Chapitre 3

Après sa première nuit à Gusu Lan depuis tant d'années, le Patriarche de Yiling s'éveille plus tôt qu'à son habitude. Depuis qu'il s'est réincarné dans le corps de Mo XuanYu, il a l'impression que son esprit est toujours agité, perdu dans différentes réalités.

Malmené entre souvenirs et cauchemars, il se redresse en se massant les tempes pour apaiser son agitation.

- Ce n'était qu'un cauchemar... soupire-t-il avant de ricaner nerveusement. Ah, Lan Zhan... Si tu n'étais pas revenu... Je serais sûrement mort à l'heure qu'il est.

Au fond de lui, rien ne pourra enlever cette étrange et profonde tristesse qui pèse dans un recoin de son cœur. La tristesse de toutes les vies chères à ses yeux, arrachées de près ou de loin par sa faute. Toute la culpabilité qu'ils se sont tous acharnés à faire peser sur ses épaules jusqu'au dernier jour. Semblant vouloir le rendre coupable de tous les maux de la terre. Comme si son cœur n'était pas déjà assez lourd...

Malgré le fait qu'il n'ait jamais été matinal et l'aube pointant encore le bout de son nez, Wei Wuxian décide malgré tout d'aller prendre l'air.

En passant devant la chambre de Lan Wangji, il ne peut s'empêcher de pousser la porte pour voir si celui-ci s'y trouve mais il découvre la pièce vide avec une irrémédiable déception. Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi souhaitait-il au fond de lui le rencontrer maintenant ? Peu importe. Sans même savoir pourquoi, il pénètre dans la chambre, baignée par les doux rayons orangés de l'aube. Même si son ami n'est pas présent, Wei Ying se sent apaisé par son odeur embaumant encore légèrement les lieux. Il effleure du bout des doigts quelques manuscrits soigneusement rangés. Il pourrait reconnaître son écriture entre mille. Un petit rictus étire ses lèvres en repensant à ce mois aux débuts fastidieux où il s'était retrouvé à devoir copier et recopier ces maudites lignes sous l'œil intransigeant du surveillant que Lan Qiren lui avait imposé.
Et quel surveillant...

- Haha, Lan Zhan ... Qui aurait cru qu'un jour, cette période deviendrait un bon souvenir...

Il se laisse tomber sur le grand lit impeccablement fait et son sourire s'agrandit lorsque l'odeur de son ami, imprégnée dans la fine couverture, vient se drapper autour de lui comme un cocon réconfortant. Un immense bien-être le submerge et ses yeux se ferment, plus détendu que jamais. Incroyablement bien.


Un livre à la main gauche, le frère de jade pousse la porte de sa chambre en fronçant les sourcils. Pourquoi sa chambre est-elle entrouverte alors qu'il avait bien veillé à la fermer ?

Lorsqu'il trouve le coupable sur son lit, Lan Wangji ouvre de grands yeux surpris. Il s'approche de son intrus, perplexe, mais en constatant que ce dernier s'est profondément endormi dans son lit, il ne peut retenir un sourire.
Attendri, il admire l'être qu'il a pleuré pendant plus d'une décennie. Une décennie ressemblant à toute une vie. Jamais il n'aurait cru qu'un tel miracle se produirait. Retrouver l'homme qui était devenu tout pour lui et auprès duquel il n'avait jamais pu avouer ses sentiments ; qui avait laissé tant de remords au fond de son cœur, enlisé dans une solitude inconsolable. Mais ce miracle s'est bien produit. Le doute s'était déjà immiscé dans son esprit après avoir vu le cercle rituel, mais dès que cette mélodie est venu effleurer ses oreilles, il a su. Dès qu'il a vu cette flûte creusée à même le bois et, cependant, produisant sa précieuse mélodie, il a su. Et son cœur s'est mis à cogner plus fort que jamais. Ou peut-être simplement remis à battre.

Il s'installe sur le bord du lit pour contempler avec tendresse son aimé, allongé de tout son long sur le dos, les lèvres entrouvertes et une main posée sur son ventre oscillant paisiblement.

Il retient une irrésistible envie de caresser son beau visage endormi légèrement tourné vers lui. Il n'a jamais su comment Wei Wuxian le considérait. Et il s'en serait voulu pour toujours de briser leur amitié pour avoir posé la question qui aurait provoqué un malaise, et sûrement mis une distance entre eux. Même si Wei Ying n'a jamais été du genre à juger ses proches et qu'il n'aurait sûrement pas réellement mal réagit à ses aveux, leur relation n'aurait plus été pareil, c'est certain.
Alors, même si son âme sœur s'est toujours trouvée à ses côtés, jamais le Porteur de Lumière ne détachera son bandeau. Car pour rien au monde il ne perdrait son trésor le plus précieux.

- Wei Ying...

Un petit bruit sort de la bouche de l'endormi. Il fronce les sourcils, sûrement secoué dans les tréfonds d'un rêve agité. Lan Zhan glisse ses doigts sur sa joue pour l'apaiser mais retire bien vite sa main lorsque ce dernier se réveille.

- L-Lan Zhan...

Wei Wuxian cligne des yeux plusieurs fois de suite avec un air ahuri.

- Que fais-tu ici ?

- C'est plutôt à moi de te poser la question.

