Chapitre 9 - Sous la pluie

Le groupe scolaire Françoise Dupont ne se remplit pas totalement avant le repas de midi. Et là encore, il manquait des élèves à l'appel. Très certainement restés chez eux par sécurité. Alya et Nino étaient attablés avec Marinette au self.

- J'en reviens toujours pas que tu sois allée lui faire face comme ça ! répéta sa meilleure amie pour la énième fois.

- Pour ce que ça a donné comme résultats...

La lycéenne aux cheveux noirs faisait tourner ses spaghettis avec sa fourchette d'un air absent.

- Tu plaisantes ?! C'était très courageux et ça a permis aux autres de fuir ! renchérit Nino avec admiration.

Marinette eut un petit sourire avant de sentir son portable vibrer dans sa poche. Elle le sortit, lut le message, pianota dessus avant de le jeter machinalement sur la table.

- O-K. Tes parents ? demanda prudemment Nino.

- Comment t'as deviné ?

- L'expression sur ton visage parle d'elle-même, répondit Alya. Qu'est-ce qu'ils te veulent cette fois ?

La lycéenne lâcha sa fourchette, l'apétit coupé.

- Savoir si j'étais bien au lycée, et de rentrer tout de suite après les cours. Suite au séchage de la réunion de rentrée, je suis privée de sortie pour deux semaines, grogna-t-elle en s'adossant dans sa chaise.

A ce moment-là, Sabrina accompagnée de Chloé passèrent avec leurs plateaux. Marinette échangea un regard avec cette dernière. La fille du maire ralentit un peu au niveau de leur table et lui fit un petit signe de tête auquel elle répondit. La jeune fille la regarda s'éloigner et souffla par son nez en reportant son attention sur son plateau repas.

Ses deux meilleurs amis n'avaient rien manqué de la scène.

- Ça va... mieux entre vous deux ? demanda Alya, pas certaine des mots à utiliser.

Marinette prit le temps de la réflexion. Elle n'avait pas reparlé à son ex-meilleure amie mais leurs rapports étaient plus... détendus. Ce n'était pas l'amour fou non plus, non. Mais c'était plus vivable.

- Je crois. Un peu.

- En même temps, je t'ai rarement vu prendre sa défense comme tu l'as fait. Personne, en fait. Ça en a étonné plus d'un, continua le DJ en herbe en mangeant son yaourt.

- Je n'ai fait que dire la vérité, je ne lui en veux pas pour la mort de mon frère, affirma Marinette, les mains dans les poches.

- Pour la suite, en revanche... fit Alya, tout bas.

Sa meilleure amie la fixa de ses yeux bleus avec l'air de lui dire de faire attention à ses prochaines paroles. La jeune fille remonta ses lunettes sur son nez pour se donner une contenance. L'arrivée d'Adrien avec son plateau lui donna l'occasion rêvée pour changer de sujet. Marinette ne lui prêta guère attention, trop occupée à jeter de temps en temps des coups d'œil à une queue de cheval blonde.

Elle pesta intérieurement, se leva avec son plateau sans demander son reste et sortit du self.

L'après-midi fut long, elle prit à peine des notes et gribouilla dans ses marges. Marinette se sentait étrangement à côté de ses pompes. Si elle devait être honnête envers elle-même, elle repensait à Lordbug. A ce qu'il lui faisait ressentir. Cela ne lui était pas arrivée depuis longtemps et elle ne pensait pas que cela se reproduirait aussi rapidement. Était-elle donc de ces personnes qui s'entichent pour un rien avant de se lasser ?

Non, bien sûr que non. Elle savait qu'elle avait le béguin pour lui mais de là à se dire amoureuse ? Elle n'était plus si audacieuse. Ou courageuse. Plagg lui avait dit qu'elle serait amenée à le revoir de toute manière. Seul l'avenir le lui dira.


Adrien était revenu aussi discrètement que possible et était soulagé que tout soit rentré dans l'ordre. Quand ce fut l'heure du repas de midi, il chercha Nino et Alya et les trouva avec Marinette. Son enthousiasme en fut refroidi et s'attendait à un accueil au mieux glacial. Il n'en fut rien, la jeune fille était visiblement préoccupée et ne dut pas même se rendre compte de sa présence. Lorsqu'elle se leva sans un mot, son départ lui laissa une curieuse impression de vide.

- Toujours pas réussi à présenter tes excuses ? lui demanda Nino, avec un sourire en coin.

- Non.

- Toi qui veux te faire des amis, tu devrais essayer un peu plus fort.

- Parce que tu crois qu'on peut être amis, elle et moi ? Ça me paraît mal parti, fit Adrien, défaitiste.

- Hé ! Avant... avant son frère et Chloé, commença Alya, c'était une chic fille. C'est toujours une chic fille. C'est juste que... elle s'en est pris plein la tronche. Il faut un peu de temps pour l'apprivoiser et qu'elle te laisse l'approcher.

- Je pense qu'aujourd'hui, tu as une fenêtre pour pouvoir lui parler avec un risque assez bas de te prendre un revers, lui sourit Nino en levant ses deux pouces en signe d'encouragement.

- D'accord, je vais voir, dit-il sans grande conviction.

