Chapitre 7

Nous ne tardons pas à sortir de l'ascenseur et à arpenter les corridors tout en bavardant de tout et de rien. Lorsque nous arrivons à la porte de sécurité qui empêche d'entrer dans l'univers de plusieurs producteurs de l'agence tels que Namjoon et Suga, je m'apprête à râler et à téléphoner à mon ami.

Cependant, Hoseok ne s'encombre pas de tout ça et entre le code qui nous déverrouille l'accès. Mes paupières papillonnent quelques instants. Comment peut-il le connaître ? Je me mordille la lèvre en me disant que Nam et lui sont peut-être plus proches que je ne le pensais.

Je me reprends quand je réalise que les garçons m'attendent un peu plus loin. Je m'excuse auprès d'eux et les suis docilement. Nous réalisons la suite de notre trajet en silence jusqu'à arriver devant le studio de Namjoon et encore une fois, je suis abasourdi quand il entre le code.

— Comment tu connais...

La voix de Namjoon couvre la fin de ma question.

— Ah ! vous voilà enfin !

Hoseok balance ses baskets sur le côté puis entre dans le studio, comme s'il était chez lui. Jimin et moi le regardons agir, un peu abasourdis puis nous échangeons un regard et ricanons.

— Vous en avez mis du temps, se plaint Namjoon.

— Je te manquais tant que ça, mon grand ? le taquine Hoseok.

Le grand en question lève les yeux au ciel, mais ne dément pas les dires de son ami. A la place, il nous fait un geste de la main en nous conviant :

— Restez pas dehors, entrez !

Tel un automate, j'imite Hoseok en retirant mes chaussures, mais au moment d'entrer, je m'efface pour laisser passer Jimin qui me remercie d'un hochement de tête et d'un sourire. Je pénètre à mon tour dans la pièce puis referme derrière moi.

J'observe le brun s'installer sur le canapé qui se trouve à gauche de l'entrée. C'est lorsqu'il pose ses pieds sur la petite table en bois que je me rends compte que quelque chose cloche. Namjoon aurait disputé la planète entière pour avoir fait ce que Hoseok vient d'oser.

Perturbé, je fronce les sourcils et passe mon regard de l'un à l'autre à plusieurs reprises comme si cela pouvait m'aider à comprendre la situation. Mais il faut bien se rendre à l'évidence que je n'ai jamais su lire entre les lignes et encore moins cerner les gens. Si Taehyung, mon manager, n'était pas à mes côtés depuis presque mes débuts dans le groupe, je me serais fait avoir un nombre incalculable de fois par des étrangers.

— Vous vous êtes bien récurés ? demande Namjoon.

Je laisse tomber mon sac au sol dans le mouvement. Je lui tire la langue, n'aimant pas spécialement l'utilisation du verbe « récurer » me concernant.

— Pour Jungkook, aucun doute...

Mes joues rougissent de honte et ça ne s'arrange pas quand Jimin rit de mon comportement. Il place une main devant sa bouche et je le trouve tellement adorable ainsi que je ne peux même pas lui en vouloir de se moquer de moi.

— Vu le temps qu'il a passé sous la douche, il a dû tout récurer de fond en comble, crois-moi, insiste Hoseok.

Bien entendu, le rire de Jimin prend de l'ampleur. Je jette un coup d'œil à Namjoon dans l'espoir de trouver un allié, mais ce traitre s'empêche de rire difficilement.

— Allez vous faire foutre, râlé-je en me vautrant sur le canapé.

Ma réaction amuse tellement Hoseok qu'il applaudit comme un enfant au spectacle de marionnettes.

— Rebelle, le célèbre JK. Un vrai délinquant ! s'exclame-t-il.

Je secoue la tête, désabusé.

— Oh tu parles ! Il m'a fallu deux ans pour qu'il ose me contredire.

— Deux ans ? Ah ouais quand même, s'étonne Jimin en s'asseyant par terre, à ma droite.

— C'est n'importe quoi, affirme Hoseok. Et depuis quand on se courbe devant nous comme si on était l'empereur du Japon ?

— Depuis que vous êtes vieux, rétorqué-je, un peu vexé. Je me dois de respecter mes aînés.

— Ne frôle pas l'insolence pour autant, gamin, me menace Hoseok en me pointant de son index.

— Tu as raison, ajusshi.

Cette fois, l'offense est trop importante. Comme si nous étions proches, il se jette sur moi, passant son bras autour de mon cou, ne me laissant pas le temps de m'enfuir ou même réagir. Il m'oblige à me pencher en avant tout en commençant à me frotter le crâne avec les articulations de ses doigts. Une torture. Si mes cris de détresse l'ont ému, il n'en laisse rien paraître. Les rires trouvant la situation hilarante m'informent qu'ils ne feront rien pour me venir en aide.

