1.
Malgré la chaleur l'euphorie qui m'anime est toujours présente mais retombe peu à peu avec l'incertitude qui s'installe.
Une barre foncée et une barre quasiment invisible.
<< C'est positif>> m'a t'elle balancé sans une once de sentiments.
Je pensais que les infirmières étaient formées pour savoir compatir mais apparemment.
Je ne fais pas de commentaires, mais celle qui m'accompagne balbutie faiblement avant que la sorcière ne reprenne
- Le test sanguin. Il est fiable et sans appel.
Les moyens insuffisants, je me lance dans cette folie prête à me persuader que ce n'est qu'une fausse alerte.
Vadrouiller dans le campus en attendant l'heure de ma mise à mort n'est pas aisée. J'observe celle qui m'accompagne, bien plus voluptueuse que moi je me perds à observer ces courbes. Devant elle, je ne fais pas vraiment long feu malgré ma poitrine plutôt imposante d'après certains hommes.
Entre réflexions, supposition, excitation et stress, je m'évade un temps soit peu de ce mélange d'événements peu rassurants.
Le temps passe avec une certaine lenteur que j'ai l'impression que ça prend des heures.
Enfin, deux heures sont déjà passées. Assise sur une chaise de son bureau, je t'apprécie du pied au sol. Mon stress est à son comble.
Elle entre avec le bout de papier qui décidera du reste de la vie. J'aperçois juste un signe et là je comprends.
Je ne saurai dire pourquoi mais en réagi toujours de manière contraire à la normale dans ce genre de situation.
En science le plus veut dire que tout est bon, mais en médecine. Le plus est un poignard que l'on reçoit.
Sans que je ne le contrôle, une vague de rire me frappe. Je ris sans m'arrêter. Elle le dit à haute voix, ce qui rend la chose réelle.
Je la regarde, mettre ce bout de papier dans une enveloppe blanche qu'elle me remet ensuite.
Me dirigeant vers le campus, Dalia ose enfin me demander si ça va.
Je la regarde et je ris. Si je parle je vais pleurer autant mieux j'économise mes forces j'en aurai besoin.
Deux coups de fils et quelques messages WhatsApp, il est au courant.
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Nous sommes jeudi après midi, soit trois jours après le résultat, assis dans la chambre avec les trois hommes qui font notre "groupe " au campus. Je regarde les autres et il balance :
- Elle est enceinte.
Trois mots, qui paraissent certes insignifiant mais qui expriment et signifient beaucoup de choses.
Ils déterminent la vie de deux personnes au premier abord. Mais impliquent également deux familles, deux mondes pour le coup totalement à l'opposé.
Prenez du sucre et essayer de le mélanger avec du sel. Vous devez trouver le juste milieu, l'équilibre entre les deux. Chose voir carrément impossible mais il y a toujours une exception à la règle.
Le silence dans la pièce est brisée par mes rires. Je ris tellement qu'ils se regardent tous et me demande si ça va.
Les deux autres hommes peinent à croire la nouvelle alors je leur présente le résultat du test. Toujours dans un déni total, son cousin sort son cellulaire et entamé des recherches.
Une dizaine de minutes s'étale avant qu'il ne dise d'une voix grave et sérieuse :
- Comment vous allez faire?
Je les regarde tous et je ris encore. Je suis incontrôlable. Mon déni est total, raison pour laquelle je préfère rire.
- On doit.... On .... ( rire hystérique).On doit aller voir mes parents, on commence par mon père et ensuite on verra ma mère. Tes parents on verra après. Faut que je commence les visites, il faudrait que tu en parles à tes parents. Lancé dans mon monologue, il m'interrompt en me demandant de me calmer.
Je plonge mes yeux dans les siens et j'ai l'impression que mon coeur defailli. Je me mords les lèvres tellement fort pour ne pas pleurer que j'ai l'impression d'avoir du sang dans la bouche. Il remarque mon état et demande aux autres de libérés la chambre.
