Chapitre 61:
Chapitre 61 :
Deux, trois heures? Une journée peut-être...? Plus encore ? Je ne sais pas... Depuis que la porte s'est refermée sur ce Gabriel et Sheira, me laissant dans le noir complet, j'ai perdu la notion du temps. Mes yeux n'arrivent plus à distinguer les contours déformés des meubles qui m'entourent, et mes paupières ne pensent qu'à rester fermées. Je suis trop faible, ce qui me désespère totalement. Je n'arrive presque plus à bouger ma jambe abimée et mes bras pèsent une tonne. Mon coup d'éclat face à Sheira m'a couté cher et c'est maintenant que j'en paye le prix. Seule l'odeur brulée de ma chair, causé par les chaines enduites d'Aconit, me permet de me rappeler où je suis : dans cette foutue pièce destinée aux expériences de ce type en blouse blanche, retenue par des chaines spécialement conçues pour ma race.
Pourtant la douleur de mes poignets et de mes chevilles est passée au second plan, car seule la faim accapare mes pensées à présent. J'ai l'impression qu'un monstre a élu domicile dans mon estomac et qu'il en racle les bords pour se nourrir. Je suis adossée contre le mur de pierre, les bras le long des flans, gelée et désespérée. J'aimerais poser les mains sur mon ventre, pour rassurer ce petit être en moi, mais je n'y arrive pas. En plus de ne plus sentir mes mains, je ne pense pas avoir la volonté suffisante. Je renifle peu gracieusement pour endiguer mon désespoir, mais une larme perle quand même de mes yeux, me faisant serrer les poings face à une telle faiblesse.
Le peu de tissu sur mon corps et le manque de lumière n'arrange pas les choses, c'est comme si rester dans le noir m'affaiblissait davantage. Que la noirceur de la pièce grappillait peu à peu mon âme et venait bleuir un peu plus ma peau. Mais peut-être est-ce du au fait d'être privé de la présence de mes amis, de sa présence, qui m'affaibli à ce point ?... Après tout, un alpha sans sa meute n'est rien. Une âme-sœur sans sa moitié n'est qu'un puzzle incomplet. Je sers les dents et cesse d'y penser. Je déteste ressentir cette faiblesse, ce vide en moi. Cela me donne littéralement envie de vomir. Et je ne suis pas faible, je ne suis pas seule non plus. Je sais qu'ils me cherchent et plus que tout qu'ils comptent sur moi, car je leur ai promis que le jour où ils ne pourraient me protéger eux-méme, j'y parviendrai seule. N'est-ce donc pas le moment idéal pour le leur prouver !? Une vague de détermination déferle dans mes veines, vite suivie par une vague de colère intense à l'égard de Sheira qui me fait frissonner. Je ne cherche pas à la réfréner et l'accueille même à bras ouvert, satisfaite de ressentir à nouveau une émotion, aussi néfaste soit-elle. Mes mains s'agitent nerveusement suite à l'afflux d'énergie dans mon corps et cherchent à briser les chaines. Je dois retenir le hurlement de rage qui manque de m'échapper lorsqu'elles résistent. Mes poings se serrent davantage et je secoue la tête pour empêcher les larmes de rage de déborder de mes yeux. Comment peuvent-ils me retenir prisonnière de la sorte !? Un grondement né au fin fond de mes entrailles, mais je le retiens, le moment est mal choisi. Même si j'arrivais à briser le métal qui entoure mes poignets, ce qui est loin d'être le cas pour le moment, je ne pense pas que j'irai bien loin dans mon état actuel. Je dois me contenter de reprendre des forces, serrer les dents et me tenir prête à agir.
Amirah est tapi dans un coin de ma tête, elle tâche de lutter contre l'Aconit qui affaibli mon corps et contre cette plaie à mon épaule qui ne veut pas se refermer. Elle se prépare également à la guerre. Elle rassemble ses forces pour le grand final. Car je le sais maintenant, jamais je ne laisserai Sheira avoir de droit sur mon fils. Jamais je ne les laisserai m'utiliser dans le cadre de je ne sais qu'elle recherche. Je me battrai, je mourrai s'il le faut, nous mourrons si cela l'empêche de planter ses griffes dans la vie de mon enfant. A en perdre la vie, murmure Amirah des tréfonds de mon esprit. Je hoche la tête fermement, ferme les yeux et tâche de rassembler mes forces pour lutter contre ce qui se prépare.