— Je ne peux pas vous laisser quinze minutes sans surveillance sans que ça parte en pugilat ? tonne une voix qui fait cesser dans la seconde les gestes de Hoseok.

Tout en me massant la tête, je relève les yeux et découvre le brun aux mèches blondes déglutir en fixant le nouvel arrivant. À la porte, Yoongi, alias Suga dans le métier, retire difficilement ses chaussures, portant dans chaque main un énorme sac en plastique. Je le salue chaleureusement et Jimin en fait autant, mais avec un peu plus de retenue. Il nous répond par un mouvement de tête et un sourire.

Je suis beaucoup moins proche de lui que de Namjoon, mais à sa manière, Yoongi tient le même rôle auprès de moi. Celui d'un grand frère qui me protège et m'aide. Alors je suis heureux de le voir ici. Et pas seulement parce qu'il a permis de me sauver des griffes de Hoseok. D'ailleurs, ce dernier semble avoir perdu son éloquence précédente.

— Bonjour Hobi, murmure-t-il.

Je ne lui ai jamais connu une voix si grave, ça me donnerait presque des frissons, tellement le son est agréable. Ledit Hobi bafouille, les joues légèrement empourprées avant de se lever et de se jeter dans les bras d'un Yoongi abasourdi. Enfin dans les bras... Ils sont tellement écartés de chaque côté pour ne pas renverser les sacs qu'il porte toujours qu'ils ne peuvent pas s'enrouler autour du danseur.

Sans nous concerter, Jimin et moi nous levons et les récupérons. Il m'adresse un sourire en voyant que nous avons eu la même idée. Pour une raison obscure, mon cerveau semble s'être liquéfié, me rendant incapable de lui répondre. Pendant que nous posons la nourriture ramenée sur la table basse, je me sens stupide. Danser avec Jimin a été facile, mais le reste paraît compliqué pour mes humbles neurones. Alors certes, il a été mon premier crush et il est absolument canon aujourd'hui, mais bon je ne suis pas inapte aux interactions sociales.

J'ai toujours été timide, sur la réserve. Dans le groupe, je n'étais jamais celui qui réclamait le micro pour les discours de récompense ou qui souhaitait être interrogé lors des interviews. Mais je sais parler aux gens, être intéressant par moments et si je suis dans un très bon jour, je peux même être drôle. Et au-delà de tout ça, je réussis à envoyer un texto à un plan cul et même à flirter et séduire tous mes nouveaux coups d'un soir.

Alors pourquoi ne pourrais-je pas parler avec Jimin ou au moins agir normalement avec lui ?

— Tu nous as ramené quoi, Suga hyung ? l'interroge Jimin.

— Poulet frit et bières.

Rien que l'énoncé du contenu des sacs me fait saliver. Danser toute l'après-midi m'a ouvert l'appétit. Alors dans des gestes précipités, j'ouvre les sacs.

— Je crois que quelqu'un a faim, se moque Namjoon.

— Danse toute la journée et on verra si t'as pas la dalle le soir !

— Comme s'il était capable d'être aussi endurant, intervient l'air de rien Yoongi.

J'explose de rire, vite imité par Jimin et Hoseok. Namjoon, lui, fixe l'auteur de la remarque, un sourcil relevé. Yoongi se contente d'un sourire en coin.

— Je ne m'abaisserai pas à me justifier parce que nous savons tous les deux ce qu'il en est, répond le plus grand.

Ils échangent un regard dans lequel ils semblent se comprendre sans le moindre mot. Comme pour Hoseok et les codes de sécurité, quelque chose semble m'échapper, mais je ne jouerai pas les curieux. Ça ne me regarde sûrement pas en plus. Quoi que, ceci n'est peut-être pas étonnant. S'il y a bien quelqu'un qui connaît Namjoon, ça doit être Yoongi, sachant qu'ils ont été dans le même groupe pendant des années. Les entraînements, ça les connaît.

Mon esprit est dévié par Jimin qui s'est installé à ma droite. Il me sourit avant de commencer à distribuer les boîtes de nourriture. Pour ne pas le laisser faire seul, je m'occupe des bières. Très vite, le silence s'efface pour laisser place à un dîner où règne une ambiance chaleureuse et agréable. Je ne parle pas beaucoup, mais j'aime les écouter.

— Alors comment s'est passée cette journée ? s'intéresse Namjoon.

— Très bien, dis-je simplement.

— Aussi talentueux et sérieux que je le pensais, répond Jimin, avant d'avaler une gorgée d'alcool.

Je retiens le sourire que sa phrase veut me tirer.

— On va répéter encore un peu demain et ça le fera sans problème, ajoute-t-il en croisant les bras devant lui.

