Tante, n.f. : personne qui te tape sur les nerfs H24 pour que tu restes avec ta cousine, et qui, quand tu n'as pas envie de faire quelque chose, t'y oblige sans le savoir.

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- BIEN SÛR QUE TU PEUX Y ALLER DARLA. JE NE VOIS PAS OÙ EST LE PROBLÈME ?

- Mais Tatie, le garçon avec qui je vais être ce soir est loin d'être un ange tu sais, complétai-je en essayant de paraître la plus crédible possible.

- Oh oui ! Même qu'il fume et qu'il boit comme un trou ! ajouta Fanny, se tenant à mes côtés.

J'étais impressionnée par son comportement si changeant : je ne lui avais rien demandé, et pourtant, elle s'était mise en quête de m'aider en dégoûtant sa mère du gars avec qui j'allais sûrement passer la soirée. Tatie Bio, trop occupée à regarder son émission culinaire, semblait à peine écouter ce que nous lui racontions, Fanny et moi, tant et si bien que j'en vins à me demander si elle comprenait réellement le message que nous essayions de lui faire passer.

- Et alors ? Je pense que tu es assez grande pour savoir ce qui est bien ou non, Darla ? fit-elle en détournant brièvement les yeux de son programme.

- Maman ne m'aurait jamais laissée y aller, conclus-je avec un air quelque peu supérieur, comme pour rappeler à ma tante la sagesse dont faisait preuve son aînée.

- Écoute, ma puce. C'est les vacances, et pendant les vacances tu peux faire ce que tu veux. Tant que tu ne deviens pas une délinquante et que tu ne fugues pas toutes les nuits, je ne vois pas en quoi je devrais t'interdire de vivre ta vie. Lâche un peu de l'est, je pensais que c'était tout ce que tu voulais ici : t'en aller le plus souvent possible de la ferme. Alors pourquoi crois-tu que je ne vais pas te laisser partir ?

- Pour rien, débitai-je en tournant les talons. Merci tatie.

- Fais attention sur le chemin par contre ! s'exclama la grande femme aux mèches orangées, toujours depuis son canapé.

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Ok, ma tentative d'esquive avait été vouée à l'échec. Désormais, il ne me restait plus qu'à affronter mon destin, tout en espérant ressortir vivante de toute cette histoire.

Comme s'il l'avait fait exprès, mon vélo n'avait pas déraillé une seule fois durant tout le trajet qui me séparait du corps de ferme jusqu'à la place du village. Cette même place où j'attendais, assise sur un des bancs en fer forgé, quelques cheveux volants un peu trop près de ma bouche, les joues rougies par l'effort et quelque peu transpirante, que Noé ne daigne venir me chercher. Pour mon plus grand damne, mon téléphone n'avait pas assez de batterie pour que je puisse l'utiliser jusqu'à ce que le jeune homme n'arrive. Alors, balayant une dernière fois la place du regard, je m'amusais à shooter dans un caillou blanc, abîmant le bout de mes chaussures déjà usées par les années écoulées.

- On attend son prince charmant ? questionna une voix douce, reconnaissable entre toutes.

Oh non. Ulysse.

- Pas vraiment, dis-je en feignant un petit rire forcé.

Tout ce que j'avais envie de faire, là maintenant, c'était de me terrer dans un trou si profond, que les archéologues mettraient des décennies avant de retrouver mon corps chétif. Pourquoi était-il là ? Pourquoi fallait-il qu'il vienne me voir alors que le moment tombait mal, très très mal ? Non pas que je ne souhaitais pas passer du temps avec lui, loin de là même ! Mais à vrai dire, si jamais Noé arrivait à l'instant même, je ne saurais comment expliquer à l'un ce que je faisais avec l'autre. Bon dieu... Ces mecs vont finir par me rendre folle !

- Sérieusement, tu fais quoi là ? Je vois pas ta cousine, ni Adrien ni Chloé.

- Oh je... Passais juste dans le coin, mentis-je en haussant les épaules, adoptant une attitude détachée.

- T'es sûr ? Tu peux me dire si t'avais autre chose de prévu, genre que t'avais un rencard de prévu avec un mec du village, tout ça tout ça... continua le beau brun en jouant avec le bas de son t-shirt.

- C'est-à-dire que...

- Ulysse ? m'interrompit une autre voix, alors que promis juré, j'allais tout expliquer à mon interlocuteur. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je discute avec Darla, Noé. Ça te dérange ? répliqua le fils du pâtissier en relevant la tête vers son ami.

- Euh... C'est pas trop mon truc les plans à trois par contre, lâcha le blond en saisissant rapidement mon bras.

- Qu'est-ce qu'il raconte ? Qu'est-ce qui se passe là ? Darla ? Darla, je comprends pas ! s'exclama Ulysse alors que Noé m'entraînait au loin.

- Je suis désolée, soufflai-je en fermant les yeux, me rendant compte de la stupidité dont j'avais encore fait preuve.

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Un vaste champ se dessinait à l'horizon, le ciel auparavant si bleu avait revêti sa robe orangée et le soleil sombrait derrière les collines verdoyantes. Le cadre était idyllique, certes, mais j'aurais préféré partager cette soirée en compagnie d'une autre personne que Noé. J'aurais dû dire à Ulysse ce que je faisais réellement sur la place, j'aurais eu le temps de tout lui balancer pour qu'il ne soit pas dans le flou total une fois Noé arrivé. Néanmoins, j'étais passée à autre chose, sans forcément me rendre compte des répercussions que ce rencard allait avoir sur ce garçon. Peut-être allait-il maudir son ami ? Peut-être ne voudrait-il plus m'adresser la parole après cela ?