*
Mon esprit déambule vers celui de mes amis, sans jamais parvenir à les contacter. Nous n'avons aucun moyen de nous localiser, je dois être trop faible pour cela, Sheira a veillé à ce que mon organisme soit saturé d'Aconit et je suis persuadé que je ne suis pas prête de pouvoir leur signaler ma présence.
Ils doivent être paniqués. Peut-être même qu'ils me pensent morte. Mon cœur se serre à cette pensée, jamais je ne pourrai les abandonner. Pas comme ça. Ne serai-ce qu'imaginer l'impact que cela aurai sur Drake me fait frissonner et renforce ma détermination à sortir de là. Il doit être absolument terrifié et anéanti à l'heure qu'il est. Je n'ai qu'à imaginer ma réaction pour avoir un aperçu de la sienne et cela me fait frissonner à nouveau. Le lien qui nous unit est si unique et rare, que nos émotions n'en sont que plus dévastatrices. Aussi imaginer notre existence sans celle de l'autre est inconcevable.
Un trait de lumière attire mon attention et fait battre mes paupières, alors que mes songes à propos de Drake partent en fumée. Je place une main hésitante devant mes yeux et me redresse rapidement, récoltant une vive douleur à la cuisse et l'épaule, lorsque je comprends que la lumière vient de la porte ouverte dans le fond, et surtout qu'une silhouette est découpée dans l'encadrement. Mes yeux font l'effort de scruter le type à quelques mètres de moi, immobile, alors que mon cœur pulse à fond dans ma poitrine. Dans un premier temps j'ai pensé qu'il s'agissait de Richard, le type à la blouse blanche, qu'il venait me rendre une petite visite de courtoisie, mais non. Il s'agit de Gabriel. Ma respiration s'accélère quand je remarque qu'il est seul, mais je réfrène aussitôt mes espoirs lorsque je me rappelle le regard qu'il m'a lancé il y a quelques jours de ça. Aujourd'hui je n'arrive guère à apercevoir son expression, par contre je peux tout à fait entendre son cœur qui tape dans sa poitrine, comme pour marquer son stress ou sa... colère ?
Il effectue un pas dans ma direction, sans le vouloir je me recroqueville, de peur de recevoir un énième coup. Je me maudis d'avoir cette réaction, mais elle a au moins eu le mérite de le stopper dans son avancé. Il m'observe, puis passe la main dans ses cheveux blond, ne sachant pas vraiment comment agir.
- Je... Il commence mais se stoppe dès que je relève les yeux vers lui. Merde... il souffle en me dévisageant gravement.
Son regard dérive sur mon corps, ses yeux s'écarquillent au fur et à mesure qu'il prend conscience de l'état dans lequel je suis. Sa bouche s'ouvre sous le choc et ses bras retombent un moment inerte contre son corps. Mon état doit être bien pire que ce que je pensais. Je détourne le regard, dégouté qu'il puisse me regarder avec autant de pitié. Je ne veux pas de ça, qu'il fasse ce pourquoi on l'a envoyé ici et qu'il disparaisse ! Mais me prenant au dépourvu et aussi vite qu'un loup puisse le faire, il s'agenouille devant moi, une main posée sur ma joue. J'ai un mouvement de recul lorsque sa peau entre en contact avec la mienne et je dois me faire violence pour oublier qu'il s'est interposé devant moi dans la clairière pour me sauver la vie. Mais ni une ni deux, Amirah décide qu'il est temps d'agir. Aussi, sans qu'il puisse réagir, j'attrape son bras et le lui retourne violemment dans le dos, en lâchant un grondement féroce sous l'intensité de ma détermination. Il est obligé de se retourner sous la violence de ma prise et gémit lorsqu'un craquement sonore retentit. Mes griffes sont déjà sorties et s'apprêtent à lui trancher la gorge.