Durant tout l'après-midi, il jeta régulièrement des coups d'œil par-dessus son épaule. Marinette semblait distraite, mais pas forcément austère, ni hostile. Il peina à prendre des notes, trop conscient de sa présence dans son dos et impatient d'en finir une bonne fois pour toutes.


Il y eut un coup de tonnerre, des éclairs zébrèrent le ciel noir de nuages puis la pluie s'abattit sur la ville. La cloche sonna. Nino et Alya rangèrent leurs affaires et s'éclipsèrent pour leur laisser l'occasion de parler. Adrien ralentit son rangement, espérant ainsi se retrouver seul avec Marinette. Hélas pour lui, leur professeur les pressa pour fermer la salle.

La jeune fille le dépassa sans lui accorder un regard et sortit. Il se dépêcha pour ne pas la perdre de vue. Arrivée au portail, elle relevait la capuche de sa veste pour affronter la pluie.

- Marinette ! Attends !

Elle s'arrêta en plein geste et se tourna vers lui, étonnée qu'il l'interpelle.

- Adrien ?

La jeune fille le fixait de ses immenses yeux bleus. Il s'arrêta à distance raisonnable avant qu'ils ne sortent sur le perron, poussés par le gardien qui grommelait sur les jeunes d'aujourd'hui.

- Tu voulais me dire quelque chose ? Mes parents m'attendent et j'aimerai autant ne pas être privée de sortie une semaine supplémentaire, expliqua-t-elle sommairement.

- Je...

Il sortit son parapluie et l'ouvrit pour les protéger. Un étrange silence s'installa entre eux. Adrien eut du mal à trouver ses mots, il se sentait tendu.

- Je voulais te présenter mes excuses. Je suis désolé pour ce que j'ai dit hier matin. Ce n'était pas juste, surtout au vu de ton histoire. C'est la première fois que je vais à l'école comme tout le monde. Je n'ai pas vraiment d'ami, tu sais. En-dehors de Chloé. C'est nouveau pour moi, tout ça.

Le jeune garçon l'entendit inspirer et appréhenda sa réponse.

- Excuses acceptées. Je te fais aussi les miennes pour t'avoir si mal accueilli et que tu aies fait les frais de ma mauvaise humeur. Ce n'était juste envers personne, ni toi, ni Chloé. J'espère que cela n'aura pas complètement gâché ta rentrée, dit-elle avec du regret dans la voix.

Ses yeux verts allèrent à la rencontre des siens. Il fut subjugué par leur couleur si intense, si brillante malgré la pénombre ambiante. Il fut charmé par la douceur de son sourire qui montait jusqu'à ses yeux en amande. Ce n'est qu'à ce moment qu'il remarqua qu'elle avait des tâches de rousseurs sur le nez et les pommettes. Elle était vraiment jolie.

Bom-bom !

Son cœur bondit dans sa poitrine. Sous le coup de la surprise, il serra la main et déclencha la fermeture du parapluie, le rabattant sur eux deux. Ils crièrent avant de se mettre à rire après s'en être libérés. Prise d'un fou-rire, Marinette était pliée en deux et pleurait sans discontinuer. Après avoir retrouvé son calme, elle s'essuya les yeux d'un revers de manche.

Les pommettes rosies et les yeux brillants d'un amusement sincère, elle lui souriait avec chaleur. Elle lui tendit la main.

- Amis ? lui proposa-t-elle.

Adrien cligna des yeux et hocha de la tête avant de lui prendre la main. Son contact lui fit l'effet d'une brûlure mais il n'aurait pas voulu la lâcher pour tout l'or du monde. Elle rompit cependant leur poignée de main et releva sa capuche avant de partir en courant.

- A demain alors ! lui lança-t-elle en se retournant.

Plagg trouva opportun d'y aller de son petit commentaire tandis qu'elle se résignait à finir trempée en arrivant chez elle.

- On dirait que tu as tapé dans l'œil de quelqu'un ! dit-il avec malice.

- On appelle ça plutôt "tendre la main", Plagg, le corrigea-t-elle en passant à côté du sous-entendu.

- Si tu le dis.

Il retourna dans son sac où un tupperware contenant du camembert l'attendait.

- A main-de, à matin demain... euh, mais pourquoi je bafouille comme ça, moi ? se demanda Adrien.

Tikki sortit la tête de sa veste.

- J'ai bien ma petite idée, lui dit-elle avec un sourire espiègle.

Le gorille arriva avec la limousine, ne lui laissant pas le loisir d'approfondir la question.


Un peu plus loin, un vieil homme aux yeux bridés souriait avec satisfaction.

- Malgré une erreur de distribution des miraculous... vous avez fait un excellent choix maître, fit le kwami vert.

- Une erreur, Wayzz ? Non, c'est le destin. Ils sont faits l'un pour l'autre.


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L'écriture de ce chapitre fut très intense et difficile. Comment la réécrire mais y rester fidèle en en gardant l'essence ?

A vous de me donner votre avis.

Je pourrais très bien m'arrêter ici, mais il y a des éléments intéressants à développer. Alors pour votre plus grand bonheur, je vais continuer cette fanfiction ;)

A bientôt /o/

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