Premier restaurant


— Lorsque Maman est morte, je pensais qu'elle m'avait abandonné. Je ne comprenais pas comment elle avait pu partir, alors que moi je restais là. Elle était trop forte, trop belle pour ne pas avoir eu le choix, et je ne comprenais pas la mort. C'est venu plus tard, lorsque je me suis aperçue que je ne me souvenais plus de son odeur, de son sourire, du timbre de sa voix.

Arianna avait ouvert la chambre d'hôtel en se demandant ce qu'elle avait oublié à l'accueil, et son cœur avait bondi dans sa poitrine alors que Gigi avait fait un pas en avant, en lui tendant une unique rose rouge.

— Je crois que je me suis aperçu de tous les choix que j'avais faits simplement pour elle, et qui n'avaient plus aucun sens. Je n'en regrette aucun, mais je me suis trouvée un peu perdue, en plus du néant que son absence avait créé en moi.

Arianna était restée figée un instant, ses cheveux mouillés gouttant sur l'épaisse moquette, et Gigi avait hésité suffisamment longtemps pour qu'elle se reprenne, et jaillisse en avant pour l'embrasser. Gigi l'avait entrainé en avant en retenant la serviette autour de son corps jusqu'à ce que la porte claque derrière elles. À partir de cet instant précis, toute pensée construite avait échappé à Arianna. Elle était nue contre celle qu'elle aimait, et du bout des doigts, elle arrachait les vêtements du corps qu'elle voulait conquérir.

Gigi avait placé une main sur sa taille, l'autre dans son cou, et elle l'embrassait avec ferveur. Il n'y avait plus aucun doute, plus aucune hésitation, juste des cheveux blonds, humides, et bruns clairs, lisses et tièdes, qui glissèrent jusqu'aux draps.

Là, elles s'apprivoisèrent, lèvres sur épaules nues, le nez parcourant un ventre tendre et le souffle court, jusqu'à finir blotti dans les bras de l'autre, à parler de leurs mères. À midi, Gigi invita Arianna à manger à un restaurant, tout proche, et elles trinquèrent au vin rouge avant de se balader près des remparts en se tenant la main.

— J'aimerais bien continuer à travailler au café.

— Je pourrais postuler dans une bibliothèque proche de ta ville.

— Tu restes ce soir ?

— Non, je dois prendre mon train pour rentrer à mon hôtel.

— D'accord.

— Je rentrerai bientôt.

— Je serai là.

Près du train sur le départ, Gigi embrassa Arianna et la laissa sur le quai avec un sourire, mais sans un mot.

Chère Ari,

Je t'écris du train qui m'éloigne de toi. Comme j'aimerais rester ! Tes yeux me manquent déjà, et puis tes lèvres, tes cuisses, et tes cheveux à l'odeur du soleil.

Pourtant, j'ai une boule au cœur, qui n'a pas qu'une raison d'exister. Tous les jours seront-ils ainsi ? M'aimeras-tu encore demain ? J'ai peur que tu sois repue de ce que je peux t'offrir, déjà, et que tu me vois revenir comme un parasite que l'on exècre.

J'ai l'impression terrible que l'on peut aimer passionnément et être véritablement aimé, mais jamais les deux en même temps. Je crois que j'ai encore besoin de temps, pour dissiper le brouillard épais qui m'habite, laisser les pierres de ma tristesse loin de toi, et revenir t'aimer, si tu le veux encore.

Gigi

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top