- Attends ! Il se précipite pour parler, ils vont venir te chercher !! Il crie précipitamment, bien conscient que sa vie ne tient plus qu'à un fils.
- Qu'ils viennent me chercher ! Je rugis en pensant à la façon dont je recevrai Sheira.
- Pas elle, il souffle en panique... ton âme sœur, il ajoute le souffle court.
- Pardon !? Je me fige. Mes griffes se rétractent aussitôt évitant de justesse que je ne l'égorge.
Je le lâche sous le choc, instantanément persuadée de la sincérité de ses paroles. Il atterrit sur les fesses et s'éloigne prudemment de moi, non sans lâcher une légère insulte à mon égard. Heureusement pour lui je suis encore en train d'analyser ses paroles et ne prête pas attention à sa colère naissante. Il me regarde tout en massant alternativement son bras et sa gorge, il tente de ne pas me fusiller du regard, mais c'est peine perdu, ses yeux noisettes transpercent les miens.
- Qui es-tu ? Je gronde en relevant la tête dans sa direction, sans prendre en compte son regard assassin.
- Je m'appelle Gabriel, il lâche entre ses dents serrées.
- Je le sais ! Je m'impatiente déjà. Mais que fais-tu ici !? Pourquoi t'être interposé entre moi et ces loups dans la clairière ? J'exige qu'il me réponde. Pourquoi l'avoir fait et ne pas m'avoir aidé ensuite ? Je demande avec rancœur.
- Que suis-je en train de faire !? Il grogne n'appréciant clairement pas la façon dont je m'adresse à lui.
- Je suis toujours attachée ! Je hurle en tirant sur mes chaines pour souligner mes paroles.
Il me fusille du regard mais soupire en signe d'impuissance.
- Je ne peux pas te détacher, il secoue la tête en baissant les yeux.
Un nouveau grondement né dans ma gorge en réponse à ces paroles, alors que je sens mes yeux changer de couleurs sous l'afflux de la colère.
- Détache-moi, j'articule lentement.
Il relève vivement la tête et se fige en apercevant mes yeux rouges.
- Détaches-moi, je répète plus fort de cette voix qui n'admet aucune résistance.
Il trésaille sous l'ordre de l'alpha en moi, ses yeux virent aussitôt au doré en réponse à mon attitude, mais il ne bouge pas. Son loup souhaite clairement prendre le dessus pour répondre à mes désirs, mais sa raison l'empêche d'accéder à ma requête.
Il secoue la tête et s'arrache à mon regard.
- Je ne peux pas... Il me supplie presque de ne pas le lui redemander.
Sa voix est si éraillée, si triste, qu'un instant je me demande bien pourquoi ce loup est revenu ici. Pourquoi il ne cesse de se présenter à moi, mais refuse pour autant de m'apporter son aide. Je montre les dents, mais il ne me regarde pas. Ses épaules sont affaissées et il observe le bout de ses chaussures.
- Aide-moi, je le supplie en faisant tinter les chaines.
Il tressaille de plus belle, vraiment impacté par mon état, mais il n'ose pas relever la tête alors que ses poings se serrent. Je devine que la colère qu'il ressent est entièrement dirigée vers Sheira, que me voir dans cet état lui est également insupportable, alors même qu'il ne me connait pas. Mais je ne comprends pas pourquoi il ne m'aide pas.
- Explique-moi, je souffle en tachant de retrouver mon calme.
Il lève les yeux, m'observe et hoche la tête, rassuré que je ne le mette plus au supplice. Ses yeux s'enfoncent dans les miens à la recherche de quelque chose d'important qu'il semble trouvé puisqu'il hoche une seconde fois la tête, comme pour se persuader qu'il a fait le bon choix et commence à parler :
- Je n'ai connu que l'autorité de Sheira, il débute. Tu dois comprendre que depuis toujours nous avons était amenés à croire qu'une seule option s'offrait à nous, il explique avec ferveur. Que si nous quittions sa tutelle nous serions anéantis par les autres Atis ou par les meutes indépendantes. Aussi mes amis et moi sommes restés avec elle pendant des années, persuadés de sa sincérité.