Ou peut-être que je fabulais simplement, peut-être qu'Ulysse n'en avait clairement rien à faire de moi et qu'il se demandait juste ce que nous trafiquions Noé et moi ? Peut-être qu'il ne me voyait que comme la petite citadine qui s'y prenait très mal avec les animaux ? Cette fille qu'il avait une fois fait tomber alors qu'elle se dirigeait vers le garçon bouclé. Si ça se trouvait, il ne pensait déjà plus à moi, il était rentré calmement chez lui, sifflotant doucement tout en remettant son bandana carmin. Oui, peut-être que je me faisais simplement des films ? Qu'Ulysse n'était nullement attiré par moi et que je n'avais donc rien à craindre ?

Suite à cette pensée, je me détendis quelque peu, observant le coucher de soleil flamboyant. Un problème de moins, pensai-je alors que deux mains vinrent se poser sur mes épaules. Je reculai instinctivement, et mon dos vint heurter doucement le torse de Boucle d'or. Ce dernier respirait doucement, nullement gêné par la proximité qui régnait entre nous. Je sentais le vent se faufiler à travers ma natte, berçant doucement les quelques mèches éparses qui avaient vagabondé hors de leur prison orangée. Puis, quelques secondes plus tard, les paumes du jeune homme  déserrèrent leur étreinte, et ce dernier vint se placer à côté de moi, un sourire enjoué paré sur ses lèvres pleines et rosées.

- C'est beau, n'est-ce pas ?

- Très beau. On est où exactement ? ne pus-je m'empêcher de demander en scrutant le jeune blondinet.

- De l'autre côté du village. Tu vois, là c'est la route qui mène à Montdesbois, indiqua-t-il en pointant du doigt une petite route sinueuse. Et puis par là, je crois que tu peux rejoindre la ferme des Devignet.

Je hochai la tête, ne comprenant que la moitié de ce qu'il disait. J'avais la tête ailleurs, et pour une fois, Ulysse n'en était pas la raison principale. Je repensais à ma famille, à mes amis... Cela faisait peut-être gamin, mais ils me manquaient tous autant qu'ils étaient. J'aurais aimé rester chez moi cet été, j'aurais aimé profiter des journées ensoleillées à me balader dans ma ville natale, Bordeaux. J'aurais aimé dévaler à grandes enjambées la célèbre rue Sainte-Catherine, faire les nombreuses boutiques dont elle regorgeait en compagnie de mes amies. Oui, mon chez moi me manquait, terriblement... Et dire qu'il me restait trois semaines ici... Mon dieu. Je ne vais pas survivre.

- Darla ? Es-tu sûre que tout va bien ? questionna Noé, intrigué par mon manque de réaction vis à vis de ce qu'il venait d'énoncer.

- Oui oui. Je vais bien, je pensais juste à... Non laisse tomber.

- Tu pensais juste à ce qu'Ulysse allait penser ? T'inquiète pas, il dira rien. C'est une vraie tombe ce gars, tu peux lui dire n'importe quoi, il gardera toujours tout pour lui. Surtout si je suis impliqué, rigola légèrement le blond en levant la tête vers le ciel.

- Ouf... Je me sens rassurée, lâchai-je d'une voix dénuée de tout sentiment, souhaitant juste acquiescer les dires du jeune homme sans qu'il ne me pose de questions.

Je n'étais pas très bavarde ce soir-là, et cela m'étonnait vraiment venant de ma part. D'ordinaire, les personnes qui m'accompagnaient ne pouvaient placer la moindre réplique, tant mon débit de parole était rapide et fluide. Néanmoins, aujourd'hui, même si je les idées se bousculaient dans mon esprit, la barrière de ma bouche ne souhaitait s'ouvrir pour les laisser sortir. Tout ceci me stressait, ce rencard, cette soirée. Certes, j'étais déjà sortie avec des garçons de mon âge, mais aucun d'eux ne m'avait proposée quelque chose d'aussi sérieux. Un rencard, cela faisait tout de même penser à un de ces nombreux films américains et clichés, ceux où les deux personnages principaux tombent sous le charme l'un de l'autre en moins d'une seconde. Oui, ma vie se résumait à ça désormais, à vivre un moment que je haïssais rien qu'en le regardant.

- Tu veux voir un truc cool ? annonça Boucle d'or en se dressant devant moi.

- Mmm... Pourquoi pas, fis-je en me pinçant les lèvres.

- Alors suis-moi !

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Hey !

Alors, comment sentez-vous ce petit rencard cliché comme on les aime ? À votre avis, quel est le truc cool que Noé a mentionné ? Est-ce que Darla va apprécier ? Ou est-ce que tout ceci va se finir en catastrophe ?

Merci beaucoup pour vos retours, vos votes, etc... Ça me fait vraiment plaisir !

J'espère que cette histoire vous plaît. Elle vous plaît ou non ? Est-ce qu'il y a des choses à changer ou c'est encore trop tôt pour le dire ?

Je vous rappelle que j'accepte toutes les critiques du moment qu'elles sont justifiées !

Sur ce, à Lundi !

Capucine ❤️