- Ah, oui... En fait, je ne sais pas vraiment... sourit-il avec un petit air gêné qui fait littéralement fondre Lan Wangji en son for intérieur. Euh... j'ai senti quelque chose sur mon visage. C'était toi ?

- Moi ?

- Je veux dire... j'ai cru que c'était... ta main, s'amuse-t-il.

- Hm. Ne prends pas tes rêves pour des réalités, souffle Wangji en se levant promptement.

- Ah, Lan Zhan, Lan Zhan ! Je sais que tu préférais mon vrai visage et sa beauté transcendante mais celui-ci n'est pas mal non plus, dit-il en se remontant les joues.

Le Porteur de Lumière ne répond évidemment rien et se dirige vers la porte.

- Je dois partir.

- Hein ? Où ça ?

- Je pars purifier une zone avec quelques disciples.

- Ah ! Ne dérange pas ces jeunes pour si peu ! Allons-y ensemble !

Il bondit du lit avec un sourire charmeur, sachant pertinemment que Lan Zhan n'accèdera jamais du premier coup à sa demande.

- Hm. Si tu veux.

Stupéfait, Wei Wuxian ouvre de grands yeux surpris. Lui qui lui refusait tout... Avant, il devait toujours user de ses charmes et d'arguments solides pour espérer le convaincre, et à présent, Lan Wangji accepte de l'emmener avec lui avec une facilité déconcertante...

- V-vraiment ?? Oh, Lan Zhan, tu as bien changé ! s'écrie-t-il en riant.

Le cœur de Wangji se réchauffe. Qu'est-ce que son rire lui avait manqué...



***



Dans la vallée, la lumière passe difficilement à travers les feuillages, à tel point qu'on pourrait croire que la nuit s'apprête à tomber.

- Lan Zhan, regarde, dit-il en désignant des traces fraîches au sol.

- Hm. Ils étaient ici il y a peu.

- Si ce que tu m'as dit est juste, nous devrions tomber bientôt sur...

Du coin de l'œil, Wei Wuxian aperçoit un zombie sauvage émerger brusquement des fourrés derrière son ami.
Sans réfléchir, il pousse Lan Zhan pour le recevoir à sa place.

- Wei Ying !

Alors qu'il tombe au sol avec le monstre sur lui, celui-ci lui inflige une sévère morsure à l'épaule. Avant qu'il ne replante ses dents dans son cou, Lan Zhan envoie valser la créature à plusieurs mètres avant de le neutraliser avec son guqin, puis se jette aux pieds de son ami.

- Wei Ying ! Pourquoi tu as fait ça ?!

- Je ne pouvais pas te laisser te faire mordre, sourit-il en gémissant.

Lan Wangji fronce les sourcils avec une moue inquiète.

- Tu es toujours aussi...

- Courageux ? s'amuse Wei Wuxian avec un air faussement fier.

- Téméraire.

Sa blessure anormalement douloureuse freine rapidement son espièglerie.

- Ce n'est pas un zombie ordinaire, remarque Wangji. La morsure... elle est étrange. Retire tes vêtements.

- Que... quoi ??

- Es-tu devenu pudique ?

- Ha ! Bien sûr que non !

Curieusement, Wei Wuxian retire le haut de ses vêtements non sans ressentir une certaine gêne. Cette demande ou plutôt, cet ordre, dans la bouche de Lan Zhan lui semblait si...

- Aïe !! Ah ! Lan Zhan, sois plus doux !

Celui-ci roule des yeux et se penche pour examiner la plaie de plus près. Le blessé peut sentir ses joues rosir en sentant son ami penché au-dessus de son cou, à une dizaine de centimètres de son visage. S'il se rapprochait ne serait-ce qu'un peu plus, il sentirait assurément son souffle chaud lui effleurer la peau... Lui qui n'hésitait jamais auparavant à le dévêtir pour le soigner ni à s'arracher lui-même ses propres habits, pourquoi se sent-il si étrange à présent...?

- Tu as été empoisonné. J'ai des herbes sur moi, nous allons ralentir les effets d'ici à ce que nous soyons rentrés sinon ça pourrait devenir dangereux.

Perplexe, Wei Wuxian hoche la tête en veillant à ne pas croiser le regard de son soigneur. Ce dernier pose sa main doucement sur sa mâchoire pour lui faire tourner la tête afin d'avoir un meilleur accès à son trapèze. Mais lorsque ses longs doigts remontent vers son cou pr étaler les herbes, Wei Wuxian se met à frisonner littéralement de plaisir et son bas-ventre se tord d'une étrange manière.

- L-Lan Zhan !!

Le blessé s'écarte brusquement.

- Que se passe-t-il ?

- C'est... trop douloureux ! dit-il avec un regard fuyant.

- ... Tu es bien étrange.

- N-non ! Pas du tout ! Rentrons simplement, s'il te plaît !

- Tu ne m'as pas laissé finir, le poison ne doit pas...

- Alors dépêchons-nous !

Déjà parti devant, Wei Wuxian tente de calmer son palpitant.

« Est-ce que c'est ce poison qui fait battre mon cœur aussi vite ou est-ce qu'il y a une autre raison... Non. C'est ce stupide poison. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre... »

______________

N/A

Je suis toujours en PLS devant la première photo de Wei Wuxian TT__TT ...

Alors, on met ça sur le compte du poison ou d'une "autre chose" 😏 ?

N'hésitez pas à voter si l'histoire vous plaît ❤️⭐

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