Chapitre 14
— T'es pas encore assez rapide dans ce passage, affirme Jimin.
Je l'observe se placer au milieu de la salle de danse que nous avons à nouveau investie, il y a plus de deux heures.
— Tu te penches trop, ce qui te ralentit pour le mouvement suivant.
Dans des gestes amples et fluides, il commence à exécuter la danse à la perfection. Il m'éblouit. Et m'excite un peu aussi. Cependant, je vois bien à son regard et ses traits du visage sérieux que je n'aurais pas le droit au moindre geste tendre et encore moins sexuel. Alors je me reprends, secoue la tête et lui dis :
— Mais sur la vidéo de Minho, tu vois bien que les danseurs descendent.
— Oui, tes danseurs. Toi, tu es le chanteur !
Il se positionne à mes côtés et reprend :
— Tu peux avoir le dos moins courbé qu'eux.
Sur ces mots, il me montre ce que je devrais faire selon lui. Je réfléchis un instant et hausse les épaules. Ce n'est pas une mauvaise idée. Alors, sans musique, je réalise l'enchaînement avec la modification proposée.
— Bien mieux. Ton Minho en sera satisfait.
Jimin s'éloigne de moi et récupère une bouteille posée à la droite de son sac.
— Mon Minho ? m'étonné-je, un sourcil relevé.
Il se contente de hocher la tête avant d'avaler une longue gorgée. Je me laisse hypnotiser par les mouvements de sa pomme d'Adam sur laquelle je rêve de déposer quelques baisers. Lorsqu'il arrête de boire, son regard se plonge dans le mien.
— Tu m'as fait tout un monologue d'une demi-heure sur les qualités de ce jeune homme tout à l'heure, me rappelle-t-il.
Je me rapproche de lui et lui demande, tout bas :
— T'es jaloux ?
Il fait une petite moue pour me faire croire que ce n'est pas le cas mais vu l'éclat qui passe dans ses yeux à cet instant, je n'ai aucun doute. Je ricane légèrement.
— T'es mignon, soufflé-je.
Je ne suis plus qu'à une vingtaine de centimètres de lui et tout ce que je désire, c'est effacer ces derniers. L'embrasser. Lui répéter qu'il est le seul à avoir une place dans mon cœur. Malheureusement, comme me le dit souvent Namjoon, les murs ont des yeux et des oreilles par ici.
— Je suis pas jaloux.
Je ne peux retenir le sourire qui veut s'afficher sur mes lèvres.
— Retire ce rictus de ton visage tout de suite, marmonne-t-il, en refermant sa bouteille qu'il jette sur ses affaires.
Amusé, je porte mon attention sur ses lèvres un quart de seconde et chuchote :
— Minho a une copine depuis une éternité.
— Donc si ce n'était pas le cas...
Il laisse sa phrase en suspens ce qui me fait lever les yeux au ciel.
— Je dois avouer qu'il est gentil, drôle, talentueux, canon...
Il me foudroie à la fin de mon énumération des qualités du chorégraphe. Je me retiens de rire et lui assure :
— Mais ce n'est rien comparé à toi !
Ses joues rougissent immédiatement, le rendant encore plus adorable alors que je ne pensais pas cela possible. Ma main se lève pour lui caresser la joue mais s'arrête. Mon bras retombe le long de mon corps.
— Bien joué, me lance-t-il, joyeusement.
Sa jalousie qui a subitement disparu me ramène à mes questionnements de ce matin. S'il réagit ainsi, c'est qu'il tient un peu à moi, non ? Je baisse la tête, hésitant à lui en parler. Mais dans quelques heures, il reprend le train, je n'ai pas le temps, il me faut des réponses. Et tout de suite. Je cherche mes mots puis commence, incertain :
— Je te l'ai dit, tu n'es pas...
Je jette un coup d'œil autour de nous mais les environs semblent déserts. J'inspire un grand coup et continue, à voix basse :
— Tu n'es pas un coup d'un soir pour moi. Nous deux... c'est entre tes mains. On sera ce que tu voudras qu'on soit...