Son regard est posé sur le mur derrière moi, mais il l'ancre lentement dans le mien pour appuyer ses prochaines paroles :
- Jusqu'à ce que je te vois au camp la première fois, il lâche presque à contre cœur.
Il scrute ma réaction, mais je suis tellement captivée par ses paroles, tellement avide de comprendre le mode de vie de ces gens, que je me force à ne laisser transparaitre aucune émotion et à le laisser me raconter son histoire.
- Lorsque je t'ai vu pour la première fois, il reprend rassuré par mon attitude, accompagnée de Léo, ce garçon torturé par les fils de Sheira elle-même, j'ai compris. Quand je l'ai revu, lui, le mec le plus seul et révolté que je connaissais, j'ai compris qu'il avait trouvé sa raison de vivre. Qu'au-delà de nos terres, il avait pu trouver ce que nous tous recherchons : un foyer. Et cela grâce à toi, à ton existence, il murmure en baissant les yeux. Alors j'ai commencé à comprendre. A comprendre qu'une autre voie s'offrait à nous. Qu'elle nous avait menti, manipulés et que les raisons qu'elle nous servait pour justifier ses attaques envers vous, n'étaient que supercheries.
Il secoue la tête, troublé par sa naïveté.
- Pour autant je n'ai rien fait. Lorsque nous avons été attaqués, beaucoup d'entre nous sont mort, il sert les poings de colère. Et à ce moment-là j'aurai du comprendre : Sheira est prête à tout pour étouffer un soulèvement. Déjà à l'époque mes amis et moi étions prêt à te rejoindre, il me confie, les yeux brillant de regret. Mais beaucoup d'entre nous sommes mort et à présent je sais que cette attaque avait été orchestrée par Sheira elle-même, afin d'éliminer les membres les plus actifs de la rébellion. Mais elle ne m'a jamais soupçonné, il sourit presque fière d'avoir réussi à la berné. Voilà pourquoi je ne peux pas te détacher, il m'explique à voix basse. Elle doit continuer à croire que je suis de son côté. Elle ne doit soupçonner à aucun moment ce que je suis sur le point de commettre. Sinon, ni toi ni moi ne verront le levé du jour.
J'aspire lentement l'air entre mes dents et hoche la tête en fermant les yeux.
- D'accord, je souffle en assemblant les pièces du puzzle. Mais maintenant explique-moi comment tu es entré en contact avec Drake. Je chuchote à la fois soulagée de savoir qu'il est en vie et terrifiée par le fait qu'il s'apprête à commettre un acte d'une profonde stupidité : venir me chercher.
- Mon amie était sur le champ de bataille, il m'apprend mais se raidit aussitôt face à ma réaction.
En effet le simple fait d'évoquer de nouveau la clairière et les morts qui l'ont jonché, a fait virer mes yeux au violet et que je le fusille du regard malgré moi. Mon corps ne semble pas apprécier qu'un loup ayant combattu contre mes amis se trouve à présent devant moi. Mais il s'est déjà racheté en me sauvant la vie et tente encore de le faire. Aussi je ferme les yeux et tache de faire cesser le miroitement de mes iris.
- Je n'ai achevé aucun de tes amis, il se rebelle avec véhémence, comprenant le sens de ma réaction et n'acceptant pas tellement que je puisse lui en vouloir.
J'ouvre les yeux et le fusille à nouveau du regard, son intervention a réduit à néant mes efforts, et mes yeux scintillent de plus belle.
- Tu étais sur le champ de bataille ! Je lui fais remarquer en grondant.
- Je t'ai sauvé la vie ! Il argue en rapprochant son visage du mien, l'air de me défier de le contredire. Et tes amis ont tués les miens, il poursuit avec colère.
- Comment voulais tu que nous sachions que vous étiez avec nous !? Je rugis à présent folle furieuse.