Seuls dans la chambre, la porte fermée à double tour, il prononce une seule phrase. Une seule.
- Est-ce que ça va?
Les larmes que je retiens depuis trois jours commencent à couler pendant que je suis prise d'un autre fou rire. Et là je ne sais comment je me retrouve embourbée dans une multitude de sanglot.
Je pleure, à grosses gouttes, j'ai le nez qui coule. Je retire mes verres pour ne pas les abîmés et aussi à cause de la gêne. Mon corps me fait mal, mon être est dans le même état. Sans que je m'y attende, des bras m'enveloppe et je me retrouve contre son torse.
Sa chaleur est réconfortante mais pas assez pour calmer les sanglots qui m'ont pris d'assaut. Il me laisse me vider pendant près d'une demi heure avant de prendre mon visage entre ses mains et de nettoyer tant bien que mal.
Il me regarde dans les yeux malgré mes larmes et me dis tendrement :
- On trouvera une solution. Tu fais ce que tu veux je te soutiens. C'est à toi que reviens la décision finale.
Mes sanglots augmentent, il me prend dans ses bras une nouvelle fois. Je pleure tellement que je tâche sa chemise blanche.
Au bout de ce qui me paraît une éternité mais sanglots commencent à se calmer et je peux enfin me détacher de lui. Pas que la sensation est désagréable mais je me suis déjà montré assez vulnérable devant lui pour aujourd'hui.
Je tente de me calmer définitivement et j'y parviens au bout de dix minutes. Je me regarde un moment puis je me lève avant d'aller en direction de la douche me rincer le visage. Quand je reviens je le vois assis de dos à la même place. Sous cet angle il paraît encore plus imposant qu'il ne l'ai. Son dos large et sculpté se dessine à travers sa chemise et me donne des rougeurs. Foutu corps ( me dis-je intérieurement). Malgré la situation tu parviens à le fait fantasmer.
Je m'avance et je retourne m'asseoir face à lui. Son regard est perdu, je continu de l'observer, l'admirer serait plus approprié.
Des tas de pensées me viennent à l'esprit. Que pense t'il ? Comment est-ce qu'il prend la nouvelle ? Est-ce qu'il est ravi ? Comment peut il être ravi d'être père alors qu'il est encore sur les bancs ? Que va penser sa famille ? Compte t'il leur en parler? Que ça t'il se passer? Des questions sans réponses. Je dois garder mon calme, ça ne sert à rien de s'emballer.
Je sors de mes pensées lorsque je s'en son regard pesé sur moi. Je me regarde et lui dit d'une petite voix:
- On fait comment ?
- On va en parler à deux quand on sera plus calmes et plus posé. Dit il avec un sérieux que je ne lui connais pas.
Après tout je ne le connais pas vraiment. Ça fait à peine six mois que je le connais et même pas trois mois qu'on se fréquente, qu'on échange.
Ça ce n'était pas prévu. Rien n'était pas prévu. Je ne sais pas comment on va faire pour s'en sortir mais on doit trouver une solution. On a beau dire qu'on aura le temps mais dans cette situation le temps n'est pas nôtre allié.
Sans le savoir nous avons une épée de Damoclès au dessus de nous, prête à s'abattre au cas où l'un de nous fera un faux pas. La situation nous oblige, non, elle nous impose de grandir.
En ce qui me concerne elle m'oblige à refermer les petites parenthèses que j'ai tendance à ouvrir pour m'évader de mon quotidien. Qui malgré les apparences, est en fait lourd, sombre et de plus en plus pénible à supporter avec avec le temps.
Je le regarde , incapable de prononcer un mot de peur de retomber dans ma crise de larmes. J'acquiesce de la tête pour lui montrer mon consentement. Il se lève et quelques minutes plutard la pièce, les autres envahissent la petite pièce. Elle devient très vite étouffante, fenêtre et porte ouverte afin d'avoir un peu d'air, les commentaires battent d'entrain. Personne ne parle du sujet. On a décidé de garder le secret entre nous cinq aussi longtemps que possible.