Jimin ramène ses cheveux en arrière en soupirant. J'ignore ce qu'il ressent mais cette réaction ne me dit rien qui vaille. Il semble chercher ses mots et j'ai la sensation qu'il va mettre fin à ce quelque chose entre nous qui n'a même pas encore commencé. Je me mordille la lèvre pour camoufler ma déception et ma tristesse.
— Je... Jungkook, je... c'est compliqué. Je ne sais pas...
De manière automatique, je hoche la tête en déglutissant. Je me sens mal mais je dois accepter le fait que ce que je ressens ne soit pas réciproque.
— Je comprends...
Mon corps recule sans que je n'en ai pris consciemment la décision.
— C'était bête... Fais comme si je n'avais rien dit, OK ?
Je me râcle la gorge et m'éloigne mais Jimin me retient en m'attrapant la main. Je n'ose pas me retourner de peur qu'il remarque les quelques larmes qui troublent ma vue.
— Il en est hors de question, affirme-t-il, sûr de lui. Je pense que j'ai rêvé de ça pendant un long moment, alors non ! Tu l'as dit, je t'ai entendu et ça me fait plaisir.
Je prends une profonde inspiration, soulagé.
— Mais...
Le mot de trop... Il se rapproche de moi, je sens à présent son souffle sur ma nuque. Je ferme les yeux, tiraillé entre le plaisir et l'angoisse.
— Même si je crève d'envie de... quelque chose de sérieux, reprend-t-il tout bas, il faut rester réaliste. Nos quotidiens ne sont pas compatibles.
— Qu'est-ce qui nous empêche de les concilier ? lui demandé-je en me tournant brusquement vers lui.
Ses yeux me fixent, surpris.
— Toute ma vie est à Busan, chuchote-t-il.
— Je ne veux pas me priver de nous deux à cause de quelques kilomètres de distance.
Il m'adresse un sourire attendri. Identique à ceux que l'on offre à un enfant débitant des niaiseries sur Noël.
— Quelques kilomètres ? répète-t-il, un sourcil relevé.
— Quatre cents, c'est presque rien. En avion, ça se fait facilement.
Je réalise qu'il me tient toujours la main quand son pouce commence à me caresser doucement.
— Tu as pensé à tout...
— Pas vraiment... Surtout pas, me corrigé-je. Sinon je penserais sûrement comme toi mais je veux te garder dans ma vie et pas seulement comme un pote ou le prof de danse le plus sexy au monde.
Il ricane mais ses joues rougissent légèrement. De sa main libre, il me donne un coup au niveau des pectoraux.
— Ce n'est pas avec les flatteries que tu m'auras.
— Je t'ai déjà, lui certifié-je, souriant.
Je me retiens de toutes mes forces de le prendre dans mes bras pour l'embrasser passionnément.
— Prétentieux !
— Peut-être un peu...
Je me penche et lui susurre à l'oreille :
— Mais tu oserais me dire que tu ne crèves pas d'envie de me prendre maintenant, tout de suite, contre ce miroir ?
— Ne me tente pas trop...
Il fait un pas, m'obligeant à reculer pour éviter que nos torses se touchent. Un sourire victorieux s'affiche sur ses lèvres pleines et des flashes de la nuit dernière me reviennent à l'esprit.
— Tu sais que tu as plus à perdre que moi si quelqu'un nous découvre ici, ajoute-t-il.
Je ne peux retenir une petite grimace de déformer mes traits. Il n'a pas tort. Après tout dépendrait de l'identité de la personne. Un trainee ou même un autre idol ne diraient rien. Cependant, des membres du staff poseraient de gros problèmes.
— C'est sûr que certains se feraient un plaisir de me descendre auprès de la direction comme cet abruti de Sunoo.
À l'évocation de mon chef de projet, Jimin semble tiquer. Il s'éloigne de moi, les sourcils froncés.
— Sunoo ? Lee Sunoo ?
— Tu le connais ?
— On peut dire ça comme ça...
Il baisse un court instant le visage avant de plonger son regard dans le mien pour me déclarer :
— C'est celui qui voulait me virer par tous les moyens.