Je m'apprêtais à manger, mais mon geste reste en suspens, mon bras en l'air, interloqué par sa déclaration. Je ne m'attendais pas à ce qu'il dise ça. À aucun moment, nous avons parlé de se revoir demain.

­— On dirait qu'il n'était pas au courant, fait remarquer Hoseok, amusé.

Jimin tourne le haut de son corps vers moi, une petite moue aux lèvres.

— Notre train est dans l'après-midi alors je pensais que...

— Ça me convient parfaitement, le coupé-je, souriant.

L'idée d'être encore un peu seul à seul avec Jimin me plait beaucoup. Peut-être trop. Cependant, je ne cherche pas à me raisonner pour le moment et profite de cette information.

— Pourquoi vous n'êtes pas restés à Séoul plus longtemps ? demande Yoongi à Hoseok et Jimin.

— Ils ont une école de danse, je te rappelle, répond Namjoon à leur place.

— Mais tu m'as dit que vous aviez embauché des professeurs, non ?

— Si, mais même si notre boulot se résume maintenant à l'organisation, la compta et les réseaux sociaux, on a choisi de garder chacun un groupe de danseurs de bon niveau qui pour la plupart veulent faire de la danse leur métier, explique Hoseok.

— On a donc chacun une dizaine d'heures d'enseignement par semaine, ajoute Jimin.

— Ouais, on a déjà dû s'arranger avec un de nos profs pour qu'il nous remplace aujourd'hui, renchérit son associé. Alors ça aurait été compliqué qu'il puisse le faire plus longtemps.

Yoongi hoche la tête tandis que je baisse le regard, un peu honteux d'être le responsable de ces changements.

— Je suis désolé, murmuré-je.

— Jungkook ?

Jimin pose une main sur mon avant-bras. Un léger frisson me parcourt, mais je n'en fais pas cas. Je relève les yeux vers lui et remarque aussitôt son sourire.

— Personne nous a obligés à venir. Si on l'a fait, c'est que ça nous faisait plaisir, affirme-t-il doucement.

— Merci...

La conversation se poursuit sur l'école de danse des garçons. Je les écoute en parler avec admiration et respect. Puis nous dévions sur des anecdotes parfois un peu humiliantes de nos années de trainee. Les rires fusent, les souvenirs nous émeuvent.

Le poulet frit s'envole et la bière s'évapore. Nos esprits sont plus détendus, mais aucun de nous n'est trop alcoolisé. Cependant, la fatigue commence à pointer son nez de mon côté. Il n'est pas loin de vingt-trois heures quand je décide à me lever sans le moindre signe avant-coureur.

­— Tu vas où ? s'intéresse Namjoon, les sourcils froncés.

— Chez moi.

— Déjà ? s'étonne Hoseok. Mais on s'amuse bien, là !

— Oui, mais moi, j'ai entraînement demain, lui rappelé-je. Puis mon prof est hyper strict !

À ma plaisanterie, je jette un coup d'œil à Jimin qui joue les outrés. Il lève les yeux au ciel en secouant la tête, mais je remarque très bien son sourire en coin.

— Tu as raison, il peut même être sadique. Fais attention à tes fesses, entre-t-il dans la blague.

— Tu t'es mis au BDSM, Jimin ? le taquine son associé. Je ne savais pas.

— Tu ignores tout de mes pratiques, Hobi !

Cette réplique a le mérite de me donner un énorme indice sur la nature de la relation de Hoseok et Jimin. Ils ne couchent pas ensemble. Puis brusquement, quelques images inappropriées de Jimin me viennent à l'esprit. Je ne suis pas adepte de BDSM, mais étrangement, mon imagination arrive parfaitement à déterminer à quoi il pourrait ressembler dans telle ou telle situation... Mes joues rougissent aussitôt. Je secoue la tête pour essayer de les effacer et tape dans mes mains pour me donner une certaine consistance.

— Je vous laisse à vos pratiques sexuelles et vais me pieuter !

— Tu as bu ce soir, tu ne prends pas le volant au moins ? s'inquiète Yoongi en me pointant du doigt.

— Non, je vais demander un chauffeur.

Il hoche la tête, satisfait. Je m'éloigne et alors que j'enfile mes baskets, ils me souhaitent une bonne nuit. J'attrape mon sac, fais un dernier geste de la main aux quatre garçons et sors. Je me dirige aussitôt vers les ascenseurs, un peu déçu d'être parti. Je serais bien resté plus longtemps avec eux, mais si je veux réussir à danser demain, il faut que je me repose. Je récupère mon portable et enclenche un appel pour Ji-Hoon, mon chauffeur. Mais une tonalité a à peine résonné à mon oreille qu'un cri me fait sursauter :

— Jungkook !


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