- Tu l'as tout de suite ressenti lorsque je me suis présenté devant toi ! Il m'accuse en me foudroyant du regard.
Je m'apprête à répliquer mais ferme la bouche sous la véracité de ses paroles.
- Mes amis n'ont pas pu faire la différence, eux, je me calme quelque peu.
Il se recule et hoche la tête en fermant les yeux.
- Je le sais très bien, il acquiesce, et c'était un risque que nous étions prêt à courir, il murmure de nouveau les yeux plein d'émotion.
Je hoche la tête et le laisse reprendre la parole. Il me scrute pour s'assurer que ma rancœur est dissipée et poursuit :
- Mon amie est restée sur le champ de bataille, il reprend. Après que Peter t'ai emmené avec lui c'était le chaos, tes amis se battaient entre eux et...
- Quoi !? Je me redresse abasourdie, lui coupant à nouveau la parole.
Il soutient mon regard l'air grave.
- Qui ? Je murmure le cœur au bord des lèvres.
- Je ne sais pas, il hausse les épaules et me lance un regard d'avertissement pour que je cesse de l'interrompre.
Je le regarde abasourdie par autant d'audace. Pendant une seconde je me demande s'il agirait de la même façon si je n'étais pas attachée et étrangement je pense bien que oui. Si bien que cela me ferai presque sourire. Il est de ceux qui se contrefichent du prétendu statut d'une personne et j'aime cela.
- Cela ne lui a pas facilité la tâche, il poursuit ne me laissant pas le temps de m'attarder sur la bagarre qui a vraisemblablement secouée mes amis. Mais elle a obtenu la confiance de l'un d'entre eux et ils s'apprêtent à nous rejoindre, ce soir, il précise pour s'assurer que j'ai bien compris l'imminence de leur arrivée.
Au vue de la danse endiablée qu'entame mon cœur, je pense avoir compris.
- Tu en es certain ? Je murmure en fermant les yeux, tachant de retenir la vague d'espoir et de soulagement qui tente de me submerger.
- Ils viennent pour te sauver, il sourit tendrement donnant le feu vert à mes émotions pour se déverser en moi.
- Merci... Je souffle avec une immense gratitude.
- Je ne suis que le messager, il hausse de nouveau les épaules minimalisant l'importance de son aide.
- Non, tu es plus que ça... je murmure lorsque le violet de mes yeux rencontre le doré des siens.
A ce moment précis, je sais que si nous sortons vivant de cette mission de sauvetage, il deviendra un membre à part entière de ma meute. Il le sait également, car il m'accorde un sourire en coin, parfaitement conscient de la place qu'il vient d'acquérir dans mon cœur.
- Je vais y aller, il se redresse prés à partir, je suis désolée pour tes blessures, je ne sais pas comment soigner les brulures de l'Aconit, Sheira en a toujours garder le secret, il pince les lèvres.
- Je... Ca va aller, je mens sans détourner le regard. Mes blessures cicatrisent, je prie pour qu'il ne remarque pas que ce n'est pas le cas.
Il fronce les sourcils et hoche la tête avant de tourner les talons.
- Gabriel ? Je l'appelle.
Il se retourne à quelques pas de moi et attend que je lui pose ma question.
- Qui est-ce... Ce type en blouse blanche ? Je chuchote prudemment.
L'ensemble de son corps tressaille à la mention de cet homme et un éclair de panique traverse ses yeux. Il tergiverse un moment avant que quelques mots ne franchissent ses lèvres:
- Notre pire cauchemar à nous les loups, il confesse.
Je fronce les sourcils suite à ces paroles quelques peu effrayantes. Il se rapproche pour me chuchoter à l'oreille :
- Des chasseurs... il souffle dans un murmure.
J'ai un mouvement de recul et le dévisage les yeux plantés dans les siens. Son visage est à quelques centimètres du mien et il peut parfaitement y lire mon incompréhension.
- Mais... je balbutie sous le choc.
- Sheira est prête à tout pour te voir disparaitre, il assure le regard fixé dans le mien.
- Comment... je commence.