Je reste perplexe quelques secondes, le temps que l'information monte jusqu'à mon cerveau. Je pourrais être étonné mais connaissant Sunoo, c'est presque une évidence. Cet homme n'a aucun savoir vivre, aucun tact, aucune empathie. Mais savoir ce qu'il a fait subir à Jimin m'énerve. Je serre les poings et je lui apprends, la mâchoire serrée :
— C'est le chef de projet pour mes débuts solo. Celui aussi qui m'a fait comprendre vendredi que j'étais un incapable...
— Tu n'es pas un incapable... Mais rabaisser les gens, c'est sa spécialité, marmonne-t-il, encore touché par ce qu'il a vécu.
Sa tristesse se peint sur son doux visage et ses épaules se voutent. Cela me prouve encore une fois que cette période de sa vie lui a laissé des séquelles. Sans me soucier d'être vu ou pas, je passe une main dans ses cheveux. J'aimerais le réconforter, lui faire oublier ces humiliations que Sunoo lui a fait subir, lui montrer qu'il mérite bien mieux.
— Oublie cet enfoiré ! Un jour, le karma lui reviendra en pleine tronche et ça lui fera bien mal, dis-je telle une prédiction.
Un fin sourire aux lèvres, Jimin hoche la tête en murmurant un Tu as raison. Il se gratte la lèvre inférieure, incertain.
— Je veux te garder dans ma vie aussi, me confie-t-il en réponse à ma propre déclaration.
Je suis tellement soulagé d'entendre cette affirmation que je pourrais sauter au plafond, que je m'exclame avec un peu trop d'enthousiasme :
— Alors restons ensemble !
La petite moue de Jimin est mignonne mais me fait douter. Je ne lui laisse pas le temps de me contredire et reprends avec plus de retenue :
— On trouvera une solution pour que nous soyons dans la même ville un jour. On s'est enfin trouvé, je ne veux pas te laisser sans avoir au moins essayé.
Sur ces mots, il m'attrape la main et nous dirige dans les vestiaires. J'ignore ce qu'il a en tête mais je n'oppose pas de résistance. Sans la moindre hésitation, il entre dans une cabine de douche et m'entraine à sa suite. Après que la porte claque sur nous, il me questionne dans un chuchotement :
— On est d'accord qu'il n'y a pas de caméras ici ?
Je ricane, comprenant où il veut en venir. Je me penche vers lui et lui dis :
— Aucune...
Je n'ai même pas le temps de sourire que sa bouche s'empare de la mienne avec passion. Ses mains se faufilent sous mon t-shirt et mes paupières se ferment pour savourer ses caresses. Mes paumes se posent, quant à elles, sur les joues rebondies de Jimin pour l'empêcher de m'échapper.
Alors que notre baiser s'intensifie avec un langoureux ballet de nos langues, son corps ne tarde pas à m'obliger à reculer jusqu'à me coincer contre la paroi. La jambe de Jimin se glisse entre les miennes et il appuie doucement sa cuisse contre mon sexe qui se réveille avec envie. Un léger gémissement meurt entre nos lèvres.
— Les gars !
La voix de Hoseok nous coupe brusquement. Nous nous figeons telles des statues dans cette douche. La tête de Jimin bascule en avant jusqu'à reposer sur mon torse. Ma main droite s'enfouit aussitôt dans sa tignasse grise.
— Ça doit être l'heure du départ, me souffle-t-il.
Malheureusement, il doit avoir raison. Après avoir traîné paresseusement au lit toute la matinée et déjeuné avec Hoseok, nous sommes venus dans cette salle de danse. Cependant, le temps joue contre nous, ils doivent reprendre le train pour retourner à Busan.
Je lui embrasse le crâne avec lenteur, ne voulant pas le laisser partir tout de suite. Il se redresse et me fait à nouveau face. Son regard est troublé par les larmes et ça me déchire le cœur. Mes pouces passent sous ses yeux pour effacer celles qui se sont déjà échappées.
— Tu me diras quand tu auras du temps de libre, commence-t-il d'une voix tremblotante, et je m'arrangerai avec Hoseok ou les profs pour venir.
— Vous êtes où ? reprend Hoseok depuis la salle de danse.
— On arrive, lui crié-je pour gagner un peu de temps.
Je dépose un baiser sur les lèvres pleines de Jimin et lui assure :
— J'ai déjà hâte que tu reviennes...
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