Darla, je sais, répondit tout bonnement Fanny, allongée sur le canapé avec à ses pieds Oppy, la serpillière sur pattes.

- Les filles ! Arrêtez de vous chamailler, déclara Tante Olga depuis la cuisine.

Je l'ignorai et finis la tâche qu'on m'avait confiée pour me "punir" en quelque sorte de mes agissements de la journée. Il était vingt heure et cela faisait désormais deux heures que nous étions revenues du lac de Montdesbois. J'avais passé le restant de mon après-midi à bronzer sur ma serviette, tandis que Fanny barbottait et sautait du plongeoir tel une otarie malade. J'avais catégoriquement refusé de la rejoindre : je n'avais pas envie de m'amuser avec elle, elle n'était pas amusante du tout, ce n'était qu'une gamine insupportable qui me pourrissait la vie depuis plus d'une semaine.

Oh... Certes, j'aurais pu retourner avec mes amis, mais le problème étant qu'ils étaient partis tôt, ne souhaitant pas rater une seule seconde du match de football qui passait ce soir à la télévision. Alors je m'étais retrouvée seule, à soupirer comme une vieille à chaque fois qu'un gosse et/ou son ballon s'approchai(en)t un peu trop près de moi. J'étais restée là en train de somnoler, le corps réchauffé par le soleil éclatant de ce jour d'été. J'étais bien, si bien et j'aurais pu l'être encore pendant des heures si mon téléphone n'avait pas sonné, et que ma tante ne m'avait pas sommée de repêcher ma cousine et de remonter à la ferme.

Je m'étais alors levée avec des pieds de plomb, et avais rejoint la berge de sable en zigzaguant à travers l'étendue de serviettes colorées et de transats rayés. J'avais manqué de peu de trébucher sur un homme au ventre imposant et avais failli me faire bousculer par une femme et ses enfants. Elle ne s'était pas excusée et je les avais maudits, elle et ses mioches bruyants, durant tout le restant de mon trajet. Enfin, après ce qui m'avait parue une éternité, j'avais atteins la fin de mon périple, et désormais, je devais trouver Fanny.

- Fanny ! m'étais-je exclamée en regardant aux abords du plongeoir.

Elle était là, riant et s'amusant avec des ados qu'elle connaissait sûrement mais qui, à moi, ne me disaient rien. Elle ne me voyait pas, ça, j'y aurais mis ma main à couper si je n'y avais tout de même pas tenu un peu. Je m'étais alors mise à agiter les bras dans les airs, tout en scandant son prénom, sans pour autant réussir ma tâche première. Enfin, après un long moment à me faire passer pour une pom-pom girl sans cervelle, Fanny m'avait enfin remarquée et avait couru le long du plongeoir, avant de piquer une tête et de nager dans ma direction. Malheureusement, c'est à ce moment là que quelqu'un avait jugé bon de me pousser - sans faire exprès - dans l'eau pour récupérer son stupide ballon de volley à temps.

Ouais, je pense qu'on peut dire que c'était vraiment une journée de merde.

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