D'autres connaissances arrivent très vite et les commentaires glissent sur des débats très cordiales. J'essaie d'y mettre du mien pour essayer d'oublier ne serait qu'une heure ou deux le dilemme dans lequel je suis.
Au bout d'une demi heure, je le vois se lève avec ces deux acolytes et annoncé leur départ. Son regard me fait comprendre que je dois en faire de même. Je ne le contredit pas car mon corps est tout aussi lessivé que mon esprit par cette journée.
Je récupère mes affaires, mets mes chaussures, salut les autres avant de me lever. J'ajuste en lissant les plis de ma petite robe blanche qui , met sans difficultés mon petit corps en valeur avant de sortir de la chambre.
Le contraste de température est foudroyant. La fraîcheur de l'extérieur me frappe de plein fouet, ce qui contraste fortement avec la température élevée de la petite chambre. J'entends la porte se fermer derrière moi, ce qui coupe le brouhaha de la chambre. Je void les deux autres avancés avant de sentir une main dans le bas de mon dos qui m'incite à avancer. Je le suis sans un mot. J'en ai déjà assez dit pour aujourd'hui.
Le campus est désert à cette heure, les alternants qui font cours actuellement. Non montons les escaliers dans un silence froid je dirais. J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous marchons. Nous atteignons enfin le portail.
Devant l'entrée de l'école ils me cherchent un taxi, ce qui est bien compliqué à cette heure malgré le tarif élevé que je propose. Au bout d'une trentaine de minutes, un taxi accepte de me prendre.
On se salut brièvement et il me dit qu'on discutera par téléphone dans la nuit et de lui faire signe à mon arrivée.
Je regarde les maisons défilées sous mes yeux. J'ai toujours aimé rouler dans la nuit même si je ne sais pas conduire. La vile est belle, calme. Les petites lumières proches comme éloignées sublimes la ville et la transforme. C'est beau, c'est apaisant et calme.
Comment dire à mes parents que je suis enceinte. J'ai toujours fais l'effort de faire les choses comme ils veulent, de les rendre fiers. Il est certes vrai je ne suis pas parfaite mais je fais l'effort de rendre les contents, joyeux? Je ne saurais dire.
Être l'aînée n'a jamais été facile et ne me sera jamais. Mon téléphone n'a pas encore sonné, je suppose que mon père n'est pas encore rentré et que mama de son côté n'a pas encore fini avec le travail.
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Enfin à la maison. Je salut brièvement mes frères, discuté avec eux et sur leurs journées. Puis ma sœur cadette me suit et me raconte les péripéties de sa journée. Elle me dit tout sans omettre un détail. Me demande mon avis sur le comportement de tel ou tel de ses camarades. Je lui donne mon avis puis m'engouffre à la douche où je ne traîne pas de peur de me laisser sombrer dans les larmes.
Une fois au chaud je me sers et me force à manger. Le temps passe mais j'ai la flemme de travailler. J'ai peur d'aller me coucher. Je me dis que si je dors ça rendra la chose encore plus réelle. Je sors de ma torpeur lorsque mon téléphone vibre.
<< On va s'en sortir , ensemble on trouvera une solution. >>
Une simple phrase, mais avec tellement d'émotions que les larmes le montent aux yeux. Prenant la route des toilettes, je m'y enferme. Couchée au sol les larmes dévalent mes joues tandis que je repense à cette phrase. Mes sanglots sont muets mais mon cœur lui cri et exprime toute la triste dû au fait que je ne sais quoi faire.
Je prie et j'espère que le bon Dieu m'aidera dans cette situation qui ne cesse de me torturer l'esprit et le corps depuis quelques jours déjà. Vivement.
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