- En s'alliant avec eux, il confirme mon interrogation muette.
- Mais pourquoi ? Je grimace.
- Elle leur a promis des choses... il dévoile réticent, des choses qu'ils pourraient acquérir et toi tu en fais partie... Il frémit à l'évocation d'une telle trahison envers sa propre race. Elle leur a promis qu'ils pourraient faire leurs expériences sur certains d'entre nous, il poursuit dégouté, et ainsi trouver nos faiblesses. Elle les a déjà laissé faire et c'est comme ça qu'ils ont pu mettre au point l'Aconit, il grogne en retroussant les lèvres.
- Elle a trahit sa propre race pour le pouvoir, je souffle en détournant les yeux.
Il acquiesce sombrement.
- Pourquoi ne pas tous nous anéantir dans ce cas, pourquoi ne pas l'éliminer elle aussi, s'ils connaissent nos faiblesses?
- Je ne sais pas, il réfléchit également. Peut-être qu'elle...
Il s'interrompt et tourne en vitesse la tête vers la porte. Je fais de même lorsque je capte également les bruits de pas qui viennent de l'extérieur, beaucoup trop tard à mon goût. Gabriel blêmit lorsqu'il devine l'identité de l'inconnu et je ne peux que l'observer se raidir.
- Il arrive...
- Qui ? J'appréhende au vue de l'intonation résigné de voix.
- Peter... il tressaille.
Je ne peux empêcher mes lèvres de se retrousser sur mes dents à la mention de ce type. Il est le dernier fils de Sheira. Celui qui m'a emmené jusqu'ici et que j'ai juré de tuer.
Ses pas se rapprochent davantage, ma respiration accélère au rythme de sa démarche. Un grognement franchit mes lèvres, Gabriel se retourne aussitôt et plaque sa main sur mon visage, me faisant écarquiller les yeux.
- Non... Il m'ordonne silencieusement, ses yeux brillent à cause de la panique et l'odeur de la peur est présente partout sur lui.
- Ne fais pas ça ! Il me supplie. Ils viennent te chercher, rappelle toi. Tu dois être en vie, il insiste, sinon tout ce que nous aurons fait n'aura servi à rien ! Et si Peter voit que tu tiens bon, il n'hésitera pas à finir le travail.
Je fronce les sourcils et lutte pour ravaler ma colère. Faire taire mon instinct qui me pousse à attaquer celui qui est sur le point d'arriver est l'une des choses les plus difficiles que j'ai dû faire. Pourtant je hoche la tête et le rassure d'un regard : je n'agirai pas. Il laisse sa main sur ma bouche quelques secondes de plus pour me convaincre du bien-fondé de son intervention, puis il se redresse et se glisse en une seconde vers la porte, sans rien ajouté.
Je ferme les yeux pour calmer les battements de mon cœur et pour combler le vide que son départ précipité vient de créer en moi. Ils se croisent derrière la porte, de toute évidence Peter ne suspecte pas le fait que Gabriel se tienne près de l'endroit où je suis enfermée, ou alors il estime que ce loup n'est pas digne d'attention, puisque quelques secondes plus tard, le dernier triplet survivant entre dans la pièce, le dos courbé et le visage fermé.
Je sens aussitôt la haine irradié de son corps, peut-être même qu'elle est aussi intense que celle que j'ai pu ressentir à son égard et à l'égard de sa mère.
Lorsqu'il franchit la porte ses yeux tombent directement dans les miens, mes muscles se crispent sous l'intensité de cet échange. Son loup, tout comme le mien, tentent ardemment de percer la façade que nous avons tous les deux décidés d'ériger, afin de détruire l'ennemi en face de lui. Nous nous battons chacun de notre côté pour conserver cette façade neutre et ne pas trahir la maelstrom d'émotion que nous ressentons. Pour le coup je pense qu'il est le plus doué d'entre nous, car je ne peux m'empêcher de déployer mon aura pour m'imposer à lui.
Il se déplace en arc de cercle autour de moi, sans même relever mon attitude, il conserve une distance de sécurité, bien que je sois persuadé que cette précaution ne relève pas d'une crainte de sa part à mon égard, mais plus d'une nécessité de mettre de la distance entre nous.
- Toujours en vie, il observe presque pour lui-même, beaucoup plus contrarié qu'il ne l'aurait souhaité.
Je grogne dans sa direction et me redresse sur mes genoux, serrant les dents au passage lorsque la chair de ma cuisse se déchire.
- Je te retourne l'appareil, je lâche comme une insulte.
Ses lèvres se retroussent également, il s'arrête face à moi et me dévisage.
- Toi plus pour longtemps, il assure sans aucune émotion dans la voix.
Je ne peux que serrer les dents et l'observer. Il finit par se rapprocher lentement de moi, s'accroupie a quelques centimètres et prends mon visage dans ses mains, comme la fait sa mère avant lui.
- Je ne sais vraiment pas ce que mon frère a pu te trouver, il crache en lâchant mon visage avec dégout.
Sans réfléchir je lui crache au visage, il écarquille les yeux devant ce geste puéril et sa main atterrit aussitôt sur ma joue. Je tombe direct sur le côté sous le choc de sa frappe et me tient la joue face à ce geste plus dégradant que douloureux. Bien que dans mon état, la moindre atteinte physique me fragilise.
- Peut-être qu'il a tout simplement apprécié lorsque je l'ai tué ! Je ne peux m'empêcher de lui enfoncer dans les dents.
Ses yeux verts brillent de leur éclat surnaturel et le coup qu'il m'envoi dans le ventre me fait gémir de douleur cette fois-ci.
- Et toi tu vas apprécier quand je vais te délivrer de cet enfant, il susurre mauvais.
- Va te faire foutre ! Je gémis en me tenant le ventre.
Des larmes de douleur et de haine coulent sur mon visage. Je le déteste et c'est pire encore lorsqu'il réitère son geste en plein dans mon ventre.
- Tu vas crever ! Il répète en frappant de nouveau.
Je hoquète alors que la souffrance imprègne à nouveau tout mon corps, le sang envahit ma bouche et je crache à grande peine le liquide rouge.
- Tu te penses au-dessus de nous ? Il s'enquière en m'attrapant par les cheveux. Tu penses que ton cher petit Alpha va venir te chercher ? Il ricane à présent. Tu penses que nous ne sommes pas au courant de leur arrivée imminente ? il sourit de toutes ses dents.
Je me fige, alors que mes mains se débattaient pour qu'il lâche la prise qu'il a sur mes cheveux.
- Tu penses que Gabriel ne va pas payer sa trahison ? Il se réjouit de voir la peur dans mes yeux.
- Non... je souffle. C'est faux... je tente de réfuter ses paroles, les yeux exorbité par leur signification.
Il fait claquer sa langue pour me signifier à quel point j'ai pu être naïve de croire que j'allais m'en sortir. Mes yeux partent dans tous les sens, espérant de tout cœur de ne pas voir arriver Drake, espérant qu'il ne tombe pas dans leur piège.
- Nous les attendons de pieds ferme, il confirme ma terreur, et crois-moi cette fois ci personne ne s'en sortira.
Sur ce il me met un bon coup de tête qui m'envoi aussitôt parmi les étoiles. J'atterris comme une poupée de chiffon sur le sol dur, ma tête tourne, je ne peux que voir la lumière qui s'amenuise lorsqu'il referme la porte et entendre la brève mise en garde à mon attention.
- J'espère que tu lui as dit adieu.
A suivre...
Salut !!!
On reprends les bonnes vieilles habitudes et on coupe en plein suspense, sinon ce n'est pas drôle !!!! ahahaha
Je publie assez tard ce soir, mais le principal c'est que le chapitre soit là non?
Le prochain PDV sera de DRAKE !! Je suis in love. Il ne reste plus que 2 chapitres ...
Je mettrais le résumer de ma prochaine histoire demain peut-être ! Merci de me soutenir c'est hyper important pour moi. Et je mettrais peut être des infos sur le tome 2 de MA aussi.
Bsx bsx
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